Les Clos de Cornillon (1550m) par le sentier nord et la combe de Farfayet

Difficulté :
Moyen
Dénivelé :
550m
Durée :
5h

Voici un petit coin de montagne qui mérite bien quelque attention... ! Je vais tâcher d'y consacrer plusieurs sorties, et d'en faire le tour. – Auteur :

Accès

De Grenoble, prendre la direction du Bourg-d’Oisans, par la D 1091, le long de la Romanche.
Après Livet, on arrive à Rochetaillée.
Continuer encore 2 kilomètres après Rochetaillée, direction Le Bourg-d’Oisans, et dépasser le ralentisseur.
400 m après ce ralentisseur, emprunter sur la droite un étroit chemin pour véhicules, goudronné sur 200 m, puis en terre. Se rapprocher de la montagne. Stationnement possible au carrefour des pistes forestières.

Précisions sur la difficulté

Sentier commode, bien que parfois un peu à l’abandon.

Une difficulté, toutefois : le franchissement de la combe de Farfayet, qui est un immense ravin d’avalanches. Le sol est là raboté chaque hiver, et le sentier a disparu.
Quand le ravin est en terre dure, les flancs sont raides et très délicats à franchir. Un piolet (ou équivalent) est particulièrement utile pour tailler des marches et se sécuriser.
Quand le ravin est garni de neige, probablement jusqu’au mois de juin et peut-être juillet, le piolet sera alors obligatoire pour tailler les marches de la traversée.

Au-delà de cette traversée de la combe de Farfayet, les 250 derniers mètres en dénivelé sont orientés nord et nord-est : faire attention que la neige peut y être encore présente tardivement, en avril-mai suivant la saison, et couvrir le sentier, ce qui rendrait le parcours possiblement très dangereux car les travers sont par endroits très raides et la glissade est à proscrire. Auncun problème dès que la neige a fondu.

Les infos essentielles

  • Carte IGN : TOP 25 - 3335 OT "Grenoble-Chamrousse-Belledonne"
  • Altitude minimale : 710 m
  • Altitude maximale : 1550 m
  • Distance : environ 5 km
  • Horaires : comptez entre 5 et 6 h
  • Balisage : aucun
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Itinéraire

Prendre la piste qui part au sud-est sur environ 200 m : panneau indicateur au départ du sentier.
Rejoindre le front de la coulée d’avalanches de Farfayet (30 m). Aller sur sa rive droite. Monter 30 mètres, puis tourner à gauche. À partir de là, le sentier se repère facilement.

Monter les 7 épingles et rejoindre un sentier qui parcourt le versant en très légère montée vers le sud.
Tourner à droite pour rejoindre la coulée d’avalanche de Farfayet (partie sauvage du sentier). Traverser la coulée : passage vraiment pas commode sur 200 m, dans les débris de végétations bousculées par les coulées successives. Rejoindre en rive gauche un sentier qui monte depuis la plaine des Sables, du lieu-dit Farfayet.

Nota : 30 mètres en dessous de ce « carrefour », se trouve le « Trou des Fées », qui n’est en fait qu’une cavité assez quelconque dans une faille entre un gros bloc de gneiss décollé et la montagne : cela semble ne pas aller très loin.

Nota : autre accès possible pour arriver à ce même point.
Du stationnement voiture, prendre la piste forestière vers le nord. Après les ruines de l’ancien village de Farfayet, tourner à gauche vers la montagne, sur un chemin forestier. Quand ce chemin s’interrompt, continuer par un sentier, discret au début. En plusieurs épingles, il mène au Trou des Fées – nombreux balisages rouges . Cette alternative évite la pénible traversée de la coulée d’avalanche, mais son sentier n’est pas aussi confortable que l’autre montée).

Continuer la montée sur ce sentier.
La trace est évidente.

Après environ 400 mètres de dénivelé, le sentier traverse à nouveau la combe de Farfayet (la coulée d’avalanche) pour passer en rive droite. Plus aucun débris de végétation ici mais passage très délicat, en terre dure et raide (30 à 40 m) car le sentier a disparu, à cause des avalanches justement. Un piolet (ou piochon) s’avère vraiment utile pour faire quelques encoches dans le sol (idem s’il y a encore de la neige).

Après la traversée, le sentier reprend normalement. Il traverse horizontalement dans une falaise sur une cinquantaine de mètres (1 pas impressionnant). Ensuite les lacets continuent leur enchaînement jusqu’au sommet des Clos de Cornillon.
Une fois au sommet, être bien attentif aux évolutions du sentier, qui parfois sont erratiques et pas toujours faciles à repérer.

Descente par le même cheminement, en passant à côté du Trou des Fées, et en continuant ce sentier jusqu’aux ruines de l’ancien village de Farfayet dans la plaine des Sables (donc en évitant de retraverser la coulée d’avalanches).
Revenir à la voiture par une large piste forestière vers le sud.

