Pic Turbat (3028m) par le versant est, par Font Turbat et le Col Turbat (2679m), en boucle au départ de La Chapelle-en-Valgaudemar

Difficulté :
Difficile
Dénivelé :
2550m
Durée :
2 jours

L’ascension du Col Turbat (2679m) par son versant nord, enchaînant l’ascension du Pic Turbat (3028m) par la rampe de son versant est, suivi de la descente du sommet sur le Col de Colombes (2423m) par son minéral versant sud avant le retour à la Chapelle-en-Valgaudemar est une longue randonnée sérieuse autant qu’extraordinaire. Pentes raides, recherche d’itinéraire, caillasse et solitude raviront les montagnards chevronnés avides de sensations. Grande ambiance sur un itinéraire hautement sportif, avec, tout au long de l'ascension, des vues imprenables sur la mythique face nord-ouest de l'Olan. – Auteur :

Accès

De Gap (Hautes-Alpes), prendre direction du Col Bayard (Corps - Grenoble) par la N85. Peu après le village de Chauffayer, prendre la direction de Saint-Firmin par la D985a (panneau Saint-Firmin - Parc National des Écrins - La Chapelle-en-Valgaudemar). Cette route départementale longe la Séveraisse jusqu’à La Chapelle-en-Valgaudemar et mène au fond de la vallée où se trouve le Chalet-refuge du Gioberney.
Au sortir de La Chapelle-en-Valgaudemar vers le fond de vallée, la route D985a devient la D480.
Un parking se trouve juste à la sortie de La Chapelle-en-Valgaudemar, en contrebas de la route, dans un pré aménagé pour le stationnement. Un deuxième parking se trouve en bord de route, en face du départ du sentier pour le refuge de l’Olan.

Précisions sur la difficulté

Itinéraire sauvage et en grande partie hors sentier balisé, notamment pour la section entre le Col Turbat et le Pic Turbat par la combe et la rampe de son versant est. Par temps clair, l’itinéraire général se décrypte au fur et à mesure de la progression où les points remarquables ne manquent pas pour s’orienter. La section du Refuge de Font Turbat au Col Turbat par le versant nord, aussi impressionnante et vertigineuse qu’elle soit, ne présente pas de difficulté à condition de ne pas s’y égarer.

Pic Turbat : la difficulté vient des pentes d’éboulis à traverser et/ou à gravir avec des déclivité plus ou moins fortes. La pente terro-rocho-caillouteuse de loin la plus instable, où rien ne tient trop et accusant une forte déclivité (40° à 45°) étant celle de la rampe intégrale du versant est du Pic Turbat où un petit ressaut rocheux incliné nécessite, sur 4 à 5 mètres de hauteur, un peu d’escalade malaisée (II+ maxi, difficile de catégoriser) obligatoire. L’ascension de cette rampe se fait de préférence au plus près de la paroi est du Pic Turbat, c’est-à-dire en rive gauche, où le rocher est le plus sain et le plus sécurisant et facilite donc la progression (le bas de la paroi recèle nombre de prises permettant de mieux se hisser). La vigilance s’impose lors de l’ascension de cette rampe détritique à forte inclinaison.

Col Turbat : l’ascension du Col Turbat en versant sud (donc depuis les hauts de Côte Belle) nécessite au départ un petit pas d’escalade (II+ maxi) dans une étroiture qui débouche sur un plan incliné terro-herbo-rocheux. De vieilles marques rouges balisent le tracé. De même, si la descente comme l’ascension du Col Turbat par son versant nord ne nécessite point de pas d’escalade à proprement parler, en revanche il convient d’être très attentif au balisage (vieilles marques de peinture rouge et cairns çà et là) et aux traces de passage et de lustrage du rocher. Il faut décrypter l’itinéraire qui utilise les lignes de faiblesse de la paroi, emprunte vires et gradins et sinue entre les barres rocheuses (une chute y serait fatale, des accidents graves dont un mortel en 2022 s’y sont hélas produits). Tout y est pour s’agripper, poser les mains au besoin, les pieds quant à eux ont des vires et gradins à disposition. Rien de sorcier, mais la vigilance s’impose.

