Sortie du 19 novembre 2021 par CourtePatte Les Parias (2512m) - La Pousterle (2508m) - Le Pénas (2363m) en traversée
Sur les crêtes, entre l'été et l'hiver... Profitons-en pendant qu'on peut encore un peu "mettre les mains" !
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Grand beau
Récit de la sortie
L’hiver sera là bien assez tôt. Envie de lumière et d’espace comme on trouve dans le pays de Serre-Ponçon : c’est l’occasion d’aller essayer ce topo.
Avec quelques variantes. D’abord, départ et retour à Chorges, ce qui modifie quelque peu la longueur et le dénivelé de la sortie. Mais surtout, je vais le faire à l’envers ce parcours ; et la raison pour laquelle je vais le faire à l’envers c’est que j’ai bien l’intention de démarrer par l’ascension de la face SE de la Pousterle. Je l’ai remarquée l’an dernier au col de la Gardette en redescendant des Aiguilles de Chabrières, de loin elle m’avait parue abordable...après ça j’ai compris qu’elle n’avait pas si bonne réputation...et maintenant ça me démange.
Ça fait que la balade démarre avec deux inconnues : 1) suis-je seulement capable de monter à cette Pousterle ? et 2) l’état des versants nord, dont je n’ai pas encore pu juger, pourrait-il m’interdire cet itinéraire ?
La Pousterle, je ne tarde pas à comprendre pourquoi je n’en ai trouvé de topo nulle part. Les pentes herbeuses, passe. Raides, mais praticables ; j’ai vu pire. Là où ça se gâte c’est, tiens donc, dans les portions rocheuses sous le sommet. Je comptais sur de l’honnête calcaire, et au lieu de ça le relief est libéralement doté en affreux calcschiste feuilleté et coupant, le matériau à faire des pentes roulantes et des prises qui vous restent dans la main...Bref. Je monte ça comme je peux, en faisant des vœux ardents pour ne pas avoir à redescendre par là. Je voulais mettre les mains, j’en ai pour mon argent, mais ça passe, et me voilà au sommet.
(Incidemment j’ai vu le tracé et la description qu’avait donnés Peyuko de sa descente. Je ne suis pas sûre d’avoir emprunté tout à fait le même itinéraire mais en tous cas je suis montée dans le même secteur)
Sommet que je ne recommande pas à ceux qui espéreraient avant tout des vues époustouflantes sur le lac de Serre-Ponçon : pour ça, voir les Aiguilles de Chabrières. En revanche, la Pousterle offre une jolie vue sur...ben les Aiguilles de Chabrières justement, et leur silhouette singulière, sur le fond des sommets enneigés du massif du Parpaillon. Et on voit tout de même un bon morceau du lac. D’accord, les mélèzes sont désormais trop cuits, les alpages délavés ; mais cette vallée de Serre-Ponçon reste toujours aussi séduisante.
Maintenant voyons ces versants nord. Ils sont marbrés de neige gelée. Mais le gros de l’itinéraire a l’air bien dégagé, et drôlement tentant ; il faudra juste éviter de compter sur des contournements d’obstacle par le nord. En route !
Je suis tout au plaisir du cheminement sur les crêtes parmi les vues. Mais tiens ? Voilà qu’il faut descendre un mur. Je me penche. Un mur ? Non, c’est un abîme ! J’aperçois un piton et un bout de sangle...Ah. C’est l’obstacle décrit par le topo. L’idée du contournement en versant nord ne me tente pas, mais j’avoue ne l’avoir même pas cherché : à bien y regarder il me semble que la descente est faisable. Il y faudra un peu d’adrénaline, et le sac à dos devra descendre séparément, mais c’est justement pour ce genre de situation que j’ai une cordelette de 10 mètres dans le fond de sac.
Si cela intéresse qui que ce soit, je suis descendue d’abord par le côté le plus au sud, puis j’ai fait une sorte de traversée sous le piton pour finir la descente de l’autre côté de ce dernier. Et à l’arrivée je ne suis pas mécontente de moi : je n’y connais rien en escalade mais aux dernières nouvelles je chausse du "III", le petit "IV" annoncé par le topo m’avait un peu inquiétée.
Poursuivons. Sur la pente des Parias, le matériau rocheux est légèrement différent. Il y a là de nombreuses plaques de roche sédimentaire striées d’empreintes fossiles, les fameux et mystérieux helminthoïdes (on ne sait pas exactement quels organismes ont produit ces empreintes). Me voilà donc marchant au fond des mers du Crétacé. Et ça ? Oh, ça c’est différent : voici la plus belle cristallisation de calcite que j’aie vue à ce jour (photo)
La redescente des Parias est un peu pénible. C’est raide, il faut éviter les plaques de neige glacée, mais surtout, la terre récemment dégelée me colle aux semelles ; je sais qu’il faudra encore négocier un petit mur "qui demande un minimum d’agilité" et j’aimerais autant ne pas l’aborder avec des chaussures savonneuses. Pour autant, je savoure les dernières vues sur le Chaillol déjà bien plâtré, et la portion de sommets des Ecrins que veut bien m’accorder la Grande Autane.
Au petit mur, surprise : il y a maintenant une corde fixe. Dont finalement je n’aurai pas l’usage, mais au moins ça fait support psychologique. Quant au dernier mur, il faut croire qu’à la descente son contournement s’impose comme une évidence, puisque je ne l’ai tout simplement pas vu.
Au col de Chorges, j’ai un petit pincement au cœur : j’aurais bien poussé jusqu’au Piolit moi...Mais mon service d’ordre intérieur s’insurge, en faisant valoir qu’il va faire nuit dans une heure et que ça serait bien d’avoir mis un bon bout de la descente derrière moi. Et il a raison mon service d’ordre intérieur. Je ne comprenais pas pourquoi le topo insistait sur la difficulté à repérer la sente de descente du col de Chorges, mais c’est vrai que même dans les alpages desséchés elle est parfois élusive ; de nuit ça n’aurait pas été simple.
Dans le bref flamboiement du crépuscule, j’aurai juste le temps de parvenir à des sentiers plus dessinés avant que la montagne ne s’éteigne comme une lampe. Il me restera à descendre à Chorges sous la nuit et la lune, très satisfaite de cette balade.
Photos
Auteur : CourtePatte
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