Sortie du 14 juin 2022 par François Lannes Le Gros Cornillon (1773m), par l’éperon nord-est
Ce sentier de l’éperon nord-est devait être reconnu jusqu’en haut, c’est-à-dire jusqu’à l’Âne cette fois. Je repartais donc avec délectation sur cette trace non indiquée par IGN, et à découvrir.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Beau temps, chaud.
Récit de la sortie
L’idée du jour était de monter le plus haut possible suivant ce sentier « oublié », si possible jusqu’au point coté 1773 m et nommé « l’Âne » sur Géoportail, mais qu’un montagnard local m’a indiqué comme étant également appelé la Tête de l’Âne.
C’est donc la troisième fois que je fais ce parcours, et les passages deviennent familiers. Cela favorise la confiance. D’autant que toutes les branches et la majorité des cailloux encombrant la trace ayant été enlevés, la montée est nettement facilitée. Le rythme s’en ressent.
Une pause-boisson est faite après le premier passage rocheux, où l’on pose les mains rapidement. Puis le premier câble. Tout va bien ! Puis le deuxième câble. Parfait. Que c’est plus facile quand on sait comment sont les difficultés, et donc comment gérer ses efforts et concentrations.
C’est l’arrivée au quatrième câble, celui posé au sol, dans un couloir terreux. Je m’étais arrêté là à cause de la neige qui commençait à être présente, fin mars. Aujourd’hui le terrain est bien dégagé, et je remonte de suite ce câble en le prenant à pleines mains, les chaussures plantées dans le sol terreux. L’exercice est essoufflant, et il faut ménager des temps de repos. D’autant plus que la raideur augmente. Un autre tronçon de câble fait suite, que j’enchaîne aussitôt.
Mais c’est là que le problème s’amorce.
La fin de ce deuxième tronçon amène dans un couloir-dièdre très redressé, qui devient quasi de l’escalade. Aucune alternative ne se présente que de monter dans ce dièdre rebutant. Comprenant qu’il y a une erreur, mais ne voyant pas où elle s’est produite, je m’engage quand même. Quelques arbres, petits, fournissent des prises de mains. Quelques marches font de même pour les pieds. Je n’aime pas cela…
Biaisant autant que faire se peut dans la difficulté, le passage finit par être franchi. Mais la question de la descente se pose maintenant. Et je n’ai pas pris de corde, aujourd’hui…
Ne comprenant pas pourquoi les marques de peinture ont disparu, je continue la montée, dans une forêt plus sympathique maintenant, tout en scrutant tous les troncs. Et miracle, une marque orange apparaît là, cinq mètres devant !
Ouf.
Sauf que cela veut dire que le sentier est passé ailleurs que dans ce couloir-dièdre. Sinon j’y aurais vu des marques. Pour avoir la solution de l’énigme il faut suivre ces traces dans le sens « descente », et voir par où passe le sentier.
J’arrive en haut d’un très raide passage, terreux.
Passant d’un tronc d’arbre à l’autre, sécurisé par le bâton de ski rigide qui fournit des appuis bas et solides, un peu inquiet de savoir où cela va mener, la descente est entamée.
Au bout d’un moment qui m’a paru bien long, un câble se présente !
Ouf !
Effectivement, je me suis trompé d’itinéraire en allant dans ce couloir-dièdre, et ai suivi une fausse piste qui m’a amené à faire un franchissement bien risqué, alors que le bon passage – câble et fléché – était tout à fait visible moyennant de regarder sur la gauche.
Quelle erreur de débutant.
Reprenant les choses dans le bon ordre, la montée est reprise. Mais quand même, ce passage du quatrième câble n’est pas le plus simple, au contraire. Il faudra faire gaffe au retour, avec la fatigue de la journée.
Après ce ressaut rocheux, arrive un replat.
Celui-ci est particulièrement remarquable, vraiment plat, large, dégagé d’arbres en son centre, et entouré de mamelons. Ici tous les bruits de la vallée sont occultés, et un silence de forêt s’impose, un peu impressionnant. Quelques cris d’oiseaux, un peu de vent dans les feuilles, le craquement d’une brindille sous la semelle, voici les signaux de ce lieu magnifique dans lequel la première envie serait de venir y passer une nuit…
Si seulement il y avait un peu d’eau !
À défaut de source, la gourde est sortie car cette journée est très chaude, et le corps transpire beaucoup.
Une partie horizontale mène au pas de la Lauze.
Ce pas n’est probablement pas un vrai col, avec redescente du côté est, car le versant en apparaît très raide. Aucun passage se semblait possible par-là, au vu des photos. Mais peut-être faudra-t-il quand même le vérifier plus sérieusement une prochaine fois ? Oui, car Michel Pila n’avait-il pas rapporté un commentaire de chasseur disant qu’il y avait une jonction avec les Clos de Cornillon ?
La montée continue, et fait une longue traversée vers la gauche. Un petit pas osé se présente encore, qu’il faut négocier calmement.
Le sentier débouche sur une crête où la roche affleure : c’est un gneiss on ne peut plus solide, lisse et arrondi, sur lequel il est facile et amusant de faire jouer l’adhérence des chaussures. Alternant les rochers et les sous-bois ombragés, on finit par atteindre une ruine, vraiment très ruinée ! Deux fois quatre pans de mur signalent deux anciennes habitations, sans plus aucune charpente ni porte, blotties contre un gros rocher. Ici, mille mètres au-dessus de la vallée, ces abris devaient probablement servir de point de repos aux chasseurs voulant monter plus haut vers la cime de Cornillon. Et comme toujours, le problème reste celui de l’eau, qui manque, pour faire de ce belvédère un vrai paradis.
