Grande Tête de l’Obiou (2789m) - Face Nord-Ouest

Difficulté :
Alpinisme PD
Dénivelé :
1250m
Durée :
1 jour

Avec son allure dolomitique, la face nord-ouest de l'Obiou apparaît comme une fabuleuse étrave rocheuse dominant abruptement le vallon de Casse Rouge. Constituée d’étroites cheminées, de tours calcaires et de pics acérés, cette imposante muraille affiche une verticalité confondante. Dans un environnement minéral d'une austérité rare et totalement submergé par l’ombre des falaises, un cheminement audacieux traverse la paroi au plus près du vide. Cette rudesse exige des qualités de montagnard ainsi qu'une accoutumance aux itinéraires alpins engagés. – Auteur :

Accès

  • De Gap ou de Veynes, prendre la direction du Dévoluy. D.937 jusqu’au col du Festre puis St-Disdier. Emprunter la D.537 jusqu’au hameau Les Payas.
  • De Corps par la D.537 ou de Mens par la D.66, prendre la direction du Dévoluya.
    À Pellafol, suivre les Payas.
    Dans les deux cas, prendre une petite route sur la D.66a (tourner au calvaire), Une pancarte indique le col des Faïsses et l’Obiou. Au bout de la route, prendre la piste de droite, elle monte au Col de la Samblue puis au parking des Baumes.

Précisions sur la difficulté

Conditions générales (estivales) :

  • Cotation : Alpinisme PD
  • Course rocheuse de grande amplitude.
  • Le parcours évolue dans un environnement austère. À l’ombre des parois, cette face ne voit pas le soleil le matin.
    Conditions d’engagement :
  • Sur terrain sec et par météo stable (repli délicat).
  • Absence de névés et de brouillard (paumatoire).

Difficulté par secteur :

  • La première diagonale
  • Vires aériennes en exposition constante.
  • Malgré la relative facilité d’escalade (II max), l’instabilité du terrain rend le franchissement des ressauts exposé.
  • Infléchissement et final
  • Raides pierriers. Escalade de la barre rocheuse qui défend l’accès aux doubles vires (II max).
  • Vire supérieure assez large mais présentant une sortie exposée (dans l’éventualité d’une échappatoire esquivant le dernier couloir).
  • Couloir terminal en bon rocher Deux cheminées se superposent (III max) puis raide pierrier pour la sortie sous le sommet.

Matériel (estival) :
Casque obligatoire.
Présence possible de névés tardifs (piolet recommandé).
Corde, sangles et coinceurs pour assurer les deux options de sorties.
Nota : le tracé sur fond de carte est donné à titre indicatif et doit servir uniquement de repère à la lecture de la carte

Les infos essentielles

  • Carte : TOP25 3337 OT Dévoluy Obiou - Pic de Bure
  • Point fort : une voie mythique
  • Altitude de départ : 1562m
  • Altitude du sommet : 2789m
  • Dénivelée cumulée : 1250m
  • Distance du parcours (A/R) : environ 11km
  • Balisage : rouge sur la voie normale puis quelques cairns.
  • Date de l’ascension : août 2020

Attention : tout ou partie de l'itinéraire se trouve hors-sentier. Cela nécessite un bon sens de l'orientation.

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Itinéraire

Préambule

La conquête des grandes cimes reste pour chacun de nous une affaire personnelle.
Durant 35 ans, des Préalpes du sud à l’Autriche, j’ai arpenté les montagnes avec enthousiasme.
Si la flamme demeure intacte, au fil du temps, le palmarès devient dérisoire. Il ne s’agit plus de collectionner des sommets mais de grimper en y mettant la manière.
Cette démarche prendrait-elle des allures de prospection ? Au sens philosophique peut-être, sur le terrain surement. Le cheminement devient plus confidentiel et le solo finit par s’imposer. Le sublime c’est ce qui s’impose à nous et qui nous rend petit devant l’immensité de sa présentation.
Cette voie hors normes vient couronner toutes ces années de passion vagabonde, une décennie de randonnées sauvages en solitaire, le plus souvent à la limite de l’alpinisme.

