Pointe de La Diablée (2928m), Pointe de Reyna (2908m), le Garabrut (2917m), en montée par le Col de Chargès, en descente par le Col de Reyna
- Randonnée
- Ecrins / Hautes-Alpes / Orcières
- Accès en Bus/Train - Arts, sculptures
- Difficulté :
- Difficile
- Dénivelé :
- 2010m
- Durée :
- 9h00
En Haut-Champsaur, en bout de vallée du Drac Noir, à partir du beau hameau de Prapic, superbe randonnée en boucle à la journée, en partie en crêtes fort esthétiques pour L’Homme (sommet antécime), la Pointe de la Diablée (sommet principal), la Pointe de Reyna et le Garabrut (sommets secondaires) avec, aux quatre sommets, de beaux panoramas et de sympathiques sensations d’ascensionniste. Boucle passant par le célèbre et très touristique Saut du Laire, dominé à l’est par l’imposant Mourre-Froid qui clôt le haut vallon, et empruntant deux cols sauvages différents à la montée et à la descente, laquelle se conclut par le bel alpage aux verdoyantes herbes grasses de Basset. – Auteur : Thierry GARCIN
Accès
De Gap (Hautes-Alpes), prendre direction du Col Bayard (Corps - Grenoble) par la N85. Dans la montée, avant d’atteindre le col, prendre à droite la route D944 en direction de Col de Manse, Manse, Ancelle (panneau d’indication). Hormis le Col de Manse où se situe le refuge Napoléon, cette route fort esthétique offre un panorama sur les contreforts du Champsaur. Passé Manse, poursuivre vers Pont-du-Fossé puis en direction d’Orcières. A l’entrée d’Orcières, prendre à droite la D474, route étroite qui mène jusqu’à Prapic. Là, l’accès au hameau est interdit (autorisé aux seuls habitants) et les véhicules sont invités à stationner dans un immense parking boisé, en partie goudronné (pancarte).
Précisions sur la difficulté
- Aucune difficulté technique, toutefois, savoir s’orienter et lire une carte est indispensable (d’ailleurs, l’itinéraire est idéal pour apprendre la topographie et s’initier à la randonnée hors sentier). Si difficulté il y a, elle n’est que physique et sportive. Car vu le dénivelé positif cumulé, un minimum de condition physique s’impose, en effet. Mais pour un coureur à pied ou un marcheur régulier, pas de souci.
- Une bonne partie de la boucle est hors sentier, notamment pour la partie haute et emprunte les alpages dans lesquels la progression peut s’avérer parfois pénible en fonction de l’inclinaison de la pente. Des cuisses solides sont la garantie d’une randonnée réussie.
- La crête sommitale de La Pointe de la Diablée, sans être exiguë est néanmoins assez vertigineuse sur ses trois versants sud, est et nord-ouest. Elle peut, éventuellement impressionner un néophyte. Ceci-dit, le fil de la crête est sécurisant dans la mesure où elle est assez large et où le rocher y est assez compact. La Pointe de la Diablée, en effet, n’est qu’un tas de cailloux plus ou moins solides et agglomérés entre eux par le ciment de la terre.
- La crête est d’ascension et sommitale de la Pointe de Reyna est de même constitution que la Pointe de la Diablée. La Pointe de Reyna est constituée de pentes de gradins d’inclinaison moyenne versant sud et assez raide versant nord-est dans un rocher délité. Il en est de même pour l’ascension du Garabrut.
- En début de saison, des névés tardifs peuvent subsister et nécessiter l’emploi des crampons/piolet en fonction des conditions rencontrées : en dessous du Col de Chargès ; versant nord (par où l’on grimpe) / en-dessous de L’Homme, versant ouest (pour descendre de la Diablée sur le Col de Reyna) / sur la crête reliant la Pointe de Reyna au Garabrut et, également, dans son versant nord jusqu’à la crête où est possible une accumulation de neige sommitale formant une légère corniche (la prudence s’impose car si la corniche vient à céder subitement c’est 700m de vol plané assuré !…).
- Autre névé tardif possible : en dessous du Col de Reyna, en versant nord, sur environ 400m de dénivelé relativement pentus sur le haut de la pente d’inclinaison 30 à 35 degrés à vue d’œil et en léger toboggan sur le bas du névé : dangereux en cas de glissade car en-bas se trouve un pierrier, des ravines et une petite barre rocheuse.