Si par temps clair s’y perdre est impensable, en revanche la prudence sera évidemment requise par temps de brouillard, notamment pour la section entre Côte Belle et le Col Turbat, le versant sud du Col Turbat en montée comme à la descente, le versant nord du Col Turbat à la descente vers Font Turbat comme en montée, du Col Turbat vers le Pic Turbat par la combe et sa rampe du versant est, tout comme la descente de ce sommet vers le Col de Colombes par le versant sud qui n’est autre qu’un vaste champ de caillasse paumatoire bordé et/ou entravé, çà et là, de ressauts et barres rocheuses. Personnellement, en cas de brouillard je ne m’y aventurerai à aucun prix.

Globalement, l’itinéraire est à déconseiller fortement en cas de brouillard et/ou de pluie et/ou de prévisions météo instables car, d’une part, s’y égarer n’est pas à exclure et, d’autre part, à certains passages raides, exposés, rendus glissants par l’humidité et entravés de barres rocheuses une chute y serait fatale : versants sud et nord du Col Turbat, rampe du versant est du Pic Turbat, versant sud du Pic Turbat en direction du Col de Colombes.

En cas d’orage, l’itinéraire empruntant des points hauts forcément exposés à la foudre est sans possibilité de repli rapide selon où l’on se trouve.

En résumé :
1) avoir une solide condition physique.
2) savoir s’orienter et lire une carte.
3) être à l’aise en terrain à chamois et, pour être plus serein, avoir un minimum de notions d’escalade (jusqu’au niveau III, par exemple) pour l’ascension du Col Turbat et du Pic Turbat.
4) randonnée à ne pas entreprendre par les personnes sujettes au vertige.

Les infos essentielles

  • Carte : IGN TOP25 3336ET Les Deux Alpes.
  • Altitude départ : La Chapelle-en-Valgaudemar (1078m).
  • Altitude maximale : Pic Turbat (3028m).
  • ITINÉRAIRES PROPOSES : ayant réalisé plusieurs fois des randonnées au Col Turbat et au Pic Turbat, je livre ici deux tracés possibles (il en existe d’autres) au départ de La Chapelle-en-Valgaudemar, en précisant que les horaires donnés sont indicatifs car fonction de la condition physique et du rythme de chacun.
  • ITINÉRAIRE N°1 : (tracé décrit dans ce topo) se réalise sur DEUX JOURS, avec une nuit au refuge de Font Turbat (La Chapelle-Col Turbat-Font Turbat-Col Turbat-Pic Turbat par le versant est et descente par le versant sud-Col de Colombes-La Chapelle).
  • Dénivelé positif total cumulé : calcul sur carte : 2575m – calcul GPX : 2550m.
  • Distance totale : calculée au curvimètre : environ 18,5km – calcul GPX : 20km.
  • Durée : 1ère étape (9km et 1600md+) compter entre 5h00 à 6h00, 2e étape (11km et 950md+) compter entre 7h00 à 8h00 (au total pour les deux étapes j’ai mis 11h00).
  • ITINÉRAIRE N°2 : se réalise en UN JOUR (La Chapelle-Pic Turbat par le versant est et descente par le versant sud-Col de Colombes-La Chapelle). La nuit en refuge et le Col Turbat sont donc shuntés : de Côte Belle, puis de la combe, monter directement jusqu’à la rampe du versant est.
  • Dénivelé positif total cumulé : calcul sur carte : 1950m – calcul GPX : 2000m.
  • Distance : calculée au curvimètre : environ 15,5km – calcul GPX : 16km.
  • Durée : compter entre 8h00 et 10h00 (j’ai mis 9h00).
  • Matériel nécessaire : bâtons de marche, carte et compas, altimètre, vêtements couvrants de haute montagne, en cas d’accident : téléphone cellulaire (passe sur les points hauts, notamment au sommet du Pic Turbat et dans le versant sud). En début de saison crampons-piolet obligatoires. Casque conseillé (notamment pour l’ascension du Pic Turbat par la rampe du versant est : je l’ai mis pour cette partie). Le piolet peut éventuellement être utile pour tailler des marches dans les sections de pente terreuse de forte inclinaison. L’emport au fond du sac d’un bout de corde en section 8mm peut éventuellement s’avérer utile pour assurer une personne peu sûre dans les passages exposés. Emporter 2 à 3 litres d’eau minimum.
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Itinéraire

PRÉAMBULE :

