Sortie du 11 novembre 2024 par gegers Pointe Centrale Sud du Ferrouillet (2587m) par la Brèche de Roche Fendue et le Lac de la Coche

Si une mer de nuages tenace et épaisse a investi les vallées, la webcam de Chamrousse laisse augurer d’une belle journée d’automne en montagne. Avant le changement de temps annoncé, l’occasion est donc toute trouvée pour s’en aller arpenter les pentes et sommets de Belledonne, inaccessibles une fois l’hiver installé.

Le couvercle semble bien vissé lorsque je m’élance du Pont de la Betta. Néanmoins, au milieu de l’ascension vers le Lac de Crop, l’horizon s’ouvre et je surplombe ces nuages qui ont avalé presque entièrement la Chartreuse et le Vercors. Les sentiers sont maintenant bien gelés, et c’est dans un frigo que je termine l’ascension jusqu’au lac, et que je poursuis dans les pentes exigeantes du vaste pierrier menant jusqu’à la Brèche de Roche fendue. J’aurais aimé observer la faune locale, mais les animaux sont ce matin aux abonnés absents. Même si j’entends, à proximité, quelques chutes de pierres sans doute causées par la progression de quelque noble quadripède.

La montée finale jusqu’à la Pointe Centrale Sud de Ferrouillet me semble plus raide que dans mes souvenirs. Mais le soleil, enfin, adoucit la progression et réchauffe les articulations. La vue sur Belledonne flottante, les Grandes Rousses, les Bauges, la Chartreuse, le Vercors, au loin la Vanoise, sont un enchantement tandis que j’observe cet océan de nuages monter et grignoter doucement, mètre après mètre, les pentes des sommets austères ou plus débonnaires du secteur. La solitude est ici enivrante, et le chant d’un chocard solitaire, qui résonne dans les combes détritiques de la Montagne de Ferrouillet ne font que la renforcer.

Au moment d’attaquer l’interminable descente dans le pierrier sous la Brèche de Roche fendue, quelques douleurs se réveillent, au genou, dans le dos, et me gâchent un peu le plaisir. Une fois les pentes herbeuses retrouvées, un soleil généreux permet néanmoins, malgré la brise mordante, de savourer l’instant et les couleurs qui font de l’automne la plus belle des saisons pour la randonnée, chaque année m’en convainc davantage. Je prends ainsi le temps de déambuler, tranquillement, jusqu’au Pas de la Coche.

La descente vers le habert d’Aiguebelle est effectuée à l’ombre, tandis qu’en face, le soleil continue de lécher les flancs du Jas des Lièvres et de la Combe du Vénétier. J’entre dans la brume alors que j’attaque la partie finale, sur la piste menant jusqu’au parking, que j’atteins peu avant que la nuit tombe. Une nouvelle belle journée en Belledonne.