Sortie du 6 octobre 2022 par François Lannes Grain de Chalvet (2313m) par la combe de Pertunier

Passation de témoin.

Itinéraire, carte // Fiche topo

Topo de référence

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Conditions météo

Un temps idéal : grand soleil, pas trop chaud, pas de vent, sol suffisamment sec. Tout quoi...

Récit de la sortie

A la suite des journées de cet été 2022, passées autour de - et sur - la cime de Cornillon, Goupil, qui est un fin connaisseur de ces montagnes, m’a suggéré une idée de sortie qui devait - d’après lui – m’intéresser beaucoup : le Grain de Chalvet. Afin d’aiguiser mon attention, il glissa le fait qu’à sa connaissance, aucun itinéraire concernant ce sommet n’avait encore été décrit pour les randonneurs (seulement pour les skieurs), ce qui signifiait qu’il fallait donc faire une recherche sur le terrain.

Par l’odeur alléché, j’étudiais Géoportail et diverses photos d’Altituderando afin de prendre langue avec ce secteur, car je ne le connaissais pas du tout (merci à valverco, Agarock et Delphine, et vermatoiz pour leurs excellentes photos qui m’ont bien aidé).

Rapidement, il est apparu qu’effectivement la chose serait ardue.
Évidemment, aucun sentier n’était répertorié sur la carte.
Bon !
Mais ça, il fallait s’y attendre sinon Goupil n’aurait pas lancé l’idée…

Le versant est du Grain de Chalvet est infaisable à mon idée : bien trop raide et plein de végétations infernales à franchir.
Au sud et au nord, deux combes existent : la combe Noire et la combe Chave respectivement. Mais leurs pentes sont rocheuses en grande partie, et trop raides dans l’ensemble là encore. Tout cela sans compter le fait qu’en partie basse de tous ces accès potentiels il y a des forêts, et que remonter dans ces forêts sans aucun sentier peut s’avérer parfois bien compliqué.
Même l’idée de passer par la cabane de combe Jargeatte, pour rejoindre horizontalement la combe Noire s’est soldée par un refus : une barre rocheuse !
Diable !

Quelques soirées d’étude de ces lieux n’ont rien apporté comme solution. En tout cas, rien qui soit évident.

Alors il a fallu comprendre le terrain, dans le détail de ses pentes, pour en choisir celles qui seraient les « moins pires », et puis aller « en exploration » sur celle qui seraient la meilleure hypothèse.
J’ai fini par choisir d’aborder le problème par le bas de la combe Chave (celle du nord) qu’il est facile de rejoindre en utilisant des sentiers jusqu’à 1540 m, puis de remonter hors trace une sorte d’éperon forestier afin d’atteindre autour de 1900 m le début de la combe de Pertunier, combe qui devait alors mener facilement au sommet.

Les pentes en forêt ne semblaient pas rédhibitoires : rien qui ne dépasse les 90-95 %, sauf un tout petit bout en haut de l’éperon forestier. Avec un peu de chance, cela pourrait peut-être le faire… Cela signifiait par contre d’ajouter le piolet sur le sac.

Goupil avait glissé, presque négligemment, un point de départ : le hameau du Guillard.
Je ne le savais pas encore, mais cette information n’était pas donnée au hasard : Goupil-le-rusé - n’est-ce-pas ? - ne disait pas tout…
De toute façon, c’est de là que je prévoyais de commencer. Donc tout allait bien.

Quand même, il fallait mettre les bonnes conditions de son côté, à savoir les conditions météo.
Un créneau de trois jours de beau temps se présentait pour les 04, 05 et 06 octobre. Mes occupations ne me laissaient que le 06 de libre. Banco pour ce jeudi 06, en espérant que cette prévision respecte ses promesses…

Mardi et mercredi furent des journées de rêve pour les montagnards : grand beau, aucun nuage, pas de vent, température idéale… Je rongeais mon frein, au fond de la vallée, espérant ne pas être en train de rater le coche, car je percevais bien que cette sortie était osée, et qu’il était hors de question de partir avec un temps incertain.

