Sortie du 5 juillet 2019 par bibox Le Néron (1298m) - Traversée intégrale des arêtes Sud-Nord

Le sommet sur lequel viennent se faire peur les Grenoblois. D'abord un peu réticent à m'y rendre étant donné le cadre urbain qu'il propose, c'est quand même un superbe promontoire sur le bassin et les hautes montagnes qui l'entourent. La nature a repris ses droits après l'incendie qui avait ravagé le versant ouest en 2003. Le parcours est esthétique sur des arêtes aériennes à la réputation justifiée où s'enchaînent des obstacles engagés. Aller se poser au belvédère Lucky Luke n'est déjà pas si simple alors que les premiers escarpements sous la falaise ne sont pas à prendre à la légère. La passerelle Hippolyte Müller étant la voie la plus facile d'accès. La suite, la traversée intégrale, est nettement plus aventureuse sur ce parcours un peu originel des randonnées du vertige. J'ai fini complètement rincé !

Itinéraire, carte // Fiche topo

Topo de référence

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Conditions météo

Jour de canicule à Grenoble. Irrespirable jusqu’au belvédère Lucky Luke. Bien plus agréable en soirée. Quelques nuages sur les massifs au début et qui se dissipent ensuite.

Récit de la sortie

Épuisant ! Moi qui ai l’habitude de marcher plus haut, plus longtemps avec de gros dénivelés, je ne m’attendais pas à souffrir autant sur ce parcours. Je comprends pourquoi le topo indiquait de prévoir une bonne marge sur l’horaire par rapport à nos standards. Très physique dès l’entame à crapahuter dans les rochers.

Il faut dire que je n’ai pas choisi la facilité. Une randonnée chevronnée après le boulot que je quitte à 14h pour rouler direction Grenoble. Il fait une chaleur étouffante. Je traîne un peu en ville avant de rejoindre le départ à 16h30 sur la route de Narbonne. C’est par là qu’habite Jeannie Longo. Je le sais depuis mes années d’étudiant et j’y pense en me garant. Et là, pendant que je prépare mon sac, t’y crois, t’y crois pas, qui c’est que je vois ? L’ancienne championne olympique et du monde qui passe en me regardant ! Je suis amateur de cyclisme et je suis sûr de la reconnaitre, avec son maillot au liseré arc en ciel. Elle se retourne pour attendre son mari qui arrive, son nom inscrit sur le cadre. Ils viennent juste de démarrer en direction du col de Clémencières.

Au carrefour des Quatre Chemins, je suis tout droit dans la forêt. Il aurait fallu prendre à droite pour rejoindre la passerelle Hippolyte Müller. Le balisage bleu est omniprésent alors que l’on gagne le versant sud de la montagne par un enchaînement déjà aérien, à force de petites vires et de petites escalades parfois exposées où on met les mains, presque dans la falaise. Ça promet et j’y laisse déjà un peu d’influx nerveux. La vue sur le bassin grenoblois est spectaculaire, avec le massif Taillefer qui en marque le fond.

Une fois sur l’arête, plein soleil, le chemin est débonnaire mais sauvage pour gagner le belvédère Lucky Luke, bien en vue au-dessus. Il faut se faufiler dans les fourrés et parfois se griffer. C’est là que j’ai le plus subi la chaleur. Il doit faire près de 35° à seulement 800m d’altitude. J’ai oublié la casquette et je marque déjà des pauses dès que je peux trouver un refuge à l’ombre. J’entame bien les bouteilles d’eau. Je rame comme rarement pour gagner le sommet de la butte d’où se découvre une partie de la suite. D’abord un premier passage ludique, raide, de grimpe sur une autre butte. C’est là que le parcours d’arête aérien commence réellement avec la présence d’un gros cairn.

D’abord, on suit une sente sur le fil. Il n’est pas interdit de marcher un peu plus en versant ouest et éviter de rester trop au bord à droite. J’ai pas mal évolué à même les rochers calcaires commodes, plus à gauche, dans ces premières portions. L’enfilade des ressauts est très esthétique, que l’on regarde devant soi ou dans le rétro. La traversée est beaucoup plus longue que ce que l’on imagine au départ et il faut un peu de temps avant d’arriver face aux principaux obstacles.

Le premier est le plus impressionnant visuellement avec le passage d’escalade facile dans une sorte de belle faille ou de couloir très relevé, mais avec de bonnes prises. Je serai surpris ensuite de découvrir plusieurs autres passages du même acabit jusqu’au bout.

Le ressaut de la Croix, je suis d’accord avec le topo, est à mon sens le plus engagé de par son exposition en versant est sur une fine vire puis un pas de 3 peu évident avec le vide dans le dos. Aller toucher cette croix est aussi engagé avec 20m directement sous les pieds en versant ouest. Une sente permet de l’éviter de l’autre côté.