Marche d’approche - Vers le Petit Endroit

Du parking, suivre la voie normale de l’Obiou sur un peu plus de trois kilomètres. Vers 2060m, quitter le sentier pour une trace qui s’oriente à l’ouest, en direction du Pré Perdu.

Traverser les éboulis de la combe jusqu’à venir buter sur un escarpement rocheux/herbeux. Ce passage se révèle plus facile à escalader qu’il n’y paraît.
Gagner la croupe herbeuse du Petit Endroit.

Je me trouve à un endroit qu’il convient de nommer " La terrasse des réflexions ".
Je reprends à mon compte cette expression décrivant ce moment d’incertitude, juste avant la prise de décision.

La première diagonale

Quitter le confort des terrasses verdoyantes en prenant la direction de la paroi. Une orientation générale que l’on conserve tout le long de la première diagonale (sud-ouest).

Au plus près du vide, effectuer une traversée ascendante en empruntant une succession de vires exposées (cairns). L’escarpement rocheux surplombe le vallon de Casse Rouge. Selon l’expression consacrée, le faux pas est interdit !

Quelle ambiance !
Lorsqu’on lève les yeux, on se sent quelque peu écrasé par ce relief oppressant.
La roche n’est pas un ennemi, un substrat neutre qu’il faut tenter d’apprivoiser. Pourtant, à cet instant du parcours, le grimpeur se sait vulnérable.

« Vivre est un vol de papillon dans les flammes. » Siméon

Lorsque la trace s’éparpille, repérer les cairns pour éviter une progression hasardeuse. Au niveau d’un gros cairn, le parcours opère un infléchissement en grimpant face à la paroi. Les quelques gradins franchis, partir à droite pour reprendre l’orientation générale.

Le minéral est souverain et il faut rester attentif à la qualité du rocher. L’itinéraire s’élève à travers un dédale de roches sur un terrain caillouteux très délité.
Il m’arrive parfois de tailler une marche au piolet pour assurer ma progression. Je n’ai qu’une hantise, c’est de perdre la trace et de devoir rebrousser chemin.

Poursuivre avec une alternance de raides pentes caillouteuses et de couloirs obstrués de gros blocs. Le dernier couloir est barré à droite par un éperon rocheux. Juste au-dessus, l’itinéraire atteint le milieu de cet immense amphithéâtre calcaire.

Quelques cairns confirment un infléchissement du trajet, puis.... plus rien. Je tâtonne un peu, mais rien de probant. Seul dans une telle face... c’est à ce moment qu’il faut garder son sang-froid !
En levant la tête, je repère la double vire sur la gauche. Je décide de grimper droit dans la pente, juste au-dessus du dernier cairn. C’était le bon choix !

Vers la double vire - Le Final

Infléchissement : on quitte la vire pour escalader les gradins rocheux/terreux qui se présentent. Monter droit dans la pente jusqu’à toucher le pied d’un ressaut.
Le passage est raide mais pourvu de bonnes prises (II).

Sur la gauche, on observe une double vire.
Rejoindre la vire du dessus que l’on traverse intégralement pour la première option de sortie. Ambiance dantesque !

  • Ceux qui ont la chance de posséder le livre "Du Mont Aiguille à l’Obiou" apprécieront la photo de cette vire unique en page 81.

Option 1 - La voie échappatoire : comme indiqué ci-avant, prendre pied sur la vire supérieure en la suivant jusqu’à son terme.

La vire s’interrompt brutalement et le dernier bastion rocheux ne peut être franchi qu’au prix d’une courte mais "gazeuse" traversée. Le rocher est instable et les gradins suspendus n’offrent que des prises peu convaincantes.
J’ai testé cette sortie exposée et pour être sincère, ce passage mériterait un relais.

