Tête de Garnesier (2367m) par les vires de la face nord-ouest
- Alpinisme
- Dévoluy Hautes-Alpes Lus-la-Croix-Haute
- Difficulté :
- Alpinisme
- Dénivelé :
- 1100m
- Durée :
- 1 jour
ITINERAIRE DANGEREUX A CAUSE DE L'EFFONDREMENT DU PASSAGE DE LA PREMIERE VIRE. NE PAS S'Y AVENTURER TANT QUE LA VOIE N'EST PAS A NOUVEAU SECURISEE. De prime abord, il est difficile d'imaginer qu'une succession de vires puisse traverser la grande façade nord-ouest de la Tête de Garnesier. Pourtant, c'est dans cette paroi que se cache l'un des itinéraires les plus insoupçonnables du massif. Bien que la difficulté technique demeure raisonnable, ce parcours au caractère bien trempé sort du registre de la randonnée traditionnelle. – Auteur : michel
Accès
De Grenoble ou de Veynes :
Prendre la D.1075 en direction de Lus-la-Croix-Haute.
Au lieu-dit "le Grand Logis", emprunter la D.505 qui mène à la Jarjatte.
Traverser le hameau, direction est, en suivant la petite route jusqu’au pied des remontées mécaniques.
Précisions sur la difficulté
"Terrain d’aventure" réservé aux plus aguerris des randonneurs.
Cette course requiert :
- une aptitude à la petite escalade (II/IIsup)
- une accoutumance aux itinéraires alpins non balisés et vertigineux
Vire équipée d’une main courante (exposée).
Attention : il semble que ce passage se soit de plus en plus dégradé (matériel d’escalade et corde ne sont plus en option).
Conditions d’engagement :
- sur terrain sec et par météo stable
- absence de névés
- avec un casque
- les passages obligatoires sont équipés.
Photos
Les infos essentielles
- Cartographie : TOP25 3337 OT Dévoluy-Obiou-Pic de Bure
- Point fort : itinéraire audacieux
- Altitude de départ : parking 1270m
- Sommet atteint : Tête de Garnesier 2367m
- Distance du parcours (A/R) : environ 10km
- Dénivelée cumulée : environ 1100m
- Balisage : GR jusqu’à 1510m puis sans aucun balisage par la suite
- Date de sortie : Juin 2016
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Itinéraire
Pour la petite histoire
J’avais reconnu le départ de la vire inférieure au mois d’août 2015.
Cette fois, j’envisage d’entreprendre la traversée intégrale des vires de la façade nord-ouest.
Un dilemme se fait jour dès l’arrivée au parking de la Jarjatte :
D’en bas, J’aperçois un névé sur la vire supérieure... et il se situe au pire endroit !
Dès lors, une question me turlupine :
Dois-je prendre "les grosses" en me trimbalant les crampons ?
J’opte finalement pour les chaussures de marche d’approche en espérant que le piolet suffira à franchir l’obstacle d’infortune. À cet instant, je sais que le pari est risqué !
La marche d’approche
Le départ se situe à proximité des remontées mécaniques (1270m).
Emprunter le GR.94 qui mène au Col des Aiguilles. Celui-ci longe le ravin homonyme en rive droite.
Abandonner le GR aux alentours du point coté 1510m. Obliquer plein sud en traversant le Torrent.
- À cet endroit, les remontées mécaniques ne vont pas plus haut.
Découvrir un chemin qui s’oriente au sud. Environ 1.3km plus loin, franchir le Ravin de la Plainie.
De suite après, abandonner la piste. Une sente discrète permet de gagner une ligne de crête se situant plus au sud.
Sous les imposants contreforts rocheux du Roc de Garnesier, suivre ladite crête en direction du Col de Corps (2105m).
La vire inférieure
Du col, repérer un passage dans l’escarpement rocheux le plus immédiat.
Ainsi, on évite une montée fastidieuse dans le grand éboulis qui jouxte la paroi.
