Sortie du 23 mars 2023 par François Lannes La Cuillera (1406m) en boucle par l’arête est, le Belvédère et le Grand Porche
Il faut avoir le goût des balades un peu sauvages...
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Ciel avec un plafond haut de nuages gris, mais sans pluie.
Sol légèrement humide, ce qui était le maximum souhaitable pour faire cette sortie : un sol plus souple aurait été rédhibitoire car amenant trop de risques.
Récit de la sortie
Lorsque je suis venu ici, les deux fois précédentes, j’avais choisi de stationner la voiture à côté du petit passage à niveau de la voie ferrée, celui au milieu de la longue ligne droite à la sortie de Saint-Julien-en-Beauchêne. Il y a là juste ce qu’il faut de place pour un véhicule, et aussi quelques arbres formant une haie cachant la voiture de la route. Cela s’était avéré une excellente solution, surtout parce qu’elle rendait la marche d’approche égale à zéro.
Sauf qu’aujourd’hui, en arrivant sur place, j’ai eu la désagréable surprise d’y trouver une carcasse incendiée d’un gros scooter-moto ! Cette vision fut un choc, et n’eut rien de rassurant...
Le souvenir me revint d’avoir effectivement noté la présence de ce scooter tout proche du stationnement, lors de ces deux premières fois. J’avais imaginé l’engin appartenant à un pêcheur pratiquant son sport dans le Grand Buëch juste à côté. Sauf que cet engin - ou bien son propriétaire, qui était peut-être un « squatter » local ? - avait visiblement l’air de gêner quelqu’un, et que cette gêne avait entraîné une grave conséquence : l’incendie.
Diable !
Tout en préparant les affaires pour la randonnée, m’affairant à côté de ce squelette métallique noirci et rouillé, la situation m’inquiétait : était-il raisonnable de laisser la voiture là, à cet endroit où le risque d’être brûlée s’avérait non nul… ??
En fait, cette situation ne me convenait pas du tout…
Alors, plutôt que de courir ce risque, je préférais changer de stationnement, quitte à faire une marche d’approche un peu plus longue : la voiture sera garée sur la place de Saint-Julien-en-Beauchêne. Il suffira alors de marcher un kilomètre le long de la voie ferrée, sur la piste entretenue pour le pipeline d’éthylène (celui qui traverse les Alpes), et le problème sera résolu.
Voilà la bonne décision.
Comme ça, la balade pourra être faite l’esprit tranquille, serein.
Dès le début de la montée, dans ce lit de ruisseau servant de déversoir au ravin, le plaisir est présent. Les feuilles épaisses sont toujours là, comme il y a quinze mois. Le petit pierrier aussi. Seule la pente, un peu plus abrupte que le souvenir qu’il m’en restait, surprend quelque peu. Il faut dire qu’en cette mi-mars, l’entraînement physique est encore à un niveau bas, quasiment à son étiage annuel : à l’époque, j’avais monté ce sentier en novembre, un mois où la forme est à son optimum, et je mesure de fait la différence entre un début et une fin de saison. Le souffle est court, et les arrêts-pause-respiration sont fréquents…
Dans la forêt qui suit, cela ne s’améliore pas : le souffle est de plus en plus haché et lourd !
Heureusement, le nettoyage fait de cette trace rend la progression quand même plus commode.
À l’endroit de la première traversée horizontale vers la droite, pour rejoindre le bord du ravin, je construis un petit cairn, histoire de faire comprendre qu’il faut modifier ici le cours de la montée.
Sauf qu’en bordure dudit ravin, les surprises désagréables continuent, car un passage à ras le bord des pentes terreuses me semble - cette fois - plutôt osé, et les hésitations pointent le bout de leur nez. Je toise le passage, vérifiant où en est son point faible. Sachant être passé là à deux reprises déjà, je me lance malgré tout, mais suis dépité de constater combien un même lieu peut être plus déstabilisant aujourd’hui que lors des fois d’avant.
Les strates rocheuses, elles, sont contournées par la gauche, à l’aide d’un passage commode, ouvert dans les buis.
C’est l’arrivée sur la vire qui traverse - elle aussi - horizontalement vers la droite.
Cette vire, dont le souvenir était resté fortement marqué dans les souvenirs, s’avère toute facile cette fois : décidément, rien n’est identique, et la sensation de difficulté s’inverse d’une fois sur l’autre suivant un phénomène que je ne saisis pas…
Sur la vire, la trace est bien propre, finalement assez large pour les pieds, et le vide plutôt distant. Je ne comprends plus les « vertiges » ressentis il y a quinze mois…
L’arrivée au « Promontoire » est toujours aussi belle !
Il est vraiment inattendu de trouver une plateforme aussi accueillante dans un tel versant, versant dont les pentes sont raides et omniprésentes. Cela confère à ces quelques mètres carrés un prestige inégalé, dont je profite, une fois encore, pour faire une pause casse-croûte. Dommage que le ciel soit fait de gris ce matin : cela gâche un peu la joie. Sans compter, aussi, que les champs dans la vallée du Grand Buëch n’ont pas encore retrouvé leurs verts brillants, ceux qu’ils peuvent avoir plus tard en saison.
Sur l’arête qui suit, la marche redevient facile. Et seuls les buis contrarient quelque peu l’avancée. C’est là que je voulais venir, afin d’ouvrir un peu mieux ces passages et donner à cette fin de montée l’évidence de parcours qu’elle mérite d’avoir. C’était l’objectif du jour.
Le sécateur chauffe…
Et le résultat est bon ; maintenant, le sentier trouve une finition digne de lui, des lieux et du sommet de la Cuillera.
La pause casse-croûte au sommet sera courte, à cause d’un vent frisquet et d’un panorama bien trop fade pour inciter à rester. Même le versant ouest de la Montagne Durbonas n’a pas le lustre qu’il mériterait. Il faut donc redescendre. Je ne vais pas faire la boucle, comme sur le topo, mais descendre par le même chemin et profiter d’un sentier qui est redevenu tout neuf : quel plaisir !
Les pentes inférieures sont exigeantes : cette fois, ce sont les cuisses qui chauffent.
Arrivé au bas de la montagne, je reprends, direction Saint-Julien-en-Beauchêne, la laie taillée marquant la conduite d’éthylène enterrée. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus sympathique, mais c’est déjà bien mieux que de marcher sur la route goudronnée, avec le trafic des voitures et camions vous frôlant l’épaule…
À l’entrée du village, deux pêcheurs scrutent les flots remuants du Grand Buëch : « Les truites se cachent » me disent-ils. Leurs musettes sont vides ; et leurs sourires sont un peu grimaçants.
Sur la place centrale, la voiture est bien là, normale.
J’ai vraiment bien fait de prendre cette décision.
Photos
Auteur : François Lannes