Les Monges (2115m) - Grande traversée des crêtes en boucle par Authon
- Randonnée
- Préalpes de Digne / Alpes de Haute-Provence / Authon
- Difficulté :
- Moyen
- Dénivelé :
- 1200m
- Durée :
- 1 jour
Voici une traversée de crêtes de plus de dix kilomètres au cœur du petit massif des Monges, dans une contrée sauvage et reculée des Alpes du Sud. Réalisable à toutes saisons, elle sera d'autant plus spectaculaire en hiver... – Auteur : Dyn’s
Accès
De Sisteron, suivre la D3 jusqu’à Saint-Geniez puis Authon. Stationner à la sortie du village sur le grand parking de gauche.
Précisions sur la difficulté
- Itinéraire envisageable à toutes saisons, à pied ou avec des raquettes.
- La seule véritable difficulté est la longueur du parcours : 23 km.
Photos
Les infos essentielles
- Carte IGN : TOP 25 3339 OT La Motte-du-Caire
- Altitude minimale : 1140m
- Altitude maximale : 2115m
- Distance : environ 23 km
- Balisage : intégralement GR 6 (rouge et blanc) et PR (jaune)
- Nota : le tracé sur fond de carte est donné à titre indicatif (ce n’est pas une trace GPS) et doit servir uniquement de repère à la lecture de la carte.
Chargement de la carte en cours
Itinéraire
Les Monges : la grande traversée des crêtes
Récupérer la route en direction du Vivier. À l’embranchement, laisser la route pour la piste balisée du GR 6 sur la droite.
La suivre jusqu’à l’intersection de la Peyrouse (pancarte). Prendre en direction de la crête de Pierre-Mont et du sommet des Monges en continuant sur le GR en traversant le torrent.
- Lorsque la rivière est infranchissable à gué, monter par la piste forestière. Aux intersections suivantes, prendre deux fois à droite (piste de la Pinole) et rejoindre le GR à 2 km.
Le sentier du GR s’élève progressivement dans les bois, gagne la crête de Pierre-Mont après avoir effectué un large lacet. L’itinéraire se poursuit plein est. La vue se dégage peu à peu sur les Monges et les crêtes.
Poursuivre sur le fil de la crête de Pierre-Mont, puis de la crête de Conaples. Le sommet des Monges s’atteint sans grande difficultés majeures après une traversée de presque 5 km.
- Toutefois, si le vent souffle fort, il est possible de contourner les différents ressauts en évitant la remontée au bord des falaises.
Continuer jusqu’au sommet de Coste Belle muni de deux tables d’orientations.
La première partie de la descente s’effectue sur l’arête orientée au nord-ouest aux escarpements rocheux plus prononcés. Rejoindre un poteau indicateur, puis plonger plein ouest en visant la crête du Raus.
S’enchaînent à nouveau quasi 5 km sur le fil de la crête du Raus, la Serrière des Cabanes et la crête du Clot des Martres jusqu’à la baisse de Dormeilleuse.
- À noter qu’il est possible de couper court à la traversée des crêtes au col de la Sapie pour rentrer directement à Authon.
Prendre la direction d’Authon en dévalant le versant sud de la crête de Dormeilleuse. Piquets et balisage sur les arbres sont bien présents sur l’itinéraire sinuant dans la guarrigue.
Rejoindre plus bas la piste provenant de Briançon, traverser le hameau et récupérer la D 3 vers Authon. Après 2,5 km regagner le village et le parking.
Mon raid de deux jours et mon premier bivouac hivernal
Dimanche 24, je regarde à nouveau mes différents sites de météo. Un temps stable est toujours annoncé vers les Monges pour lundi et mardi. Les nuages devraient se dégager en milieu de la première journée, puis grand ciel bleu pour la seconde. Je décide de tenter le coup. Un raid de deux jours... Mon premier bivouac hivernal...
Je fais l’inventaire de mes affaires, charge mon gros sac. Un sac de couchage affichant une température limite de confort de -26°C, un drap supplémentaire, un matelas gonflable, et ma tente trois saison. Celle-ci n’est pas destinée pour l’hiver mais qu’importe... Je prends ma polaire la plus chaude, tour de cou, bonnet, deux paires de gants, une grosse et une petite, deux premières couches pour le haut plus un pull léger, collants pour suppléer mon pantalon d’hiver pas très isolant du froid, deux grandes paires de chaussettes chaudes, une serviette légère, et ma veste d’hiver. Puis, ma popotte pour la bouffe, une petite casserole supplémentaire pour chauffer la neige, réchaud, bouteille de gaz, etc... Et ma cafetière italienne bien sûr ! Enfin mon téléobjectif ! Comme d’habitude, j’aurai mon réflex en bandoulière. Les deux batteries sont chargées. Sans oublier une petite trousse de secours et des lacets de rechanges qui ne quittent plus mes sacs. Je crois n’avoir rien oublié... Ah si la carte ! Je ne l’ai pas, je l’achèterai demain sur la route. Je tiens au courant Rémi de mon projet, une formalité que je prends de plus en plus l’habitude de faire. Rien que pour le cas où...