Le passage du couloir de l’Avalanche n’est effectivement pas dans mon top 3 des moments les plus délicats de ma traversée. Il y a un pas sur une prise fine, sur un bon mètre, expo mais sans difficulté car on est bien accroché au rocher avec les mains.

À cet instant-là, je croyais en avoir fini avec les points chauds et que quelques descentes et crapahutes faciles permettraient de gagner le bout rapidement. Encore une fois, c’est super long ! Même si je respire mieux avec un petit vent du soir qui s’est installé. Plusieurs petites escalades raides s’enchaînent. On fait le funambule sur le fil littéralement, entre deux ressauts. La désescalade de l’un d’entre eux constitue, à mon sens, l’autre passage le plus redoutable du Néron, avec celui de la Croix. Haut, il faut vraiment faire attention en le descendant et particulièrement sur le dévers qui suit et qui en marque la sortie. Je n’ai pas vu de corde jaune pour m’aider à franchir ce passage littéralement en l’air, avec peu de prises pour les mains alors qu’il faut effectuer un petit bond exposé pour terminer !

Une dernière crapahute verticale permet de gagner le sommet nord et sa croix rouge. Je ne suis même pas sûr de savoir quel point précédent était le sommet sud. On domine la vallée de l’Isère du côté de Saint-Egrève, qui ne m’aura pas beaucoup attiré le regard. Je profite plus de la vue sur les sommets de la Chartreuse jusqu’au Mont Granier ainsi que de toute la chaîne de Belledonne qui se dessine à l’est. Au sud, on voit jusqu’à la Roche de la Muzelle, au Pic de Bure, à l’Obiou, au Jocou et au Mont Aiguille. Pas si mal, finalement, comme décor malgré la ville à ses pieds !

Je ne suis pas fâché d’arriver au couloir de Clémencières à 20h. Je trouve que l’on ne décrit pas trop ce passage sur les topos et cela m’inquiétait un peu. On ne trouve pas beaucoup de photos. Et ça se comprend car il n’y pas grand-chose à en dire. Très facile sur une bonne sente. Attention tout de même à la nature terreuse du sol qui est glissante et l’on peut se retrouver vite sur les fesses mais ce n’est jamais exposé.

Le retour sera rude alors que je choisis de suivre le sentier des Quatre Couloirs qui longe sous les falaises. La traversée d’un pierrier témoigne de l’énorme éboulement datant de 2011 et de l’instabilité potentielle de la zone. Il remonte régulièrement et j’ai l’impression que ça n’en finit jamais. Vrai parcours pour sangliers, je croise une famille au complet qui fuit comme des bourrins en ma présence. Impressionnant ! La sente à suivre est toujours sauvage. Mes jambes et mes bras lacérés en témoignent. Au bout de celle-ci, horreur, je me retrouve dans la vire câblée très aérienne de l’ancien passage romain qui mène à la passerelle Hippolyte Müller ! Je fais l’aller-retour pour les sensations mais je suis dégouté d’être encore aussi haut. Heureusement, je retrouve vite le sentier de descente en faisant marche arrière. Il fait sombre dans le bois et je m’équipe de ma frontale. Je suis à bout de forces. Après quelques pauses pour souffler, le soulagement est énorme quand je retrouve le carrefour des Quatre Chemins vers 21h30, puis ma voiture.

Quelle journée ! Boulot plus randonnée en pleine canicule. Pas sûr que je retente l’expérience de sitôt. Si je devais, ce serait sur un parcours plus simple physiquement et moins usant psychologiquement aussi.

En tous cas, je suis bien content que la nature ait repris l’ascendant après le grave incendie qui avait ravagé les flancs du Néron en 2003. Un comble pour cette montagne qui porte le même nom que le célèbre empereur qui régna au moment où Rome brûla, en l’an 64. C’est moi qui fait cette analogie au feu car en réalité, il n’y a aucun rapport entre les deux.

Je vous invite à découvrir la page wikipédia concernant le Néron qui est incroyablement renseignée ! Une cime qui ne manque pas d’intérêts !

C’était le dernier sommet majeur du massif de la Chartreuse qu’il me restait à gravir.

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Randonnée réalisée le 5 juillet 2019

Dernière modification : 6 août 2019

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Avis et commentaires

Merci pour vos retours. Dans la souffrance mais une très bonne expérience.

Pascal

Le Néron dans la canicule estivale... Ça forge (par la cuisson) l’être humain !

Roy

Vraiment engagée ta sortie pour une fin de journée ;c’est beau la jeunesse ! merci pour le
partage de tes sensations que l’on ressent dans tes photos

Encore une fois, bravo Rémi !

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