Sortie du 19 mai 2024 par gegers Traversée du Sommet de Montaveilla (1979m) par le Pas de la Selle et le Pas des Bachassons

Le Vercors comme un appel. Il y a ces endroits sur Terre qui semblent vous attendre, qui vous complètent. Dès endroits où l’on se sent immédiatement chez soi. Des endroits "auxquels on appartient", pour utiliser une tournure française d’une expression chère aux anglophones. Le Vercors, en ce qui me concerne, en est un. Quelques trop longues semaines passées loin de ses pas, de ses plaines, de ses sommets, de ses vallons, de la dualité de ses ambiances à la fois douces et austères, et j’ai le sentiment que mon humeur s’en ressent, que mon corps, mes pas et mon esprit se tournent imperceptiblement mais résolument vers l’ouest, vers cette barrière que j’observe depuis chez moi, vers la silhouette caractéristique du Grand et du Petit Veymont qui se découpent dans le lointain, comme un mirage. Le Vercors, une question d’équilibre.

Le printemps constitue ainsi naturellement le moment idéal pour rejoindre le plateau par le splendide Pas des Bachassons. Alors que la journée est annoncée maussade en montagne, la météo nous accompagne dans l’ascension désormais quasiment au sec jusqu’au Pas, puisque subsiste seulement le long névé terminal qui ne présente aucune difficulté. Malgré l’horaire matinal, il y a du monde sur le plateau, beaucoup de gens ayant visiblement bivouaqué dans le secteur malgré les pluies de la nuit précédente. Une pause s’impose face aux Grand et Petit Veymont, au-dessus desquels une poignée de cumulus commence à bourgeonner.

Mes pas me guident comme une évidence vers la Plaine de la Queyrie et son emblématique arbre taillé, aux abords duquel les marmottes sont visibles en nombre. Le lieu est un havre de paix qui invite à la contemplation et la méditation. Parmi les fleurs, une légère brise rompt le silence et nous enveloppe comme une caresse.

Je rejoins la montagne de Lau, que je remonte jusqu’à rejoindre les abords du Sommet de Montaveilla, où je trouve la pouponnière des bouquetins : les jeunes animaux se trouvent ici nombreux, allongés dans l’herbe jeune, occupés à s’abreuver dans les rares trous d’eau. La plupart se prélassent, tandis que certains jouent et s’affrontent. Être les témoins de la vie quotidienne de ces nobles animaux, qui ne font guère de cas de notre présence, est un véritable privilège que nous prenons le temps de savourer sans prendre la mesure du temps qui passe.

Et puis finalement, la descente par le Pas de la Selle désormais sans neige, repus et satisfait de cette nouvelle visite de ce massif enivrant, véritable refuge pour le corps et l’âme. A bientôt.