Lundi 25, petite boule au ventre au réveil... Cette nouvelle expérience me met quelque peu la pression ! J’avale un café, charge la voiture et prends la route. Direction Sisteron. Je m’arrête en chemin, dévalise une boulangerie et me procure la carte de la Motte-du-Caire. Avant d’entrer dans la citadelle, je bifurque vers Saint-Geniez, que l’on atteint après la traversée spectaculaire du défilé de Pierre Écrite. Il a neigé la veille, la chaussée est toute blanche. Prudence, ce n’est pas le moment de se tanquer dans le ravin. La petite route sinue dans la "vallée sauvage". Un nom bien évocateur. L’endroit me charme direct ! Un flanc de montagne délivre Briançon, le hameau hein ! Pas la ville la plus haute de France ! Puis, c’est l’arrivée à Authon, un bout du monde, surtout l’hiver lorsque la route du col de Font Belle est fermée. Je stationne au grand parking dégagé à la sortie du village.
Je chausse les grosses et les raquettes, la neige est présente dès le départ. Cela m’évite d’emblée une charge supplémentaire. Je rejoins rapidement la piste de la Peyrouse. Je fais la trace dans les quelques centimètres de fraîche. Je sens déjà que je vais être seul au monde... À l’intersection des départs de randonnées, je me dirige vers le torrent. Ça débite. La traversée à gué me tente moyennement. Je ne prends pas le risque de me tremper. La pancarte indique que lorsque la rivière est infranchissable à gué, il est conseillé de monter par la piste forestière. J’opte pour la rallonge. Je gagne donc le GR deux kilomètres plus loin. Les traces peu recouvertes sont bien visibles et facilitent la montée en forêt.
Après une ligne droite ascendante, je prends pied sur la crête de Pierre-Mont, départ d’une enfilade de crêtes de plus de dix kilomètres. J’enchaîne celles de Champ Long et de Conaples. Le vent s’impose de plus en plus au fur et à mesure de mon ascension vers le sommet des Monges. J’évite une première fois la crête principale pour atteindre le replat de la cote 2034. Un point de vue splendide sur les falaises givrées... J’avais en tête une option de camper ici, au sud du sommet, en vue de me protéger d’un vent du nord empêchant tout bivouac sommital. Rien à faire les rafales balayent de toute part. Je poursuis vers le point culminant en exécutant un second contournement évitant l’ultime raidillon au bord des barres rocheuses. Grosse ambiance au sommet des Monges. Vent décapant, givre épais et tout le toutim ! Les bourrasques s’engouffrent dans les moindres recoins, même les creux et les dépressions du relief. La neige est soulevée telle des vagues déchainées. Aucune surface n’y échappe. Rien n’est protégeable. C’est clair, ce n’est pas ici que je poserais la tente ! Le soleil s’apprête à se coucher à l’horizon. Il faut prendre une décision. Maintenant. J’enchaîne avec le sommet de Coste Belle sans même m’arrêter. Une petite gorgée de flotte, j’ai soif. Punaise, je n’ai plus qu’un bloc de glace dans ma gourde ! J’avale de la neige pour compenser ! J’aperçois un replat sous la crête du Raus en versant sud, 300m plus bas. Je tente le coup. J’ai ma frontale, avec des piles de rechanges, si je dois rentrer de nuit, c’est jouable également.