J’ai privilégié dans ce topo l’itinéraire sur deux jours car, de mon point de vue, plus achevé (pour l’avoir fait, l’itinéraire direct depuis La Chapelle-en-Valgaudemar est également très beau et se réalise sans problème sur un jour). En effet, la courte ascension en versant sud comme la longue et magnifique descente en versant nord du Col Turbat plongeant sur Font Turbat, puis l’inverse le lendemain, enrichissent dans la continuité l’ascension du magnifique Pic Turbat par la combe puis l’impressionnante rampe de son sauvage versant est. Vous n’y verrez personne : solitude garantie. Cela tombe pile-poil : solitaire en quête de silence, tant que l’âge et les jambes me porteront et que l’envie sera-là je m’autoriserai ce genre de balades…

Passer une nuit au refuge de Font Turbat (où bivouaquer à proximité, pour ceux qui ne dédaignent pas le portage lourd) présente l’avantage de mieux s’immerger dans l’atmosphère du profond vallon de Font Turbat que dominent des parois magistrales, dont la gigantesque face nord-ouest de l’Olan est le joyau. Lors de ces dix dernières années, on notera la gentillesse et la disponibilité des deux gardiennes successives de ce refuge à dimension humaine et chaleureuse qui, heureusement, a su conserver l’ambiance d’antan (j’ai personnellement horreur des usines à touristes en altitude que je rechigne à fréquenter, au point que je n’y vais plus).

Vu d’en-bas - du refuge de Font Turbat -, le versant nord du Col Turbat paraît excessivement raide et infranchissable. Il n’en est rien puisque le tracé fort esthétique utilise les lignes de faiblesses sur un rocher sain, sauf dans les tous derniers mètres sous le col. S’en dégage une belle ambiance alpine, l’austère et sombre face nord-ouest de l’Olan au petit matin frais épaulant le randonneur tout au long de l’ascension. Vu d’en-haut - c’est à dire à l’aller -, la descente du versant nord du Col Turbat, tout aussi impressionnante qu’elle puisse paraître, exige tout simplement de l’attention. Le marquage ancien et les traces de passages confortent la direction, tout y est pour les pieds, et les mains au besoin. En-bas, au pied de la paroi, l’on arrive sur l’immense éboulis du Cros de la Vache où une sente cairnée en arc de cercle conduit au refuge du Font Turbat.

Le Col Turbat franchi pour la deuxième fois, donc au deuxième jour de la randonnée, la combe d’éboulis en direction du Pic Turbat, tout aussi pénible qu’elle soit à remonter comme tout pierrier qui se respecte, mérite de faire l’effort, car l’on débouche au bas de la longue rampe (certains appellent "couloir" ce que je nomme "rampe") de son versant est, avec, dès son amorce, toujours une saisissante vue plongeante sur Font Turbat, tandis que l’Olan domine l’ensemble de toute sa majestueuse puissance. L’endroit est sauvage. Là s’élève le niveau de conscience et l’on se réjouit de ces moments uniques qui forgent une belle vie. L’effort physique affûte le mental autant que la beauté des paysages élève l’esprit...

La poursuite de l’ascension par la rampe est ardue et offre quelques jolies sensations nécessitant le pied sûr autant que la cuisse solide. Guère plus haut que le bas de pente, un léger pas d’escalade sera nécessaire pour franchir un petit ressaut rocheux incliné avant de poursuivre au plus vif du sujet : sorte de pierrier suspendu à des déclivités terro-rocheuses entre 40° et 45°. Passer au plus près de la paroi, en rive gauche, où le rocher de meilleure qualité permet de mieux se hisser est, à mon sens, plutôt indiqué. A chacun cependant l’initiative de choisir son propre itinéraire. Parvenu en haut, à l’épaule, la suite de l’ascension ne prend plus que quelques toutes petites minutes sur la très courte arête sud faite d’un granit sain et compact où la marche est aisée, en s’équilibrant des mains au besoin. La récompense est au bout où un panorama immense aux quatre points cardinaux se livre enfin au randonneur. Un très beau sommet que ce Pic Turbat (dans mes jeunes années, à l’époque où je pratiquais l’alpinisme, l’ascension de son arête nord m’aurait très sûrement tentée).

Une dure randonnée non dénuée d’esthétique et à la beauté sauvage s’adressant aux randonneurs chevronnés.