Franchir le dernier pli du relief pour atteindre le versant Est de l’Obiou. S’ensuit une courte traversée en dévers pour rejoindre la voie des Chatières. Un grimpeur capable d’arriver jusqu’ici n’aura probablement aucun mal à gagner le sommet par cet itinéraire. Lien pour ce final : Grande Tête de l’Obiou (2789m) par la voie des Chatières.

Option 2 - La cheminée : revenons sur la vire supérieure.
La suivre sur moins d’une centaine de mètres. Un cairn marque le début de la voie.
Ce jour, deux grands bâtons en bois sont placés au pied du couloir !

Escalader le raide couloir qui se présente. Plus haut, atteindre la première cheminée (bon rocher) puis la suivante.
Sangles et coinceurs peuvent être utiles en cas de relais. Quelques pitons jalonnent le parcours.

Une courte traversée sur la gauche pour rejoindre une goulotte :
« S’enfoncer dans une faille profonde qui débouche quelques mètres à gauche du sommets » Pascal Sombardier

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 25 août 2020

Crédits : Expression "Terrasse des réflexions" empruntée à BA42 (Topo du Grd Ferrand - Alain) Dernière phrase "Du Mont Aiguille à l'Obiou" P. Sombardier 2 dernières Photos d'Arnaud (Dyn's)

Dernière modification : 28 juillet 2024

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Auteur :

Avis et commentaires

Bonjour à tous,
merci Mick pour le lien !
Le parcours des Gavots dans cette face est entièrement détaillé par leurs soins sur camptocamp.
A+

Hello,
Il y a des endroits où j’aurais probablement préféré la neige.
En revanche, il faut avoir une bonne technique d’encordement en hiver, notamment pour les passages en vire. Reste qu’à deux c’est toujours plus sûr, du moins si les relais sont bien sécurisés !
Sur la vidéo, ces parfaits inconnus descendent par les Chatières !

Déjà qu’en version "sèche" c’est impressionnant, alors là, avec la neige, c’est d’un tout autre niveau. Chapeau les gars !

Au fait, la descente depuis le Col de l’Obiou, vous l’avez faite par les escaliers ?

Le passage de la vire encombrée de neige me donne le frisson ! Sympa, j’M bien le trait d’humour !

Avec plaisir !
J’écris mes textes avec soin et les photos peuvent aider, mais l’expérience et l’audace ont souvent le dernier mot !

Mathieu

Je viens de finir cette voie en solo par les cheminées , en un mot : fabuleux !!!

Énorme merci Michel pour le topo et les photos qui m’ ont bien aidé !

Du coup, je viens de regarder tes topos sur l’Obiou par la voie des Feuillets et le Petit Obiou par le Pré Chevalier, c’est superbe !
Quel terrain d’aventure cet Obiou !

Salut Piou04,
C’est vrai que la voie est dantesque et les photos peinent à restituer les 600 mètres de cette paroi.
Pour un gage de sécurité optimal, ça doit être possible de trouver un guide,
Les coinceurs sont utiles pour faire des relais ou sur des voies peu équipées, comme c’est souvent le cas dans le Dévoluy.
Les Chatières c’est un bon début, puis au fil du temps on s’habitue à des ambiances plus rudes.
C’est bien de pratiquer l’alpinisme pendant quelques années, ça permet de progresser pour devenir plus indépendant en montagne.

Bonjour Michel,
Je viens juste de faire l’Obiou par les Chatières, mais là, c’est d’un tout autre niveau ! Bravo pour cet initéraire engagé en solo !
Comme dit plus haut, certaines photos impressionnent... et en plus tu précises que la réalité est pire !
Cet itinéraire me tente mais avec un minimum d’assurance et surement pas en solo. Si je comprends bien, la seule possibilité, ce sont les coinceurs ?

