Sortie du 16 juin 2024 par Sylvain Pic de Médécourbe (2914m), traversée des arêtes du Port des Bareytes (2701m) au Port de Médécourbe (2750m)

Samedi 14h, en ce mois de juin capricieux notre course du week-end n’est pas encore définie. Le projet initial était à Ailefroide, mais les importantes chutes de neige en ce jour sur le massif me mettent le doute. Pas envie de prendre le moindre risque avec mon petit neveu, d’autant plus que la saison d’émission du BERA est maintenant terminée. L’avalanche du lendemain impliquant une quinzaine de personnes au Dôme aura effacé jusqu’au plus petit regret d’avoir opté pour l’Ariège... D’autant plus que ce secteur pyrénéen nous aura une fois de plus comblé !

Soulcem samedi soir, plein brouillard, ambiance bien glauque. Au lit à 9h...

4h, réveil sous la voie lactée, un bon petit déjeuner et nous voila partis pour la longue remontée de la vallée de Soulcem.

Le jour se lève illuminant peu à peu les cimes environnantes alors que nous nous élevons dans le vallon des Bareytes. Ce dernier est encore bien enneigé et l’accès au port nécessite l’usage des crampons. Nolan est ravi et remarque rapidement le couloir Nord-Est du Racofret. Je saisis tout de suite son envie de le gravir et de ne pas passer par le col. L’idée est tentante, un couloir pour accéder aux arêtes ne peut que rendre la course encore plus belle !

Depuis notre sortie de la semaine dernière au Carlit je sais qu’il en est capable techniquement, mais là il y a quand même près de 350m de pente soutenue... Bon allons-y, au pire je l’encorderai au moindre doute.

Cent mètres, deux cents mètres... Que c’est dur pour des petites gambettes, allez courage mon grand, on a fait plus de la moitié ! On avance un peu et on souffle, et on recommence. La voila enfin cette sortie de couloir, avec pour récompense à un tel effort le premier sommet du jour, le Racofret ! Sans oublier la gaufre et le Snickers...

La vue s’est maintenant ouverte en versant Sud vers le pic de Coma Pedrosa (plus haut sommet d’Andorre) tout proche et les étangs Forcat encore partiellement gelés, ainsi que sur le parcours d’arêtes à venir. Nous quittons les crampons afin de s’élancer sur ce vertigineux pont de roches de près de deux kilomètres.

Après une remise en jambes un peu difficile avant regain d’énergie, Nolan se prête au jeu de funambule avec entrain et enthousiasme. Second sommet du jour, le Recoufret !

La descente de ce dernier sur le rasoir n’est pas difficile mais bien vertigineuse, une formalité pour Nolan qui n’est absolument pas perturbé par l’abîme de la face Nord...

La remonté vers le Médécourbe est une succession de ressauts tous plus ludiques les uns que les autres mais souvent exposés. On se régale à jouer tous les deux à saute rochers, perchés entre ciel et terre. Troisième cime du jour, la vue porte maintenant jusqu’au lointain Aneto !

Ne reste plus qu’à parcourir la très esthétique crête vers le Médécourbe Occidental avant de pouvoir redescendre. Comme je le craignais, le raide couloir de descente vers le Port de Médécourbe est encore enneigé et verglacé... Je propose à Nolan de descendre en versant Sud et de contourner jusqu’au col par le lac de Baîau. Que nenni, il me dit qu’il est capable et préfère désescalader par les rochers en longeant la glace. Bien sur qu’il en est capable ! allez hop, au plus court, mais prudence...

Port de médécourbe, enfin la pause pique-nique, au soleil et à l’abri du vent. On s’élance ensuite, d’abord avec vigilance dans la descente du vallon de Médécourbe, puis en glissade lorsque la pente de neige s’atténue. Nous arrivons peu après au bord des eaux bleue de l’étang de Médécourbe.

Encore un peu, voire beaucoup de « terrain ariégeois » pour rejoindre la vallée, et ensuite l’interminable marche de retour le long du ruisseau de Soulcem jusqu’à la voiture que nous rejoignons dix heures et demie après l’avoir quittée.