ITINÉRAIRE :

ITINÉRAIRE DE LA CHAPELLE-EN-VALGAUDEMAR AU BAS DE COTE BELLE :

Du parking en sortie de La Chapelle-en-Valgaudemar, prendre la D480, direction le Gioberney. Au bout de 500 mètres, prendre sur la gauche le sentier bien tracé (variante du GR54 – Tour de l’Oisans) et assez parcouru (en saison) en direction du Col de Colombes, du refuge des Souffles et du refuge de l’Olan (panneaux).

Rapidement ce sentier s’élève dru en plusieurs lacets et replats successifs avant d’atteindre le point coté 1730 (marqué sur la carte IGN), en-dessous de la Muandasse. Ce point coté marque une intersection (panneaux). Le sentier de droite continue en direction du refuge de l’Olan, le sentier de gauche, toujours bien tracé, part en direction du Col de Colombes et du refuge des Souffles : la direction à prendre.

Poursuivre sur ce sentier remontant en rive gauche du Torrent du Clot. Quelques zigzags mènent à un vallon supérieur aux herbes grasses en début de saison et où, jadis, existait la Cabane du Clot, aujourd’hui ruinée. Le point coté 2043 marque une intersection (panneaux). Le sentier de gauche poursuit en direction du Col de Colombes (2423m), du Col des Clochettes (2183m) et du refuge des Souffles (1968m), le sentier de droite monte en direction du Pas de l’Olan (2683m) et/ou emprunte le beau tracé en balcon sous Cote Belle : notre direction.

Prendre donc à droite, traverser une pelouse humide (en début de saison) avant que le sentier ne se redresse à travers les éboulis. Au point coté 2334 (panneaux), laisser à droite le sentier montant en direction du très beau Pas de l’Olan et prendre à gauche le sentier en balcon presque horizontal en direction de Cote Belle. Parvenu à équidistance de la section en balcon, quasiment sous le mot Cote Belle, un cairn bordant le sentier sur la droite (donc côté haut de pente) marque le tout début d’une sente grimpant dans Cote Belle. C’est là, qu’il faut quitter le sentier principal (GR) pour prendre cette sente qui marque le début de la section hors sentier et se perd rapidement dans la pente herbo-caillouteuse.

ITINÉRAIRE DU BAS DE COTE BELLE AU REFUGE DE FONT TURBAT :

Là débute la partie hors sentier de l’itinéraire.

Du cairn, prendre le petit bout de sente qui s’efface rapidement et poursuivre en direction nord-ouest à l’estime dans la pente terro-herbeuse d’inclinaison moyenne. Cette pente passée, l’on tombe sur la crête arrondie d’un bombé terro-herbeux. Basculer derrière dans la pente pour rejoindre un fond de ravin (délimité dans l’axe sud-nord par le mot Cote Belle) où serpente une sente cairnée çà et là, que l’on remonte. Par endroit cette vague sente cairnée montante au milieu de la caillasse est visible (les passages successifs ayant produit des affaissements) puis se perd dans le dédale pierreux où, d’ailleurs, subsistent quelques débris éparpillés d’un avion de chasse ayant autrefois malheureusement percuté ici la montagne. Ce ravin débouche au fond, plein nord, sur une combe : à gauche c’est la direction de la rampe du versant est du Pic Turbat (l’itinéraire du lendemain), à droite c’est la direction du Col Turbat, notre direction. Pas toujours repérable (l’on aperçoit parfois le tassement des caillasses dû au passage), la sente jalonnée de quelques très rares cairns monte à droite dans la pente d’éboulis en direction du Col Turbat.

A l’approche de la paroi sous le Col Turbat, repérer ce col, point le plus bas à droite de l’arête quasi horizontale face à soi, prolongement de l’arête ouest de l’Olan. La sente traversant l’éboulis que l’on monte vient mourir sur une ligne de faiblesse de la petite paroi rocheuse protégeant l’accès au Col Turbat, constituée par une sorte d’étroiture de quelques mètres à escalader (II+ maxi). A son amorce, sur la droite, une vieille marque de peinture rouge sur le rocher conforte la direction. Cette étroiture débouche plus haut sur un plan incliné terro-herbo-rocheux avant que des gradins faciles à négocier conduisent au col. L’ascension est rapide. Là se dévoile la vue sur le sauvage vallon de Font Turbat, son refuge gardienné et son refuge d’hiver 500m plus bas, le vaste Cros de la Vache et ce qu’il reste, hélas, du Glacier de la Maye.