- Aspect météo et orientation : par beau temps, se perdre sur cet itinéraire serait vraiment une incroyable malchance, et encore, en y mettant de la mauvaise volonté tant le parcours se dévoile peu à peu au fil de la randonnée et devient évident. L’itinéraire est idéal pour une première sortie d’orientation. Évidemment, par temps de pluie, d’orage ou de brouillard ne s’y engager à aucun prix, ce d’autant plus qu’une bonne partie de l’itinéraire est en crête forcément exposée à la foudre.
Photos
Les infos essentielles
- Carte IGN TOP25 3437ET (Orcière-Merlettes – Sirac -Mourre-Froid)
- Altitude départ : 1513m (Prapic)
- Altitude maximale : 2989m (Pointe de la Diablée)
- Dénivelé total cumulé : 2000m
- Distance : 21,4km
- Durée : 10h00, pour ce qui me concerne. Nota, je m’alimente et m’hydrate le plus souvent en marchant et ne fais que de très courtes pauses pour prendre des photos.
- Matériel : Piolet/crampons (en début de saison), bâtons de marche, carte et compas, altimètre, vêtements couvrants de haute montagne. Emporter 2 à 3 litres d’eau minimum.
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Itinéraire
AVANT-PROPOS :
Ce genre de randonnée nécessite de partir tôt. Marcher à la fraîche est, en effet, un réel avantage en haute montagne. Et sécurisant, car en cas de détérioration subite et imprévue de la météo, ça laisse de la marge pour boucler au plus tôt dans la journée.
Personnellement, hormis l’alpinisme que je ne pratique plus, depuis 40 ans la plupart de mes randonnées alpines ont été réalisées en solitaire. Je privilégie les marches d’approche la nuit, seul, à la lumière de la frontale ou de la pleine lune, et voir se lever les premières lueurs du jour sur le relief, afin d’être au plus tôt à frôler le ciel. Jamais je ne me lasse de cette féerie qui me fait entrer en communion avec les éléments. De plus, la fraîcheur matinale ragaillardit et favorise une jambe plus alerte, de même la nuit gomme quelque peu la distance et le dénivelé : ainsi le sentier paraît moins long, moins dur - ce n’est bien sûr qu’une illusion... Le silence au petit matin, également, favorise la rencontre surprise avec les animaux. Et j’ai toujours plaisir à surprendre chevreuils, chamois, bouquetins, mouflons qui, aussitôt, détalent évidemment à ma vue. Plus rarement sur mon chemin je rencontre des hommes, mais c’est tant mieux car je ne suis certainement pas là pour eux - je les fuirais plutôt... Non je suis ici uniquement pour m’imprégner de la nature et me laisser absorber par la beauté du monde dans ma plus pure et sourde solitude.
Par ailleurs, attention lors de la traversée des alpages : des troupeaux de moutons peuvent y paître. Et qui dit troupeaux dit chiens de protection pas toujours très conciliants... Dans ce cas, éviter de déranger le troupeau et passer au large, si possible. La vie pastorale qui entretient et égaye les alpages doit ici être préservée à tout prix.
DE PRAPIC AU SAUT DU LAIRE :
Au parking, monter en direction de Prapic. Traverser le hameau par sa rue centrale goudronnée et en partie empierrée pour aller sur les hauts et prendre la direction du Saut du Laire (panneaux d’indication). Dès la sortie du hameau on emprunte une piste de terre très raide. Une fois sur les hauts, (on domine très nettement le hameau) on parvient à un petit col (oratoire) où un panneau indique la direction : à droite de Basset (c’est par là que nous reviendrons), tout droit du Saut du Laire. Prendre la direction du Saut du Laire.
Continuer toujours tout droit par une large piste carrossable, légèrement descendante, quasiment plein sud. Tout au fond se dresse le Mourre-Froid (2993m). La piste traverse une sorte d’immense plateau où se trouvent nombre de champs de foin exploités, parfois des vaches en pâture dont les clarines rythment joyeusement le pas. Peu à peu la piste se rétrécit et grimpe, longeant le Torrent du Drac.
Commencent-là les lacets, les escaliers naturels, les portions dallées et/ou terreuses, toujours bien marquées (d’importants travaux d’entretien et de réhabilitation du sentier ont été réalisés). L’on parvient à la Chapelle de la Saulce, endroit idéal pour prendre une photo de la chapelle avec le Mourre-Froid en arrière-plan. Magique au premières lueurs du jour.
