Sortie du 14 mai 2019 par bibox Mont Trélod (2181m) par Pleuven en boucle
Une montagne fascinante dans ce si tranquille massif des Bauges. Celui-là où des routes goudronnées montent jusqu'aux cols mais sans redescendre de l'autre côté. Le Trélod offre de magnifiques perspectives pour notre regard par son architecture complexe et élégante. Une sortie que je ne suis pas prêt d'oublier, et qui était avec la présence de la neige, un petit peu plus qu'une randonnée.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Belle journée. Quelques nuages en haut, seulement entre midi et deux. C’était plus chargé côté Vanoise mais on a pu admirer de nombreux beaux sommets.
Récit de la sortie
Quand on arrive en voiture, deux vieux potes, sur le village de La Compôte (quel nom rigolo !), on découvre le massif Trélod avec une vue dégagée sur l’ascension côté Pleuven. Oups. Je me dis que j’ai peut-être fait une erreur de proposer cette randonnée pour aujourd’hui. C’est la crête sommitale qui m’inquiète, encore toute gavée de blanc entre les rochers et j’aimerais mieux ne pas prendre un nouveau stop, après ma sortie de la veille. On se dirige vers le départ parce qu’on y croit quand même et après avoir tergiversé un peu, on se gare au hameau de La Chapelle.
Un bout de descente, par la route, sur le lieu-dit des Magnoux, et on attaque le chemin qui doit nous emmener jusqu’en haut. Après que mon compagnon m’ait fait admirer le système d’un balcon traditionnel local sur une bergerie, on bifurque dans la mauvaise direction. Après avoir ouvert la carte, plutôt que de revenir sur nos pas, on se lance dans la traversée de la forêt, pas si dense, mais on évolue péniblement, droit dans le raide. On finit par recouper un sentier qui nous permet de rejoindre, au niveau du jacassant torrent, le bon GR. Celui-ci nous amène sous les falaises, par un large détour en courbe, qui au gré d’une coupe dans les bois, nous permet d’admirer les contreforts de la montagne et de regarder jusqu’au Roc des Bœufs, à l’élégante silhouette.
Le sentier effectue un travers qui nous emmène vers le fameux pas permettant de rejoindre l’alpage. L’attaque est sympa et la suite impressionnante. On a du mal à croire que ça passe par là. Notre regard cherche à suivre les zigzags peu engageants du sentier, en amont. Il va falloir traverser une cascade, puis un autre ruisseau, marcher près du vide omniprésent, le tout dans un secteur bien humide. Doucement mais sûrement, on franchit ce passage à sensations. La Dent de Pleuven offre, face à nous, sa combe emplie de neige et peuplée de chamois. Il nous faut rejoindre la crête. Au-dessus, le décor est plein d’une nuageuse fumée. La météo annonçait un temps plus couvert, l’après midi, et on est bien en retard sur l’horaire prévu.
Il fait très chaud quand on marche mais un vent glacé change totalement la donne au cours de notre pause collation face au versant ouest de l’Arcalod. La suite est soutenue le long de la crête à suivre jusqu’aux rochers. On marque des arrêts dans les raidillons avant de péniblement gagner les portions barrées par des névés pentus. Il n’y a pas beaucoup d’épaisseur. L’eau s’infiltre dans le sol calcaire plus qu’elle ne risque de réaliser de coulées mais on traverse pas entièrement rassuré alors que nos pieds s’enfoncent de quelques 10 à 20cm. L’aspect psychologique en montagne illustré. J’ai vu peu de photos montrant à quoi ressemble la longue crête menant vers le sommet maintenant visible et relativement loin dans ces conditions. On ne sait pas sur quels obstacles on va tomber et si on pourra les contourner.
Une étape après l’autre. D’abord remonter l’arête. Les sentes disparaissent sous la neige. On n’ose pas trop marcher dedans alors on l’esquive par la droite. On a prévu du matériel. Corde de 25m et piolets. On sort ces derniers pour assurer notre progression vers le haut en tapant dans les mottes d’herbes qui fournissent de solides prises. Dans notre incertitude, dans l’inconnu, à ce moment là, on se pose même la question de savoir si on pourra redescendre par le même endroit. Ce qui s’avèrera pourtant plutôt banal après coup. Arrivé sur la crête haute, je repère une possible alternative par une cheminée en versant sud plus au sec, pour le retour.
