Sortie du 29 juillet 2024 par Dyn’s Pointe d’Udine (3019m) et Pointe de Venise (3096m)

Lors de notre séjour estival dans le Queyras, nous n’avions pas manqué de rendre visite au fin fond de la vallée principale de cette contrée reculée : le Haut Guil.
Si le bitume s’arrête au dernier hameau de l’Échalp, une longue piste carrossable permet d’atteindre l’aire de stationnement de la Roche Écroulée. D’ici, la seule direction envisageable, c’est encore de suivre le fond de vallée jusqu’au belvédère du Viso, ce qui constitue une approche non négligeable lorsque l’on part à l’assaut des sommets, de surcroît à la journée. Mais... Mis à part le refuge du Viso, qui pourra couper la poire en deux, il existe de nombreux abris en pleine montagne tout autour du Roi de Pierre : les fameux bivouacs italiens. Certainement le plus insolite et le plus rudimentaire de tous : celui de la Pointe de Venise. Et, c’est pour ce dernier que nous partons !

Milieu de matinée, nous atteignons le refuge du Viso. Il n’y a pas foule à cette heure-ci. Nous profitons d’y prendre une bonne mousse sans la cohue. En terrasse avec vue sur le Viso, c’est parfait !
La suite de l’itinéraire vers le lac Porcieroles et le col du Couloir du Porc n’est même pas indiqué sur le poteau indicateur français, ni même sur la carte IGN. Seuls les italiens l’indiquent, par un balisage abondant de traits jaunes. Impossible de se perdre, impossible de se tromper de couloir, une fois dépassé le lac, à l’image de la gigantesque flèche peinte sur un gros rocher !
D’en haut du « Coulour del Porco », le final vers la Pointe de Venise n’est pas bien dur. Après avoir franchi la petite barre donnant accès aux pentes terminales peu raides, on débouche sur la crête frontalière, entre ciel et terre, à côté de l’abri en tôle, une véritable boîte de conserve !

Moments hors du temps, instants hors du monde... Les heures et les minutes ne semblent plus défiler. Ce sont les couleurs changeantes au cours de la journée, les flancs de montagne restés à l’ombre passant à la lumière, et vice et versa, qui nous indiquent que seul le soleil poursuit indéniablement sa course, jusqu’à se coucher derrière l’horizon transformant le ciel en feu d’artifice explosif...
À l’aube, c’est le spectacle en sens inverse... Les étoiles s’effacent dans le firmament, le ciel s’éclaircit, la ligne d’horizon s’enflamme... À l’opposé, une barrière rosée semble descendre peu à peu, elle annonce l’embrasement imminent des plus hauts sommets... Ce matin, un banc brumeux teinte ces premières couleurs, mais l’astre solaire sort tel un disque rouge incandescent au-dessus d’un vaste océan de nuages recouvrant la plaine du Pô. Les crêtes séparant les vallées profondes et parallèles du versant italien, se révèlent comme une enfilade de péninsules s’échouant en pleine mer... À l’instar du corps qui a besoin de se nourrir pour vivre, de s’alimenter pour marcher, l’âme grandit et s’élève en se nourrissant de la beauté indicible de la Vie...

Puis, vient l’heure de la descente. Nous remballons nos affaires et entamons le retour. Du col du Couloir du Porc, après avoir laissé notre barda derrière un rocher, nous enchaînons d’un trait la courte ascension de la Pointe d’Udine.
Nous dévalons le couloir, retrouvons les bords du lac, puis le sentier vers le refuge.
Pause repas accompagné de la mousse traditionnelle, de quoi se requinquer avant le long retour à la Roche Écroulée !