Sortie du 15 août 2008 par Mortimer Tour des Rochers des Fiz

"en général, le Dérochoir, on le monte"

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Conditions météo

très belle météo le premier jour. On arrive dans une couche de nuages au refuge de Sales. Le deuxième commence aussi très beau mais une haute couverture de nuage arrive en fin d’après midi qui se transformera en pluie pour la descente du dernier jour.

Récit de la sortie

Descente dans les pierriers

Au départ, on voulait monter au Buet en traversé Salvagny->le Buet. Malheureusement, le refuge de la Pierre à Berard était complet (15 Août oblige). Du coup, je voulais planifier une autre rando autour de Sixt, les contraintes étant :

  • en boucle
  • deux nuits en refuge
  • vue sur la chaîne du Mont Blanc
  • un peu de challenge

Quand on a fait la rando, tout ceux qu’on croisait — que ce soit d’autres randonneurs ou les gardiens des refuges — ont eu des réactions comme "en général, le Dérochoir, on le monte", "ha, je vois, vous le faites dans le mauvais sens alors", etc.

Des randoneurs montent le Dérochoir

En effet, j’avais prévu de monter le long des cascades du torrent de Sales, puis le Dérochoir (2210m) qu’on descend en face du Mont Blanc pour remonter le col d’Anterne (2264m) et finir en boucle par le collet d’Anterne (1813m). Ça marche bien en trois jours et on a une vue sur toutes les cascades pendant la montée et le Mont Blanc le deuxième jour.

Le sens là me parait le plus scénique, puisqu’on a les vues (cascades, Mont Blanc et Aiguilles Rouges) en face en montant et en descendant plutôt que dans le dos. Après l’avoir fait, je ne le regrette pas du tout, même si tout du long on a eu l’impression d’aller dans le sens inverse de tous ceux qu’on croisait.

Jour 1 Les Cascades

La douche du Rouget

Le premier jour commence en se parquant à côté de la cascade du Rouget, vue les pluies de la veille, le débit est vraiment fort et on se prend une douche facilement si on approche trop prêt. C’est l’endroit parfait pour notre premier pique-nique.

Vers 13h, on est prêt à partir et on commence la montée le long du GR5 marqué en rouge et blanc. La montée est plutôt raide et coupe à plusieurs reprise les lacets de la route qui va au Lignon. Une fois passé les dernières traces de civilisation, on monte à l’ombre dans la forêt, ce qui fait du bien en début d’après midi.

Juste à la sortie de la forêt, l’impressionnant torrent de Sales tombent en cascades avec la Pleureuse et la Sauffaz côte à côte.

Pas de Sales
photo par Tom Lampert

On quitte alors le GR5 pour prendre le GR96 le long du torrent vers le refuge de Sales, le chemin serpente dans les fleurs et les gorges se resserrent sur nous. Le chemin commence à remonter petit à petit pour passer le Pas de Sales et ses multiples cascades.

En haut du pas de Sales on est dans les nuages

Enfin on arrive sur le plat juste avant les chalets de Sales et le refuge. A notre arrivée, les nuages s’étant bien refermés, on n’avait aucune idée de ce qui nous entourait et on ne le découvrira que le lendemain matin.

Le refuge de Sales est assez grand et confortable [1]. On mange bien et c’est assez chaleureux, même si étant deux et les tables séparées par groupe pour les repas, s’est difficile de discuter avec les autres randonneurs. Le refuge est accessible aux familles avec de très jeunes enfants qui montent avec des ânes ce qui rendait l’atmosphère des dortoirs bien différent des ronflements habituels [2].

On a repérez quelques personnes qui bivouaquaient dans la prairie plus haut que le refuge. Il s’agit d’une réserve naturelle, mais j’imagine que les gardiens du refuge sont assez ouvert.

Après avoir discuté longuement avec les autres randonneurs "couche-tard" autour de petites fioles bien intéressante, direction les lits pour une nuit en dortoir.

Jour 2 Un Paysage Varié

2e Jour, les montagnes russes
en bleu la vitesse moyenne, en gris, l’altitude, d’après le GPS.

Dans l’itinéraire prévu, le deuxième jour est le plus chargé, prévision de 7h de marche et autant de dénivelé positif que négatif, environ 1450m.

La météo nous a annoncé des orages en fin de journée alors on ne veut pas trop traîner. Enfin, la journée commence avec un beau temps et pour avoir un peux de forces, départ à 8h du matin du refuge de Sales.

On est les premiers partis, personne devant, personne derrière pour un bon bout de temps. Direction tout droit vers le Dérochoir, le chemin ne devrait pas être trop complexe jusque là puisqu’on suit le GR96 pour un moment dans la prairie au dessus du refuge. Et bien non, ça fait seulement une demi heure qu’on est partis et on se plante. Il y avait une bifurcation dans la prairie qu’on n’a pas remarquée, c’est qu’une fois plus haut dans la pente qu’on se rend compte qu’il y a deux traces en bas.

