Sortie du 16 novembre 2024 par gegers Traversée des Rochers du Parquet (2024m) par le Col de l’Aupet, le Pas de la Selle et le Pas de l’Aiguille
Grande boucle sur les hauts plateaux du Vercors
Itinéraire, carte // Fiche topo
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Conditions météo
Sentier gelé dans la partie haute du Pas de l’Aiguille
Récit de la sortie
La montagne a fermé ses écoutilles, fini de brunir ses dernières herbes sèches, rangé ses marmottes, et attend patiemment l’arrivée de l’hiver. Doucement, modestement, les premiers flocons sont tombés sur les hauteurs. Il est surprenant de voir comment l’arrivée de la saison froide et souvent présentée de manière belliqueuse par les journalistes. "Le premier assaut de l’hiver". "le froid à l’offensive". Comme si, les jours courts approchant, la nature avait élaboré quelque tactique, avait programmé une attaque. Comme si l’hiver était une menace contre laquelle il faudrait se prémunir et se défendre.
Pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’extraire du froid, l’hiver est évidemment un danger. Pour les autres, les chanceux qui connaissent le luxe de pouvoir coller leurs miches frigorifiées contre un radiateur brulant une fois la randonnée terminée, l’hiver est une chance. L’hiver offre une variété de couleurs et d’ambiances que l’été tend à uniformiser. L’hiver exalte les contrastes. Dans le Vercors, l’hiver n’est pas encore là, pas du tout même, mais quelques chutes de neige récentes nous en donnent un avant-goût. Quelques centimètres à peine, dans les combes ombragées et sur le plateau du Pas de l’Aiguille, mais tout de même, cela suffit à donner à la montagne un visage tout autre. Cette première offensive n’est qu’une escarmouche, diraient les bellicistes saisonniers.
En cette fin d’automne, alors que la montagne est saupoudrée d’une légère couche de blanc, tout mon imaginaire adolescent remonte à la surface. Je me vois trappeur, façon Buddy Longway, conducteur de traineau, tiré de quelque roman de Jack London, ermite volontaire dans les pas de Christopher McCandless. L’hiver éveille les sens et aiguise l’esprit. Loin de nous engourdir, le froid révèle de nouveaux passages, met en oeuvre de nouvelles ressources, et donne à la randonnée une saveur nouvelle.
Les traces des animaux sont révélées, les sons se voient amplifiés, et au détour d’un sentier devenu souvenir, on se prend à rêver de rencontrer un loup, un ours, un lynx, un grizzly, une panthère des neiges. Les traces sous les Rochers du Parquet ont beau pour l’essentiel être celles d’inoffensifs lapins ou de bouquetins, qui se laisseront observer sans rechigner ni en prendre ombrage, l’imagination vagabonde.
Avec la neige, vient souvent un sentiment d’orgueil. L’homme imagine être le premier à arpenter ces sommets, à marcher dans ces vallons, à voir ces paysages qui semblent n’avoir été posés là que pour satisfaire son regard avide de beauté. Mais l’homme n’a ici nulle emprise. Ni sur la vue sublime du Sommet de Montaveilla, ni sur l’arbre solitaire de la Plaine de la Queyrie, ni sur les vastes champs rocheux près de la Jasse de Peyre Rouge. Alors, repu, on finit par redescendre, en remerciant le premier "assaut" du froid de nous avoir offert une si belle journée sur l’immensité sauvage des hauts plateaux du Vercors.
Photos
Auteur : gegers
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