Sortie du 12 juillet 2021 par gegers Aiguille de l’Épaisseur (3230m)

Cette aiguille aura été mon petit Everest du weekend. Je fais partie de cette catégorie de randonneurs qui, bien qu’assidus, n’ont pas le vertige des cimes et ne courent pas forcément après la haute altitude. Randonneur amateur de paysages débonnaires, je ne me suis que rarement aventuré au-dessus de la barre (psychologique autant que géologique) des 3000m d’altitude. Le Mont Buet, premier d’entre eux, puis la Pointe des Fours, la Pointe de l’Observatoire en Vanoise, l’exigeant Petit Vallon au fin fond du Vallon D’Etache. Quatre en douze ans, c’est fort peu. Du coup, ce weekend, je me suis réservé mon petit Everest.

Soyons honnête : L’ascension de l’Aiguille de l’Epaisseur est facile, d’autant plus pour qui comme moi la coupe avec une nuit au sympathique Refuge des Aiguilles d’Arves (accueil et dortoirs au top, nourriture passable). De ce dernier, la montée s’effectue sur moins de 1000m de dénivelé, avec certes quelques passages "gazeux" où le faux pas est interdit (à proximité de l’arête sommitale), mais dans un environnement globalement simple. La montée est rude, sans répit, mais la première moitié s’effectue dans des alpages multicolores tapissés de fleurs, une véritable dentelle. Et si, dans la deuxième partie très minérale entre gros blocs et terrain schisteux, les jambes tricotent et remontent la pelote sans que l’on ait l’impression d’avancer réellement, la vue sur la trinité des Aiguilles d’Arves et la fraîcheur d’un air pur regonflent le moral. D’autant plus que la disparition quasi-totale de la neige sur le parcours rend celui-ci plus commode. Si le souffle est court, ce n’est pas à cause du manque d’air, mais parce que la beauté des lieux nous le coupe.

Et puis il y a l’arrivée au sommet. A 2900 ou 3230m, la sensation est la même : grisante. Aujourd’hui, après une nuit marquée par un fort orage, quelques nuages moutonnent encore en dessous, mais les lointains sont dégagés. La vue panoramique est d’une grandeur qui nous rapetisse un peu plus. Autant de massifs et de sommets que l’on préfère admirer qu’énumérer, De la Barre des Ecrins au Grand Paradis, en passant par le Mont Blanc, la vue s’étend sur plus de 200km. Des montagnes partout autour. Le paradis ? Non, un autel dressé à la beauté de la nature, nul besoin de religion falsificatrice pour dénaturer la splendeur des lieux.

La descente est nécessairement éprouvante, puisqu’il faut avaler près de 1600m de dénivelé négatif. Mais la variété des paysages, ainsi que plusieurs pauses salutaires, permettent d’égayer l’exercice. L’arrivée au parking est accompagné de cette douce sensation de fatigue physique et cette impression d’être parti une semaine ! Aiguille de L’Epaisseur, Mont Blanc, Annapurna... Finalement, à chacun son Everest.