Sortie du 5 juillet 2021 par Pascal Pain de Sucre du Mont Tondu (3169m), versant ouest par les lacs Jovet
Le Mont Tondu, un panorama "haute montagne" d'exception accessible par son versant ouest au randonneur un minimum endurant... On ne ratera pas le début de l'été, période idéale pour remplacer les abominables dévers de caillasses par des pentes de neige bien agréables, surtout à la descente.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Nuageux en matinée sous les stratocumulus accrochant les sommets vers 2800m. Se dégageant progressivement en cours d’après-midi dans un petit vent du sud-ouest, beau en soirée. Températures de saison.
Récit de la sortie
Pour une fois, toutes les prévisions étaient unanimes : Les nuages allaient se dégager au cours de la matinée pour laisser la place au soleil, pour ce qui serait une des rares journées de répit durant ces quelques semaines bien humides. On ne s’inquiète donc pas trop de partir sous un ciel bien gris en direction de ce magnifique sommet, juste dans sa période optimale où la neige vieillie mais pas trop permet de s’affranchir de l’abominable dévers de blocs et de caillasses de son versant ouest, unique itinéraire accessible au randonneur.
Il est déjà presque 11h lorsqu’on se lance depuis le parking de Notre-Dame de la Gorge. On monte rapidement la voie romaine, puis on parcours l’interminable faux-plat du vallon de la Rollaz... Le ciel est toujours obstinément gris, mais on y croit, quelques cassures de bleu ici et là, ça va se dégager... On poursuit à travers rhodos fleuris et myrtilles en direction du lac Jovet.
13h30, voilà enfin le lac. L’après-midi est maintenant bien entamée mais le ciel est toujours résolument bouché. Quelques regrets de ne pas être parti en direction du col du Bonhomme et de la Tête Nord des Fours, un sommet juste sous les nuages qui aurait permis d’avoir quand même un peu de paysage. Le casse-croûte au bord de l’eau sera aussi le temps de réflexion pour la suite à donner à cette journée.
On était venu pour le Mont Tondu, allons-y quand même. Le sommet est certes invisible mais il est toujours là, et on a toujours l’espoir d’éclaircies, la météo ne peut quand même pas se tromper à ce point-là. 14h passées, c’est reparti.
Cette fois, la montée commence vraiment. On chausse les crampons pour affronter le raide névé montant vers le vires des cascades. Celles-ci sont déneigées mais il faudra se mouiller un peu pour traverser les torrents gonflés par l’eau de fonte. Puis vient la montée de la combe suspendue et des raides pentes du versant ouest. La neige, vieillie mais pas trop, est un peu fondante mais ferme, on ne s’enfonce pas trop et on progresse de manière plutôt agréable. Les crampons ne sont pas absolument nécessaires mais quand même confortables, surtout dans les passages les plus raides où la pente approche les 40°. Entre temps, voilà que des trouées furtives de bleu apparaissent dans la grisaille. Des éclaircies de plus en plus nombreuses et larges vont et viennent... L’espoir revient, et encourage à progresser...
16h passé, on débouche sur le collet. Baffe panoramique sur le bassin de Tré-la-Tête qui se dévoile soudain, éclatant de blancheur malgré les sommets encore accrochés par les nuages. On poursuit la raide montée vers le Pain de Sucre, maintenant baigné de bleu ensoleillé...
Nous y voilà enfin. Le panorama, maintenant plutôt bien dégagé, est magique... Au sud, presque à portée de main se dresse le vrai sommet du Mont Tondu, toujours ignoré des précédentes visites, mais tellement tentant... Il est déjà presque 17h, je n’ai pas consulté le topo pour y aller, est-ce bien raisonnable ?
On se déleste du sac et du matos inutile, allons-y quand même pour au moins voir jusque où c’est raisonnable... Cependant, en solo, on n’ira pas jouer les chamois funambules sur le fil de l’arête. Contournons plutôt les difficultés par la face ouest là où c’est nécessaire, prudemment, en assurant bien toutes les prises, d’autant plus que dans ce rocher brisé prisu mais fissuré et pourri, il faut constamment s’assurer que tout ce sur quoi on s’accroche tient tout aussi bien à la montagne...
Entre vires et couloirs, on cherche les meilleurs passages. Deux couloirs en neige demanderont un surcroît de prudence pour être traversés. Puis quand ça ne passe plus, on remonte sur l’arête... Heureusement, maintenant celle-ci est plus large et confortable, quoi que toujours aérienne. Le sommet se rapproche, plus qu’une dernière difficulté sur la crête, et enfin on y est.
Le sommet pour soi tout seul, un privilège pas si rare à une heure totalement indue pour tout alpiniste digne de ce nom... Certes, le panorama n’est guère différent que celui qu’on avait depuis le Pain de Sucre, mais cette fois on a la satisfaction d’être au vrai sommet de la montagne, avec en bonus un mètre supplémentaire d’altitude offert par une corniche de neige. C’est l’heure de la pause contemplative, même si les en-cas sont restés au Pain de Sucre...
18h passé, il faut quand même penser au retour... C’est reparti dans l’autre sens, toujours avec la même prudence, peu importe le temps que ça prendra et peu importe si il faudra terminer la descente de nuit... Choix malencontreux de vouloir contourner par le bas une difficulté par une pente à première vue débonnaire, mais qui s’avérera être un gloubiboulga de blocs en équilibre précaire pas glop du tout, ce qui fera perdre un peu de temps. Mais ce n’est pas grave, avec persévérance on finira bien par revenir au Pain de Sucre...
Il est 19h passé quand, après une ultime pause, on se lance dans la descente des champs de neige du Pain de Sucre, sans crampons cette fois. La neige, maintenant bien ramollie mais pas trop, se prête bien à l’exercice. Le piolet sera quand même utile pour sécuriser les raidillons du haut du versant ouest, mais en général ça descend bien sur les talons. Puis, en abordant les débonnaires pentes de la combe suspendue, on s’assoit pour se laisser glisser... Plus de 200m de dénivelé seront ainsi expédiés en moins de deux minutes, alors qu’en version "caillasse", cela aurait pris plus de 30min...
Retour aux cascades où, comme d’habitude, on se trompera pour trouver la bonne rampe descendant vers le point de passage. Ce n’est pas grave, on a l’habitude. Encore quelques précautions pour descendre le haut du raide névé inférieur, puis la partie "neige" de la rando se terminera dans une ultime session de ramasse.
Il est 20h30 passé lorsqu’on repasse par la rive du lac Jovet, maintenant à l’ombre, mais où les sommets en feu se reflètent dans l’eau calme. On ne résiste pas à une dernière pause contemplation, malgré la nuit qui approche. Puis on poursuit tranquillement la descente vers le plan Jovet. Les moutons sont parqués au loin, deux patous aboient...
Et c’est parti vers l’interminable vallon dans la nuit tombante. Le refuge de la Balme s’est endormi, seules résonnent les sonnailles des vaches sur fond du grondement des torrents... Fin de la balade vers 23h.
Photos
Auteur : Pascal
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