Du col, s’engager dans la descente du versant nord par une sente dans une première section terro-rocheuse courte mais pas très saine (rochers enchâssés dans la terre). Passé cette section, le rocher devient du granit sain et compact. Comme pour le versant sud, de vieilles marques rouges balisent le tracé du versant nord, de même que quelques cairns. Rester toujours très attentif au balisage et aux traces de passage. Ne pas se laisser effrayer par la pente, bordée à gauche par un profond ravin, car ça passe haut la main et droit sur les jambes, à condition d’être bien sur l’itinéraire empruntant dalles, vires et gradins. Il s’agit d’un itinéraire de randonnée, certes ardu, mais non d’alpinisme. La corde n’y est en principe pas nécessaire. Le casque éventuellement, a fortiori si des randonneurs sont au-dessus.

Nota : sur les anciennes carte IGN au 1:25000, l’itinéraire du Col Turbat en versant nord y est mentionné en pointillés rouges : à présent il n’y figure plus sur le géoportail TOP25.

Arrivé au bas du versant nord par une petite rampe rocheuse, l’on tombe sur le vaste éboulis du Cros de la Vache où une trace cairnée en arc de cercle, traversant quelques ravins pentus, conduit quasiment dessous le refuge de Font Turbat. Évident. L’on enjambe un torrent au fond d’une pelouse puis, par un sente montante en diagonale, l’on atteint très rapidement le refuge. Bière parfaitement autorisée pour favoriser la reminéralisation du corps !...

ITINÉRAIRE DU REFUGE DE FONT TURBAT AU COL TURBAT PUIS AU PIC TURBAT :

Reprendre le chemin inverse de la veille : éboulis du Cros de la Vache et versant nord du Col Turbat. Dans la fraîcheur et pure clarté du petit matin l’ascension de ce versant est un pur régal (photographies à faire). Le Col Turbat atteint, franchi et descendu, au pied du versant sud bifurquer dans la combe qui remonte plein est. Aucun balisage n’existe. Remonter au mieux cette combe constituée de pentes d’éboulis formant vagues et petites ravines de déclivités moyennes. La montée dans le pierrier est assez pénible. Plus haut l’on aboutit au bas de la rampe caractéristique du versant est du Pic Turbat (passer sur la droite, au plus près du bord de la rampe dans la continuité de l’arête à main droite pour bénéficier du panorama plongeant sur Font Turbat). La combe puis la rampe dans la continuité forment un coude. Orientée nord-sud et longeant le pied de la face est du Pic Turbat, cette rampe est la voie classique pour faire l’ascension du Pic Turbat depuis Font Turbat, tout comme elle est la voie la plus rapide de descente du Pic Turbat pour rejoindre le Col Turbat. Elle est donc empruntée (traces de passages), certes nettement plus rarement que l’itinéraire du versant sud bien plus facile d’accès aux randonneurs.

Poursuivre l’ascension en direction de la rampe dont la déclivité s’accentue au fur et à mesure, rampe bordée à l’est (donc à main gauche) par d’imposantes barres rocheuses. En bas de la rampe, longtemps en saison subsistent ici des névés (en tout début de saison ou longtemps en saison après un hiver et un printemps neigeux l’endroit nécessitera, en fonction, de chausser les crampons).

Du bas de la rampe l’on aperçoit parfaitement l’épaule à atteindre (endroit juste sous le sommet du Pic Turbat où l’on rejoint l’itinéraire du versant sud). Le premier tiers de l’ascension de la rampe est barré par un petit ressaut rocheux incliné nécessitant, sur 4 à 5 mètres de hauteur, un peu d’escalade malaisée (II+, difficile de catégoriser) obligatoire. Plusieurs façons de passer ce ressaut sont possibles : à chacun de choisir l’itinéraire qui lui semble approprié. Ce ressaut franchi, la pente terro-rocho-caillouteuse devient plus instable tout en accusant une forte déclivité (40° à 45°). Poser de préférence et si possible le pied « délicatement » sans quoi l’on est à peu près sûr à chaque pas de redescendre ce que l’on vient de monter, voire davantage... L’ascension de cette rampe se fait de préférence au plus près de la paroi est du Pic Turbat, c’est-à-dire en rive gauche, où le rocher est le plus sain et le plus sécurisant et facilite donc la progression (le bas de la paroi recèle nombre de prises permettant de mieux se hisser).

