Sortie du 10 novembre 2024 par jean331 Grande Sure (1920m), en boucle par le couloir de Jusson, le col de la Sure et le pas de la Miséricorde

La journée avait moyennement débuté. A peine sorti du bus, deux gros chiens en liberté m’accueillaient avec un concert d’aboiements et un festival de mimiques assez peu amènes. Comme je ne suis pas très à l’aise avec les canidés quand ils sont presque plus lourds que moi et aussi mal disposés à mon endroit, j’ai hâté le pas pour rejoindre les Trois Fontaines. Et là, rebelotte, voilà que toute la montagne résonne de hurlements de chiens avec en prime de fort bruyants coups de fusil.

Elle démarre du tonnerre cette randonnée, ai-je pensé en re-hâtant le pas.

Tout pressé que j’étais de quitter cette ambiance pour le moins hostile, je me suis enfoncé dans la profonde forêt sans même y penser. Et quand la fureur de la chasse s’est perdue dans les vents d’altitude et que le calme est enfin revenu, j’étais déjà au croisement avec le chemin du Pas de la Miséricorde.

Un peu plus loin, la vue s’est dégagée au détour d’un virage et en regardant la vaste étendue cotonneuse qui dissimulait les plaines, j’ai pensé que ce n’était finalement pas si mal d’être ici avec le soleil radieux qui enflammait les couleurs d’automne alors qu’en bas, ça devait cailler bien comme il faut.

Plus haut, ce fût quelques barres rocheuses et l’alpage, puis le Couloir de Jusson auquel le seul reproche que je pourrais faire est d’être trop court, tant j’ai pris du plaisir à le remonter.

Sous la crête, j’ai débattu un moment avec un des rares randonneurs croisés à la montée sur les avantages comparés de la photo avec un vrai appareil ou avec un téléphone et de la beauté incomparable de l’automne en montagne.

Au sommet, il y avait pas mal de monde alors j’ai opéré un savant repli dans un petit replat au nord de la croix parce que j’avais pris goût à la tranquillité et aussi parce qu’on y était moins sous les rafales de vent glacé et que j’avais oublié mes gants sur la table du salon. De là, j’ai pu savourer le panorama superbe s’étalant du Mont Blanc au Devoluy, un océan de nuages qui s’étalait à l’infini côté ouest et un remarquable saucisson au beaufort,

En descendant vers la Velouse, j’ai encore croisé un couple d’amoureux, à nouveau un chien (mais avec son maître cette fois) et trois messieurs rigolards avec qui j’ai blagué un un moment.

Mais la rencontre la plus marquante de la journée m’attendait un peu plus loin, vers le Pas de la Miséricorde (le fameux chemin qui serait interdit par le maire, mais c’est indiqué nulle part, alors tout le monde l’emprunte allègrement).

Je l’ai aperçue d’abord floue à travers les branchages puis elle s’est révélée plus précisément à mesure que la forêt perdait en épaisseur. Dans le Cirque de Charminelle, une immense tempête de nuées s’attaquait aux flancs de la montagne transformant la Pointe du Châtelet en cap breton battu par les flots.