Je franchis les escarpements rocheux de la crête filant vers la pente délivrant celle du Raus. C’est raide mais pas trop. Elle est enfilée en deux temps, trois mouvement. Puis, je plonge sous la crête dans un versant pentu. Je descends trop bas. Où est le replat que j’avais observé d’en haut ? Il doit être un poil plus haut. J’espère que je ne me suis pas trompé. Le soleil décline sous la barrière nuageuse, éclairant le fond du vallon ceinturé par les crêtes. Juste avant de disparaitre à l’horizon, la lumière remonte peu à peu sur les pentes. Les ultimes rayons subliment les falaises des Monges... Je remonte en tirant une transversale. Enfin, ce fichu replat se dévoile. Ce sera parfait pour camper la tente. J’extirpe la pelle de mon sac, me met à creuser. C’est profond, je m’enfonce encore après avoir dégagé une bonne couche. Il faut persévérer. Ça me prend du temps. Ne pas se laisser s’engourdir par le froid. La nuit tombe. Je campe la tente à la frontale. Et les piquets ? Pas d’ancrage dans la neige ! Laissons tomber ! Je désosse mes bâtons télescopiques, six brins, ça fera l’affaire. Je tends la toile tant bien que mal. À l’intérieur, je plante la pelle pour tendre l’auvent. Nickel. Je sors le réchaud, m’empresse de faire fondre de la neige. Je remplis ma gourde, étanche ma soif. Je remets de la neige dans la casserole pour la popotte, mange ma gamelle. Une dernière clope et au lit !
Une nuit annoncée à -15°C, -20°C en température ressentie... Test concluant du gros sac de couchage en conditions optimales ! C’est la lumière du jour qui me réveille au petit matin. Le lever du soleil m’est caché par les crêtes sommitales, inutile de se presser à sortir, d’autant plus que ça pince dehors ! La condensation a givrée l’intérieur de la chambre, le reste d’eau dans ma gourde a congelé... Je fais chauffer la neige pour le café et la journée. Je sirote ma boisson chaude lorsque le soleil sort par dessus les crêtes.
Il est temps de sortir ! Avec ce froid, remballer la tente, rassembler les affaires, boucler le sac relève de la mission ! Vite, se remettre en marche pour se réchauffer ! Je suis direct dans le bain, dré dans les pentes raides pour regagner la crête du Raus. Là-haut, sur le fil, le vent souffle encore mais bien moins qu’hier. Grand ciel bleu, le soleil règne en maître, la journée est magnifique. J’enfile quasi cinq kilomètres de crêtes jusqu’à la Baisse de Dormeilleuse avec un enthousiasme débordant. Une sensation de plénitude m’envahit. Je viens de vivre mon premier bivouac en hiver et c’était quelque chose ! Tout comme le portillon de la clôture en fin de crête du Clot des Martres, les barrières (surtout mentales) sont faites pour être franchises, les rêves les plus fous méritent d’être vécus...
J’aperçois de loin le premier représentant de mon espèce depuis le début de mon périple, il se dirige vers la Croix Saint-Jean, point de rencontre et culminant de la montagne de Jouère et de la crête de Dormeilleuse. J’effectue la descente dans ses traces, même pas besoin de chercher le chemin de retour. Je me laisse descendre tranquillement dans la garrigue. Je finis par retirer mes raquettes, les dévers ne sont plus confortables pour mes pieds. J’attache le tout à mon sac. Je ne sais pas combien de kilos que je porte dans le dos, mais ça commence à faire son poids !
Je gagne la piste provenant de Briançon, puis le hameau et la route départementale. Encore deux kilomètres et demi pour rentrer à Authon.
Je traverse le village qui semble désert, entraperçois mon fidèle destrier qui m’attend au parking. Le sourire au coin des lèvres, je boucle cette belle aventure, me délestant de mon barda. Je suis rentré, et plus vivant que jamais !
Auteur : Dyn’s
Avis et commentaires
Réalisé ce week end par Authon, ça monte sévère au début après le gué.
Je suis redescendu par le col de la Sapie , bref je me suis régalé de ces nombreux panoramas.
Merci pour votre retour.
Si vous voulez faire la boucle à l’identique, il vaut mieux partir d’Authon.
Je ne connais pas l’itinéraire par Esparron-la-Bâtie, je ne saurais vous conseiller.
Bonne rando.
Bonjour ,
Beau tracé et beau récit !
Pour ma part j’envisage cette rando , j’hésite comme point de départ entre Esparron la bâtie ou Authon..
Vous me conseillez quoi svp ?
Mercie d’avance
Jm.
Merci François. Une situation clairement résumée.
Bonsoir Dyn’s,
Merci pour ce joli récit et les belles photos !
Une telle sortie hivernale est un véritable apprentissage. Il faut être attentif car le froid est quelque chose de sérieux, qui modifie très vite les conditions de la randonnée. Avec le grand beau temps que tu avais, c’est génial. Mais...
En tout cas, je suis sûr que ta liste de préparatifs à adapter est maintenant allongée, en vue de la prochaine fois.
A+
Haha, je chambre un peu mais c’est de l’admiration bien sûr. Les beaux projets, je crois dans ces montagnes que l’on aime, tu les caresses avant, les savourent pleinement pendant et les rêves encore longtemps après.
À dans pas trop de temps j’espère, buddy !