Jeudi fut – heureusement – du même calibre que les deux journées précédentes. Et c’est le cœur tranquille (du point de vue météo) que le départ du Guillard se fit. Début octobre, rien ne sert de se lever tôt matin : le jour ne commence que vers 7h 30 ; et puis il fait parfois un peu frisquet, et il y a la rosée sur les herbes. Bref, départ du Guillard à 8h.

Dès le début, la hêtraie se montra superbe. Il est remarquable de constater combien les sous-bois sont dégagés de toute « buissaille », et de voir qu’un lit de feuilles, sèches et marrons, couvre le sol uniformément. Une fois encore c’était un régal.

Passage à la combe de Balme.
Traversée du ruisseau de combe Chave.
Virage au Clot de l’Homme.
Tous ces lieux-dits défilent, calmement, l’un après l’autre.
Le cœur ne bat pas encore trop, car ce n’est que le début. Mais la suite…

Voici l’épingle à cheveux où il faut partir hors trace. Par une traversée horizontale, dans les bois, il s’agit de rejoindre le fond de la combe Chave, dans sa portion plane, cette portion qui donnera ensuite accès à l’éperon forestier.
C’est parti !
Les branches basses coupent le cheminement. Il faut jongler, et escamoter. Mais le passage n’est pas long : sur la carte, cela ne mesurait même pas 400 mètres…

Effectivement, au bout de quelques minutes, entre les feuilles, la partie plane de la combe Chave se montre. Parfait. Elle est atteinte rapidement par sa rive gauche.
Ici, le sol est un pierrier à grosse maille, recouvert de buissons divers, bas sur pattes. Il est évident que nous sommes dans une zone que les avalanches de printemps ratissent régulièrement et dont la végétation repart de zéro à chaque fois ou presque…
Si la combe est plane, ses bords par contre sont relevés très haut : une vraie gouttière, profonde. D’autant que, au bout du replat, se dresse un ressaut rocheux immense, tel un mur, dans lequel coule en de multiples cascades le ruisseau Chave. L’ambiance est sévère.

L’hypothèse choisie pour le cheminement consiste à quitter le replat de la combe par la rive droite. C’est cette rive qui permettra de rejoindre l’éperon forestier. Une vague trace de bêtes, dans le pierrier fin de cette rive, créé l’illusion d’une solution. Mais sitôt la fin du pierrier et l’entrée sous le couvert de la forêt, cette trace disparaît.
Commence ainsi la première lutte « sanglier ».
La pente est raide, mais en biaisant cela réduit l’effort. Le souffle est court, déjà.

Gagnant quelque dénivelée, le sous-bois s’éclaircit et, de feuillus dont il était constitué au départ, il devient de résineux maintenant. La circulation entre les arbres s’améliore.
Le plan théorique prévoyait de monter en faisant des lacets dans cet éperon, d’un bord vers l’autre, comme un voilier tirant des bords face au vent. Et en pratique, cela avait l’air de se mettre en place sans problème. J’étais content.

Sauf qu’une falaise imprévue, invisible sur les images Géoportail parce que cachées sous le feuillage des hêtres, est venu bloquer la progression. Tiens ! Voilà une première embrouille.
Sur la gauche, la falaise descend : partir de ce côté ferait perdre beaucoup d’altitude ; il ne faut pas y aller. Choisissant le côté droit, je me demande combien de temps va durer ce problème, cet obstacle, et s’il y aura une solution ou non. La journée pourrait se finir bien vite !

Et ce fut le miracle !
Dans un recoin de la falaise, formant ici un dièdre de cinq mètres de haut seulement, se distingue un « trait spécial », d’abord vertical, puis qui devient horizontal… ??
C’est une rampe métallique !
Ce sont les Anciens qui ont installé là cet équipement.
Un montagnard du Cornillon m’avait expliqué que de tels matériels existaient dans ce massif.

