Pic Carlit (2921m) en traversée par la crête Sud et l’arête Nord-Est, Carlit de Baix (2806m) et Puig de Sobirans (2785m)

Du Barrage des Bouillouses, partir vers l’Ouest et passer devant l’hôtel le Bones Hores. Suivre le sentier balisé PR s’orientant Nord-Ouest vers le Pic Carlit. Après une montée en forêt sous des pins à crochets, celui-ci passe à proximité de l’estany del Viver, poursuivre en direction de l’estany Sec. La trace reste au Nord de ce dernier, et de son extrémité Nord remonte une petite butte. Jusqu’ici l’itinéraire est très bien balisé, mais la suite se déroule totalement hors sentier.

Quitter le sentier et partir plein Ouest à travers une courte pinède clairsemée pour rejoindre l’estany Llat. Longer le lac par le Nord en direction de l’Ouest et passer à proximité de la cabane des Frères Aymar (ce n’est pas un palace mais contrairement à ce qu’indique la carte elle n’est pas en ruine).

Traverser le ruisseau issu de l’estany Llong aux environs du point IGN 2174 et entrer dans un vallon évident grâce à un "petit couloir" pour rejoindre la zone marécageuse cotée 2222. Traverser cette zone (probablement à éviter à la fonte des neiges) et remonter au mieux le vallon Sud-Ouest dans un terrain malcommode (rhododendrons, blocs, pins...) contournant la grande croupe Sud-Est du Tossal Colomer.

S’orienter ensuite Nord-Ouest et passer à proximité de la butte cotée 2425 sur IGN pour entrer dans le vallon de Coma dels Forats, dans lequel on retrouve un sentier. Remonter sans aucune difficulté le vallon en gardant main gauche l’étang 2482 et main droite l’étang 2520 au-dessus duquel on domine une dépression chaotique au pied de la face Sud-Est du Carlit.

Le col des Andorrans est maintenant juste en face, à gauche de la crête Sud du Carlit et à droite d’une aiguille noire.

Traverser au mieux la dépression qui est plus commode qu’elle n’en à l’air et remonter le raide couloir conduisant au col. De ce dernier gravir la magnifique crête Sud sans grande difficulté. Cette dernière est parfois raide et entrecoupée de ressauts en II. L’ambiance est superbe, extrêmement sauvage mais jamais vraiment vertigineuse. Si on le souhaite les ressauts les plus délicats sont facilement contournables.

Sommet du Pic Carlit, son immense panorama n’est plus à démontrer !

Rejoindre le sommet Nord et se diriger vers l’arête Nord-Est en direction du Carlit de Baix. Possibilité de rejoindre le Carlit de Baix par une trace passant en contrebas de l’arête en versant Est, mais cela ferait perdre à mon sens tout le charme de la course.

Au départ facile, l’arête se rétrécit par la suite sans jamais non plus que son fil ne devienne rasoir, mais est interrompue par deux importants décrochages à désescalader en III. L’un des deux est exposé et incontournable si l’on a choisi de rester sur le fil. La suite jusqu’au Carlit de Baix ne comporte plus de difficulté.

Sommet du Carlit de Baix, la vue sur l’arête Nord-Est descendue ainsi que sur les trois goulottes de la face Est est superbe !

Poursuivre sans difficulté vers le Nord le long de la crête pour la traversée des Puigs Sobirans 2755m et 2785m.

Descente :

Descendre dans le vallon situé entre la croupe Est du Puig Sobirans 2785m et la Stèle légèrement plus au Nord. La descente au-dessus de l’estany de Sobirans est raide et nécessite un peu de "nez" afin de passer au plus simple, mais ne comporte cependant pas de difficulté particulière si l’on est habitué à ce type de terrain.

Remonter ensuite légèrement Sud-Est afin de rejoindre le sentier balisé PR de la voie normale du Pic Carlit, qu’il n’y a plus qu’à suivre facilement jusqu’au barrage des Bouillouses.

Ma sortie :

Ce magnifique Pic Carlit, il y a bien longtemps que j’ai arrêté de compter le nombre de fois où j’y suis monté, peut-être une quinzaine... Entre ses différentes arêtes jamais très dures et ses nombreux couloirs glaciaires plus ou moins délicats lorsque l’hiver est venu, les possibilités d’itinéraires pour fouler sa cime sont nombreuses.