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Quelques informations complémentaires sur les Clos de Cornillon :

Ce sommet est en fait une partie grosso-modo horizontale, mais très mouvementée, avec de très gros blocs rocheux, correspondant à la partie haute de l’énorme et très ancien éboulement du versant. Cette conformation correspond à ce que les géographes nomment un « paquet tassé » .

Après une courte descente (30 m) en continuant vers le sud, on arrive à un replat, sur la gauche.
Au milieu de ce replat se trouve une construction très particulière et surprenante : un trou carré, de 2.20 mètres de côté, de 2 mètres de profond, en pierres sèches (peut-être un peu de ciment ?) et murs lisses verticaux sans encoches ni marches. Un matelas de feuilles sèches en garnit le fond, matelas dont on ne sait pas dire l’épaisseur qu’il fait… ?

Attention : aucun parapet ne protège ce trou ; il faut donc être très attentif car si l’on y tombait dedans, il n’y aurait plus de possibilité de s’en sortir seul !

Je fais l’hypothèse que ce trou servait à faire une réserve de neige, en hiver et au printemps, afin d’avoir de l’eau plus tard pendant la saison d’été. Ce serait ainsi ce que l’on appelle une glacière - artificielle en l’occurrence - comme l’on en trouve plusieurs naturelles en Vercors ou en Chartreuse. Mais ici, dans ce massif de gneiss, et non de calcaire, les trous naturels n’existent pas, donc les anciens en auraient alors fait un de leurs mains. Il faut bien noter qu’aucun ruisseau ne coule proche - ni aucune source - pouvant fournir de l’eau dans ce secteur de montagne. D’où cette hypothèse de la glacière…

Je reste particulièrement surpris d’imaginer que des gens aient eu besoin de vivre ici, sur cette épaule des Clos, sommet complètement rocheux où aucun sol n’est propice à une culture. Possiblement devait-il s’agir de charbonniers… ???
Quelle surprise !

Nota : j’avais, ce jour-là, oublié l’appareil photo. Quelle erreur !

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Genèse

Mi-novembre 2021.

Je venais de faire deux magnifiques balades à la Cuillera, en bordure orientale du Diois et me sentais en pleine forme. Les mauvais jours n’allaient pas tarder à arriver, avec la neige à la clé, rendant toute nouvelle sortie de randonnée à pied impossible. Si je voulais en faire encore un peu, de randonnée, il fallait décider rapidement quelque chose.
Ce mercredi 24 novembre, le beau temps est annoncé : il faut sortir. Le choix se porte alors sur un sentier dans le Taillefer, qui monte aux Clos du Cornillon par la combe de Farfayet. C’est un versant est.

De la plaine des Sables, entre Rochetaillée et Le Bourg-d’Oisans (ici on se trouve à environ 710 m d’altitude), ce versant impose sa grande dimension : ce sont 1700 mètres d’amplitude verticale jusqu’à la pointe sommitale et plus que 2.5 kilomètres de largeur à la base. Ce triangle est vraiment très très grand et cela change complètement des « petites montagnes » de la vallée du Buëch. Heureusement le programme du jour ne vise qu’à monter à 1550 m, ce qui sera bien suffisant.

Montée par le sentier indiqué dans la combe de Farfayet, passage par le sommet des Clos de Cornillon, et retour par le même chemin m’ont vraiment enchanté.
Ici, les lieux ne sont pas beaucoup fréquentés. Les feuilles tapissent le sol, en grand volume. Les pignes de pins (pins noirs et épicéas) sont si nombreuses qu’elles en deviennent gênantes sous les chaussures, roulant comme des billes de roulements à billes ! Des branches de tous calibres entravent la progression et nécessitent un petit travail de bûcheron au fur et à mesure de la montée.
Probablement seuls les chasseurs doivent venir en ces lieux. Mais certainement pas un flux de randonneurs.

Ce chemin est génial
Circulant dans un versant résultant d’un immense éboulement (ce que Maurice Gidon explique dans son site Géol-Alp être un « paquet tassé »), il n’y a là presque que des pierriers, et une forêt qui a poussé dessus. Traverser les pierriers est difficile : tout le monde sait cela. Or ici, les montagnards anciens ont bâti de très nombreux murets en pierres sèches, côté amont, afin d’empêcher le pierrier de barouler et de recouvrir le sentier. Ce n’était pas la matière première qui manquait, bien sûr, ni la main-d’œuvre d’ailleurs. Ce qui fait que, tout au long du sentier, une foultitude de murs jalonne la montée, et rend le cheminement vraiment bluffant. Quel boulot !
Il y a même une épingle à cheveux construite complètement dans un pierrier.

Les pierres de ces murs ne sont pas taillées. Ce sont les blocs naturels qui sont utilisés, positionnés astucieusement afin de devenir autobloquants. La solidité n’est pas maximale bien sûr, et parfois ces murs se sont éventrés sous la poussée de la masse rocheuse, ou de celle de la pluie. Il se déverse alors, par la brèche ainsi faite, tout un tombereau de cailloutis sur le chemin, réduisant à néant les efforts des anciens.