Approchant du dièdre, le détail de la construction devient visible. Il s’agit d’une barre de fer de trois centimètres de diamètre, fixée dans la roche en trois points, barre qui a visiblement été tordue par une chute d’objet, rocher ou arbre (?), mais qui n’a pas rompu Tirant sur le bas de la rampe, sa solidité s’avère mieux que correcte : elle est parfaite !
Je n’en reviens pas.
Une mousse épaisse garnit toute la surface du rocher, ou presque, car ce passage est en orientation nord, et l’humidité doit y rester longtemps. Il était donc bien utile de laisser passer les deux jours de beau temps, pour que tout sèche après les pluies, et avant de venir ici… !

L’existence de telles rampes métalliques m’avait été racontée, mais je n’en avais jamais vu. Il était difficile de comprendre comment elles pouvaient tenir. Le montagnard en question m’avait expliqué que les Anciens perçaient un trou au burin dans le rocher, qu’ils enfilaient la barre de fer dans le trou ainsi foré, puis qu’ils coulaient du plomb fondu dans l’interstice afin que le tout se bloque lors du refroidissement du plomb. Simple, non ??
Et là j’en vois une pour de vrai !
Je suis aux anges, d’autant que cela fournit LA solution pour franchir l’obstacle de la falaise, et même plutôt facilement car il y a suffisamment de petites prises de pied pour pouvoir monter.
Hop !

Au-dessus de la barre rocheuse, il y a un chemin, donc, et il est facile. Ce sentier est plutôt bien marqué au sol, même si les feuilles le cachent parfois. Des peintures bleues, rondes, existent, mais sont peu nombreuses : il faut rester vigilant et ne pas perdre ce fil d’Ariane.

Vers 1750 m, le sentier débouche sur le bord gauche de l’éperon forestier. Une vue permet ainsi de voir le versant est, celui qui se trouve sous la combe Pertunier. Ce versant est vraiment raide et il a été sage de ne pas vouloir aller là-dedans : des dalles d’un rocher assez fracturé sont partiellement couvertes par une végétation dense et basse. Cela n’inspire aucune envie d’aller se fourvoyer dans ce dédale.
La gorge de la combe du Guillard tombe, là, de façon abrupte et rebutante. Après un petit moment d’observation réciproque, je fuis…

La suite des points bleus se trouve en faisant une traversée horizontale de vingt mètres vers la droite.
La raideur a augmenté sensiblement. La forêt de hêtres est toujours présente, mais d’autres feuillus se sont ajoutés entre les gros troncs et cela ne rend pas la progression plus simple. Il faut parfois se tirer aux branches.
Je perds la trace… mais continue quand même, droit vers le haut. Cet éperon forestier a la forme d’une poire posée debout, queue vers le haut. Plus on monte, plus il se rétrécit. Il n’y a donc pas de risque sur l’itinéraire : tout converge. Et si ce sentier existe encore quelque part, je finirai par lui retomber dessus.
Et effectivement, c’est le cas.

Vers 1820 mètres d’altitude, il y a un vague replat : c’est la fin de l’éperon forestier.
Cet éperon vient buter contre la bordure inférieure de la combe de Pertunier. Finie la forêt de hêtres. Ici, ce sont des rhododendrons, plus quelques aulnes et quelques pins. La trace est toujours bien visible, même si largement cachée par cette végétation basse et dense qui déborde de partout. C’est devenu très raide et sans ce sentier, monter ici aurait été impossible.
La vue s’élargit et permet de réaliser combien la situation est périlleuse.
Partout, à droite et à gauche, la pente est pire que là où est fait le chemin. Ce chemin lui-même se faufile comme par miracle dans ces lieux où aucune alternative n’existe. On monte, mais à un mètre près, sur les côtés, ce serait le blocage immédiat, voire la glissade.
L’effort physique soutenu réduit en partie les possibilités du cerveau, et l’analyse des risques. Mais le souci de la redescente commence à s’insinuer quand même…

Vers 1900 m, la trace oblique vers la gauche et, chose qui rassure le bonhomme, la pente diminue.
Débouchant d’une section très raide, parvenant sur une section moins inclinée, ce passage a la forme d’un arrondi, d’une bosse, qui masque ce qu’est la suite. Je ne vois que les quelques mètres devant moi. La pente diminue, oui, mais rien n’indique comment cela va se prolonger. J’ai un peu peur…
Tout à coup, un cairn !
Houpi !
Il est temps de boire un coup, de faire une pause, et de reprendre les esprits car la partie difficile est normalement derrière, franchie.