L’on atteint l’épaule, précisément où existe au ras du sol une croix gravée dans le rocher et de couleur vert sur blanc.

De l’épaule, le sommet du Pic Turbat (3028m) n’est plus qu’une question de toutes petites minutes à peine. Poursuivre par le bout d’arête sud constitué de granit sain et compact s’effilant peu à peu pour devenir aérien tout autant qu’esthétique. L’on se surprendrait presque à jouer les Gaston Rebuffat volant sur le rocher… Les traces de passage y sont visibles, tout y est pour les pieds et les mains, l’itinéraire évident. L’ambiance finale y est grandiose tout comme le panorama aux quatre points cardinaux et viennent en récompense de l’effort fourni. L’arête sommitale crénelée est constituée de trois pointes, la première sur laquelle on débouche est le sommet. Un cairn y accueille le randonneur sur une plateforme guère plus large que quatre planches à repasser. S’y poser permet d’admirer et de ressentir la beauté et la puissance des éléments. La vallée du Valgaudemar filant plein ouest vers le Dévoluy, la massive Cime d’Orgières, l’impressionnant Pic ces Souffles, le lunaire Col de la Vaurze, le Vieux Chaillol, l’Aiguille de Morges, le Sirac et son arête ciselée, l’élégante Cime du Vallon, la Rouye et, bien sûr, l’Olan, majestueux et perçant le ciel, marquent l’esprit de leur empreinte indélébile…

ITINÉRAIRE DU PIC TURBAT AU COL DE COLOMBES PUIS A LA CHAPELLE-EN-VALGAUDEMAR :

Du sommet, redescendre jusqu’à l’épaule le bout d’arête sud que l’on vient de grimper. De l’épaule, suivre la sente cairnée (traces de passage fréquent) qui sillonne à travers le pierrier sanctionné par de multiples barres rocheuses et ressauts de toutes hauteurs, le tout formant un immense plateau incliné vers le sud et d’inclinaison modeste. De vieilles marques de peinture rouge balisent, çà et là, également l’itinéraire. En gros, suivre le tracé en pointillés bleus figurant sur la carte IGN mais ne pas le suivre jusqu’au bout car, à un moment donné, vers le bas, il descend au Lac Lautier (2283m), alors qu’il faut rejoindre le Col de Colombes (140m d’altitude séparent le lac du col). Pour cela, bien observer la topographie et, passé le dernier obstacle terro-rocheux formant un ressaut facile à négocier (de ce ressaut on aperçoit le Lac Lautier), rester sur la sente de gauche longeant au plus près la barre rocheuse dominant à main gauche le Banc de la Croze et l’éboulis du Col de Colombes. Cette sente en léger arc de cercle conduit au Col de Colombes (2423m), à condition d’observer les cairns qui en jalonnent l’itinéraire, notamment dans la dernière section d’éboulis.

Du Col de Colombes, la suite de l’itinéraire est un jeu d’enfant puisqu’il s’agit, tout simplement, de prendre le sentier (GR). Parvenu au point coté 2260 (marqué sur la carte IGN), se présente une intersection : le sentier de gauche se poursuit en balcon et passe à Côte belle, celui de droite descend direct dans le vallon du Clot puis La Chapelle-en-Valgaudemar, la direction à prendre. Du sommet du Pic Turbat à La Chapelle-en-Valgaudemar, la descente est longue (2000m de dénivelé négatif) et lorsqu’enfin apparaît le village on en a plein les bottes... Le Pic Turbat se mérite en effet.

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 21 août 2023

Dernière modification : 12 septembre 2023

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Auteur :

Avis et commentaires

Bonjour Thierry,
Je confirme ce que vient d’écrire Dyn’s : itinéraire impressionnant et travail apporté au topo extrêmement complet !
Bravo !

C’est tout simplement magnifique ! Autant l’itinéraire que le travail apporté au topo extrêmement complet !
J’avais aperçu cet éventuel accès par la combe ’est’ en observant les photos aériennes du Géoportail mais je doutais fort de sa possibilité. Merci pour la confirmation, je suivrai tes traces un de ces quatre !

C’est vrai que j’y suis monté il y a un bon moment, mais ton approche est originale. Bravo !
J’m beaucoup ce refuge et les souvenirs associés 🙂

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