Sortie du 19 juillet 2019 par Mick1018 Tête de Garnesier (2367m) par les vires de la face nord-ouest

VARIANTE DES 3 VIRES : descente par une vire moins exposée que l'A/R et que le Pas de l'âne. Sortie d’anthologie qui ne sera bientôt plus possible. En effet, la vire "protégée" par la main courante est littéralement grignotée par l'érosion. C'est très dangereux, trop même...

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Conditions météo

Chaud, ciel bleu avec un voile.

Récit de la sortie

Lien du tracé GPX

P. Sombardier dans son livre "Vertiges d’en Haut" ne savait quel itinéraire de retour conseiller en cas de départ de la Jarjatte. Le Pas de l’Âne où la vire inférieure ? Les deux étant très exposés. Actuellement la question se pose moins. L’érosion a rendu un passage de la vire inférieure quasiment impraticable. Les 30cm de terre tiendront combien de temps ? Une 3e vire existe sous la vire inférieure et au-dessus de la traversée du Pas de l’Âne, il s’agit du passage le moins risqué pour la descente et peut-être le futur passage obligé, remplaçant la "vire inférieure" lorsqu’elle aura été totalement avalée...

Dès le départ le cirque de la Jarjatte et ses aiguilles impressionnent. L’approche jusqu’à la crête menant au col de corps est ennuyeuse. Mais lorsque l’on met pied sur celle-ci, peu de mots ne peuvent décrire l’intimidant ravin main droite. On se tait et on regarde...

Je rejoins le col après une montée dans un alpage coincé entre deux ravins. La vue de l’itinéraire fait déjà ronronner le palpitant. Je repère également le Pas de l’Âne en cas de besoin.

La vire inférieure est gagnée après un pénible dévers et rapidement je vois le passage "péteux". La corde fixe est en bon état et indispensable ! Chaque année le passage est rongé par l’érosion.

Juste après la corde, plus rien pour s’assurer et il reste 30cm environ de "vire" herbeuse / terreuse qui ne demande qu’à tomber. Le gros bloc qui se détache de la paroi à cet endroit penche côté vide emmenant le randonneur également dans ce sens lors de la traversée. Mes jambes tremblent. Je m’arrête, respire et passe en position semi-accroupi, les pieds côté vide sur une bordure terreuse et les mains sur le bloc pour "m’assurer".

La suite de la vire inférieure ne pose pas de problème, la prudence reste de mise évidement. Je grimpe le couloir raccourci bien décrit par Michel. Ce passage, c’est clair que je n’irais pas à la descente, puisqu’il y a la voie "bis" plus sûre.

Le pierrier raide en descente qui suit un peu plus tard ne m’inspire aucune confiance. je traverse au mieux pour avoir des prises sur la falaise et ne pas dépendre uniquement de mes pieds et bâtons. Une glissage non maîtrisée me catapulterait par dessus les barres...

Le devers de la 2e vire est large mais en rocher croulant. J’avance lentement pour une fois, je préfère assurer le pas. Me voilà au pied du bastion. J’imaginais de belles marches dévoluardes mais non.

La montée est raide, le terrain est mi-bon mi-pourri. Ca passe mais si une meilleure option s’offre pour la descente, je prends...

J’arrive au sommet au bout de 3 heures, très heureux de cet escapade mais mon esprit n’est pas tranquille, je pense à la descente. La vire inférieure, hors de question, le Pas de l’Âne est la meilleure option par élimination mais je n’ai pas lu les indications d’Arnaud avant de partir... J’irais au pif.

Du sommet je comprends vite que l’on peut descendre par des pentes raides mais rassurantes jusqu’à la jonction entre les deux vires, un gain de temps et pas de stress !

VERS LA VIRE DE DESCENTE

Je passe au mieux dans les raides devers en direction du Pas de l’Âne. C’est en-dessous du passage avec spits à la fin de la vire inférieure. La barre rocheuse qui me sépare du Pas est impressionnante et j’ai dans l’idée (qui sera fausse en lisant la sortie d’Arnaud par la suite) qu’il faut descendre très bas pour contourner la barre. Je décide donc d’essayer de trouver un raccourci en me rapprochant de la falaise de la Tête de Garnesier, sous la vire inférieure.

Je trouve par hasard le départ d’une vire et je vois un cairn juste de l’autre côté du premier cirque et le Pas de l’Âne plusieurs dizaines de mètres en contre bas. Une trace est là en plus du cairn alors je décide de tenter le coup et de suivre cette vire.

Coup de poker, je comprends vite que je suis au-dessus du Pas de l’Âne et en dessous de la vire inférieure. La trace est bien plus sûre que sur les deux vires principales du topo, ma tension diminue, je sais que je suis sur la bonne voie.

La fin de la vire est originale, il faut s’accroupir pour descendre "dans" la montagne sous une sorte de toit naturel en pente descendante mais avec une bonne adhérence pour les pieds et de bonnes prises pour les mains.

Me voilà dans le pierrier sous la vire inférieure. Je ne me fais pas prier pour dévaler la caillasse plein gaz, très excité d’avoir trouvé cette 3e vire et d’être sortie d’affaire.

Encore une belle aventure, c’est toujours le cas quand on suit les traces de P. Sombardier. Mais je ne remettrais jamais les pieds sur cette vire inférieure...

"Grimpez si vous le voulez, mais n’oubliez jamais que le courage et la force ne sont rien sans prudence, et qu’un seul moment de négligence peut détruire une vie entière de bonheur. N’agissez jamais à la hâte, prenez garde au moindre pas. Et dès le début, pensez que ce pourrait être la fin" - Edward Whymper.

Vidéo

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Randonnée réalisée le 19 juillet 2019

Dernière modification : 20 juillet 2019

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Avis et commentaires

En effet, le passage exposé fait peur sur tes photos... Je pensais y retourner un de ces quatre faire découvrir l’itinéraire à un ami, on s’abstiendra ! La vire ne demande qu’à s’ébouler... Je me doutais bien qu’un jour elle ne serait plus praticable mais je ne croyais pas que le passage se détériorerait aussi rapidement.
Belle alternative que cette troisième vire, bien joué pour l’explo !

Le pas de l’Âne a une sinistre réputation de part un accident mortel, mais n’est pas si effrayant en réalité, et il semblerait que la sente soit régulièrement retapée.

Merci. J’ai bien fait de ne pas attendre une année de plus pour la faire cette boucle. Je voulais enchaîner sur le topo d’Arnaud et le Roc de Garnesier par la face sud mais j’avais déjà eu mon shoot d’adrénaline pour la journée. Ca sera l’occasion de revenir.

J’ai modifié le topo en conséquence 🙂
Le terrain en montagne est évolutif, j’ai constaté la dégradation des glaciers sur des parcours que j’ai réalisé dans les années 90 (devenus très exposés).
La roche aussi se dégrade, le pilier Bonatti nous le rappelle (conséquence moins connue du changement climatique).
Cela dit le rocher dans ce massif est souvent délité, ça se dégrade parfois sans avoir besoin d’invoquer des causes plus alarmantes.
Bravo pour ta sortie.

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