Tiens, devant il n’y a plus de trace !
Le sentier s’est arrêté…
Mais qu’y a-t-il ensuite ??
Au sol ce ne sont plus que rhododendrons, genévriers nains, myrtilliers peut-être. Il n’y a plus que cette mer de verdure, dodue, souple mais sans repère évident…

La suite de la progression va donc devoir se faire à l’intuition puisqu’il n’y a plus de trace, et en prenant des repères sur le terrain. Il faudra aussi éviter de se perdre dans cet océan végétal. Il est donc grand temps de les prendre, ces repères.
Or c’est là le problème : tout est identique ici, tout est pareil, quels que soient les dix mètres que l’on parcoure… !
Il n’y a rien de caractéristique.
Je n’ose pas avancer trop vite, de peur de perdre ce fil d’Ariane, derrière moi, celui qui m’a conduit jusqu’en ces lieux…
Me retournant plusieurs fois, j’imprimer en mémoire les quelques pas que je viens de faire, pour que lors de la descente, je sache reconnaître les endroits où marcher, et sache revenir au point où commence le sentier, ce « point de délivrance » pour la descente.

Dix mètres plus haut, et à vingt mètres en distance du premier cairn, ce sont deux autres cairns, assez gros, qui donnent enfin un repère plus solide ! Ouf !
Ici, de plus, la vue s’élargit. Elle permettra de distinguer ces cairns d’un peu loin pendant la descente, ce qui garantit un peu mieux de trouver la fameuse échappatoire. Les choses s’améliorent légèrement.
Quittant les deux cairns, montant d’abord droit dans la pente, puis à l’horizontale vers la gauche et vers le haut de la combe de Pertunier, je n’arrive pas à être serein car j’ai quand même l’impression d’un piège qui se referme derrière moi.

Oui, ces lieux sont vraiment magnifiques. Mais ils ont la beauté du Diable, cette beauté qui ensorcelle. J’avance, comme attiré par les chants des sirènes d’Ulysse, mais malheur à moi si je ne savais pas, tout à l’heure, retrouver le sentier…

Oui, les lieux dans lesquels je rentre sont d’une beauté inouïe…
Ici les couleurs de l’automne sont à profusion : des verts, parfois clairs, parfois soutenus, d’autres foncés ; du jaune, un peu ; beaucoup de rouille ; des gris clairs, ceux des pierres ; et le bleu du ciel…
L’espace…
Et puis il y a cette impression de me trouver dans une solitude si complète, si rare, si impressionnante…
Je suis en train de rêver !
C’est pourquoi j’avance encore.
Mais l’esprit est trituré, tenaillé, entre cette avance vers un inconnu qui tente et que l’on souhaite découvrir, ou un retour immédiat, vers le bas, qui serait aussi une précaution…

J’avance…
C’est trop beau.
Je ne peux pas rater ça.

Ce terrain est mixte : plantes grasses rases et pierriers.
La végétation basse est souple. Marcher dessus oblige à lever les chaussures un peu plus que d’habitude : c’est fatiguant. Grimper dans les pierriers et ce sont les cailloux qui roulent sous les semelles, comme toujours : c’est même exténuant. Le bon compromis se trouve en lisière des pierriers, là où les cailloutis sont moins nombreux et où les rhododendrons n’ont pas encore poussé. Dans cet intervalle de moins d’un mètre se trouve la bonne place où poser les pieds.
Montant droit vers le haut je vise à rejoindre rapidement les zones d’herbe où la marche sera plus confortable.

