Sortie du 22 novembre 2023 par Pascal Le Grand Colon (2402m) en traversée
Une balade au cœur de Belledonne dans des conditions "atypiques", offrant une vision étincelante de blancheur sur les sommets tout juste plâtrés, lorsque les nuées sont disposées à s'écarter pour laisser rayonner le soleil et le ciel montrer son bleu...
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Nombreux nuages bas en matinée avec bruines de neige, ciel bouché sous 2000m. Quelques généreuses éclaircies en mi-journée, avant que les nuées ne reviennent à la charge dans l’après-midi jusque vers 2600m environ. Frais et parfois venté.
Récit de la sortie
Les nuages étaient annoncés sous 2000m, devant se dissiper partiellement en journée... Ce genre de météo dont on ne sait que penser, cela peut se révéler sublime tout comme cela peut se révéler sans aucune vue... Dans tous les cas, il vaut mieux choisir une balade en terrain connu, qui offre la possibilité de pouvoir monter haut...
Départ vers 9h du matin des Quatre Chemins de Freydières sous un ciel gris foncé et une bruine assez forte à la limite de la neige. Les nuages doivent être assez épais... En tout cas, c’est parti en direction du lac du Crozet, sur un chemin qu’on connaît par cœur, mais dans des conditions assez atypiques.
On se retrouve vite dans un décor saupoudré de blanc, puis dans un brouillard bien dense. Heureusement, les lieux sont familiers, car l’ambiance sans visibilité est bien austère, et il faut parfois deviner le sentier sous le saupoudrage immaculé. 10h30, on arrive finalement au lac du Crozet, curieusement encore totalement dégelé, qu’on devine à travers le brouillard et dans l’averse de neige.
Il faut y croire, et poursuivre... Le vent frais s’est levé dans le vallon du Mercier, ce qui ajoute à l’ambiance glaciale. On poursuit le sentier dans la combe en direction du col du Pra, devant parfois deviner le cheminement, notamment là où il avait été balayé par le récent éboulement.
C’est sur les derniers replats avant la montée finale vers le col que le brouillard décide enfin de se lever progressivement, offrant enfin un peu de lumière bienvenue accompagnant des trouées de bleu, enfin un peu de couleur dans le décor noir-et-blanc. Le moral remonte... D’ailleurs, là-haut au-dessus des nuées, c’est bleu...
On poursuit en direction du col de la Pra dans des pentes assez raides où un autre problème se fait sentir : Sous le récent saupoudrage, une couche de vieille neige, détrempée par la pluie plus regelée à cœur, est dure comme du béton. Il faut s’évertuer à contourner au mieux ces plaques n’offrant aucune adhérence...
11h30, au col de la Pra, enfin sous un soleil bien réconfortant malgré le vent glacial... On admire la superbe blancheur du paysage plâtré à souhait sans pour autant avoir été lissé par la grosse neige d’hiver. Les crampons se reposant bien tranquillement dans le coffre de la voiture, on abandonne l’idée de poursuivre vers les lacs du Doménon, le verrou exposé défendant le premier lac devant être infranchissable dans ces conditions. Allons plutôt s’offrir une balade contemplative vers les lacs du plateau de la Pra, fraîchement repeint en blanc, qui étincelle au soleil...
Sitôt basculé en versant sud dans la blancheur immaculée à l’abri du vent, on oublie le froid glacial, avec l’effet "four solaire" on a carrément chaud... On fait la trace dans le décor, avec l’impression d’avoir toute la montagne pour soi tout seul...
La balade contemplative mènera au lac Merlat, où la pause casse-croûte se fera sur la rive. Puis le retour de quelques nuées incitera à reprendre la montée en direction du Grand Colon, là-haut encore au soleil, en espérant que la raide combe qui y mène, en versant sud, soit exempte de cette vieille neige "béton".