En une encablure – terme bien incongru en de tels lieux – le sommet de l’Âne est atteint.
Il s’agit vraiment d’une bosse, et un tel relief finit par être surprenant sur cet éperon nord-est où l’on n’a eu à batailler qu’avec de raides montées ! C’est le moment parfait pour un vrai repos, et pour commencer l’observation aux jumelles des reliefs au-dessus : il y a là un gros ressaut – environ 200 mètres de haut – dont le franchissement direct ne parait pas envisageable. Tout y est encore plus raide que ce que l’on vient de parcourir, et quelques barres rocheuses font bien comprendre que l’on ne pourra pas s’y aventurer.
Donc la suite, c’est de contourner ce ressaut par le bas, vers la droite, afin d’aller chercher un autre versant plus loin, qui lui devra être remonté.
C’est ce que steph_38 décrivait comme « une partie très pénible et raide » ! Et effectivement, en à peine deux cents mètres, je comprends le sens de ses mots.
Comme il est déjà tard dans mon horaire prévu, que la fatigue est sensible, que l’engagement devient important et un peu angoissant, le demi-tour s’impose facilement.
L’altitude est ici d’environ 1820 mètres.
L’idée initiale était d’arriver à monter jusqu’à la cime de Cornillon, à 2424 mètres. Or ce qui vient d’être fait jusque-là, ces 1100 mètres depuis la vallée, ne constituent au fond que l’approche de cet objectif !
Et la suite se montre comme étant plus difficile encore, voire éprouvante…
Peut-être, donc, sera-ce ici la fin définitive de mes recherches sur cet éperon ??
C’est dommage car, en fait, à partir de 2100 mètres d’altitude, c’est-à-dire pas si loin finalement, le terrain devient dégagé de forêts, et cette dernière partie jusqu’au sommet semble sans obstacle, même si elle est encore raide.
Il faut réfléchir, des fois qu’une solution se propose…
Photos
Auteur : François Lannes
Avis et commentaires
Bonsoir Denis,
Il y a autre chose que nous n’avions pas vu.
C’est un autre topo, encore un, mais cette fois qui concerne le Gros Cornillon, et qui décrit la montée jusqu’à la ruine à 1700 m. C’est à dire presque jusqu’à la Tête de l’Ane :
camptocamp.org/routes/142...
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Ce topo date du 05 juin 2022. Il est de Benjamin (?).
Le topo dont tu parles, ci-dessus date, lui, du 12 juin 2022. Il est de Vincent Figerou.
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C’est marrant comme le coin est devenu très fréquenté, depuis peu. Et il est marrant de voir comme ces topos n’ont pas de sortie liée ou, si des fois il y en a une, comme il n’y a pas de photo dans la sortie....
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Et je ne parle pas des incohérences dans le texte, ni non plus du copié-collé quasi outrancier...
Ils ont de drôles de façons de faire, sur C2C...
Décidément ce Cornillon recèle bien des surprises.....
Bravo pour cette exploration !
Denis,
Merci pour cette information sur le topo de C2C.
Je suis bien sûr allé le voir de suite.
Sauf qu’il y a des choses qui me surprennent dedans. Voire même qui me fâchent un peu. Je t’invite donc à aller lire mon commentaire à Vincent Figerou, sur C2C
A+
Bonjour François,
En fait je pense que c’est par le biais d’un site du CAF de Haute-Savoie qu’il avait décrit sa sortie. Mais peut-être que ma mémoire me joue des tours.
Et tiens, le hasard faisant bien les choses, quelle surprise de découvrir un topo tout neuf sur ce secteur, et sur la Cime de Cornillon qui plus est :
camptocamp.org/routes/143...
Bon week-end,
Denis
Bonjour sugar mountain,
Tes remerciements me vont droit au cœur ! Et j’ai ainsi le plaisir de constater que la cime de Cornillon occupe un certain nombre d’esprits...
J’ai remis à jour le topo initial, en donnant les informations issues de cette dernière journée. Cela incitera, j’espère, d’autres visiteurs à venir se régaler dans ce coin de montagne.
Effectivement le topo de Michel Pila était minimaliste pour cette balade. Mais il faut comprendre, aussi, que l’enchaînement des différents passages de cet éperon est très compliqué à mémoriser précisément, et que j’ai dû faire quelques efforts pour mettre les idées au clair. Et que je ne garantis pas encore la parfaite exactitude de ce que j’ai écrit, même si les grandes lignes sont les bonnes.
Bien sûr, le départ d’Oulles est l’évidence quand on vise la cime de Cornillon. Cela ne doit pas être de tout repos quand même. J’ai ma petite idée sur le sujet. Par contre, je crois que, dans ce parcours d’Oulles à la cime, le fait qu’il n’y ait pas de végétation rend l’ambiance plus agréable : on voit où l’on doit aller, et de loin. Alors que dans la forêt, ce n’est pas pareil. J’étais à "regarder mes pieds" très (trop ??) souvent pour ne pas perdre la trace des yeux, et ça, ça fait monter la pression...
Je ne connais pas le blog d’Alain Lutz.... Peux-tu me renseigner ??
Merci beaucoup François pour ce superbe récit très détaillé.
Michel Pila sur bivouak avait crée un topo sur la cime de Cornillon par cet éperon nord-est il y a bien longtemps, mais le côté minimaliste du descriptif sur ce secteur escarpé et sauvage m’a dissuadé d’y aller. Mais ce sommet me tente toujours, mais en partant d’Oulles : ça me semble bien moins austère tout en étant tout aussi sauvage. Alain Lutz en avait d’ailleurs parlé sur un blog que je n’arrive plus à retrouver.
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