Sortie du 15 septembre 2024 par CourtePatte Pic d’Étang Faury (2702m)

Mon premier échec dans les Pyrénées...mais aucun regret !

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Conditions météo

Grand beau.

Récit de la sortie

Evidemment qu’en voyant ce topo j’allais craquer pour les lacs.

Pas que les lacs d’ailleurs. Il y a aussi la lumière, cette lumière intense et crue que je ne connais qu’au Midi ; et cette peau claire des montagnes qui donne à certains massifs pyrénéens, à distance, une étrange texture un peu farineuse. Tout ça est très exotique. Et j’ai beau me dire "Oui, mais la lumière, la lumière...il faut tomber sur le bon jour !" et puis "L’Ariège, c’est au diable !", je suis tentée. Et voilà comment on se retrouve, un matin, à cheminer dans l’ombre bleue et froide de la vallée d’Orlu.

Je ne prévois pas de faire le topo dans son intégralité. Les nuits sont trop froides pour le bivouac et je vais sûrement devoir rentrer à pied à Ax-les-Thermes ce soir ; alors, le Pic d’Etang Faury je le prévois en aller-retour du col d’En-Beys, avec une redescente via l’étang de Naguille (graphie IGN). D’ailleurs, il faudrait déjà que j’y monte, au Pic. Parce qu’il ne m’a pas échappé qu’il faudrait venir à bout d’un couloir raide et gispéteux (non ce n’est pas le terme du topo 😊) et je ne suis pas sûre du tout que c’est à ma portée. Déjà que la boucle d’En Beys est donnée sur deux jours par cet autre topo, avec une redescente qualifiée de "longue et rébarbative". Hum !

Mais n’anticipons pas. Pour l’instant c’est la lente montée sous les hêtres en direction des prairies de Gaudu. Je suis un peu décontenancée de réaliser que les premiers kilomètres s’effectuent sur une piste. Jolie au demeurant, presque pavée avec de beaux galets polis, mais une piste. C’est que l’on traverse ici un secteur pastoral, et il me faudra d’ailleurs littéralement passer au milieu des vaches.

Les premiers reliefs surgissent bientôt dans le ciel. Sur les versants nord, une farine de neige souligne encore les pentes, et les prairies pastorales sont feutrées de gel. Bien contente de ne pas avoir envisagé le bivouac.

Un coup de reins me hisse jusqu’au muret de l’ancien canal avec ses faux airs de rempart miniature, et soudain le paysage s’ouvre largement devant moi sur la béance miroitante de l’étang d’En Beys. C’est ici que commence le pays des lacs.
Le temps d’un café au refuge et je reprends ma route. Désormais il ne s’écoulera jamais plus de dix minutes sans que j’aie un "étang" sous les yeux. En bleu roi, en turquoise, en vert olive, des lacs de toutes dimensions et à tous les étages. Mais bien sûr, c’est le lac inférieur des Peyrisses, profondément enfoncé dans sa cuvette de granit, qui va m’arracher un cri de joie en parvenant sous le Pic d’En Beys.

C’est là que démarre la section hors-sentier. Il faut s’enfoncer dans un paysage d’éboulis rocheux, de pentes à gispet et de fourrures de rhododendrons. Ici, me recommande le topo, il faut rester à 2400m. Faute de GPS, je me dirige au mieux et je rase peut-être d’un peu trop près les crêtes, puisque je passe nettement au-dessus des "petits étang sans nom à 2391". Ça n’arrange pas mon rythme de progression, mais j’y gagne une petite digression sur l’arête où j’aurai mon premier aperçu émerveillé des lacs supérieurs des Peyrisses.

Voici enfin la grande barre du Pic d’Etang Faury. Bon, mais ce couloir ? Je me guide à la photo 39 (ici) du topo. Mais lorsque j’arrive au pied des murailles, c’est le désarroi. Je vois une espèce de goulet herbeux quasiment vertical que je n’arrive absolument pas à réconcilier aux photos du topo pourtant soigneusement imprimées. Que le grand angle est donc trompeur ! A la montée, je pourrais peut-être, tout juste peut-être, m’aventurer là-dedans ; mais je sais que que je devrais également y redescendre compte tenu de mes contraintes horaires et logistiques, et pour une fois je ne gamberge même pas. C’est Non !

Pour un but, c’est un but. Mais tout n’est pas perdu : je vais monter au collet sur la crête d’où j’ai déjà des vues bien assez extraordinaires pour rassasier mes appétits de lacs et d’horizon. Ce n’est pas le 360° espéré, mais c’est déjà un bien beau 180°, allez même 200° ma p’tite dame ! Alors je panse mon amour-propre en savourant mon casse-croûte devant le grand théâtre de ces sommets qui me sont à peu près tous inconnus, et ces petits plateaux rocheux crevés de lacs. L’air est tellement translucide aujourd’hui que le regard porte loin sur la plaine du Midi, jusqu’aux contreforts du Haut Languedoc.

Pour le retour vers le col d’En Beys, je passe plus bas cette fois, et la progression sera beaucoup plus rapide, même si je m’attarde : les petits lacs sans nom ne sont guère que des gouilles bordées de mousses, mais ils ont la poésie des mondes miniatures. Et je croiserai un peu plus loin mes premiers mouflons des Pyrénées.

