Sortie du 24 septembre 2023 par gegers Boucle Cime du Sambuis (2734m), Lac et Col du Sambuis (2528m), Lac et Col de la Croix (2529m)
De la dentelle d'automne sur les sommets de Belledonne
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Neige à partir de 2600m, fondante.
Récit de la sortie
De la neige fraîche s’est posée comme une dentelle en altitude. Une petite neige, timide, qui adoucit les contours, et inaugure l’automne en donnant à la montagne ses premières teintes hivernales. Car c’est bien de cela dont il est question. En effet, hier a débuté la saison des couleurs et des nuances. Baignée dans la douce chaleur d’un soleil enfin clément, comme une rédemption après nous avoir cogné sur le crâne tout l’été durant, la montagne entame ici sa saison la plus belle : aux myrtilliers rougissants, le contraste de ces alpages vidés de leurs occupants ovins, les hautes herbes jaunies laissées libre de virevolter au gré de la douce brise qui réveille et revigore. Et avec l’entrée dans l’automne, une des dernières occasions de s’en aller passer la nuit en hauteur.
Pour l’instant, alors que j’approche du Col du Glandon, le jour se lève à peine et les bergers s’affairent à faire monter dans de nombreuses bétaillères rangées sur le bord de la route leurs troupeaux de moutons récalcitrants, peu désireux de goûter à cette proximité de conserve après avoir savouré à ces paysages infinis tout l’été durant.
Le plaisir d’entrer dans la Combe de la Croix, déjà baignée d’un soleil généreux, est accompagné de la joyeuse promesse d’aller gambader dans la neige fraîche. Sous l’œil d’une demi-douzaine de bouquetins, je franchis le torrent et m’engage en direction de la Cime du Sambuis. L’ascension par la face sud-ouest, dans l’ombre jusqu’au petit lac qui marque le début des "difficultés", s’accompagne d’un silence monacal à peine troublé par le bruit de quelques bouquetins parcourant les vires rocheuses au-dessus de moi. La partie finale de la montée, sur une raide crête par endroits encore gelée, s’effectue rapidement et je débouche sur ce beau promontoire dont l’habituelle austérité rocheuse est aujourd’hui fortement contrastée par la douceur de cette petite dizaine de centimètres de poudreuse qui enveloppe le sommet. Et pas que lui. Alentour, le secteur est recouvert d’une fiche couche d’or blanc qui lui confère une ambiance sauvage renforcée par sa solitude.
Allons voir ça de plus près. Je redescends jusqu’au pied de la Cime du Sambuis, jusqu’à une petite gouille au bord de laquelle se repose quelques vieux bouquetins mâles. Et puis, dans cet espace ouvert et sans contraintes, j’évolue vers l’ouest entre combes herbeuses et traversées de petits torrents jusqu’au Lac de La Croix, que je contourne par sa rive nord, en surplomb. Une large dalle rocheuse, parfaitement exposée face au soleil, s’impose comme l’endroit idéal pour une longue pause dans ce lieu à la fois si près et si loin du tumulte du monde.
La descente pour retrouver la Combe de la Croix se fait humide, puisque le cheminement passe à plusieurs reprises dans le lit du torrent, mais la fin de la descente est d’une beauté à la fois bucolique et mélancolique. De retour au Col du Glandon, direction le Col de la Croix de Fer pour passer la nuit, avant de m’en aller arpenter les Grandes Rousses le lendemain.
Photos
Auteur : gegers