La Cuillera (1406m) en boucle par l’arête est, le Belvédère et le Grand Porche
- Randonnée
- Massif du Diois / Hautes-Alpes / Saint-Julien-en-Beauchêne
- Difficulté :
- Difficile
- Dénivelé :
- 550m
- Durée :
- 5h
En décembre 2020, je repérais aux jumelles une ombre intrigante au pied d’une falaise, dans le flanc est de la Cuillera. Cette ombre était au minimum un grand porche rocheux. Mais peut-être y avait-il quelque chose de plus qu’un simple porche ? Cela demandait à aller sur place pour vérifier la chose. Cette vérification s’annonçait d’emblée compliquée car le terrain est fort pentu, déjà. Mais surtout il est complètement boisé. Cela signifiait qu’il fallait s’attendre à une progression très pénible dans les buis du sous-bois. Après être allé sur place, et une fois la vérification faite, tombait la confirmation : c’était vrai, la progression se classait bien dans le registre du pire… Mais heureusement, il y eut aussi les bonnes surprises : celle du beau d’abord ; et puis surtout celle du meilleur. – Auteur : François Lannes
Accès
De Grenoble à Veynes sur la D 1075.
Passer le col de la Croix-Haute.
Stationner sur la place de Saint-Julien-en-Beauchêne.
Précisions sur la difficulté
Sentier dont la montée comporte certaines difficultés :
- Trace souvent raide, parfois très raide (droit dans la pente ; pas ou peu de lacets), demandant ponctuellement l’aide des mains ; et dont la largeur va en diminuant au fur et à mesure de la prise d’altitude ;
- Deux passages particulièrement exposés en bordure d’un grand ravin ;
- Une traversée horizontale de 50 m, techniquement facile (bonne trace de bêtes au sol), mais sur une vire surplombant ledit ravin, vire qui nécessite un bon équilibre et un effort de concentration (aucune glissade envisageable).
- Un franchissement de strate calcaire de 2 mètres de haut demandant de se tirer avec les bras aux racines d’un pin ; deux autres strates calcaire peuvent s’éviter par un crochet à gauche ;
- La partie finale de l’arête se trouve en forêt de chênes et de buis : il faut savoir louvoyer entre les végétations pour suivre les passages qui ont été dégagés.
En conclusion : il s’agit là d’une balade « musclée », dont le caractère « « sauvage » vous maintiendra éveillé tout du long.
Descente par le col de Montanit et le col du Dresq sans aucune difficulté.
Photos
Les infos essentielles
- Carte IGN : TOP 25 - 3338 OT - Serres Veynes - Haut Buëch - Bochaine
- Altitude minimale : 900 m
- Altitude maximale : 1350 m
- Distance : environ 6 km
- Horaires : comptez 4 h
- Balisage : rouge horizontal au départ
Chargement de la carte en cours
Itinéraire
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Du stationnement dans Saint-Julien-en-Beauchêne, traverser la route, puis le Grand Buëch.
Continuer vers le sud, en longeant la rivière par sa rive droite.
Traverser la voie ferrée au niveau du Pont Bleu.
Marcher toujours vers le sud sur la piste qui longe le pipeline enterré d’éthylène, sur 1 km.
Au niveau d’un petit passage à niveau de la voie ferrée, tourner à droite vers la montagne, sur 30 m. Dans le premier virage, ne pas emprunter la piste forestière qui part vers le sud, mais une vieille piste vers le nord, peu dégagée.
Au bout de 50 m, prendre à gauche un petit sentier (marques rouge horizontales sur les arbres). Ce sentier remonte le lit d’un torrent-déversoir issu d’un grand ravin dans le flanc de la montagne.
Arrivé au point où la progression ne peut plus continuer dans le fond du ravin, tourner à gauche pour couper dans la pente de terre et rejoindre la forêt (sentier bien marqué, mais fin des marques rouges).
Suivre le sentier qui va maintenant droit vers le haut dans des portions raides, parfois très raides.
Globalement, il faut trouver les meilleurs passages entre la forêt parfois touffue, côté gauche, et le bord du ravin souvent exposé, côté droit, mais mieux dégagés.
La montée de déroule d’abord dans la forêt de pins et de buis.
Un petit cairn indique le lieu d’une traversée à droite, horizontalement sur 25 m. La suite, toujours raide en bordure du ravin, se fait sur un terrain plutôt terreux et caillouteux.
Quand on approche du haut du grand ravin, on butte contre des strates calcaires hautes de 2 m.
La première strate rocheuse se contourne par la gauche dans les buis.
