Sortie du 12 août 2023 par Forêts-myrtilles-et-caillasse Refuge des Évettes (2590m)

La phrase de l’accroche, je l’ai emprunté à un vieux monsieur, tout enchanté de sa journée aux Évettes. Car c’est un résumé sans fioriture, qui ne s’embarrasse pas de dithyrambes pour saisir l’essentiel . Oui, c’est beau et que dire de plus ?

Je ne connaissais pas beaucoup et l’impression est de taille. Une incursion au-dessus de Bramans pour voir le clair de Lune allumer le Grand Bec d’Étache il y a quelques années, une rando au-dessus d’Aussois il y a encore plus longtemps mais c’est bien tout ! Depuis le Roc des Paréis, où je vais passer la nuit, le panorama est gigantesque. Tout est immense, les pointes élancées, les larges vallées glaciaires, le ciel. Au fond à droite l’Albaron jette ses glaciers dans l’abîme, la Grande Ciamarella bombe le torse en compagnie de son armée de Ouille, les Levanna...

Plic !

Tiens. Une goutte.

Ploc ! Plic !

Deux, trois, puis les rochers deviennent vite léopard. Le vent se met d’un coup de la partie. Tout absorbé par la béate contemplation du cirques des Évettes, je ne l’avais pas vu venir ! Une drache sournoise tout droit venue de la Vanoise ! Je dégaine illico mon fidèle poncho. Il claque dans le vent et la pluie, c’est à la fois chiant et vivifiant. Vers l’Ouest, c’est tout sombre, je fais le dos rond et j’attends que ça se passe...

Ploc ! Plic !

Plic...

Bon ça n’a pas duré, il y a même un rayon de soleil !

Mais sur la Pointe de Méan Martin, un deuxième rideau descend. Il assombrit les pentes, gagne presque Bonneval. Au-delà, c’est d’un noir bleuté. C’est très esthétique cette chaude lumière qui fuit l’ombre. Mais je vais me faire rincer. Une fois sur quatre, je glisse ma petite tente "au cas où", dans le sac. Coup de bol, cette fois-ci elle est avec moi. À cet instant, je suis stupidement confiant en ma capacité de la monter avant que le rideau ne m’essore. Mais je déchante bien vite. Malgré ma célérité, les premières gouttes s’abattent alors que je passe le premier arceau dans le double toit. Avec elles, le vent se lève de nouveau et c’est sous une averse copieuse que je plante la dernière sardine. Je me sens un peu humide alors que je me réfugie sous mon abri !

Bon il pleut. C’était pas prévu. Ça dure un petit moment, parfois ça se calme, parfois ça reprend. Mais c’est finalement plutôt relaxant le bruit de la pluie sur la toile de la tente. Je glisse de temps à autre le nez dehors, ça sent bon. Et puis de nouveau un rayon de soleil, fugace. Les nuages lui disputent encore largement le ciel mais aucun ne menace plus de se déverser. Ils lui concèdent même quelques trouées alors que le jour touche à sa fin et avec ses pinceaux de lumière redessine une à une les cimes. Encore un endroit beau à pleurer où il faudra absolument revenir.

La liste s’allonge.