Sortie du 1er novembre 2024 par Mick1018 Le Garabrut (2917m), versant nord et la Pointe de Reyna (2908m) en boucle par Prapic

La Montagne c’est un peu comme un Grand Livre ouvert. Une infinité de chapitres, de pages et de lignes peuvent le composer. Comprenez que l’on peut aborder un sommet par de nombreuses variantes, seul ou en bonne compagnie, en différentes saisons, etc... Et donc à chaque fois y inscrire un souvenir différent.

Premier novembre 2024, un nouveau chapitre commence, je vais parcourir mon cinq centième sommet en dix ans de montagne. Tout débute à Prapic, un charmant village qui pourrait inspirer de nombreuses poésies. Ses maisons d’antan faites de pierres et de mélèzes, ses torrents qui s’animent en bas de cimes élancées vers un ciel limpide. Joseph Reymond ne me contredirait certainement pas (voir Tombeau du poète).

À la sortie Est du village, les créations et les citations d’un habitant me donnent un encourageant sourire pour arpenter le sentier du Basset qui sera pour la première moitié à l’ombre.

• "Suivez vos rêves, ils connaissent le chemin."
• "Il vaut mieux vivre dans le trou du cul du Monde que vivre dans un Monde de trous du cul."
• "L’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne !."

Enfin voilà le moment où le soleil me fouette le visage. Avec lui resplendissent les aiguilles dorées des mélèzes et les herbes jaunies des alpages. En arrière plan les sommets que je convoite portent un léger voile blanc prémisse de l’hiver approchant.

À proximité de la cabane de Basset se dresse une croix au pied de laquelle dispose un banc. Assis là face à un décor que j’ai déjà bien parcouru, je repense à une inscription lue il y a quelques jours et que j’avais trouvé très belle.

• "As-tu pris le temps dans ta vie pour t’arrêter et scruter ton cœur ? Il est important de le faire ! Peut-être encore plus à cette altitude ! Regarde au fond de toi et ne laisse pas la haine, la colère, le désespoir, la vengeance, la violence, le refus de pardonner prendre le dessus. Prends le temps de t’aimer et d’abandonner les mauvaises habitudes, alors tu pourras voir autour de toi le vrai visage de ce monde !"

Débute peu de temps après ce moment l’ascension du versant Nord du Garabrut. L’itinéraire m’oblige de suivre une alternance de moments entre la lueur de l’astre solaire et la noirceur de l’ubac. Le sol est gelé et j’avance prudemment.

Les barres rocheuses qui impressionnent de loin se franchisent aisément mais les raides pentes qui suivent sont exposées et encore plus en ce jour. La neige est présente et une chute serait malvenue. L’or blanc me sera finalement un allié puisqu’il est fixé aux rochers et sa texture permet de tailler des marches. Les crampons resteront dans le sac.

Trois heures après mon départ je sors au sommet du Garabrut et quitte l’austérité de son versant Nord pour un bain de soleil qui ne me quittera plus. Ainsi s’achève le chapitre du 500^e sommet et en débute un nouveau : l’ascension de la Pointe de Reyna. Dernier sommet qu’il me manque sur tout le secteur autour du Mourre-Froid.

Vous l’avez compris, l’encre ne cessera d’enrichir ce Grand Livre que lorsque j’arrêterai de marcher...