Un grand merci pour vos retours !
Nadine, pendant deux secondes, je me suis demandé de quoi tu parlais avec tes champignons et j’ai bien ris quand j’ai vu la photo en question !
Michel, comme tu le sais, sortir de sa zone de confort permet de l’apprécier, encore plus, à sa juste valeur. En rentrant, prendre une douche simplement chaude est un pur bonheur ! Toutes ces choses du quotidien qui nous paraissent banales se révèlent d’un certain luxe.
Merci pour l’astuce, je testerai au prochain bivouac !
Geode, je n’ai aucune idée si cette cabane est ouverte ou fermée, je n’y suis pas passé et c’était ma première fois dans ce secteur.
Rémi, oui le vent s’est révélé le facteur principal une fois sur le terrain, il n’était pas annoncé si fort ! Il a fallu s’adapter !
La bière, c’est bien la première chose que j’ai fais en rentrant à la maison, en décapsuler une !
Oui, c’était important d’être bien équipé pour une nuit froide. Tout comme chaque aventure, un équipement adéquat est toujours nécessaire. Une mauvaise improvisation peut vite mal tourner !
Et oui, par découragement de camper, j’aurais pu éventuellement rentrer de nuit, je n’ai pas écarté cette possibilité !
Je suis un amoureux inconditionnel de la Jarjatte, du Dévoluy, même de l’Ubaye et d’autres massifs où j’aime retourner régulièrement, mais mon engouement à la découverte de nouveaux secteurs est très fort !
La Genève-Menton, j’espère la faire dans les années à venir mais en terrain estival ! Ha ha ! 10 ans pour l’hivernale, à mûrir ! Ha ha !
Sans délaisser les sommets des Alpes, dont j’ai toujours une liste interminable, j’ai très envie de me tourner vers des grandes randonnées de plusieurs semaines... Peut-être la première de 3 semaines et 500/600 km au retour des beaux jours... Je croise les doigts !
Vince, merci d’avoir rendu ce partage possible et votre travail de longue haleine !
Quelle ambiance Arnaud !
Les photos sont magnifiques et le récit nous emporte avec toi.
Les bivouacs hivernaux ont toujours une saveur particulière. C’est beau.
Merci pour le partage !
Quel beau récit où transpire ton enthousiasme et à travers lequel on vit par procuration les émotions de ton premier bivouac hivernal !
Le vent était donc le facteur X de cette Aventure de puriste trappiste (clin d’œil volontaire avec tes qualités d’amateur de bières et le mot trappeur du grand nord qui flotte dans l’air quand je pense à ton campement) 😀
Ça c’est de la bonne expérience, sécurisée par ce fameux duvet -26°. Je rigole bien sur le passage "au pire, je rentre à la frontale" !
Avec les années qui passent, c’est toujours aussi plaisant de te voir arpenter tant de secteurs des Alpes à la force de tes godasses.
Arnaud et l’approche psychologique... Si tu lui laisses 10 ans pour se préparer mentalement, il finira par faire la traversée Genève-Menton au mois de janvier lol. Mais le plaisir n’en sera que plus fort, j’imagine.
Superbes photos comme toujours. La 30 c’est tout ce que j’aime.
superbe !
Bon.. il me manque juste la pelle, la tente, le duvet et surtout...le courage !
Très belle expérience partagée sur le site en tout cas.
La cabane de Clapouse est fermée en hiver ?
EsquimauDyn’s... ton nouveau pseudo 🙂
Je vois que tu sors de ta zone de confort !
Je ne suis pas assez bien équipé pour bivouaquer à cette saison... mon duvet -15 serait un peu juste ! (et pas sûr d’en avoir vraiment le courage :)
J’ai gardé les piquets en plastique d’une de mes anciennes tente dôme Ferrino. Ils sont plus longs et plus épais (et léger) mais ça fonctionne mieux dans une neige compacte ou sur glacier.
Astuce : Tu remplis un sac plastique de neige, tu enroules la ficelle autour. Cela va geler et faire comme si c’était un amarrage sur un gros caillou.
Ps : merci pour la photo du Cheval Blanc, ça fait plaisir de la revoir 🙂 (et les Monges aussi d’ailleurs)
Belle narration et belles photos d’un paysage fascinant, avec ces falaises plâtrées et ces horizons à perte de vue, c’est magnifique (bien que ce ne soit pas le Dévoluy... lol !)
Et les champignons de la 18 sont géniaux !
Merci Arnaud pour ce beau partage...
Dernières sorties
Retrouvez les récits et photos de randonneurs ayant déjà parcouru cet itinéraire.