La deuxième strate se franchit directement, dans son angle gauche, en se tirant sur les racines d’un pin.
La troisième strate rocheuse se contourne également par la gauche dans les buis.
On rejoint alors une très belle trace horizontale : c’est celle-là qu’il faut emprunter pour la traversée vers la droite sur une vire de cailloutis (petit cairn au pied d’un gros pin sylvestre). Cette traversée n’est pas technique en soi, mais demande une bonne concentration, car on se trouve au-dessus du grand ravin (plus de 100 m de profondeur) et aucune perte d’équilibre ne peut être tolérée.
Continuer la traversée de 15 m, en très légère descente, pour entrer dans une hêtraie-pinède, dont le sous-bois est dégagé de toute végétation basse : une fine sente y fait deux vagues lacets, puis la trace de bêtes s’évapore. La pente reste forte.
Au bout d’environ 50 m se devine à gauche le replat du Belvédère. Une courte trace y mène.
Large emplacement plat, ensoleillé, prévu pour un super-pique-nique.
Le panorama sur la vallée du Grand Buëch y est magnifique. En face, la montagne Durbonas est superbe.
L’accès au porche démarre du Belvédère. Faire 20 m à l’horizontale, en suivant un cheminement étroit entre buis et rocher.
Revenu dans la hêtraie-pinède, continuer la montée par des passages où l’usage des mains peut s’avérer nécessaire, et rejoindre le fil rocheux de l’arête.
Continuer sur le fil, en louvoyant dans les espaces libres de végétation.
On arrive dans une zone plus calme, où le rocher disparaît, mais où les buis reprennent leurs droits.
Un cheminement entre ces buis est dégagé : il faut ruser un peu pour le trouver. Rester sur le fil (peu marqué) de l’arête sans aller trop, ni à gauche, ni à droite (amplitude de quelques mètres maximum). Se faufiler.
La pente augmente progressivement sans devenir difficile. Puis quand la pente devient vraiment raide, une traversée à gauche, horizontale sur 15 m, permet de rejoindre une montée oblique sur la droite. Suivre cette montée qui amène au pied de la falaise sommitale, pile à la cassure entre la face est et la face sud.
Aller sur la gauche, en face sud, pendant une vingtaine de mètres, puis monter droit dans un petit goulet (15 m) qui permet de déboucher sur la crête (cairn de sortie).
Suivre la crête vers l’ouest jusqu’au sommet de la Cuillera.
Revenir en arrière rejoindre la vieille clôture (bien mal en point). Descendre le long de cette clôture pour rejoindre le col de Montanit.
Suivre le GR de Pays Tour du Buëch, vers le sud, jusqu’à la source des Paraïs.
Emprunter la large piste forestière qui remonte au col du Dresq.
Redescendre le col côté est, en passant au Dresq, et rejoindre la voiture toujours par la même piste.
Retour : 1h30 du sommet à la voiture.
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.Souvenirs de la première fois
En décembre 2020, du hameau de Baumugne, j’avais remarqué une tâche sombre au pied d’une falaise formant arête, dans le versant est de la Cuillera. Cela devait manifestement être un porche, qui d’ailleurs semblait assez vaste.
Toujours à la recherche de nouvelle arche rocheuse, je me questionnais : « Y a-t-il une petite chance que ce porche soit débouchant de l’autre côté de l’arête en question, et qu’il forme une arche ? ». La photo faite ce jour-là ne donnait pas la réponse. Et faute de cette réponse, une sortie était mise au calendrier pour aller vérifier sur place la réalité du terrain.
L’accès à ce porche, dans ce versant bien raide, n’avait rien de passionnant. Géoportail ne signale aucun sentier alentour qui permettrait de réduire un peu l’effort en faisant gagner quelque dénivellation. Si jamais les buis se mettaient de la partie dans les sous-bois, cela promettait une sacrée bataille, du genre pénible.
C’est d’ailleurs à cause de cette funèbre perspective de « sacrée bataille » que j’avais tenté une approche par le nord-est, approche qui s’était avérée infructueuse quant au porche, mais qui avait permis un très joli parcours sur l’arête nord-est de la Cuillera.
Bref…
En cet automne bien avancé, les neiges ayant déjà commencé à garnir les hautes altitudes, c’était le bon moment pour aller dans la Cuillera, ses forêts sauvages et son altitude moyenne. Le programme serait simple : poser la voiture en bordure du Buëch, à la verticale sous le porche, et monter droit dans la pente en cherchant les meilleurs passages entre les arbres. Avec un peu de chance, cela pourrait fonctionner.