Le manque d’entretien du sentier, les murs éboulés, l’avalanche ayant raboté la trace, tous ces indices donnent bien la sensation d’éloignement. Un état d’esprit surprenant commence à me pénétrer, fait à la fois d’inquiétude et d’enthousiasme. Inquiétude car je comprends bien que personne ne viendra me secourir ici, s’il y avait besoin ; en tous cas la probabilité est basse. Enthousiasme car je trouve dans ces lieux exactement ce que je venais y chercher : la découverte d’un endroit isolé.

Finalement, c’est ici, et dans ces conditions un peu rudes, que je me sens le mieux.
C’est un vrai paradoxe.
Il doit sûrement rester, au fond de mon cerveau primitif, un reliquat d’homme des grottes, de ce primate qui circulait dans les forêts d’antan, ayant appris à en connaître les subtilités, les dangers, mais étant aussi parvenu à en goûter les plaisirs et les voluptés. Ce doit être ce reliquat-là qui diffuse sa chimie de bien-être dans mon corps, cette chimie d’être bien à ma place, ici…
Peut-être est-ce également l’hérédité de cet arrière-arrière-grand-père, douanier dans les montagnes du briançonnais, lui qui pérégrinait sur les flancs et les arêtes, surveillant les frontières, et dont mon sang porte encore aujourd’hui les influences ?
Peut-être sont-ce encore d’autres éléments, dont je ne sais comprendre clairement l’existence ?
Mais le fait est qu’ici, dans ces conditions, je me sens bien.

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Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 24 novembre 2021

Dernière modification : 3 octobre 2022

Auteur :

Avis et commentaires

Bonsoir à tous trois,

Je viens de relire les commentaires ci-dessus.
Afin de répondre (tardivement) aux interrogations de 2022, voici le lien vers C2C sur lequel Vincent Figerou raconte cet éperon NE dans sa totalité : c’est de la belle oeuvre !
camptocamp.org/routes/143...

Il faut lire les 3 sorties que Vincent à faites. C’est là qu’il y a tous les détails.
Bonnes lectures !

Ces vestiges de la vie d’antan, dont ces nombreux sentiers qui nous semblent improbables, sont fascinants. Encore plus dans ces versants hyper-raides !

Ton compte rendu donne envie d’y pointer son nez. D’ailleurs, cela me rappelle l’ascension du Grand Galbert par son versant est et les Oulles, au départ de Boirond... 1800m de dénivelé du fond de vallée au sommet ! Mais la montée à la Cime de Cornillon se montre bien plus complexe rien qu’à regarder la carte !

Bonne continuation pour tes explorations, sans oublier l’appareil bien sûr !

Bonsoir Nadine et Yann,

Bon, le deuxième épisode concernant les Clos de Cornillon est fini et est mis au "controle qualité" des modérateurs de AR. Espérons qu’il va passer l’examen....??

Je vois, Yann, que tu as les mêmes lectures du terrain de montagne que moi. Et que les objectifs sont identiques pour nous deux. Sauf que celui auquel tu fais référence est d’un très gros calibre. Il y a 1700 mètres de D+ ! Sans compter que les sentiers n’y existent pas. Donc : molo-molo l’ambition.

En fouillant internet, je suis arrivé aux mêmes comptes-rendus que toi.
Dans l’épisode n°2, donc, j’ai mis le lien avec l’article de Michel Pila qui était monté aux Clos de Cornillon, en mai 2009. C’est loin tout cela. Et je n’ai trouvé rien d’autre entre 2009 et aujourd’hui.

Pour l’arête nord-est, cela fera partie du programme de visites une fois que la neige aura fondu. C’est en versant nord, la plupart du temps. Attendons donc les mois de mai-juin.
Pour la combe Forane, c’est aussi en altitude ce truc-là. Il faudra que j’ai acquis une belle forme physique (et morale) pour aller m’y frotter. On verra...

Tu as l’air d’avoir des information à propos de minéralogie. Moi, je n’en ai aucune.
Y a-t-il des choses à savoir sur ce thème dans le secteur ??

Et une lectrice !

Ha ça fait un moment que je cherche des infos de ci de là sur ce secteur. Je me demande surtout s’il est possible d’atteindre le sommet de la Cime de Cornillon (haut lieu de la minéralogie en Oisans ) puis le Grand Galbert.

Il y a une description sur le net, pas très engageante, de la crête Nord-est au-dessus de Rochetaillé puis de la recherche du Pas de la Lauze. Le retour est alors par ne versant nord, pas par les Clos.

Pour les Clos, le couloir de la Combe Forane se descend à ski (pas par moi c’est certain !!). On trouve aussi la description de l’itinéraire en ligne. Il me semble me souvenir que la sortie sur la vallée se fait par la combe de Farfayet.

En tout cas si tu atteins la Cime de Cornillon, tu aura un lecteur intéressé.

Une nouvelle exploration ?.... On attend avec impatience les photos à venir !

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