Traversée O-E de la Sétaz Vieille (2773m) par les couloirs, à ski
- Ski de randonnée
- Cerces-Thabor / Savoie / Valloire
- Difficulté :
- Difficile
- Dénivelé :
- 1170m
- Durée :
- 1 jour
Secrète aiguille, puis traversée du passage entre les vallées de la Valloirette et de la Neuvachette, par des couloirs encaissés entourés des pics acérés de la Grande Parée. C'est une traversée très alpine, unique, sauvage et grandiose. – Auteur : patrick73
Accès
Départ du hameau de Bonnenuit (aux Reauts) dans la vallée de la Valloirette, 6km en amont de Valloire sur la route du col du Galibier D902.
Le point retour de cette traversée est à Valloire même (télécabine de la Sétaz)
Précisions sur la difficulté
Rando à ski pressentant des passages raides à la montée (45°) pouvant nécessiter les techniques alpines (piolet-crampons)
Pentes soutenues mais pas très raides à la descente (600m 30/35°) mais pouvant être avalancheuses (donc attention aux conditions nivologiques)
Traversée nécessitant une manip de voiture.
Photos
Les infos essentielles
- Altitude minimum : 1400 m
- Altitude maximum : 2730 m
- Distance : environ 14 km
- Horaires : comptez 4h à la montée, 2h en descente à ski.
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Itinéraire
Ski de couloir, approche de la pente raide qui peut nécessiter le matériel d’alpinisme (piolet-crampon) pour la montée au plan des Moutons (versant O).
Le couloir E de la Sétaz Vieille ne doit être pratiqué que par neige stabilisée.
C’est néanmoins une traversée originale, très sauvage, pas connue du tout qui réserve du très beau ski.
Fiche technique :
- Dénivelée : 1100m à la montée, 1360m à la descente.
- Difficulté :
- 3.2-E2 pour le couloir E (600m 30°, départ court passage à 40°)
- 3.3-E2 pour la pente O (50m/45° dans les barres sous le Plan des Moutons)
- Horaire : 3h30 à 4h pour la montée à l’aiguille de Sétaz Vieille, 1h30 pour la descente à Valloire.
- Distance : 2.5km à la montée, 8.9km à la descente dont 1150m de couloir.
- Cartographie : IGN 3535OT Névache-Mont Thabor.
- Site web : skitour.fr/sorties/pas-de...
Itinéraire :
Très simple... C’est tout droit dans la pente à la montée et tout droit dans la pente à la descente !
- De Bonnenuit (fin de la route déneigée) remonter au dessus du hameau directement dans les grandes pentes raides qui donnent accès au Plan des Moutons puis au pas de la Sétaz Vieille.
- Passer par la Belle Cote (points cotés 1953 et 2109) puis remonter au mieux les grandes pentes raides qui donnent accès au lac du Plan des Moutons, passages dans différents couloirs possibles (300m à 38°) Du lac remonter le vallon évident jusqu’au pas de la Sétaz Vieille.
- Du pas de la Sétaz Vieille remontée ascendante N en direction de la pointe de Sétaz Vieille (dent de Cargneule caractéristique) par une pente assez raide (couteau utile)
- De la pointe redescendre soit en traversée au pas soit dans la belle pente au Plan des Moutons (ce qui oblige à remonter 50m pour retrouver le Pas de Sétaz Vieille)
- Descente par le grand couloir sur l’autre versant (vallée de Neuvachette), orienté Est (Les 150 premiers mètres sont à 35°), le couloir fait 600m à 30° en moyenne.
- Au bas du couloir, au fond de la vallée de Neuvachette, remonter 100m pour rejoindre la piste de la bergerie de la Plagnette (point coté 2115m), puis descendre jusqu’à Valloire.
Traversée O-E de la Sétaz Vieille, le 9 Mars 2008.
Envers et Endroit, Ombre et Soleil.
Les faisceaux des phares de la voiture balayaient le fond de la vallée. Le jour n’était pas encore levé quand ils arrivèrent. La dentelure acérées des aiguilles déchiquetées de la Grande Parée commençait à se découper sur un ciel aux éclats métalliques.