Du stationnement, une belle piste forestière en terre mène à la ferme du Dresq. Il n’y avait qu’à la suivre un peu, avant d’attaquer la pente.
Au moment de quitter la voiture, dans la direction opposée à la piste, un départ de sentier tout menu se montre, discrètement. Intrigué, je me détourne pour aller voir ce dont il retourne, et comprendre la chose. En effet, une ancienne piste forestière, à l’abandon, commence là. Cinquante mètres plus loin, un embranchement donne naissance à un sentier qui va sur la gauche. Il est marqué par des traits rouges horizontaux. M’arrêtant là de cette rapide reconnaissance, je garde l’information en mémoire, et reprends le cours du programme initial.
Le Pire
Le programme initial… !
Et bien il n’est pas fameux.
Quittant la belle piste, cela commence en suivant une limite cadastrale, marquée en rouge sur fond blanc sur les arbres. Cette limite part en diagonale, rectiligne, vers le haut. Ce n’est pas génial, mais il reste, du travail des agents forestiers, un vague passage qui dû être dégagé - fut un temps - mais qui aujourd’hui est à nouveau envahi de troncs pourris sur place. Il faut enjamber !
Repérer ces vieilles marques de peinture, défraichies, écaillées par l’usure des écorces, est une vraie recherche de Sioux. Il faut avoir l’œil.
Mais pour le moment, les buis ne sont pas là, donc tout va encore bien.
Sauf que, tout a une fin.
Et les buis débarquèrent. En force !
A partir de là une lutte sauvage s’installe.
Il faut écarter ces branches, basses, nombreuses, se glisser parfois dessous, et de temps à autre subir un brusque retour de branche qui vient fouetter le visage de l’aventurier. Ici le casque n’est pas un accessoire superflu, loin s’en faut !
De plus, il y a les gouttes de rosée…
Ces gouttes de rosée sont un ennemi impitoyable.
Elles sont disposées une par feuille. Avec des buis qui comportent des centaines - pour ne pas dire des milliers - de ces petites feuilles, il faut peu de temps pour que les vêtements soient trempés. Et quand le pantalon est mouillé, et qu’il colle aux cuisses, toute tentative de lever la jambe pour passer par-dessus un obstacle devient un travail d’Hercule.
Et quand parfois il faut ramper sous les branches basses de ces buis, c’est le sac qui s’accroche et bloque la progression.
Pouuufff !
Une vraie lutte !
Raconter en détail le cheminement suivi est impossible tellement il fut erratique et sous-marin.
La seule chose que je puisse dire est qu’il fallait aller en diagonale vers la droite parce que cela semblait être la meilleure trajectoire pour atteindre le porche.
Et tout à coup, la forêt a disparu. Et un grand ravin est apparu à la place.
Là, pour le coup, je pouvais voir où je me trouvais : c’était la bonne position, pile sous le porche, à environ cinquante mètres dessous. Tout s’éclaircissait enfin !
En plus, une belle trace de bêtes commençait, qui s’engageait dans une traversée horizontale évidente, vers la droite.
J’étais rassuré.
Le Beau
La traversée s’avéra très exposée, et demanda une vraie concentration, faisant abstraction du contexte de vide créé par ce grand ravin, profond de plus de cent mètres. Mais la trace étant assez large, tout se passa fort bien. Et je basculais dans un autre versant de la montagne, de l’autre côté de cette arête est.
Ici, ce sont des hêtres et des pins sylvestres, vieux, beaux, espacés, avec des racines noueuses et des branches déployées dans toutes les directions. C’est fantastique ! Presque un décor de château hanté…
Mais je me régale.
Rapidement maintenant, le fameux Belvédère repéré sur photo est atteint. Il est vraiment aussi beau que ce que l’image donnait à penser : il est large, suffisamment plat pour s’installer confortablement. Il y a même une dalle calcaire, lisse, inclinée comme un dossier de chaise longue, orientée face au soleil, qui permet de se reposer de la meilleure des façons.
Un belvédère parfait, je vous dis !
Quant au panorama, il est magnifique.
Au pied, se trouve la vallée du Haut-Buëch, avec les champs de Baumugne qui sont un camaïeu de verts, dont l’automne bien avancé limite hélas l’éclat. Les méandres du Buëch, eux, brillent pleins feux grâce au soleil qui perce les nuages. Et pour couronner le tout, la montagne Durbonas en face, qui s’offre sous son point de vue le plus réussi, avec ce versant ouest si complexe, et dont l’énigme brûle encore dans les souvenirs.