Salut Jean,
J’ai vu que tu as fais quelques escapades dans le massif qui mériteraient d’être publiées !
Bonjour Nadine,
La voie normale est pour moi aussi un grand souvenir. C’était en 1993 avec mon père et j’étais pas peu fier de l’emmener là haut ! C’est le 3e topo que je publie sur ce sommet 🙂 mais à chaque fois un grand plaisir. Les doux alpages m’attendent aussi !

Fabuleux ! Pour ma part, le contempler "des doux alpages de Bachilianne" me va bien...
J’ai gravi l’Obiou une fois par la voie normale, rien à voir bien sûr, mais j’en garde un grand souvenir. Alors là...j’imagine !

Le Devoluy c’est magique !
Mais là ..............CHAPEAU ! ......faut y allez !
Bravo !

Salut Pascal,
Malgré une altitude assez modeste, l’Obiou en impose !
Les photos donnent une idée du terrain, mais la réalité est bien plus impressionnante.
Pour s’attaquer à cette face NW, j’imagine qui’il faut un certain tempérament...
J’irai probablement faire quelques photos des doux alpages de Bachillianne, pour compléter le topo.

Argh... La photo 28 à elle seule donne des frissons, juste à s’imaginer être "coincé" de l’autre côté de ce passage.

... Et, en plus du faux pas interdit, se savoir à la merci du moindre caillou qui part dans ce "mur de briques" pourri, que ce soit sous le pied, sous la main, ou n’importe où au dessus...

Je vais me contenter de faire la balade "par procuration", les photos me faisant déjà frissonner bien suffisamment.

Salut Arnaud,
Superbe ascension pour toi à l’Aiguille de Chambeyron !
Dans le Dévoluy, j’ai encore quelques projets mais peut-être pas aussi engagé 🙂

Le solo ultime comme tu disais... Tu m’en bouches un coin !
Beau préambule reflétant une approche de la montagne qui nous est cher, arpenteurs de lieux sauvages que nous sommes.
Merci pour le partage de cette passion qui nous anime.
(Je copie Rémi) Chapeau bas.

Merci pour vos messages,

@Patrick73 :
C’est vrai qu’il faut une certaine motivation, je pensais en avoir fini avec l’Obiou après les Feuillets… mais voilà cette voie me turlupinait ! Parfois les rêves se réalisent 😊
Remi :
Tes derniers topos me font dire que d’autres explorations sauvages viendront agrémenter notre site préféré ! Je n’ai pas vu beaucoup de photos sur cette voie, même si je regrette de ne pas en avoir fait plus… ce n’était pas toujours évident.
Cette voie et la rampe des Ailes comptent parmi les plus spectaculaires. Mon préambule est une sorte de rétrospective.
Pas le droit à l’erreur sur la première partie et non protégeable en cas de chute de pierre !

Voilà cette fameuse voie ! Bravo Michel, malgré tout ce que tu as déjà dû faire dans ta vie de montagnard, c’est un sacré accomplissement ! Perso, en rando-solo-alpinisme, c’est celle que je mets en dernier, dans le massif, avec l’arête nord du Roc peut-être encore plus foireuse. Pssst je te collerais bien une sortie rapidement mais j’assume mes limites, surtout de responsabilités familiales. Une certaine liberté pour prendre la décision ou une audacieuse prise de décision qui offre la liberté. Un décès aussi cet été sur ce parcours. Donc, selon l’expression consacrée, je vais pour l’instant me contenter de rêver... Pffwa la photo 26, je l’aurais mise en couv’ !
Chapeau bas.

Hello,

Un seul mot : Félicitations.

Un sacré engagement, en solo en plus.

Ça fait deux ans que j’essaie de me motiver par cette NW qui me fait rever...Qui sait peut être que mon rêve deviendra réalité.

Merci pour ce partage à ne pas mettre entre toute les mains quand même.
A+

Patrick

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