Sortie du 14 juillet 2024 par Sylvain Cime du Vallon (3406m)
Située sur la longue ligne de crête entre l'Olan et les Rouies, la Cime du Vallon est un superbe promontoire dont le panorama sur ces deux géants est à couper le souffle ! Cette dernière est visible rapidement lorsque l'on entre dans le Valgaudemar et sa calotte glaciaire contraste à côté de l'énorme masse rocheuse de l'Olan. Son accès est une superbe course de neige comprenant quelques pentes raides, jamais difficile, mais quelquefois exposées. Le cheminement du refuge, sous les impressionnantes parois de la Rouye au petit matin apportera un petit côté austère à ce parcours, avant d'arriver au soleil et de prendre un bain de lumière sur la crête sommitale. Se tenir sur ce perchoir dominant l'impressionnant abime du versant Nord, ravira à coup sûr ses prétendants !
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
- Ciel voilé et laide lumière pour la montée au refuge.
- Neige à quinze minutes du refuge, excellent regel, grand beau, conditions parfaites !
- Course réalisée avec Julie, Vincent et Loïc.
Récit de la sortie
Attention, en neige cette petite course est cotée PD. Pentes à 40° entrecoupées de petits ressauts rocheux faciles et la vire déclive sous le passage du Bâton est très exposée.
Je cite un paragraphe du topo « Voies normales et classiques des Écrins » de Sébastien Constant.
« Le profil de cette voie a bien changé depuis une trentaine d’années avec le retrait glaciaire. Sa difficulté a longtemps été trop sous-estimé dans les topos-guides. Son parcours est exposé : en début d’été les névés suspendus (entre 2900 et 3100m) ainsi que le glacier du Vallon dominent des barres rocheuses. La pente, peut être en neige dure et tendue (40° et plus). Elle demande de la prudence car, en contrebas du cheminement, les barres rocheuses qui plongent dans le cirque son importantes. D’autre part, la présence de l’arête S retarde le réchauffement diurne qui ramollit la neige. »
Voir également ici.
Notre sortie du 14 juillet 2024 :
Prévu depuis longue date, ce week-end de quatre jours en montagne n’avait pas encore d’objectif défini la veille de notre départ. Le luchonnais et ses 3000 était notre idée initiale, mais une météo un peu incertaine nous mis le doute...
Ma course avec Mika au Pelvoux quelques jours auparavant m’avait permis de constater un enneigement assez exceptionnel pour la saison dans le secteur. La Cime du Vallon, je l’avais déjà envisagée à plusieurs reprises au printemps, mais sans avoir les disponibilités lorsque une fenêtre météo se présentait. L’équipe est motivée par ce projet, ne reste plus qu’à espérer qu’il reste de la place au refuge de l’Olan pour quatre personnes le lendemain soir... Bingo ! Nous voila donc tous partis pour le Valgaudemar.
La montée au refuge est agrémentée par les nombreuses cascades qui coulent à flot le long du chemin et par la vue de plus en plus belle sur les Choucières Vertes au fur et à mesure de la prise de dénivelé. À notre arrivée nous croisons une cordée de hollandais rencontrée cinq jours plus tôt au Pelvoux, ces derniers reviennent de la traversée de l’Olan au départ du Valjoufrey et de Font Turba... Wahou, ça c’est de la course en montagne ! Je reste rêveur, mais chacun son niveau...
La nuit au refuge est comme toutes les autres et à mon réveil à quatre heures je suis surpris de constater que mes compagnons sont déjà au petit déjeuner ! Haha, apparemment je ne suis pas le seul à avoir mal dormi...
Nous chaussons les crampons environ quinze minutes après le refuge, le ciel est étoilé et la neige est béton, les conditions sont parfaites !
Le cheminement jusqu’au sommet est évident, il suffit de remonter les pentes de neige sous les impressionnantes parois de la Rouye. La déclivité se redresse avant que la pente ne soit entrecoupée par une petite barre rocheuse. Rien de difficile, c’est même assez ludique, tout en ajoutant une sympathique touche de mixte !
Les pentes deviennent maintenant suspendues et de plus en plus déversantes jusqu’à la traversée exposée sous le passage du Bâton. Le dévers très prononcé est entrecoupé d’un petit ressaut rocheux, le tout à quelques mètres seulement du bord de falaise. Encore une fois rien de difficile, mais la moindre glissade provoquerait à coup sûr le grand saut...
La vire s’élargit à nouveau et conduit à la pente la plus forte du parcours, un bon gros 40°, elle aussi entrecoupée de passages rocheux. Et puis c’est l’arrivée dans le cirque suspendu de l’ancien glacier du Vallon, qui grâce aux conditions exceptionnelles de cette mi-juillet est d’un blanc immaculé ! Le sommet semble tout proche, mais il reste encore plus de trois cents mètres à gravir.