Poursuivre sur le sentier dans la même direction durant un kilomètre. L’on parvient au magnifique Saut du Laire à l’altitude de 1886m (avec sa chute d’eau) enjambé par une passerelle. Un ravitaillement en eau potable est possible (donc jusqu’à-là ne pas trop se charger en eau, cela fait ça en moins à porter), une fontaine avec son bac en bois est-là à disposition qui coule, merveilleusement glacée. Alentour des cabanes d’alpages fermées ou occupées, parfois aussi des troupeaux (dans ce cas, passer au large, attention aux chiens de protection, se faire déchirer le fond de pantalon par le patou ferait désordre...).
À PARTIR DU SAUT DU LAIRE HORS SENTIER :
Continuer sur 50m à 100m sur le sentier en direction du Col de Tourettes, puis, à l’estime, bifurquer plein sud dans les alpages montant. Suivre plus ou moins le tracé bleu de ski de rando figurant sur la carte IGN, en direction du Serre des Sagnes.
Passés quelques raidillons, la pente s’aplanit au Serre des Sagnes (point coté 2235 marqué sur la carte IGN). Continuer, toujours à l’estime en suivant le tracé bleu de ski de rando, en-dessous du point coté 2573 (marquée sur la carte IGN), le point coté 2246 (sur IGN) au large et à main droite. A environ 2450m d’altitude, l’on contourne le contrefort nord-est de L’Homme. Passer au pied de ce contrefort pour aborder un vallon supérieur où, au fond, se situe le Col de Chargès (2678m), bien marqué topographiquement parlant. Bel endroit.
Prendre pied sur le Col de Chargès. Versant sud, la pente y est assez rude et plonge sur l’alpage de Chargès. Souvent y paissent des vaches et le son enchanteur des clarines monte jusqu’au col. Emprunter la large crête pierreuse jusqu’à L’Homme culminant à 2872m (200m d’ascension sans difficulté depuis le col). Peu à peu le panorama se dévoile, grandiose. De L’Homme, poursuivre sur la crête qui descend plein ouest en direction de la Pointe de La Diablée. Rester sur le fil rend la randonnée plus esthétique. L’on parvient à une sorte de col sur la crête, au point le plus bas, avant que celle-ci ne se redresse vivement jusqu’au point coté 2919m, amorce de la longue crête sommitale de la Pointe de la Diablée. Ne pas s’effrayer car, vue d’en-bas, celle-ci paraît très raide et vertigineuse. Il n’en est rien, et même si cela grimpe dur, la crête suffisamment large pour y tenir à deux de front s’écrase peu à peu à chaque pas.
À partir du point coté 2919, poursuivre sur le fil de l’arête plane sommitale (sans difficulté, prudence toutefois au précipice de chaque côté) jusqu’au cairn signalant le sommet de la Pointe de La Diablée. Vertigineux. Splendide. Esthétique. Belle ambiance. Panorama dantesque sur les hauts vallons et cimes alentour et l’extrémité sud-est du Parc national des Écrins. Vue lointaine sur le hameau des Gourniers, l’Aiguille d’Orcières, la Crête de Malamorte, le Barle et La Coupa.
Par le même itinéraire, redescendre en direction de L’Homme jusqu’à la dépression sur l’arête formant un col (point le plus bas sur l’arête emprunté à la montée). En principe, s’il existe toujours, un petit cairn y est érigé. Mais s’il n’existe plus, l’on peut s’en passer et se lancer dans la pente d’éboulis à l’estime. Laisser le fil de la crête en direction plein nord et prendre pied dans la pente pierrreuse (ou enneigée, selon la période) qui mène au Lac Reyna (parfois totalement enneigé jusqu’à tard en saison). Viser entre le Lac Reyna et le Col de Reyna en évitant par la gauche quelques ressauts rocheux. On atteint facilement le Col de Reyna. Rien de sorcier.
Du Col de Reyna, emprunter facilement le fil assez large de la crête jusqu’au sommet de la Pointe de Reyna. Rester de préférence sur le fil où le rocher est plus compact et agréable à marcher, que d’aller dans les gradins du versant sud, terrain plus instable. L’ascension sur le fil de la crête est par ailleurs beaucoup plus esthétique et aérien. Au sommet, la vue sur Prapic, point de départ de la randonnée, est saisissante.
FACULTATIF :
Du sommet de la Pointe de Reyna, continuer (sans difficulté) jusqu’au sommet du Garabrut (2917m), toujours par le fil de la crête (rocher compact formant plus ou moins des escaliers de blocs de différentes tailles, de petites dalles plus ou moins inclinées et des rochers enchâssés) jusqu’au point coté 2822 (marqué sur la carte IGN) à partir duquel la crête remonte au Garabrut culminant à 2919m.