Si, si, finalement, cela valait vraiment le coup de venir jusque-là…
Pour rejoindre le porche, il faut s’enfiler entre roche et buis, sur une vire horizontale, en une bonne vingtaine de mètres. Cela passe bien. Et enfin, l’objectif du jour est atteint.
Ce porche ne paye pas tant de mine, une fois sur place, par rapport à ce que la photo laissait espérer. Mais quand même, il fait une dizaine de mètres de large, plus de cinq mètres de haut. Un mur de quatre mètres, vertical, empêche de rentrer dans la bouche sombre du porche, et de vérifier s’il y a une prolongation à l’intérieur ou non. Comme ce porche est le résultat d’un vide compris entre deux plis calcaires, il pourrait être envisageable qu’une grotte existe plus loin, dans le fond. Mais il n’est pas possible de confirmer cela aujourd’hui.
Tant pis. Peut-être reviendrai-je ?
Pour le moment, je vais continuer la montée, puisque le terrain est favorable, et que le décor en vaut franchement l’effort.
Toujours entre les hêtres et les pins sylvestres, la remontée se fait sur une pente qui s’accentue, et les mains sont utiles par endroit.
Arrive le sommet de cette crête. Le terrain devient plus reposant et quelques panoramas s’offrent sur la gauche, vers la ferme du Dresq. Dans ce versant, côté sud, la forêt semble vraiment infranchissable entre végétation touffue et portions de falaises abruptes : mieux vaudrait ne pas avoir à s’y engager…
Un peu plus haut encore, les buis reprennent leur occupation du sol. Et là, comme à chaque fois que ces arbustes s’imposent, le cheminement devient infernal. La falaise sommitale de la Cuillera n’est plus très loin, peut-être à une centaine de mètres de longueur, et quelques dizaines de mètres en dénivelé, mais je ne suis pas équipé pour fourailler avec ces adversaires, et il vaut mieux renoncer plutôt que de se faire déchiqueter la peau des joues.
Retour vers le bas : ce sera déjà une belle affaire, même à la descente.
Tout va bien : passage au Belvédère, pour récupérer le sac à dos ; traversée au-dessus du Grand Ravin, sans difficulté ; entrée en joute contre la végétation basse de la forêt, mais à la descente cela va plus facilement qu’à la montée. Bref, en peu de temps me voilà rendu sur la piste forestière du bas, sans dégât apparent. C’est un excellent résultat !
A la voiture, la séance de déshabillage commence : casque, gants, chaussures, pantalon, veste… et la tenue de ville est réendossée à la place.
Et c’est au moment de monter à la place chauffeur que la vue du petit sentier, rapidement exploré ce matin, se manifeste à nouveau.
« Tiens, oui, je m’étais promis d’aller voir un peu plus loin ce que donne ce sentier. Oui finalement, je peux aller voir. Il est encore tôt dans la journée, il reste du temps pour une petite visite ».
Le Meilleur
Une étincelle de prudence me fait remettre les chaussures de randonnée avant de repartir. Mais pour le reste, je ressemble complètement à un citadin… Aucun équipement. Rien. De toute façon, je ne vais faire qu’un petit bout de reconnaissance, pour voir où cela s’en va. Et je reviens vite.
Sauf que…
Sauf que, ce sentier s’en va dans la bonne direction !
Ce serait trop bête de ne pas continuer encore un peu, quand même. Peut-être que cela permettra de gagner quelque dénivelé dans ce versant, et de soulager de ces déboires dans les sous-bois… ???
Va savoir !
Et puis le sentier est commode, bien que peu fréquenté. Mais cela va fort bien.
On remonte un fond de ruisseau, à sec aujourd’hui. Ce fond de ruisseau est le déversoir du grand ravin là au-dessus, et il ne doit pas faire bon se trouver ici un jour d’orage…
Ce ravin ne va pas mener bien loin, car maintenant ses versants se redressent d’une façon qui devient incompatible avec la randonnée. Arrivé dans un cul-de-sac, je cherche une éventuelle suite. Et miracle, sur la gauche (en rive droite du ravin) une suite de ce sentier se découvre ! Et en plus elle est très bien tracée. Elle va forcément amener quelque part.
Je monte.
Le versant terreux du ravin est traversé, et c’est maintenant la forêt.
Comme par enchantement, il n’y a ici pas trop d’arbres, et peu de buis. Ces lieux sont assez raides mais finalement accessibles et la montée continue. Le sentier ne s’embarrasse pas de fioritures : il file tout droit vers le haut.