Se rapprocher de l’imposante muraille (dévers pénible). Sans nul doute, on passe en dessous d’un des plus impressionnants à-pics du Dévoluy !
- Traverser au plus vite car l’exposition aux chutes de pierres est très importante.
Trouver la rampe d’accès marquant le début des grandes vires aériennes.
À partir d’ici, la vigilance est de mise.
Pendant la première partie du trajet, je profite de la compagnie des marmottes. Plus haut, une météo quelque peu mitigée accentue l’impression d’isolement. Cette fois je me sens vraiment esseulé !
Ces vastes parois sont les repaires privilégiés des grands rapaces. Hélas, le temps maussade ne favorise pas leur observation.
La rampe se révèle étonnamment large à son début. Mais l’euphorie est de courte durée !
Après une brève descente, atteindre une vire récemment équipée.
Une corde flambant neuve ainsi que plusieurs plaquettes rutilantes ont été installées... bien vu, car le passage étroit est réellement très dangereux.
- Attention : déjà exposée lors de mon passage, il semble que la vire se soit encore dégradée.
S’orienter au sud-ouest en suivant la vire qui se révèle assez large. Toutefois, la trace qui chemine en dévers réclame une vigilance de tous les instants.
S’ensuit une rampe encombrée de roches croulantes (cairn).
Une proéminence rocheuse permet de contempler un paysage envoûtant.
Dans une ambiance à couper le souffle, l’improbable parcours se faufile entre les parois d’une verticalité confondante.
Atteindre le pied des falaises en escaladant une nouvelle rampe escarpée.
Au sud-est, un passage qui longe la paroi permet de contourner l’obstacle (cairn).
- Laisser la vire centrale qui part sur la gauche.
Transition - vers la vire supérieure
L’itinéraire s’interrompt brutalement au bord d’un escarpement rocheux. À cet endroit, une plaquette autorise un relai. Cependant, la désescalade se révèle assez aisée (II).
Continuer en remontant le couloir d’éboulis devenant de plus en plus raide (nord-est). Ce dernier vient butter sur un escarpement rocheux.
- Si l’on opère un large contournement, il est possible d’esquiver les formations rocheuses. Mais ce serait dommage, car on perdrait une partie de l’ambiance inhérente à cette ascension. En revanche, cet itinéraire bis peut être utilisé lors de la descente.
Escalader le ressaut qui se présente (IIsup) en gardant en ligne de mire une pointe rocheuse caractéristique.
Après une courte grimpette, déboucher sur un épaulement rocheux/herbeux.
La vire supérieure
Poursuivre au nord-est en basculant dans une vaste dépression. Le névé aperçu d’en bas complique la progression.
Tenter de traverser une pente s’inclinant à 45°, de surcroît sans les crampons... serait suicidaire ! De plus, elle déverse sur les grandes parois rocheuses. J’écarte rapidement cette option.
Finalement, je désescalade une série de petits ressauts sur le flanc gauche du névé que j’arrive à contourner en flirtant avec l’abîme insondable !
Par la suite, la vire s’aplanit en devenant plus large. Un belvédère se situant à l’extrémité d’une avancée rocheuse permet de contempler un spectacle grandiose ; celui de la roche sauvage.
La dernière ligne de crête s’élance fièrement vers la cime.
C’est une pente raide, entrecoupée de quelques ressauts facilement négociables jusqu’au sommet (II).
Comme je l’écrivais déjà sur l’une de mes sorties, le Roc de Garnesier semble touché par la grâce... nimbée de brume, la silhouette de la montagne se dévoile par intermittence.
Ce n’est pas le meilleur jour pour contempler la vastitude d’un paysage que l’on appréciera à sa juste valeur par temps clair.
Pourtant, comme Nounours autrefois, je me sens bien sur mon petit nuage...
Pour le retour, il suffit de basculer dans la face sud en évitant de passer trop près de la crête.
Atteindre la zone rocheuse précitée (variante de l’itinéraire bis).