Le panorama donne sur la crête effilée continuant au sud-ouest vers L’Aiguille d’Orcière, une partie du haut Champsaur, au très loin plein ouest sur le Dévoluy, en face, soit au nord, sur la station d’Orcières-Merlette et, tout en-bas, sur les prés de Basset où serpente le sentier, itinéraire de descente.
Cet aller-retour (Pointe de Reyna – Garabrut – Pointe de Reyna) ne rallonge le parcours qu’à peine de 2km et de 180m de dénivelé positif. Donc ne pas s’en priver.
Le Garabrut atteint, revenir à la Pointe de Reyna, de-là au Col de Reyna par le même itinéraire qu’à la montée.
DESCENTE :
Du Col de Reyna (souvent enneigé tardivement sur le haut de son versant nord-est, mais ce ne sont généralement que quelques plaques de neige), emprunter la sente qui part en diagonale vers l’est en traversant les pentes d’éboulis. Cette sente se devine par le passage des pieds qui s’y sont succédés au fil des ans, se perd parfois dans les ravines et les affaissements d’éboulis pour réapparaître plus loin.
À partir de là, le sens de l’itinéraire est requis. Bien observer la topographie :
Descendre jusqu’à 2500m d’altitude environ. Un large névé tardif (généralement là parfois jusqu’à fin juillet début août, le névé devenant peu à peu au fil de l’avancée de l’été une langue de neige) sera à main gauche, la Pointe de Reyna dans le dos à hauteur de l’épaule gauche. Y prendre pied et le traverser à l’estime, en direction du point coté 2493 (marqué sur la carte IGN).
De ce point coté 2493, descendre en obliquant légèrement à gauche pour atteindre un système de petites barres rocheuses que l’on ne découvre pas avant d’y être, en ayant à main droite le torrent principal qui dévale dans une petite ravine puis s’engouffre entre les rochers en une cascade jusqu’au Saut du Laire, puisque sautant les barres rocheuses (que l’on s’apprête à traverser en diagonale).
Parvenu aux barres rocheuses (succession de petits ressauts où la prudence s’impose, d’autant que le sol est terro-herbeux), là se trouve le verrou de passage constitué d’une vire schisto-herbeuse évidente (la chercher en restant prudent), empruntée jadis par les tailleurs d’ardoises. D’ailleurs, si l’on se trouve au bon endroit, l’on passe nécessairement devant une ancienne mini carrière d’ardoises laissée en l’état, avec ses rangées d’ardoises empilées et prêtes à être descendues en vallée. Cela renseigne sur le dur labeur des montagnards d’autrefois...
Le verrou passé, repérer juste en-dessous une sente en zigzags qui descend (dans une pente terro-herbeuse sévère et pénible au début) vers le Pré Brunet et, plus bas, vers le Saut du Laire. L’on tombe forcément sur le sentier bien marqué qui part du Saut du Laire en direction de Basset.
Prendre ce sentier en direction de Basset, donc nord-est. Progression agréable qui soulage les cuisses après la descente hors sentier du Col de Reyna. A Basset, alpage charmant, possibilité de troupeaux (Cabane d’alpage de Basset non loin du sentier), avec, dans ce cas, les chiens de protection. Poursuivre toujours sur le sentier, qui plonge par des lacets bientôt en sous-bois en direction du Torrent du Drac. L’on rejoint l’intersection laissée au matin avec son oratoire. De-là, rejoindre facilement Prapic en quelques minutes.
Là, s’impose une halte en terrasse de la ferme-auberge « La Jabiore » pour une "reminéralisation du corps" : une pinte bien fraîche de bière d’abbaye, peut-être deux…
INTERET DU PARCOURS :
Cette boucle avec trois sommets de plus de 2900m d’altitude ne manque pas d’attrait, d’autant qu’elle se situe en partie en crêtes aériennes fort esthétiques. Elle est à la portée de tout randonneur ayant une bonne condition physique et voulant s’essayer à la navigation hors sentier. C’est ce vers quoi il faut tendre, car tant de belles cimes du Champsaur, du Valgaudemar, du Valsenestre, du Valjouffrey, de l’Oisans, de la Romanche, de la Vallouise, de l’embrunais ne sont accessibles qu’à la lecture de la carte et à l’estime puisque desservies par aucun sentier tracé. Il faut se lancer, dépasser ses doutes, ne pas avoir peur ni se laisser impressionner par les cols et sommets qui d’en-bas semblent inaccessibles, sans pour cela prendre des risques inconsidérés. Le tout est de bien se connaître, savoir jauger sa forme du moment (capacités physiques et connaissances pratiques), de s’être renseigné au préalable sur les conditions météo à venir.
Auteur : Thierry GARCIN
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