En fait ce que je n’ai pas encore dit, c’est que l’on envisage quand même de réaliser la traversée de cette superbe montagne jusqu’à la Dent des Portes, de l’autre côté. Mais les différents ressauts qui se présentent à nous vont renforcer le doute quant à la réussite certaine de notre entreprise. Après une première grimpette, je pars seul en avant faire du repérage vers le sommet en abandonnant mon sac. Deux ressauts, trois ressauts. Pas forcément évidents à désescalader. Ensuite, au plus court, on sera obligé de franchir deux courts névés, un peu exposés, à mon œil, dans la pente. Je ne suis pas à l’aise sur ce genre de terrain et sa part invisible. Sinon, on peut toujours aussi les contourner en descendant une trentaine de mètres plus bas, côté ouest. Le versant est étant pour sa part complètement plâtré. Je m’en retourne informer mon partenaire qui me rejoint lui aussi finalement sans bagage autre que la corde et son piolet. Il y a de fortes chances que l’on rentre ensuite par d’où on est venu maintenant.
Grâce à des béquets, avec le copain plus expérimenté à la manœuvre, on franchit la neige, avec aussi un baudrier improvisé d’une sangle pour le premier et le second avançant en tirant sur la corde tendue. Voilà, on aura fait du petit alpinisme sur le Trélod. Des petits aventuriers alpinistes. Eh oui ! Car le sommet est juste là. Un petit dévers de plus accroché au rocher et on finit ensemble l’ascension de ce superbe sommet affublé d’un chapeau en fer décoratif particulier et d’une vieille croix montée en 1931. On n’a encore vu personne d’autre. La tranquillité absolue des Bauges. Le panorama est magnifique sur le Mont Blanc omniprésent, entouré des Aravis et de la Vanoise dont la Grande Casse dépasse de son écharpe de nuages. Tout comme au sud, les Aiguilles d’Arves, la Meije et le Grand Pic de Belledonne. On s’embrasse, vraiment heureux d’être là.
Bon, le temps passe passe passe et on va repérer un accès au grand champ pas si blanc, en versant nord. Ça devrait être praticable avec une courte désescalade facile mais avec encore nos sacs à aller récupérer, la perspective de devoir redescendre toute la route entre le parking des Cornes et notre bagnole, on repart comme attendu par où on est venu. On n’est pas pressé, la sécurité avant tout. On va prendre chaque obstacle l’un après l’autre. Et preuve que tout ça était bien psychologique, car on y a passé vraiment du temps à l’aller, le retour s’est effectué avec une certaine facilité. Et rapidement. On a tout enchaîné. Et comble de la situation, une fois la crête d’alpage retrouvée, alors que l’on se tape dans les poings, rassurés, nous croisons notre premier bipède. Lui en pleine montée dans un rythme incroyable pour nous, en baskets de trails, juste un petit sac à dos, short, il file comme une fusée vers le sommet. On le suit des yeux le long de la crête sommitale. éberlués. On n’avait littéralement pas fait 100mètres de dénivelé qu’il était arrivé. Il a dû continuer de l’autre côté car sinon il nous aurait doublé avant même le passage délicat qui serpente pour franchir la falaise. Déconcertant. Nous, on est des alpinistes quoi ahah !
On coupe par un GR non répertorié sur la carte, dans la forêt. Pas le premier et pas le dernier dans ce cas-là. Ce sentier est raide, direct vers le vallon, plus droit tu peux pas. Puis on coupe enfin dans les prés pour retrouver le départ en évitant la partie goudronnée. Mon septième 2000 du massif. Une superbe journée partagée avec un de mes meilleurs amis sur une montagne à l’architecture fascinante et qui demande à être plus explorée. Une bonne pizza agrémentée d’une bière à Chambé pour parfaitement la clôturer.
Photos
Auteur : bibox
Avis et commentaires
Joli.... la 67 !
Belles photos Rémi, et d’accord avec special_20, merci pour les photos des passages délicats.
Merci pour les photos, c’est bien d’avoir des photos sur les passages délicats que je trouve des fois trop rares dans certains topos. Et c’est bien normal, dans ces cas on a aussi autre chose à faire que de prendre des photos !
Hello,
Très belles photos. Au printemps il est bien alpin ce Trélod !
Bonne montagne.
A+
PATRICK
Merci. C’est clair que au dessus des cascades, c’est très raide mais bon, mardi, c’était dégagé (photo 14). Le pas dans la falaise est impressionnant visuellement mais bien tracé et praticable même mouillé. Mais en haut, c’est moins évident avec la neige si on connaît pas, oui.
Passage des cascades : super couloir à avalanche ! Tes photos font envie mais je vais attendre un peu pour y retourner.
belles photos du courage pour passer ces cascades à cette période j’y suis descendu une seule fois en été c’etait tres mouillé ....... chaud dessous
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