Cette crête Sud je l’avais dans le viseur depuis... 14 ans... Lorsque en formation AMM nous étions monté au Carlit en passant par la Coma dels Forats avant de franchir le col du Tossal Colomer pour rejoindre la voie normale de la crête Est. La magnifique face Sud ainsi que le col des Andorrans semblant conduire à la base de la crête m’avaient tapé dans l’œil !

• Nous pourrions monter au sommet par cet itinéraire, ce serait plus sympa que de rejoindre la voie normale ? Demandais-je au formateur. (À cette époque je connaissais déjà la voie normale par cœur).
• Impossible, ce parcours est hors prérogatives AMM... Me répondit-t’il.

14 ans plus tard :

Samedi matin 8h, je traine à sortir de la voiture, le temps est maussade. Et puis soudain une éclaircie, debout !

Comme toujours il y a du monde au départ, mais je vais rapidement quitter le sentier classique au niveau de l’estany Sec pour rejoindre l’estany Llat, à partir duquel la solitude est garantie !

Dorénavant plus la moindre trace avant de rejoindre la Coma dels Forats, il faut se frayer un chemin à travers une zone marécageuse, les rhododendrons et les blocs granitiques. L’endroit est hyper sauvage ! Quelques très rares cairns ont malgré tout pousser au milieu de tout ça !

Le cheminement s’approche d’un énorme chablis sous l’entonnoir de la face Est du Tossal Colomer, les avalanches doivent y être terribles !

Je passe ensuite à proximité des étangs dels Forats avant de parvenir à la zone chaotique sous le col des Andorrans. À l’époque les forces glaciaires ont du être titanesques pour modeler le terrain de la sorte ! Mais je ne peux décrocher mon regard de l’énorme face Sud, haute de quatre cents mètres, au milieu de laquelle remonte le mythique couloir Hélicoptère. Une ligne presque directe conduisant pile sous le sommet. Je pense déjà à mon 16^e Carlit !!

La montée au col est bien raide, et il faut s’arracher sur le final pour en venir à bout. De ce dernier, la vue s’ouvre sur le versant Ouest et la magnifique Serra de les Xemeneies. En catalan son nom signifie la "montagne des cheminées", Il faut voir son versant Nord en hiver pour en comprendre le sens !!
Derrière l’étang du Lanoux, la vue porte également vers le Puig Pedros, une autre très belle course du secteur, voir ici.

La crête Sud se remonte finalement beaucoup plus facilement que je ne l’imaginais, pas vraiment de difficulté. Juste des petits ressauts en II très ludiques et quelques uns en III non obligatoires très facilement contournables par une pseudo sente. Par contre l’endroit est d’une grande sauvagerie et l’on y ressent une formidable ambiance !

Lorsque j’arrive au sommet il n’y a finalement que peu de monde, et la croix est encombrée de fichus disgracieux.

Après une pause repas je me lance dans la descente de l’arête Nord-Est en direction du Carlit de Baix. Très rapidement j’arrive à la sortie de la Goulotte Centrale, souvenirs d’une course dantesque avec Rémi en mai 2022, voir ici.
Plutôt que d’emprunter la trace bien plus bas en versant Est je choisis de rester sur le fil. Au début facile, arrivent ensuite quelques vertigineux décrochages me demandant un peu de concentration.

La remontée ensuite vers le Carlit de Baix n’est plus qu’une formalité. De sa cime, la vue sur l’arête descendue est impressionnante. Je poursuis ensuite jusqu’au grand plateau du Puig de la Stèle en passant par les Puigs de Sobirans. À ce moment de la journée, la lumière vers les sommets ariégeois est tout simplement magnifique !

Ne me reste plus que la raide descente de plus de quatre cents mètres pour rejoindre l’estany de Sobirans, et ensuite le confortable sentier de retour vers le lac des Bouillouses, qui vu l’heure avancée a retrouvé sa tranquillité.

Encore une formidable journée en montagne loin de la foule, dans ce magnifique secteur des Pyrénées pourtant très fréquenté !