Ce paysage est sensationnel. Je n’arrête pas de faire des photos, qui sont presque toutes les mêmes. La vue sur le refuge du Taillefer s’ouvre, avec la splendide cascade de l’Echaillon. Les hameaux d’Ornon sont minuscules, là tout au fond. Les Grandes Rousses sont déjà poudrées de blanc. Le Prégentil, tout proche, fait l’avant-scène de l’Oisans…
Je monte, dans la douce température du jour, couvert d’enchantement. Les angoisses dues au retour ne s’enlèvent pas encore tout à fait, malgré la beauté qui s’offre ainsi, venant de toutes les directions.

Vers 2150 mètres, je domine légèrement un replat de la combe.
Au centre, deux gros blocs rocheux. Ce sont les plus gros du secteur. Avec les jumelles, on peut distinguer que des cailloux plus petits ont été entassés, formant un demi-cercle appuyé contre les blocs. Ce demi-cercle est comme un mur, qui se serait écroulé, ménageant un abri. Et, entre les deux gros blocs, une dalle de rocher est dressée verticalement : on dirait qu’elle veut stopper les courants d’air s’infiltrant entre les blocs…
On ne peut pas en douter : les Anciens sont venus là, et y ont installé leur repos.
C’est émouvant…
Mais étaient-ce des bergers ? Car le chemin pour faire monter les bêtes semble impraticable pour elles.

Plus haut encore, la végétation basse a disparu. Il s’agit d’herbe maintenant, jaunie par l’automne et les premiers froids. Du coup la marche en est bien facilitée, et c’est un vrai bonheur que d’aller ainsi, aisément, avec décontraction, sur des croupes aimables, dans une progression qui valse pour éviter les pierres et poser les chaussures sur les meilleures touffes…
Le moral remonte, et l’envie de vraiment profiter à plein de ces instants si doux, si purs, efface mes angoisses de tout à l’heure. Je sens bien que je me libère de cette crainte pour le retour et, qu’enfin, le bonheur arrive, en force. Le sourire est là. Les yeux brillent…

Un dernier raidillon à enlever, sans peine, et c’est l’arrivée au col, cent mètres à l’ouest du Grain de Chalvet.
Enfin. Enfin… !

Ce qui marque, quand on arrive ici, c’est la découverte des montagnes environnantes. Elles étaient cachées, encore quelques distances en-dessous, mais maintenant elles s’offrent complètement à voir. Une neige récente blanchit leurs pentes, et le noir des faces nord met en évidence leurs reliefs.
Tout en admirant ces beautés, le cœur se calme, de ne plus avoir à marcher déjà, mais aussi de la sérénité qu’inspire le décor.
Il n’y a plus besoin de parler.
Et même si je suis seul, je pourrais par contre avoir envie de rire…

Sur l’autre versant du col, profonde, colorée de couleur rouille, mouillée d’un ruisseau qui saute en multiples cascades, c’est la combe Noire. Je l’admire, avec respect, parce qu’elle est sincèrement impressionnante. A un moment j’avais imaginé de la remonter, pour venir ici. Maintenant que je la vois, je suis bien content de ne pas m’être engagé dans cette épreuve. Elle aurait sûrement été trop pénible.
Mais à regarder, cette combe Noire est un vrai régal.

Une petite marche amène au sommet du Grain de Chalvet.
La barre rocheuse est un amusement tellement elle se présente bien : des marches là où il faut, des prises de mains. Un jeu !
Quelques mètres sur le fil d’une arête, et me voici au point culminant.
J’ai une longue pensée amicale vers Goupil, lui qui m’a suggéré de venir ici, au Grain de Chalvet, alors que je n’en connaissais même pas le nom, et qui par cela m’a fait un cadeau d’une si grande valeur !
Et comme il me l’a écrit, le lendemain : « Avec le Cornillon par la combe Forane et le Grain de Chalvet par la combe Pertunier, l’été aura été bien rempli » !
Je suis pleinement d’accord, Goupil !