Vue en arrière depuis le dérochoir
Tout ce qu’on a monté depuis la veille. On aperçoit le refuge de Sales en bas de la prairie.
On voit aussi bien les deux chemins qui partent dans la prairie.

On coupe vite en travers pour retrouver le chemin marqué rouge et blanc. Un peu plus haut, il y a un gros barbouillage sur un rocher qui indique le Dérochoir à gauche et on quitte donc le GR96 (qui continue vers le col de la Portette). Ça monte vite dans la pente raide vers le Dérochoir et on se retrouve sur un chemin pas très balisé avec une bifurcation. D’après la carte, on monte vers l’arête à droite de la pointe du Dérochoir.

On apercevra sur l’arête au dessus de nous deux bouquetins, mais une fois en haut, plus aucune trace d’eux, on aperçoit quand même un aigle noir qui tourne au dessus de la prairie en bas. On avait bien aperçu quelques marmottes dans la montée après les avoirs entendu siffler toute la soirée la veille, mais on a beau être dans une réserve naturelle, on ne voit pas beaucoup de faune.

Le Mont Blanc dévoré

Une fois sur l’arrête, c’est vraiment impressionnant, on aperçoit le Mont Blanc au dessus des nuages et parfois la vallée de Sallanches tout en bas dans les trous des nuages qui passent rapidement sous nos pieds.

Mais où est donc la descente ?
photo par Tom Lampert

Le gardien du refuge nous avait bien dit que le chemin était raide pour descendre, mais là, pas moyen de voir une trace qui n’implique pas d’escalade. On décide donc rapidement de faire demi-tour. En redescendant, puisqu’on a un peut de temps, on décide d’essayer le chemin qui partait dans l’autre sens dans la pente.

On aperçoit vite des traces un peu plus humaines sur le chemin (trou de battons, coquille de noix) et une fois sur l’arête de l’autre côté du pique, on rencontre pas mal de gens qui viennent de monter de l’autre côté. On voit aussi bien le départ de la corde qui équipe le chemin dans les éboulements du Dérochoir.

Pause au Dérochoir
photo par Tom Lampert

Rassurés de ne pas avoir à redescendre jusqu’à la cascade de la pleureuse pour monter le collet d’Anterne, on prend une bonne pause pour admirer la vue et nous préparer à la descente.

Après environ 400m de montée, on redescend le long des éboulement du Dérochoir pour 600m négatif. Les marcheurs qui viennent de monter nous fond des grands yeux, mais on se lance toute de même, le début de la descente est plutôt facile, on se tient bien à la corde et on reste debout la plupart du temps. C’est plus bas qu’on ce retrouve à descendre les marches et une échelle étrangement placées [3] à reculon ou assis.

Évidemment, c’est juste au passage de la seule échelle de la descente qu’on croise un large groupe qui monte — on avait croisé des randonneurs avant, mais il y avait de la place pour laisser passer. Ils rigolent bien à nous regarder descendre, puis on doit attendre juste sous l’échelle qu’ils passent, elle est haute et c’est pas facile à monter apparemment, il faut les genoux souple. On ne rigole pas pour autant, pour cause de manque de place, nous voilà à attendre juste sous les rochers, heureusement, il n’y a pas de pierres qui tombent, mais on n’était pas rassuré.

Descente de l’echelle
photo par Tom Lampert
Les Chalets d’Ayère des Perrières

Le dernier bout est le plus raide et une fois sur le chemin, on voit difficilement d’où on vient, s’il n’y avait pas les marques rouges et la corde qui monte, on ne trouverait pas. La descente continue ensuite tranquillement dans les pierriers le long de la falaise. Une fois qu’on retrouve la végétation, le chemin devient bien raide avant d’arriver aux chalets d’Ayères des Perrières.

On est maintenant sortie du parc naturel de Passy et on retrouve les 4x4 qui descendent le chemin menant à Moëde-Anterne. Plusieurs motos nous passent sous le nez en vrombissant et faisant écho sur les falaises des rochers de Fiz. Vue le peux de grande végétation et d’ombre aux alentours, on décide de se mettre à l’ombre d’un des chalets pour déjeuner et de supporter les moteurs à explosion encore un peu.

Petite pause à la terrasse

Il est déjà 13h, on est parti depuis 5h et il nous reste encore 600m de montée jusqu’au col d’Anterne plus 400m de descente de l’autre côté. La montée jusqu’au chalet de Moëde-Anterne se fait en majorité sur le chemin 4x4, bien raide et en plein soleil, on le sent bien dans les jambes. A 15h on souffle enfin sur la terrasse du refuge en face des aiguilles rouges et du Brévent. C’est une superbe vue là aussi, on aperçoit presque le Mont Blanc au dessus du massif de Pormera.

Moëde-Anterne et le Mont Blanc
le mauvais temps est arrivé, on voit bien le vent sur le sommet.