Même si ça ne fait pas partie du topo, je dois mentionner l’étang de Naguille sur mon itinéraire de redescente. Pour ses dimensions majestueuses, son décor enserré entre les sommets, et l’étroit verrou du barrage qui le retient dans l’espace ; mais également pour l’extraordinaire sentier parfaitement plat, taillé dans la montagne, qui le longe en rive gauche. En sorte que l’on peut y cheminer le nez levé sans perdre une miette de la caresse du crépuscule sur les sommets voisins.

Le prix à payer pour la caresse du crépuscule, ce seront les 1000 mètres de descente à la frontale jusqu’aux Forges d’Orlu, sur un sentier presque entièrement bosselé de roches et frisotté de lacets minuscules ; et le long retour à Ax sur la petite route baignée de lune. Tout ça pour un échec ? Oh mais un échec comme celui-là...je saurai m’en contenter !

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Randonnée réalisée le 15 septembre

Dernière modification : 19 septembre 2024

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Avis et commentaires

Merci ! Moi je ne m’en contrefous quand même pas tout à fait 😊, mais comme tu vois ça m’aura laissé un beau souvenir.

Bonjour CourtePatte,

Quand je lis tes phrases et tes mots :
.................. les "fourrures de rhododendrons",
ou bien encore
.................. un "sentier frisotté de lacets minuscules",
je me contrefous sans difficulté que tu ne sois pas allée au sommet,
mais plutôt je me régale des descriptions lumineuses que tu nous transmets de ta sortie autour de ces lacs et de ces montagnes ...
Un très beau récit d’une très belle balade !

Et bien tu peux donc démystifier la Dent Parrachée... Même si ce sommet ce mérite et n’est bien sur pas accessible à tout le monde j’en convient, lorsque l’itinéraire est totalement libre de neige il suffit de suivre la trace (j’écris trace car je n’ose qu’en même pas écrire sentier...). Les petites difficultés sont bien sûr plus longues qu’à Faury et l’ambiance peut-être intimidante lorsque l’on n’à pas l’habitude de ce type de terrain, mais la pente n’est jamais aussi raide que dans ce couloir de gispet (et en plus ça glisse bp moins). À titre de comparaison je dirai que ça ressemble au Pas de Paul en plus facile (je crois me souvenir que tu as déjà fait cet itinéraire dévoluard).
Une ambition délirante surement pas, ne te manquais quasiment rien pour finir. Je suis certain que sans devoir redescendre par ce couloir comme tu l’écris, tu serais aller voir tranquillement en te disant "c’est raide, faut pas glisser mais finalement ça se remonte plutôt facilement !"
Pour l’accès par Mérens je ne le connais pas non plus, mais je pense y aller un jour pour les Pics de Nabre et d’esquine d’Ase, donc probablement un jour un petit retour sur le site !
A+

Merci !
La Dent Parrachée "plus facile" ? Voilà qui va faire merveille pour mon amour-propre car j’ai toujours considéré cette montagne avec le plus grand respect comme totalement hors de ma portée...Seulement d’un autre côté ça va me donner l’impression que le Pic d’Etang Faury était une ambition délirante 😄
Figure-toi que j’avais envisagé l’accès par Mérens-les-Vals, où il y a un arrêt de train, pour l’aller ou le retour. Mais je me méfiais un peu de la longueur de la section hors sentier ; et ce que j’en ai lu depuis, précisément sur le site de Randoludo me semble-t-il, m’a confortée dans la sagesse de ce choix. Par ailleurs je redoutais un peu le versant nord-ouest de la Porteille compte tenu du risque de glace.

Arghh, trop dommage, il ne te manquait pas grand chose... Il est vrai que ce couloir et sa partie finale sont vraiment très raides... Tu as bien fait de renoncer si tu ne le sentais pas.

Quand au grand angle, je suis d’accord avec toi, c’est vraiment trompeur, on dirait que tout est plat...

Mais je te rassure, même si le 360° du sommet est superbe, le clou du spectacle ce sont vraiment le cirque et les étangs des Peyrisses, et de la crête la vue est similaire, donc tu as vu le plus beau !

Ces insignifiants (insignifiants par l’altitude et non pas par la beauté) sommets ariégeois sont bien plus délicats qu’on ne l’imagine... Ils me donnent souvent plus de fil à retordre que certains sommets cotés alpinismes. Je pense par exemple à la Dent Parrachée que j’ai découvert cet été, bien plus facile... Certains sommets en rive gauche du Glacier Blanc, les Rouies, la Grande Ruine, même le Pelvoux... Et la liste est longue... Et bien toutes ces courses en hautes montagnes sont souvent bien plus accessibles que ces modestes sommets ariégeois que l’on ne peut pas coté alpi... On ne peut qu’utiliser le terme de terrain ariégeois, ce qui annonce la couleur...

Si un jour tu retournes dans le secteur et que tu souhaites terminer l’ascension, tu peux accéder bien plus facilement au sommet en partant de Mérens-les-Vals en passant par la vallée du Nabre et les étangs de Madides. Le topo est sur ce très beau blog dont je m’inspire régulièrement pour mes escapades dans les PO et en Ariège : RANDOLUDO (pour moi le site le plus complet sur ce secteur pyrénéens).

En tout cas je suis bien content de voir une sortie avec de très belles photos sur ce topo à peine dix jours après sa mise en ligne, car ce sommet à été pour moi un véritable coup de cœur ! D’ailleurs je te l’ai déjà proposé, mais si tu retournes en ariège ou autre et que tu as envie de partager une rando, n’hésites pas.

Quand au retour à pieds jusqu’à Ax, respect, mais mon dieux quelle horreur...

A+

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