Sortie du 28 août 2021 par mzagerp Levanna Occidentale (3593m) par le refuge du Carro
Un beau sommet offrant un panorama remarquable sur la Haute Maurienne et les sommets italiens voisins.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Une méteo au beau fixe, avec un grand soleil. En revanche, pas mal de nuages côté italien.
Terrain sec (sauf certaines pierres recouvertes de glace suite à la fonte de névés persistants).
"Glacier" de derrière les lacs quasiment disparu ; tout au plus quelques névés glacés sous l’arête Sud-Ouest de la Levanna ; un reliquat de glacier avec deux grosses crevasses sous l’Aiguille percée.
Récit de la sortie
En cette toute fin d’été, j’avais grandement envie d’aller faire un tour en Haute Maurienne et de m’attaquer à la Levanna Occidentale, afin de découvrir des vallons qui m’étaient pour l’heure presque inconnus.
C’est un sommet qui se mérite, assurément. Jamais vraiment dangereux (sauf si vous n’êtes pas attentifs dans un terrain assez exigeant), mais pas forcément hyper simple compte tenu d’un dénivelé assez important si vous faites la randonnée à la journée (un peu plus de 1600 m de D+) et de la recherche d’itinéraire. À ce titre, le maître mot est certainement que "ça passe partout", mais que l’échelle de l’emm**dement peut aller du simple au triple en fonction du chemin que vous prendrez.
À défaut d’avoir une trace GPX à vous proposer (puisque j’ai récemment perdu ma Ambit 3 Peak), voici quelques éléments qui permettront peut-être à certains de ne pas refaire les mêmes erreurs que moi et mon compagnon du jour, rencontré errant dans les éboulis de la Levanna.
La première partie de la randonnée ne présente aucune difficulté. La montée au refuge du Carro depuis le parking de l’Ecot est progressive et très agréable. Si les panneaux indiquent 2h50 (nouveau panneau) puis 3h15 (ancien panneau quelques mètres plus loin) depuis le parking de l’Ecot, j’ai mis environ 2h10 pour m’y rendre sans forcer.
Une fois au refuge, les cairns sont très nombreux vers l’est pour vous rendre au Col des Pariotes. Je ne peux que vous conseiller de longer le lac Blanc au plus près et de remonter ensuite le long de la barre rocheuse qui est indiquée sur Iphigénie. Les cairns sont ici nombreux et évidents. Cela passe un peu partout mais si vous passez plus au Sud sur les petits dômes rocheux moutonnés (également cairnés), vous allez faire plus de dénivelé pour pas grand chose (ce que j’ai fait).
Une fois au Col des Pariotes, c’est là que ça se complique. Avec le soleil qui se lève progressivement, luminosité dans les yeux, il n’est pas très aisé de trouver les quelques cairns qui se baladent dans la moraine et qui sont censés indiquer le chemin vers la Levanna occidentale.
La plupart des topos mentionnent le fait qu’il faut globalement suivre le tracé de ski de randonnée indiqué sur Iphigénie en longeant l’arête Sud-Ouest de la Levanna en contrebas, puis d’obliquer juste avant le glacier (ou ce qu’il en reste), en attaquant alors la pente. C’est ce que j’ai fait mais vous vous retrouvez très vite à devoir traverser des névés glacés qui, en fondant le jour et en gelant la nuit, vont tapisser de glace certains blocs environnants. Surtout, aucun cairn à cet endroit. Cela passe en grosses et crampons (un groupe de randonneurs croisé en fin de journée est d’ailleurs passé par là), mais mon compagnon du jour n’ayant pas de crampons, nous avons préféré trouver une voie plus facile.
Après près de 45 minutes à tenter de trouver un chemin, au prix de grimpettes plus ou moins acrobatiques, nous avons finalement trouvé quelques cairns plus au Sud, dans la face. Les chemins "évidents" de montée se trouvent en réalité plus tôt que la trace de ski de randonnée. Il ne faut donc pas hésiter à "obliquer" avant cette dernière, dès que vous avez passé les barres rocheuses évidentes sous l’arête.
Jusqu’au sommet, il n’y a ensuite pas de réelles difficultés, si ce n’est que les blocs sont parfois instables et que la prudence est donc de rigueur. Mais vous avez toujours des cairns en vue (qui mènent certes dans des directions complètement différentes mais qui finissent peu ou prou par vous emmener sur l’épaule Ouest de la Levanna). La montée finale (en contrebas, face Sud) est assez raide mais pas exposée.
Au sommet, la vue est exceptionnelle, notamment sur le massif du Grand Paradis et sur la Haute Maurienne. Un sentiment de solitude dans cette zone très sauvage, vierge de toute construction. Malheureusement, c’est aussi une énième occasion d’apprécier la décrépitude totale des glaciers de la zone à la fin de l’été.