Le froid était mordant. Frigorifiés, chaudement emmitouflés ils chaussèrent leurs skis sans mots dire. Rapidement ils prirent une lente mais régulière cadence qui dans quelques instants les réchaufferait. La lumière coulait sur les pointes des plus hauts sommets. Alors seulement ils échangèrent de brèves paroles comme s’ils s’économisaient de tout effort supplémentaire.
Où cela passe-t-il ? Comment négocier les barres ? Par le couloir ? La goulotte peut-être ?
La montée régulière repris, chacun dans son rythme, chacun dans ses pensées. La pente se faisait de plus en plus raide, soutenue. Les skis malgré les couteaux accrochaient mal à cette neige compacte et gelée.
Le hameau de Bonnenuit commençait à se faire tout petit vu depuis les longues pentes verglacées et fuyantes qu’il remontaient depuis un bon moment.
À l’approche de rochers ils s’accordèrent une pause. Ils décidèrent de chausser les crampons et de continuer les skis sur le sac à dos.
Le crissement des pointes aiguës était le seul bruit qui émanait de ce grand et raide versant toujours à l’ombre. Des coulis froids dégringolaient en cascade les couloirs qui les surplombaient alors que la chaude clarté du soleil éclaboussait de lumière les Aiguilles d’Arves.
La pente se redressait encore. Le piolet, les pointes avant des crampons faisaient merveille dans la petite goulotte qu’ils avaient décidés de remonter. Ainsi ils gagneraient du temps plutôt que de louvoyer dans une série larges de couloirs ou les pierres décrochées pas le dégel ricochaient entre les rives et dégringolaient à des vitesses folles avant de se planter avec un son mat dans le neige.
La sortie de la goulotte fut merveilleuse. Comme une claque, la lumière aveuglante du soleil déjà haut les accueillit. Le plus dur était fait. Ils étaient au plan des Moutons.
La vie semblait reprendre. Ils s’assirent sur une plaque d’herbe raz, jaunie par le long hiver, et s’accordèrent une longue pause réparatrice.
L’effort avait été rude et soutenu, mais finalement plaisant. Ici haut perché, seul au monde, dans ce petit cirque secret, ils échangèrent leurs sensations dans une discussion animée, qui tenait plus d’une bruyante rigolade.
Est ce ce qui a fait détaler ce chamois ? Dans une course éperdue, laissant de belles traces dans le neige vierge, il bascula de l’autre côté du Pas de Sétaz Vieille dans ce qui semblait être un abîme infini.
Cela mit fin à la rigolade et c’est à ski, suivant cette trace discrète qu’ils débouchèrent au col. En effet, sur l’autre versant, un gigantesque toboggan de six cents mètres plongeait dans la vallée de la Neuvachette.
Avant de se délecter de cette fabuleuse descente ils décidèrent de monter à la pointe de Sétaz Vieille juste au dessus, en traversant une pente raide ensoleillée. Là haut une plateforme rocheuse les accueillit pour un long moment de contemplation.
Une barre de nuage sombre bouche le fond de la vallée, le vent se lève. La clarté du soleil devient blanchâtre. Comme il était prévu le mauvais temps se précise. Il était donc temps pour eux de redescendre. Le col fut vite atteint. Maintenant ils allaient s’engager dans le couloir de Sétaz Vieille. Les premiers virages furent prudents afin d’évaluer la neige, l’adhésion de ces vingts centimètres de poudreuse sur le fond gelé.
Puis la confiance aidant, ils dévalèrent, dévorèrent la grande pente, de belles gerbe de neige légère jaillissaient à chaque virage.
Trop rapidement, mais il en est toujours ainsi à ski, la belle descente se terminait aux bergeries des Plagnettes. Il ne restait plus qu’à se laisser glisser dans la longue vallée de Neuvachette, le regard perdu dans les hautes cimes, les profonds et alléchants couloirs plâtrés de neige qui la bordent.
Le vent fort maintenant, les rouleaux de nuages qui dérobent de l’Aiguille Noire, les poussent au plus vite dans la vallée chercher refuge avant la tempête de neige annoncée.
Auteur : patrick73
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