Sortie du 22 juin 2020 par Pascal Pain de Sucre du Mont Tondu (3169m), versant ouest par les lacs Jovet

La grosse bavante de la région, qu'on parcourt en version quasi-printanière pour tenter de substituer un gros dévers de caillasses par de belles pentes neigeuses, avec plus ou moins de succès...

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Conditions météo

Beau, assez chaud, avec des cumulus peu développés mais assez étendus accrochant les pentes au-dessus de 2600m l’après-midi.

Récit de la sortie

Une petite envie d’altitude pour commencer cet été... Le Mont Tondu, ou plutôt son pain de sucre, ce serait pas mal pour un début, d’autant plus qu’on profitera de la neige restante en altitude pour s’affranchir de l’abominable combe de rochers et de caillasses du versant ouest qui d’ordinaire décourage tous les prétendants à ce sommet par son itinéraire non-alpin...

Cependant, cela reste une belle bambée : 2000m de dénivelé, dont la moitié hors-sentier, sur presque 25km aller-retour, Mais passer à côté des lacs Jovet est une belle motivation pour aller arpenter le merveilleux versant sud-ouest du massif du Mont Blanc.

Départ vers 9h depuis Notre-Dame de la Gorge, et montée tranquille de la voie romaine dans la fraicheur humide matinale, juste troublée par d’incessants passages de véhicules 4x4 dont tous n’ont manifestement pas toujours de vocation utilitaire... L’immense vallon de prairies verdoyantes au soleil contraste violemment avec le décor de rochers enneigés qu’on trouvera à l’autre bout de la marche. Déjà, quelques cumulus se forment, mais les sommets de haute altitude semblent pour l’instant épargnés.

Ce n’est qu’à partir du refuge de la Balme qu’on commence vraiment à monter la montagne. Direction le plan Jovet, bien verdoyant sous les jeux d’ombres des cumulus, puis montée tranquille vers les lacs...

12h, le grand lac Jovet est d’une transparence turquoise magnifique dans son écrin rayé de névés n’ayant pas encore la verdure estivale. Malgré l’heure tardive, on s’offrira quelques pérégrinations photographiques sur les berges du lac. Puis on poursuit vers le petit lac d’un vert émeraude intense pour peu qu’on soit suffisamment patient d’attendre que les cumulus se poussent un peu pour l’inonder de soleil.

Bon, c’est pas tout ça, il est temps de passer aux choses sérieuses. Là-haut, les pentes semblent encore bien enneigées, mais la vire d’accès aux pentes supérieures est sèche, condition nécessaire pour la franchir en sécurité. Le névé montant vers la vire est raide mais tout juste suffisamment ramolli, les crampons ne seront pas nécessaires.

Après s’être un peu mouillé à la traversée du torrent, on accède aux grandes pentes de neige de la combe du versant ouest. Les cumulus dominent maintenant, bouchant le paysage et plongeant le décor dans un brouillard intermittent. La neige névé est maintenant recouverte d’une couche plus récente qui s’épaissit au fur et à mesure de la montée, d’autant plus molle et lourde que le regel nocturne semble avoir été inexistant, de par la couche nuageuse de la nuit. La montée se fait de plus en plus pénible. Hésitations. Cela vaut-il la peine de continuer, d’autant plus que les nuées ont maintenant croqué toute la montagne ? Mais les pentes les plus raides sont maintenant franchies, il n’y a pas vraiment de risques de coulées ici, et l’apparition d’une grande trouée de soleil là-haut motive à persévérer.

Voici enfin les pentes sommitales. La trouée s’est évidemment refermée après avoir juste laissé entr’apercevoir le bassin de Tré-la-Tête ensoleillé. La neige lourde est ici abominable, on s’enfonce jusqu’au mollets, parfois plus. Sachant qu’aucun "imperméable" ne résiste à la soupe neigeuse (à moins de marcher en bottes de pêche), la vertu de chaussures "imperméables" sera ici de profiter d’un bain de pieds massant jusqu’à la fin de la randonnée. Mais le sommet est proche, persistons dans l’effort...

16h, finalement voilà le sommet du Pain de Sucre, atteint dans le brouillard après presque 2h à ramer dans les 400 derniers mètres de dénivelé. On se pose sur les rochers pour le casse-croûte, et attendre que les nuées veuillent bien s’écarter un peu pour révéler le paysage. On aura ainsi quelques vues vers l’est où la météo semble meilleure, ainsi que de rares vues en direction du Mont Blanc baigné de soleil, tout sommet au-dessus de 3500m semblant totalement dégagé.

17h30, l’air s’est refroidi et les trouées se font rares, signe que les cumulus s’étalent en perdant de la hauteur avant leur dissipation vespérale. Mais pas le temps d’attendre, la descente est encore longue. Retour dans la neige pourrie, quand même moins pénible à descendre qu’à monter. On se fait juste narguer par une grande trouée découvrant tout le versant Tré-la-Tête alors qu’on est déjà un peu trop bas pour en profiter.

On dévale les pentes du versant ouest, prudemment d’abord, puis de plus en plus rapidement avec l’amélioration de la neige. Malgré les conditions loin d’être optimales, c’est quand même beaucoup plus agréable que l’abominable chaos de rocs et de caillasses qui s’y trouve plus tard en saison. Retour sur la vire puis quelques belles glissades sur le dernier névé avant de retrouver l’herbe et les lacs.

Une grande pause sur les berges du grand lac, sous un plafond bas qui, par de petites trouées, laisse deviner que le sommet est maintenant au soleil au-dessus de la couche. On souhaiterait pouvoir s’y retéléporter un instant pour profiter du panorama qui faisait défaut quelques heures plus tôt. Mais profitons du lieu d’ici, le lac turquoise est absolument magnifique, alors que d’autres petites trouées laissent percer quelques rayons d’une belle lumière dorée sur les montagnes autour.

20h, on poursuit tranquillement la descente vers le plan Jovet, tout en vallonnements verts ponctués du fuchsia des rhododendrons. Retour vers l’interminable vallon qui, depuis le refuge de la Balme, se parcourt par la longuette piste en faux-plat entre prairies et sonnailles des vaches, avant une dernière descente à la nuit tombante... Fin de la balade vers 22h.

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 22 juin 2020

Dernière modification : 1er septembre 2020

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