Repérer le ressaut par lequel on avait quitté la vire inférieure lors de l’ascension.
Cela exige de repasser par le passage dangereux.
Variantes de descentes plus sûres
« Le Pas de l’Âne où la vire inférieure ?
Les deux étant très exposés, actuellement la question se pose moins. L’érosion a rendu le passage de la vire inférieure quasiment impraticable. Les 30 centimètres de terre tiendront encore combien de temps ?
Une 3e vire existe sous la vire inférieure et au-dessus de la traversée du Pas de l’Âne. Il s’agit du passage le moins risqué pour la descente et peut-être le futur passage obligé, remplaçant la "vire inférieure" lorsqu’elle aura été totalement avalée... »
Texte de Mick, auteur d’Altituderando
Photo des variantes.
Pour un retour par le Pas de l’Âne : voir cette sortie.
Auteur : michel
Avis et commentaires
Hello !
Michel : je savais que tu avais modifié le topo en conséquence, mais j aime bien voir par moi même.
Très bien d avoir à nouveau modifié en précisant de prendre du matériel d escalade😃 mais il me semble aussi indispensable de préciser que tous les passages obligatoires ne sont pas équipés, et surtout que le problème se situe après
APRÈS la main courante. En tout cas bon courage pour sécuriser quoi que ce soit ds ce terrain...
Mick : très difficile de comparer sur photos la vire lors de ton passage et le mien , mais j ai aussi envisagé de passer sous le rocher avant de vite me raviser... 😅
Dyn’s : oui merci nous sommes revenus entier... Nous y sommes allés en connaissance de cause, près à renoncer. Et puis devant l obstacle on se dit, juste quelques mètres, et hop ! Seulement c est très dangereux, mais pourtant pas vraiment dur... Je crains que d autres aient le même raisonnement, il finira à mon avis par y avoir un problème sur ce passage...
Dommage car ce parcours est somptueux, et même en prenant une corde ça change tout, car cela casse l homogénéité de la course...
Salut Sylvain,
En effet, tu confirmes ce que nous évoquions en commentaire de cette sortie à Chamousset :
D’après quelques zooms pris des environs (dont le suivant de l’hiver 2021), j’étais persuadé que ça ne passait plus...
Heureusement, malgré votre frayeur, vous êtes rentrés sain et sauf !
Merci du retour Sylvain. J’étais passé sous le rocher qui pend et je peux te dire que j’ai eu très peur. La tremblotte des jambes après....
Itinéraire très dangereux à présent.
Hello Sylvain,
Merci d’avoir confirmé ce que nous supposions, à savoir la dégradation du passage de la vire.
J’avais mis deux notas et la voie est cotée "alpinisme", ce qui suppose un minimum de matériel et d’expérience. Contrairement aux "collectors" de Sombardier (Vertiges d’en haut et du Mont Aiguille à l’Obiou), un site numérique est évolutif et peut relater les changements sur le terrain. Cela dit, ces deux ouvrages, je les conserve précieusement ahaha !
Bonjour à tous !
Michel et Mick : course réalisée aujourd’hui, c est beau, grandiose !
Mais devenu EXTRÊMEMENT dangereux. L accès à la main courante est très exposé, mais ça passe encore. La corde fixe est vieillissante, mais sans points de faiblesses apparant.
Merci mick, grâce à ton descriptif nous avons prévu une longe, c est à mon sens devenu indispensable... (ceci dit, sans baudrier nous aurions fait demi tour, ce qui est à mon sens aujourd’hui la meilleure chose à faire)
Le gros problème vient juste après la corde fixe... Il est devenu impossible (ou alors il faut être suicidaire) de passer devant le rocher qui tend vers le vide, juste qq centimètres d herbe... Il faut donc passer par dessus et redescendre derrière (vraiment très expo). Juste derrière une étroite banquette en herbe relativement stable sur un mètre environ, et encore un effondrement... Il faut traverser sur une zone extrêmement étroite de rochers croulant ne demandant qu à partir, et nous avec...
