Sortie du 10 novembre 2022 par Pascal Aiguilles Crochues (sommet nord 2837m), par le lac Blanc

Un lendemain de temps maussade, avec une petite couche de neige fraîche tombée au dessus de 2000m... Voilà ce qui suffit à motiver une balade contemplative "saupoudrage d’automne", sur un grand classique qu’on ne manquera pas de parcourir à chaque arrière-saison, en particulier lorsque la fermeture du télécabine de la Flégère évite une foule un peu trop incongrue sur le magnifique site du lac Blanc.

Départ vers 10h de Tré-le-Champ. Les nuages bas venus de Suisse franchissent le col des Montets avant de se dissiper en redescendant la vallée de Chamonix. Mais à priori, c’est une belle journée qui s’annonce...

On monte tranquillement dans la forêt de mélèzes qui n’ont pas encore perdu toutes leurs aiguilles, malgré l’automne qui se termine. Les couleurs sont magnifiques...

La neige fraîche commence à se montrer sur le plateau des Chéserys, où les lacs commencent tout doucement à geler. On monte tranquillement vers le lac Blanc, alors que les derniers nuages se dissipent.

12h30. Quand même pas mal de monde au lac Blanc, mais on ne peut pas reprocher aux gens d’apprécier les beautés de la montagne, surtout lorsque le saupoudrage a tout reblanchi sans que pour autant la grosse neige d’hiver vienne uniformiser les pentes... En attendant, on retourne à la solitude en poursuivant la montée sur la croupe menant au lac de la Persévérance.

La neige se fait de plus en plus présente et maintenant, il est obligatoire de marcher sur le blanc. Pour l’instant, c’est pas trop désagréable. On se dirige donc pour traverser la large combe sous le col du Belvédère et rejoindre les pentes sous le col des Dards et le pied des Aiguilles Crochues.

Basculant progressivement en versant nord, la neige se fait plus épaisse. On s’enfonce jusqu’aux mollets, et par endroits au gré des congères, presque jusqu’aux genoux... La marche se fait plus ardue, il faut commencer à réfléchir pour trouver les trajectoires les plus praticables...

Sur un petit plateau à 150m sous le sommet, il faut se rendre à l’évidence. Dans ces conditions, ce n’est pas raisonnable de poursuivre plus haut. On va donc poursuivre en boucle pour redescendre vers la petite proéminence 2586m au sud-ouest du lac, qui sera déclaré sommet du jour.

Pérégrinations dans un décor magnifique, mais tellement pénible lorsqu’il s’agit de franchir quelques champs de blocs rocheux saupoudrés de 30cm de neige, suffisant pour ne pas voir sur quoi on pose les pieds mais n’empêchant pas de glisser sur des dalles ou de s’enfoncer parfois profondément entre les blocs... On traverse avec la prudence requise pour un champ de mines...

15h30, redescente tranquille vers le lac Blanc par le sud, sur un terrain complexe mais déjà parcouru de nombreuses fois. Le lac a plongé dans l’ombre, mais même si le gel du lac nous privera des classiques reflets photogéniques de l’Aiguille Verte, l’ambiance est sympa... On poursuit ensuite la descente vers les Chéserys sur le sentier aménagé en escaliers par de nombreuses marches en bois. On redouble de prudence car le bois mouillé de neige fondante et regelé est par endroits particulièrement traître. Et cela d’autant plus qu’un faux-pas ne se traduirait pas ici par une simple glissade, mais avec les pieds s’accrochant sur les marches, ce serait plutôt ici un plongeon dans la pente tête la première...

Retour au lac des Chéserys, puis on s’offrira les derniers rayons de soleil en bifurquant sur le sentier du Grand Balcon, histoire de rester en altitude pour profiter au plus longtemps de la vue sur l’Aiguille Verte et le glacier du Tour flamboyer de couleurs dans la lumière du crépuscule... Le soleil s’est couché lors du plongeon final vers le col des Montets, fin de la balade vers 18h.