Il nous reste encore 200m à monter jusqu’au col, la serveuse au refuge s’étonne qu’on ne dorme pas là en commentant "ha, mais le Dérochoir, c’est plus simple de le monter... vous avez pas eu trop de mal ?". Personnellement, en voyant la raideur de la falaise d’en bas et la peine des gens qui montaient l’échelle, je me dis que je préfère le descendre. Il faudra que j’essaie dans l’autre sens un jour. En plus, on a eu une superbe vue sur le mont blanc dans la descente et les nuages nous cachaient pas mal la vue vertigineuse sur la vallée, donc on ne s’est pas sentis inconfortable du tout.

On repart donc pour la dernière montée de la journée sur le GR5, pas de signe des orages annoncés pour la fin de l’après midi, mais on voit bien le front qui approche au dessus du Mont Blanc. La montée est vraiment dur même si le chemin n’est pas mauvais et on s’effondre en haut à la croix du col d’Anterne.

De là, c’est aussi un superbe panorama, le Mont Blanc est devenu bien gris avec les nuages et les Aiguilles Rouges cueillent encore quelques rayons de soleil. On aperçoit un énorme gypaète barbu qui vole en dessous de nous.

Il commence à faire froid avec le vent qui se lève, comme on ne veut pas se faire prendre par la pluie, on repart malgré les jambes coupées. La descente du col est vraiment tranquille et on oublie vite la fatigue.

Le lac d’Anterne est bien vert depuis en haut, mais continue à changer de couleur quand on le contourne. C’est un passage bien confortable, le chemin est bien doux et plat et on traverse un troupeau de moutons et de chèvres gardés par une paire de patous bien paresseux.

Lac d’Anterne
Le Mauvais temps qui arrive ?
le GR5 est bien balisé

Le dernier bout jusqu’au refuge Alfred Wills est vraiment raide et, dans les ardoises, ça glisse un peu, mais heureusement la pluie prévue ne viendra pas avant tard dans la nuit. On arrive enfin au refuge, si on avait pu courir, on l’aurait fait, mais les jambes n’y étaient plus. Le refuge stoque de la bonne bière du mont blanc qui nous tiendra compagnie jusqu’au dîner.

Le refuge en soit est bien plus petit que celui de Sales et on y mange très bien, mais il y a tout de même deux annexes qui doivent loger un certain nombre de randonneurs par beau temps sur le GR5. Cette nuit là, on n’est que six plus deux enfants, le dortoir reste donc tranquille avec un minimum de ronfleurs.

Jour 3 Descente humide

3e Jour, on descend vite

La pluie prédite est arrivée pendant la nuit et a bien secoué le refuge. Le matin on se lève dans la purée de pois et on décide donc de changer l’itinéraire de descente. On voulait passer par le cirque des fonts, mais dans les nuages et sous la pluie, ça ne vaut pas la peine. On dormira une heure de plus (comme on peut avec les autres randonneurs qui font le cirque dans le dortoir) et puis descente rapide par le collet d’Anterne le long du GR5.

Matin gris à A. Wills
photo par Tom Lampert

On part droit dans le brouillard et on a pas fait 10 mètres qu’on ne voit plus d’où on vient ni où on va. Heureusement que le GR5 est bien balisé et que la peinture rouge/blanche crache bien. La pluie n’est pas trop méchante au départ, mais le matin dans le brouillard, il fait bien froid. On a même annoncé la neige au dessus de 2’000m, là où on est passé la veille en mourant de chaud, on est tout de même début Août.

Chemin facile mais dans la brume
photo par Tom Lampert

Le chemin n’est vraiment pas très difficile en partant, presque plat et pas encore trop boueux. En se retournant au collet d’Anterne, les nuages étant montés un peu, on s’aperçoit qu’on a longé le torrent pendant un bon moment. On n’a pourtant rien vu, rien entendu.

Vue Du collet d’Anterne

Depuis la croix du collet d’Anterne, la vue sur le Buet est impressionnante, même s’il culmine dans les nuages. Sous la pluie, nous avons une vue de Salvagny jusqu’à la Tête de Villy en passant par le Cirque des Fonts. Il est temps de descendre avant de se faire tremper.

La descente à partir du collet d’Anterne jusqu’à la cascade de la pleureuse est plutôt infernale sous la pluie. On ne sait pas si on marche sur le chemin ou dans le torrent, l’eau ravine tout et ne nous laisse que de la boue et des cailloux glissants. On souffle enfin quand on arrive sur le large chemin sous la cascade.

La Pleureuse

La descente est alors raide mais tranquille jusqu’à la cascade du Rouget. On est enfin de retour à la voiture, bien humide, la pluie ne nous aura lâchée que le temps d’une pause de cinq minutes avant d’entrer dans la forêt.

Heureusement, la voiture nous attend avec de belles chaussures sèches et des parapluies. La route qui descend à Sixt n’est pas amusante, la pluie ayant l’air de préférer le goudron pour ruisseler, finalement, on va aussi vite en voiture qu’à pied sur ce bout là.

Après trois jours de marche et malgré la pluie, on est bien content de nous et du choix de l’itinéraire. On en a eu plein les yeux tout le long et la descente du Dérochoir médite par tous s’est très bien passée. A refaire.

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Randonnée réalisée le 15 août 2008

Dernière modification : 6 juillet 2010

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