Pour la redescente, deux choix s’offrent à vous. Soit vous reprenez le même chemin, soit vous passez par l’arête Sud-Ouest. Nous avons choisi, pour varier les plaisirs, de descendre par cette dernière. Difficile d’évaluer la longueur de l’arête, mais sachez que nous n’avons vu que 4 cairns en tout et pour tout. Rien de difficile toutefois puisqu’il suffit de suivre le fil de l’arête et de parfois mettre les mains afin de descendre ou de contourner certains blocs/petits ressauts.
Le problème est qu’arrivés aux 3/4 de l’arête, plus aucun cairn en vue. On a beau avancer et scruter l’horizon : rien. J’avais lu sur un autre topo qu’à la montée, il ne fallait pas attaquer l’arête Sud-Ouest à son commencement depuis le Col des pariotes mais contourner légèrement le premier petit éperon rocheux par l’Ouest, puis rejoindre le fil de l’arête droit dans la pente d’éboulis après ce dernier. Du coup, je n’ai pas eu envie de naviguer à vue jusqu’au bout de l’arête et de me retrouver à devoir descendre des passages scabreux parce que je suis allé trop loin.
Nous décidons donc, avec mon compère du jour, de quitter le fil de l’arête quelques dizaines de mètres avant le point 3231 sur Iphigénie. On descend alors dans la pente, en visant le Col des Pariotes. S’en suit une descente en zig-zags dans des blocs qui ne demandent qu’à emmener vos chevilles au paradis. Pas forcément dangereux, mais clairement fastidieux, surtout après des heures de randonnée à chercher son chemin. Arrivés quasiment au niveau de la moraine, nous croisons enfin un cairn ! Ô Miracle ! Deux petites pierres les unes sur les autres (15 cm de haut, pas plus, n’espérez pas mieux) qui tracent un chemin à notre gauche, droit dans la pente vers le sommet de l’arête. Nous aurions donc bel et bien pu continuer à suivre l’arête vers le sud-ouest et descendre vers le col plus tard, plutôt que de faire les fous comme nous l’avons fait. Tant pis, cela passe quand même.
Pour faire simple, il est tout à fait possible de faire l’intégralité de l’arête. Simplement, si vous voulez éviter des passages potentiellement un peu plus exposés, il vaut mieux suivre la "trace" cairnée, quand vous êtes en mesure de la trouver. Nous avons constatés que le chemin cairné - qui, j’insiste encore, n’est franchement pas évident à voir depuis le Col des pariotes, a fortiori au petit matin - est situé approximativement au niveau du chiffre 3 du point 3231m mentionné sur Iphigénie. A gauche d’un gros rocher rougeâtre lorsque vous regardez l’arête. Evidemment, vous pouvez vous frayer un chemin ailleurs entre les barres rocheuses, comme nous l’avons fait, mais il faudra mettre les mains régulièrement et s’embêter un peu plus (même si tout ça est assez ludique).
Arrivés au Col des Pariotes, on souffle un peu. Nos chemins se séparent avec mon compère du jour qui lui va au refuge du Carro. Quelques victuailles dans le ventre, je m’attaque à la descente sur les sources de l’arc, dans l’optique de rejoindre le chemin qui suit les sources supérieures des sources de l’arc, ce qui implique de faire une longue traversée vers le Sud-Est comme l’indique le topo.
Seulement voilà, je mets mon cerveau en pause, Iphigénie dans la poche, et je suis bêtement les cairns. Sauf que les cairns, très nombreux sur la descente du col des Pariotes, mènent en réalité à deux cheminements différents (lesquels sont bien représentés sur le topo d’Alexandre sur l’Uja). Un qui mène effectivement plein Sud-Est pour retrouver le chemin balisé du fond du vallon, et un autre (qui n’apparait pas sur Iphigénie) sur le versant Sud de l’Ouille des Pariotes (lequel traverse notamment le Ruisseau du Grand Fond) pour retrouver le chemin des sources de l’arc beaucoup plus bas. Ce chemin est plus raide et réserve quelques surprises.
Arrivé vers 2600 mètres, plus aucun cairn n’apparaît mais une sente qui débouche sur un lit de ruisseau ayant donné lieu à un petit glissement de terrain. À cet endroit : plus aucune trace, plus aucun cairn. S’en suit alors une descente de 100 mètres de dénivelé dans le lit de ruisseau - glissant à souhait - puis sur des pentes herbeuses un peu pénibles. Quelques traces de pas me confirment que je ne suis pas le seul galérien à être passé ici. Tout en bas je retrouve le "chemin" et un groupe de quatre personnes qui me confirment que j’ai raté un tout petit cairn caché par la végétation un peu plus tôt qui permettait de descendre de manière plus conventionnelle. Pas très clair, tout ça.
Quoi qu’il en soit, une fois la jonction faite avec le chemin des sources de l’Arc, vers 2400 mètres, vous n’avez plus qu’à courir jusqu’au parking de l’Ecot.
En résumé, une sortie assez harassante compte tenu de l’effort (je me suis bien rajouté 100 mètres de dénivelé en cherchant le chemin à la montée, pour un total de 9h avec pauses) mais très fun et ludique. À conseiller aux randonneurs qui aiment rechercher les itinéraires et crapahuter sans trop s’exposer..
Photos
Auteur : mzagerp
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