Pique d’Estats (3143m) par le vallon du Riufret, la Pointe Gabarro (3115m) et l’arête Sud-Est

Le parcours en détails :

Du parking des Orris du Carla redescendre un peu sur la route jusqu’au premier virage et s’orienter vers la gauche, donc à l’Ouest pour traverser par la passerelle le ruisseau de Soulcem.

Ignorer le sentier balisé des étangs de la Gardelle, et poursuivre vers le Nord sur la trace longeant l’étang de Soulcem et passant sous le Pic de la Madelon. Traverser à guet le torrent de Riufret et remonter en rive gauche le long et raide vallon homonyme. Bien que par moments discrète, la sente se faufilant dans des pentes vivement déclives recouvertes de Gispet au-dessus de barres rocheuses se suit facilement, mais il est très important de ne pas s’en éloigner. Attention, la descente de nuit de ce vallon est délicate et paumatoire.

Aux environs de 2400m, arriver sur un vaste plateau herbeux environné de dalles de granits moutonnées au dessus de l’étang de Riufret (celui-ci n’est pas encore visible).

Traverser vers l’Ouest ce plateau et descendre légèrement vers une zone humide, avant de remonter en face en suivant la trace et les nombreux cairns en passant à proximité des ruines des Orris de Riufret dans le vallon descendant du col homonyme 2878 sur IGN.

Passer à proximité d’un premier déversoir sur la gauche provenant des étangs sans noms situés sous le Port de Rioufret, et continuer jusqu’à un second issu de l’étang de Canalbonne.

L’environnement est dorénavant exclusivement minéral et est composé de roches rouges ferrugineuses donnant à ce cirque verrouillé par la Pointe Gabarro, l’Estats et le Montcalm un aspect haute montagne un peu austère d’une rare beauté.

Tourner à gauche, donc au Sud afin de passer à l’étage supérieur grâce à une large rampe en éboulis juste au-dessus de ce déversoir et à la base de l’arête Ouest de la Pointe Gabarro, et atteindre l’étang de Canalbonne.

Contourner l’étang par la gauche et grimper au Collet Franc 2919 sur IGN situé à la base de l’arête Sud du Rodo de Canalbonne 3004 sur IGN. Celui-ci est une brèche dont l’accès ressemble au départ à un cône de déjection et aux pentes finales très raides entre deux falaises. En cas d’enneigement, cette déclivité s’apparente à un couloir glaciaire.

L’ambiance en versant Nord, seul dans cette rude pente de neige qui ressemble à un véritable toboggan vers le bleu azur de l’étang de Canalbonne est magistrale !
L’arrivée au Collet Franc avec la présence du grand étang de la Conca Gelada juste en contre-bas versant espagnol est superbe et donne enfin le top départ du parcours de crêtes !

Continuer vers la droite, donc au Nord sur la large croupe et atteindre rapidement le Rodo de Canalbonne 3004m sur IGN. Descendre dans une petite brèche et remonter facilement la crète de la Pointe Gabarro 3115m sur IGN jusqu’à son sommet par une succession de petits ressauts faciles et ludiques.

De la Pointe Gabarro, la Pique d’Estats s’offre au regard sous son plus beau profil grâce à son allure élancée et son élégante arête Sud-est !

À partir d’ici la course devient un peu plus technique et l’arête beaucoup plus vertigineuse.

De la Pointe Gabarro descendre à un collet et venir buter sur un premier gendarme, le contourner par la gauche en escaladant une fissure et prendre pied sur une petite terrasse en versant espagnol.

Poursuivre par une succession de petites vires grimpantes et exposées, afin d’éviter les premières délicates aiguilles du début de l’arête, et remonter sur celle-ci par quelques pas d’escalade. Bien qu’un peu plus raide et difficile, pour ceux qui connaissent, la configuration de cette traversée s’apparente aux passages des vires et à la remontée du couloir au Pic Coolidge.

Il me semble possible et plus aisé d’éviter une partie du fil en poursuivant un peu plus bas, toujours par une succession de vires et de cheminées. J’hésite... Et puis non... Si je suis venu jusqu’ici, c’est pour cette arête ! Donc pas question de me priver de l’impressionnante ambiance de ce somptueux rasoir dominant de plusieurs centaines de mètres l’abîme de la face nord !
Les moments vécus et les sensations ressenties en solo sur cet étroit et vertigineux pont de pierres suspendu en plein ciel, par cette froide journée d’automne sont indescriptibles. Les premières neiges ainsi que les rafales de vent glacial ont également contribué à la beauté et au climat dantesque de cette course !

Progresser au plus simple sur le fil sur un rocher globalement sain à quelques exceptions près, donc bien vérifier les prises, car cette arête ne pardonnerait pas la moindre chute, et arriver au sommet de la Pique d’Estats.

Ayant fait la route le matin même depuis Montpellier, l’heure est déjà bien avancée lorsque j’arrive au sommet que j’ai la chance d’avoir pour moi seul ! Comme il ne me reste plus que deux heures de jour avant la tombée de la nuit et que je ne tiens pas à descendre le vallon de Riufret dans le noir, je fais l’impasse sur les Pics de Verdaguer et du Montcalm pourtant tout proche. Je m’accorde malgré tout quelques instants afin de profiter des fabuleuses lumières rasantes de cette fin d’après-midi.

Descendre par un cheminement évident au col de Riufret 2878 sur IGN situé à la base de l’arête Ouest du Pic du Montcalm, et plonger en versant Est dans le vallon homonyme.

Deux possibilités :

• Dans le haut du vallon descendre en rive gauche par un système de vires balisées, mais un peu exposées le long d’une petite falaise de couleurs rouges/ocres. Il me semble plus intéressant d’emprunter ce cheminement en montant plutôt qu’en descente, afin d’éviter une fastidieuse montée sur terrain instable.

• Descendre tout droit dans la caillasse ou la neige en plein milieu du vallon. Préférez cette option.

Poursuivre la descente du vallon jusqu’à arriver à nouveau à proximité du déversoir de l’étang de Canalbonne, à partir duquel l’itinéraire de retour est le même qu’à l’aller.

Malgré tout mes efforts pour finir la descente avant la nuit, c’est un échec, celle-ci me rattrape dans le haut du vallon de Riufret... Suivre le cheminement complexe dans le noir de cette discrète trace souvent exposée me demande une grande vigilance. Lorsque je perds la sente au milieu du Gispet, je fais appel à mon instinct de l’itinéraire afin de ne pas trop errer à proximité des barres rocheuses, et c’est avec soulagement que j’arrive à la voiture. Vivement que les jours rallongent...

La beauté et la variété des paysages parcourus tout le long de ce parcours, ainsi que la grâce et l’élégance de cette belle arête font de cette course l’une des plus belles que j’ai réalisée ces dernières années !