Au fond du cirque de ces combes qui se joignent, la Noire et la Pertunier, il y a l’arête supérieure du massif du Taillefer : les sommets de Cote Belle et de la Pyramide sont là, tous deux. Une pointe intermédiaire s’insinue entre leurs deux sommets et, tous trois frôlent ou dépassent les 2800 mètres. La première neige de l’automne, tombée récemment, leur confère l’allure montagnarde.
Au pied de cette arête, dans un creux derrière une bosse, se niche le lac Rouge. Ce lac est spécial. J’avais envie de monter le voir. Mais la fatigue, et le rythme horaire à tenir pour respecter la sécurité, me font renoncer à cette envie.

Reste qu’il faut redescendre dans la vallée maintenant.
Le moral est bon, et les repères sont bien en tête.
Ce qui compte, d’abord, c’est de ne pas se faire mal : protection des chevilles et des genoux. Cela signifie faire des pas calmes, sans précipitation, en regardant bien où l’on pose les chaussures.
Il faut aussi profiter des panoramas : je ne reviendrai probablement jamais ici, comme c’est d’ailleurs le cas de la plupart de mes autres randonnées.

Longer la bordure des pierriers.
Marcher sur la mer végétale.
Chercher les deux cairns, à la jumelle.
Retrouver ensuite le premier cairn, un peu plus bas. Attention la pente commence à se raidir !
Trouver enfin le début de la trace fine, celle qui deviendra ensuite sentier, petit ; et plus bas encore un chemin large.
Voilà, tout se déroule suivant le bon schéma, sans anicroche, donc sans angoisse.

Dans le haut de l’éperon forestier, un passage est tendu, en style « Tarzan » pendu à des branches, suite à une erreur d’appréciation. Mais ça passe…
La rampe métallique est un jeu d’enfant.
Sous la falaise, je cherche d’où arrive - par le bas - le cheminement aux ronds bleus car, puisqu’il arrive là, c’est qu’il vient de quelque part du bas. Et effectivement, dans la hêtraie, le cheminement existe bien. Il faut parfois ruser pour voir les points bleus, mais ils sont bien là, moyennant là aussi un peu d’intuition. Mais comme la forêt est dégagée de toute broussaille, la descente se fait très bien.
C’est le meilleur itinéraire, en fait. Il ne fallait pas aller chercher ailleurs.

Je rejoins la piste charretière à hauteur du Clot de Balme, et ainsi la boucle est bouclée. Ce fut une sacrée bambée !

Une fois encore : merci Goupil !
Et si tu as d’autres idées dans le même genre…

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 6 octobre 2022

Dernière modification : 20 octobre 2022

Auteur :

Avis et commentaires

Bonjour cyril,
Merci beaucoup pour cette information. La carte IGN actuelle ne donne rien dans le coin que tu indiques, ni d’ailleurs la carte IGN 1950. Ce sentier doit donc être bien ancien ou abandonné par les chasseurs... ??
Un ami, Goupil, "Randonneur de Recherche" lui aussi, m’avait indiqué avoir remonté ce sentier-là. Mais il n’en était arrivé que vers 1350-1400 m d’altitude, ce qui reste encore loin des 1850 m auxquel il faut parvenir pour toucher la prairie supérieure.
En tout cas merci de ta confirmation car je vais aller voir sur place, et tâcher de trouver ce qu’il en reste de ce sentier. Je prendrai le sécateur et la scie, en plus des litres d’eau !

Pour le coup, il a un second chemin qui arrive sur le replat herbeux en bas de la grande combe herbeuse. Il part sur la gauche du torrent du guillard (alors que vore itinéraire part sur sa droite). Il est assez difficile à trouver à la montée, et vraiment ultra difficile à trouver à la descente, mais est relativement moins accidenté.

Yann,
Oui le sentier qui part de la station du col d’Ornon existe bien. Je l’ai pris début septembre 2022 et il est tout bon. Un peu raide parfois, mais très large et sans hésitation. Il sort ensuite dans les alpages de Jargeatte où il faut alors quitter les traces, à partir de 2000 m environ, mais cela ne doit pas être compliqué, comme le dit valverco.

