Tête de Sommarel (2590m), par la Combe de la Cluse et le couloir Sud de la Fenêtre de la Cluse

Le parcours :

Du parking du lieu dit l’Oche, remonter la quasi-totalité de la Combe de la Cluse jusqu’au dernier palier avant de sortir sur le plateau à l’altitude 2400m. Toute cette première partie est déjà très bien décrite par Alain, voir Pic de Bure (2709m) par la Combe de la Cluse.

Du dernier palier à 2400m, quitter l’axe principal de la combe et s’orienter sur la gauche, donc au Nord. Longer la très large vire déversante jusqu’à arriver sous un couloir évident orné d’une arche dans sa partie haute et à droite d’une tour rocheuse caractéristique.

Remonter la raide déclivité et entrer dans le couloir dont la première partie est à 40°. Malgré cette relative facilité rester vigilant car ce couloir est suspendu.

Après un peu moins de cent mètres d’ascension, la pente se cambre à 45° sur environ une dizaine de mètres et conduit directement sur une petite terrasse sous une arche.

S’ensuit un court ressaut en mixte avec possibilité de glace en fonction de l’enneigement, et une raide pente de neige à 50° sur quelques mètres. Deux spits sont présents en haut à droite de cette pente de neige, possibilité de relayer un second.

Cette pente de neige aboutit sur une étroite arête neigeuse dominant le versant Sud de la Fenêtre de la Cluse.

Il est rare que le final d’un couloir soit aussi esthétique, aboutir sur une mince arête de neige entre deux arche constitue un final en apothéose à une ligne déjà remarquablement élégante !

Poursuivre vers la droite, donc à l’Est, par une très courte traversée rocheuse en II exposée conduisant à une nouvelle courte arête neigeuse, et un nouveau ressaut en II exposé.

À partir d’ici on rejoint l’itinéraire classique de la Fenêtre de la Cluse arrivant de la Joue du Loup, et on découvre les escaliers conduisant au plateau.

Rejoindre facilement le plateau, soit en empruntant les escaliers (ce qui serait dommage...), soit en restant en contrebas en effectuant une traversée dans de belles pentes de neige conduisant elles aussi sur le plateau.

Du plateau s’orienter vers le Nord et arriver rapidement à la Tête de Sommarel.

Retour :

Redescendre très facilement par la Combe de la Cluse.

La sortie :

Voila déjà quelques temps que Christian me signifiait son envie de découvrir le plateau de Bure par la Combe de la Cluse. Je doit bien l’avouer, malgré presque quatre-vingt sorties dans le Dévoluy, je n’avais jamais vraiment ressenti l’envie d’arpenter cette combe... Et bien j’avais tort, car celle-ci est tout simplement sublime !

Nous arrivons tranquillement à la Cluse à huit heures et quart et avons quelques hésitations sur le matériel à emporter dans le sac avant de démarrer la randonnée. Je choisis d’y ajouter deux piolets en plus des raquettes et des crampons, juste au cas où une opportunité se présenterait...

Nous empruntons l’itinéraire de ski de randonnée au départ du lieu dit l’Oche. La montée dans le talweg est raide mais particulièrement efficace. La piste venant du col du Festre est rapidement atteinte ainsi que le cairn indiquant le départ du sentier décrit par Alain permettant de traverser le Bois de Laye. Les oiseaux chantent et le temps est radieux, drôle d’impression que de trimballer tout cet attirail pour la neige à ce moment précis de la journée...

À la sortie de la forêt nous trouvons les premières langues de neige au milieu de la caillasse qui vont nous conduire très vite à un enneigement bien plus conséquent.

Nous évoluons maintenant dans une ambiance beaucoup plus hivernale, tout en admirant la spectaculaire érosion des falaises nous dominant. L’impressionnante face Nord de la Tête d’Aurouze accroche notre regard, et plus particulièrement son vertigineux couloir en mixte coté 5.3 la remontant dans son intégralité. Respect aux rares prétendant à cette ligne...

Lorsque nous arrivons à l’avant dernier étage de la combe avant de sortir sur le plateau, je remarque un élégant couloir en rive droite au niveau supérieur situé entre deux tours rocheuses. Après avoir franchi la raide déclivité conduisant au palier du dessus, j’évoque à Christian mon souhait de ne pas continuer dans la combe et de tenter de rejoindre le sommet par ce couloir dont j’ignore totalement la difficulté.

Mon compagnon n’est pas motivé par ce changement de dernière minute mais ne voit aucune objection à ce que nous nous séparions pour nous rejoindre en haut. Notre but initial était la Tête de la Cluse, du coup ce sera la Tête de Sommarel !

Je poursuis donc seul par une large traversée déversante et suspendue jusqu’à la base des deux tours rocheuses. La pente se redresse ensuite à 40° sur une petite centaine de mètres avant de se cambrer à 45° sur un ressaut de dix mètres aboutissant au pied d’une arche. La neige est béton et cette ascension est un pur bonheur !

À mon arrivé sous l’arche je suis surpris de rencontrer un skieur descendant en rappel du haut de celle-ci. Nous échangeons durant quelques minutes et poursuivons ensuite chacun dans notre direction.

Un léger déficit en neige sous l’arche a laisser apparaitre un petit ressaut en mixte et glace au-dessus duquel une pente de neige à 50° permet de sortir sur une étroite arête neigeuse. À ma grande surprise, je découvre que cette arête domine une seconde arche sur son versant Nord, et que ce magnifique couloir conduit tout simplement en face Sud de la Fenêtre de la Cluse ! Il n’y a donc pas une, mais deux Fenêtres de la Cluse !

Je suis émerveillé par la beauté de cette ligne découverte totalement par hasard, et de plus, même si les difficultés sont courtes celles-ci sont tout de même présentes, juste ce qu’il faut pour pimenter un peu le parcours !

Très rapidement sur la droite se présente une petite traversée rocheuse facile mais exposée, celle-ci ne dépasse pas le II mais mes crampons font sauter le rocher chipseux et friable... S’ensuit quelques mètres en neige et un nouveau ressaut en rocher dévoluard...

Les difficultés sont maintenant terminées et je rejoins très rapidement Christian sur le plateau où nous terminons ensemble jusqu’à la Tête de Sommarel, ma deuxième en quinze jours.

Après une pause repas bien méritée à l’abri du vent, nous entamons la longue redescente vers la Cluse en faisant un léger détour vers une jolie baume dans laquelle est figée une impressionnante colonne de glace.