Je vais publier cette sortie rapidement, en essayant de donner plus de détails.
Mais pour moi, ce parcours est devenu insensé tant que la main courante ne sera pas prolongée !
Mick dit dans les commentaires : "on joue avec la faucheuse", il n exagère pas, et depuis trois ans d érosion ce sont écoulés !!!!
Nous avons pris un shoot d adrénaline comme jamais, et jamais nous n y retournerons.
Sinon tout le reste est tel que très bien décrit par Michel dans le topo !
Voilà, tout ce pavé car il me paraît indispensable de signaler dans le topo que de réaliser cette course c est jouer avec la mort... Certains trouverons sûrement que j abuse, mais je me devais de le signaler.
Bonne soirée à vous tous !
Tu verras ma photo de ce qu’il reste "d’herbe" dans la traversée qui suit la corde à côté du bloc qui penche et ce qu’il y avait en 2016 sur la photo (format portrait) d’Arnaud. Ca a bien réduit.
Je l’ai passé une première fois sans la corde fixe de sécurité, mais il semble que le passage s’était dégradé lors de ma seconde traversée (celle publiée).
Si c’est si tendu avec la main courante, il faut que je le signale sur le topo.
J’avais testé une vire médiane juste au dessus mais c’était tellement péteux que j’ai préféré ne pas y faire allusion.
Fait aujourd’hui... et bah mes jambes ont tremblé en arrivant au passage péteux. Tout a bien changé depuis ton passage et celui d’Arnaud. On joue avec la faucheuse... il n’y a plus d’herbe sur la vire expo juste après la corde avec le rocher qui "tend" vers le dévers... C’est bientôt la fin de ce bel itinéraire, je n’y mettrais plus les pieds ! Tellement angoissé par l’idée de redescendre par là et pas plus enchanté de passer par le pas de l’âne... En descendant "au pif" vers le pas de l’âne, j’ai trouvé une 3e vire qui est facile à suivre. Elle est au-dessus de la traversée du Pas de l’âne et en dessous de la vire inférieure. Cela donne 3 vires dans la face pour ma sortie, c’est l’échappatoire idéal ! De vires en vires... Sortie à venir ;)
Impressionnant - Magnifique .....
Dantesque ! Mention spéciale pour la photo des piles d’assiette en équilibre (n°38, "Le sommet est en vue."), il faut avoir le moral pour grimper là-dessus !
MAGNIFIQUE !
Salut Arnaud,
Il me semble que nous possédons le même "best seller" !
Oui, ça devrait te plaire 🙂
Magnifique !
Merci pour ces infos précieuses et ces photos très parlantes.
Le topo de Sombardier, dans Vertiges d’en Haut, est antérieur à l’éboulement qui a rendu le passage dangereux sur la vire inférieure, j’avais trouvé quelques photos de ce passage mais elles n’étaient pas très explicites. Maintenant, j’en ai une bonne idée, et c’est bénéfique pour ma préparation à cet itinéraire d’aventure.
J’aime les surprises mais quand un passage se révèle difficile ou dangereux, je préfère en avoir une bonne représentation.
A présent, je suis fin près pour l’exploration de ces fameuses vires. En attendant la fonte du gros névé sur la vire supérieure, j’irai peut-être explorer les pentes ouest et l’arête nord du sommet voisin...
Merci pour vos commentaires !
Les quelques photos au ciel bleu azur ont été prises lors de ma reco du mois d’aout. J’avais reconnu le départ pour le Roc et la première partie des vires de la Tête de Garnesier.
En effet, la corde fixe n’était pas encore installée. Le passage s’est encore dégradé depuis cette date.
J’espère que ça donnera des idées aux amateurs de ce type d’ascension !
Bonjour, effectivement on imagine une grande ambiance, entre le texte et les photos !
Superbe itinéraire ! Les plaquettes et cordes ont été revue lors de l’organisation de la grande trace au mois de février !
Ambiance et photos , BRAVO !
Époustouflant !
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