Salut à tous, Yann, si tu arrives sur la crête au Col de Combe Noire, tu peux partir au sud vers Côte Belle les Mayes et Clot Beaumont en suivant le tracé.
altituderando.com/?page=ra...

Sacré dénivelé quand même ...
Possible peut-être de rejoindre la Combe des Mayes et la cabane de Combe Jargeatte par la Côte Belle. Est-ce que le sentier marqué sur IGN au départ de la station du col d’Ornon existe encore ?

En tout cas je ne connais pas ce secteur, un peu loin de ce que je peux faire à la journée depuis la maison. Dommage. Je monterais bien à la Pyramide par Clot Beaumont et les Mayes. Si quelqu’un est intéressé...

Bonjour Yann,
Je viens d’ajouter une photo qui montre mieux l’accès à ce col par le versant de la combe Noire / Pertunier. Avec celle-là, ta question doit être répondue.. !

Ha quand je ne suis pas connecté l’icône n’apparait pas. C’est moi qui a posté le message précédent. Désolé !

Yann

Bonjour
C’est beau l’automne quand les plombs ne volent pas.
Les aménagements ont l’air ancien, ça a du être fréquenté pour la chasse probablement.
Sur les photos 49 et 56 qui montrent le haut de la combe noire et le col entre cote belle et le Pyramide on a l’impression d’une sente qui continue. Juste une impression ou ? Sur photo le col à l’air accessible aussi, enfin sur la photo.

Ok d"accord, François, ravie de te rendre service, avec plaisir !

@CourtePatte,
.
Et non, je n’ai pas vu de tétras.
Mais je ne suis pas fort en "Oiseaux"...

Bonsoir à toutes deux,
@CourtePattes : les émotions sont les mêmes pour chacun, quelle que soit la difficulté du parcours que l’on fait. Ce que je cherche, prudemment, c’est à aller flirter un peu avec la limite de mon possibilités actuelles. Ensuite, il faut essayer de les écrire... ce qui n’est pas le moins agréable !
Quant à savoir s’il vaut mieux ne pas avoir à revenir sur ses pas, cela dépend : quand on ne connait pas la sortie, ce n’est pas forcement mieux.
Ce que je vise, c’est la maîtrise des risques engagés.
Et puis surtout, et d’abord, je vise le plaisir à être en montagne ! Evidemment.
@vermatoiz,
Oui les vues du versant d’en face sont toujours très intéressantes, tu as raison. J’ai tâché d’en mettre autant que possible, sans trop charger non plus l’album.
Quant à ton coup de main pour les photos, si, si, c’est bien toi. Je viens de vérifier, et cela concerne cette sortie au col d’Ornon :
altituderando.com/?page=ra...
Tes photos n’ont peut-être pas directement servi pour le Grain de Chalvet, mais elles ont servi pour d’autres repérages que je fais dans le même coin. Les images avec la neige aident à voir certains reliefs que l’on distingue moins bien dans les vues d’été. Je n’ai encore rien écrit dans le coin de tes photos. Mais si le climat en fournit l’occasion, j’aurai de quoi te raconter encore un peu.

Merci à toutes les deux pour vos commentaires qui créent du lien entre nous tous, sur AR.

Superbes photos qui permettent des vues sur des versants qu’on fréquente mais qu’on ne voit jamais sous ces angles (je pense à la bergerie du Carrelet ou au Grand Galbert), c’est génial !
Et très belle narration aussi, passionnante....
Par contre tant mieux si une de mes photos t’a aidé, avec plaisir, mais je ne vois pas bien laquelle....tu es sûr que tu ne confonds pas....? lol !

Le making-of !

Merci pour ce partage : j’y retrouve, mais sur une toute autre échelle ! les émotions de mes "itinéraires de sanglier" occasionnels. A cette énorme différence que dans mon cas j’ai toujours eu l’espoir, sinon la perspective, de "ne pas avoir à refaire ça dans l’autre sens". Et là, respect. On sent bien que le souci du retour est toujours présent à l’esprit de l’explorateur, et pour cause 🙂
PS. Tu n’as pas croisé de tétras ?

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