Comprenant qu’une bonne fée m’a mis sur une voie intéressante, qui pourrait m’amener dans la bonne direction, je persévère. Le cœur commence à s’emballer, non tant de l’effort soutenu imposé par la pente, que de la surprise qui se dessine, et de la joie qui s’amplifie de peut-être découvrir ce qui s’annonce être une solution magnifique - quasi magique - pour accéder au Belvédère et au Porche.
Magique !
C’est le mot. Le bon mot. Le mot juste…
Cette montée continue. Elle frôle parfois la bordure du ravin, à droite, ravin qui se creuse beaucoup, maintenant.
Elle se faufile aussi entre les arbres, toujours des pins sylvestres. Elle passe entre les buis, qui laissent encore des espaces entre eux.
Le cœur cogne de plaisir…
Jusqu’où cela va-t-il mener ???
Tout à coup, la trace - devenue fine - butte contre une strate de rocher. Cette strate ne fait que deux mètres de haut, mais donne l’envie de biaiser à droite, dans les pentes du ravin.
« Tiens, une vague trace indique un passage possible… ».
Je vais voir.
C’est bien exposé, mais cela passe.
Cela ne ressemble pas à la traversée faite ce matin : cela paraît plus difficile…
Arrivé au bout des quelques quarante mètres, la suite n’est pas rassurante. Il faudrait s’engager dans une escalade sur terrain terreux et instable ! Non, non ! Demi-tour, et retour arrière pour franchir la strate du côté forêt.
Finalement, ce franchissement se fait très bien. Pas de souci.
Quelques mètres plus haut, rebelote : nouvelle strate, et nouvelle trace à droite en traversée.
Par acquis de conscience il faut quand même vérifier cette traversée. Mais elle n’est pas non plus la solution : cela devient trop acrobatique et exposé. Re-demi-tour.
Re-franchissement de strate, la deuxième, en tirant sur les racines des pins…
Pour déboucher sur une zone presque plane, où une belle trace de bêtes se présente, qui file horizontalement.
Ça y est !
Cette fois, c’est la bonne !
J’ai rejoint mon passage de ce matin !
C’est la bonne trace, qui d’ailleurs est bien plus large que celles d’en-dessous. Je reconnais les blocs rocheux, les petits sapins. Oui c’est ça ! Magnifique !
Pour être bien sûr, je file sur la trace, et là tout se confirme. Les branches basses qu’il faut écarter pour avancer ; la belle trace dans les cailloutis ; la forêt de hêtres et de gros pins sylvestres, en face…
Tout y est !
Génial !
Youpi… !
Un coup d’œil à la montre indique que, de la voiture, il n’aura fallu qu’à peine trois quarts d’heure pour monter jusqu’ici alors que ce matin une bonne heure avait été nécessaire, sans compter les gouttes de rosée des buis qui n’existent plus par ce chemin. C’est tout bénéfice.
Quelle bonne inspiration que d’avoir suivi ce sentier !
C’est une fameuse récompense.
Surtout, cela ouvre une vraie solution pour monter à ce magnifique Belvédère, ainsi qu’au Porche, évitant d’avoir à se coltiner le sous-bois vraiment peu accueillant et paumatoire. Mais encore, cela permettra de pouvoir finir la montée jusqu’au sommet de la Cuillera par ce versant est qui, finalement, a une très très belle allure quand on sait qu’il est faisable de le remonter en partant du Buëch.
Une fois encore, l’envie de sortir des chemins balisés, le goût d’aller voir un peu plus loin que les traits sur les cartes, l’attrait de ce que l’on ne connait pas encore, et l’aiguillon des questions sans réponse, auront fourni quelques-unes de ces heures qui font vibrer au fond de soi, de ces heures dont le plaisir et la joie sont le ciment, et dont nos montagnes si proches sont un réservoir formidable.
N’est-ce pas là une partie du bonheur ??
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Auteur : François Lannes
Avis et commentaires
Je te comprends parfaitement....
Au plaisir de te lire !
Bonsoir vermatoiz,
Merci de ton très joli compliment. Il me touche beaucoup.
Tu sais, l’écriture est une façon de faire passer aux autres - ceux qui lisent, donc - l’histoire et les émotions vécues lors de la balade.
L’écriture est aussi - pour celui qui rédige - une façon de revivre ces évènements encore, puis encore. Parce qu’avec le temps le détail des souvenirs risque de s’effacer un peu.
Et enfin, l’écriture est un vrai plaisir en elle-même. Il faut trouver les mots, les tournures de phrases. Parfois c’est compliqué, mais quand la bonne tournure est enfin sortie du clavier, alors ça aussi c’est génial - comme tu dis !
A+
Encore un bien beau récit !
A te lire, on se sent soi-même explorateur....c’est génial !
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