Nous voici arrivés tous les quatre sur la belle crête sommitale, qui présente encore d’impressionnantes corniches. Après avoir déposé les crampons, reste le plaisir de grimper les faciles ressauts sommitaux jusqu’à l’antécime et puis vers le vrai sommet à 3406m. Quelle vue, le 360° est à couper le souffle ! L’Olan est le maitre des lieux, et d’une certaine manière impose le respect... L’abime du versant Nord plongeant vers le vallon de la Lavey et plus loin la vallée du Vénéon est impressionnant ! Les géants des Écrins semblent à portée de main et le Viso pointe très loin sur l’horizon.
Nous restons un long moment à nous gaver de ce paysage, et puis entamons la longue redescente jusqu’à la Chapelle-en-Valgaudemar.
Tous les quatre avons beaucoup apprécié cette superbe course que je recommande grandement, mais qui dorénavant est à envisager de plus en plus tôt en saison afin de profiter de bonnes conditions de neige !
Photos
Auteur : Sylvain
Avis et commentaires
Salut Patrick, merci beaucoup 😀
Ça change la haut, mais c’est encore grandiose, il faut juste maintenant choisir le bon moment pour y aller !
Hello, jolie course, la photo du logo est superbe. C’est fou comme ça a changé. J’ai fait le vallon quand j’étais ado il y a donc presque un demi siècle, donc dans un autre monde🤣🤣🤣, il y avait un glacier en haut !!! En tout cas c’est très chouette !
Merci beaucoup Cyril !
Nous avons eu d’excellentes conditions, même si je pense qu’elles sont incomparables avec celles d’Alain à l’époque...
Mais je nous considère chanceux d’avoir pu chausser les crampons si près du refuge !
A+
Bravo pour cette magnifique ascension, tes photos sont superbes (dommage qu’il n’y a pas assez de format 16/9 (il y en a une ou deux seulement, ça rend tellement mieux...). les conditions d’enneigement que tu as eu sont bien meilleures que lors de mon passage, mais bien moins bonnes que celles du passage d’Alain, si j’en crois tout ce qui a été dit précédemment... et oui, la montagne évolue, on s’adapte.
Salut Sylvain
Naturellement, la question sur la certitude du "bon" sommet était de l’humour.
C’était en 1980, le siècle dernier...
Pour le reste, je partage ton analyse.
Pour les cotations en rocher, nous connaissions le 6+...
Il y avait certains passages faisant référence et donc quand c’était un peu moins dure que 6 on cotait 5. Mais cela ne change rien à ton analyse.
Haha, salut Alain !
Tout d’abord un grand bravo pour avoir mis seulement 2h10, nous avons mis le double !!
Non tu ne me mettras pas le doute 🙂 , et oui c’est bien la Cime du Vallon, dont l’itinéraire à apparemment bien changé depuis quelques décennies... C’est pourquoi j’ai juger nécessaire le paragraphe d’un récent topo mettant à jour des cotations aujourd’hui devenus obsolètes !
La montagne évolue, aujourd’hui en beaucoup d’endroits elle ne ressemble plus à celle que vous avez connus (notre récent échange à propos du Pelvoux à ce sujet était d’ailleurs très intéressant, encore merci pour ce voyage dans le passé), c’est pourquoi il faut accepter la révision de certaines cotations ! (En escalade se devrait être la même chose... Beaucoup de voies sont encore cotées 5+, alors qu’elles sont bien plus difficiles... Pourquoi ? Tout simplement qu’à l’époque l’échelle de difficulté ne montait pas plus haut... Les ouvreurs étaient donc bien meilleurs que ne le laisse paraître la simple lecture de topos !)
Je te rassure, il n’y a toujours pas de crevasses, vu qu’il n’y a aujourd’hui plus de glacier... La corde a juste servi a assurer des amis peux expérimentés dans les passages exposés.
De retour au refuge de l’Olan, j’ai discuté brièvement avec un guide qui en redescendait également, il m’a dit lui même qu’en neige cette course ne pouvait plus être coté F... Pente parfois supérieurs à 40° et exposées, ce n’est tout simplement plus envisageable de dire que c’est facile...
En quelle année est tu monté la haut ? La gardienne du refuge nous a confirmé que de telles conditions un 14 juillet, elle n’avait pas vu ça depuis très longtemps !! Mi-aout ce n’est maintenant plus qu’un triste tas de cailloux... Le topo de Cyril en est la triste preuve :(
Je présume que l’épaisseur de neige n’est plus comme avant, ce qui expliquerai le degrés plus élevé des pentes qu’à l’époque.
Pour les barres rocheuses, je suppose qu’au printemps il n’y en à aucune, les très nombreuses publications sur Skitour semblent en témoigner !
Après cette itinéraire reste encore aujourd’hui très accessible ! Juste il faut savoir que c’est PD.
A+
Bonsoir Sylvain
Tu es sûr et certain d’avoir gravi la Cime du Vallon ?
Parce que j’en ai fait l’ascension une mi-août !
J’ai noté 2 h 10 du refuge au sommet, crampons chaussés à 15’ du refuge, pas la moindre barre rocheuse à franchir, si ce n’est un petit ressaut de 15 centimètres de haut et large de 50, pente de 30/35° au grand maximum, Beaucoup de neige de l’hiver et du printemps, pas de crevasses, pas de corde.
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