La montée, raide mais sans difficultés, fait bien chauffer les cuisses. Finalement, vers 14h, on débouche au collet à proximité du sommet, dans une ambiance redevenue ventée, balayée par les nuées. On arrivera au sommet alors que les derniers rayons de soleil s’estompent, avalés par ces nuées maintenant bien grises et denses.
L’attente glaciale d’une hypothétique éclaircie durera une bonne demi-heure dans le vent glacial, puis, faisant le deuil d’un panorama au-dessus de la mer de nuages, il faut se résoudre a descendre, car cette descente risque de ne pas s’avérer très facile dans le brouillard...
Le panneau indiquant la descente par l’ouest semble pointer dans le néant, où ciel et terre se confondent dans un blanc totalement uniforme... Hésitations à devoir faire le retour par l’itinéraire de montée, bien plus long... Mais, ça vaut le coup de tenter, au risque de devoir remonter si on ne s’en sort pas...
Le sentier, ici totalement invisible sous la neige, est censé descendre droit dans la pente puis partir à gauche en traversée là où la pente se fait plus raide. On va donc descendre en tirant volontairement à gauche, histoire d’être certain de l’avoir à droite, puis de le recouper plus bas dans la traversée là où, taillé dans la pente, il devrait être plus visible. La descente à l’aveugle est très angoissante même si on a réfléchi à son coup, en espérant que ces plaques de neige gelée ne seront pas un problème là ou la pente se fera plus raide... Heureusement, une centaine de mètres sous la crête, quelques herbes et cailloux redeviennent par endroits visibles dans la neige, offrant enfin quelques repères visuels, malgré une visibilité ne dépassant pas quelques mètres. Puis, comme prévu, on retombe finalement sur le sentier, tout juste visible.
Dernier obstacle potentiel, ces pentes très raides traversées par le sentier. Heureusement, pas de vieille neige pour encombrer le sentier, ça passe sans problème. On poursuit enfin dans le brouillard dans les pentes maintenant herbeuses, suivant les réconfortants balisages jaunes visibles sous la neige fraîche de moins en moins présente...
C’est vers 1900m qu’on repasse sous la couche, et que la vue s’ouvre sur la vallée, où quelques éclaircies percent le ciel chaotique. Il n’y a plus qu’à terminer la descente tranquillement... C’est à la baraque du Colon qu’on trouvera enfin quelques traces de pas dans la neige, les premières de la journée. Quelques lacets en forêt, puis la longuette route forestière pour revenir au Quatre Chemins... Fin de la balade vers 16h30.
Photos
Auteur : Pascal
Avis et commentaires
De premier abord un peu angoissant certes, ce début de descente dans le brouillard, mais en fait je ne me suis pas vraiment inquiété des conditions, dans la mesure où le demi-tour aurait toujours été une option, même dans le brouillard. L’orientation est un de mes points forts, j’ai en général les bons réflexes, et je ne m’inquiète pas d’une balade qui se termine la nuit, j’y suis préparé... Et en plus si nécessaire, j’aurais pu ’tricher’ : Faire usage de mon GPS !
En tout cas, une superbe expérience qui change des balades habituelles ! Mon seul petit regret est de ne pas être arrivé au sommet du Grand Colon 15min plus tôt, pour profiter du panorama avant l’arrivée des nuages...
Bonsoir Pascal,
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Bravo pour t’en être si bien sorti de cette balade en Belledonne enneigée, car tout n’était pas gagné d’avance. Le choix d’un secteur que tu connaissais bien a été primordial.
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Qu’aurait-il été possible de faire si le brouillard était revenu au lac Merlat ?? Ou bien si, dans la descente du Grand Colon, la neige avait été dure comme il y en a eu sous le col du Pra - côté nord ??
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J’admire ton sang-froid et ta réflexion pour entamer cette descente, sur la gauche d’abord, en surveillant à ta droite "le retour" du sentier.
Je partage tout à fait l’angoisse qui t’enveloppait...
Grand plaisir à admirer au chaud la version hivernale de cette traversée !
Quelle ambiance ! Superbes photos, en particulier celles des lacs gelant peu à peu, c’est magnifique....
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