La Sure (1643m) en boucle par la Draye des Communaux et le Pas du Mortier
- Difficulté :
- Alpinisme F
- Dénivelé :
- 1000m
- Durée :
- 1 jour
La draye des Communaux est une entaille spectaculaire au centre des falaises du versant nord du Vercors. À se demander quel type d'éclair aurait fendu ces roches. Son ascension intense est le point culminant d'un parcours plaisant jusqu'au dernier moment. Bien des facettes de la montagne sont visitées, entre cheminements sioux, réserve naturelle, tables de pique-nique, prairie panoramique, itinéraire improbable entre des barres rocheuses, graffitis, sentiers forestiers magiques. Un must pour les randonneurs ayant l'expérience suffisante pour s'y lancer. – Auteur : bibox
Accès
Rejoindre la commune de Noyarey, à 10km au nord-ouest de Grenoble, en rive gauche de l’Isère, sur la N 532. Prendre la route d’Ézy. Dans le hameau de Trucherelle, prendre à gauche la petite route indiquée Carron et se garer au bout, à droite sur un talus.
Précisions sur la difficulté
La cotation alpinisme F vient de l’escalade du mur au fond de la draye des Communaux. Haut de 15m, avec des passages en 4e degré qui frôlent le 5e degré. Il est pourvu d’une bonne corde fixe jusqu’à la sortie de la draye, encore dans les gradins rapides qui suivent le mur et la petite vire aérienne qui termine l’ascension. Les points de fixation de cette corde sont réguliers et ne poseront donc pas de problèmes. Des nœuds nombreux sur la corde permettent de s’agripper et de se vacher.
Certains, comme moi, feront confiance à la corde (après un minimum d’observation de celle-ci) et se hisseront simplement, sans même utiliser baudrier et longes. Alors pourquoi alpi F ? Car ce passage est suffisamment haut, raide, dans un environnement aussi impressionnant mentalement que physiquement. Aussi parce que la corde fixe subie l’épreuve des saisons et que l’on a légitiment le droit de douter avant de s’engager. Dans un tel passage, même si on fait confiance à cette corde, il est toujours préférable de s’y assurer. Il est aussi conseillé, pour éviter ces considérations, de venir équipé de son propre matériel afin de réaliser une escalade en s’assurant soi-même (5/6 dégaines, sa corde - alpinisme PD). On trouve des spits, un relai au-dessus du mur et un second après les gradins qui suivent.
Pour la descente, l’aérien pas du Mortier (évitable par le tunnel du même nom) est encore assez bien tracé. Je donne son cheminement, dans la description de l’itinéraire, mais la sente, toujours visible, suffit à ne jamais se tromper. Il n’y a pas de cairns et c’est très bien comme ça car cela perturberait à la limite plus la progression tant la trace est évidente. Il n’y a aucune difficulté technique dans ce pas mais vigilance et concentration restent de mise. En versant nord, la sente terreuse en descente est plus délicate que en montée. En allant doucement, en assurant ses pas, il n’y a pas de raisons d’avoir de problèmes. Un pied sûr est tout de même exigé. Le virage à gauche sous la petite grotte est un peu plus foireux que le reste et on pourra, comme moi, se baisser, histoire d’être tranquille.
Ce topo est aussi un joli petit exercice d’orientation sur la longueur et la variété du parcours. Pourtant, il est difficile réellement de se perdre. Les portions dans le bois vers la sente transversale proche de la draye de Seblou puis à la sortie de la draye des Communaux sont extrêmement pourvues en cairns, le pas du Mortier a sa sente tout du long, les chemins de retour sont balisés de points bleus. Et il y a même d’autres options possibles. Enfin je dis ça mais faut-il savoir lire une carte IGN et comprendre où l’on se trouve.
Aussi une bonne expérience en parcours alpins est recommandée.
Les chutes de pierres ne sont pas à négliger et un casque est à mon sens obligatoire, sur la sente transversale, dans la draye des Communaux puis dans le pas du Mortier.
Le tunnel du Mortier peut à l’occasion être fermé, plutôt sur des périodes courtes, mais cela ne coûte rien de se renseigner ; au moins déjà de regarder sur le Net.
Faire vraiment attention en période de chasse avant de s’aventurer dans ce versant.
Le tracé sur fond de carte ci-dessous est donné à titre indicatif (ce n’est pas une trace GPS) et doit servir uniquement de repère à la lecture de la carte.
Avertissement
Altituderando vous informe
Entre la sente de sortie de la draye des Communaux et le sommet de la Sure, les grands espaces sauvages font parties de la réserve biologique intégrale d’Engins. Il faut rester sur les sentiers en bordure (surtout le GR.9) et ne pas dépasser la zone principale du gouffre Berger, plus à l’ouest de celui-ci.
Photos
Les infos essentielles
- Carte IGN : IGN TOP 25 3235 OT Autrans - Gorges de la Bourne
- Altitude minimale : 720 m
- Altitude maximale : 1643 m
- Distance (A/R) : environ 14 km
- Horaires (A/R) : comptez entre 6 et 7 h
- Balisage : points jaunes + cairns vers la sente transversale, cairns autour du gouffre Berger, rouge et blanc sur le GR.9, traces bleues sur les sentiers des Bœufs et de Fontrasset.
Chargement de la carte en cours
Itinéraire
Ma sortie fait suite à la lecture de Vercors Secret, de Pascal Sombardier, aux éditions Glénat.
Le versant nord du Vercors, au-dessus de la vallée de l’Isère, de son autoroute, de ses villes (Voreppe, Saint-Égrève), lignes électriques, ce n’est pas forcément la première destination à laquelle on pense pour une randonnée en montagne. Pourquoi venir là quand on peut aller à Autrans ? Les quelques franchissements qui s’y trouvent sont peu nombreux, pas très connus et même difficiles. Les vététistes investissent mieux les lieux en raisons des larges nouvelles pistes et de la traversée par le tunnel du Mortier.
Mais cela fait maintenant plusieurs fois que je viens explorer ce secteur et je m’y suis senti à chaque occasion, vraiment bien. J’aime ses chemins forestiers enchanteurs, la fraîche tranquillité de la forêt d’ubac, ses insectes ; le bruit des cascades de l’Eyrard. Mais aussi, certainement, ses aventures plus ou moins dures qui permettent d’atteindre les crêtes par les rares faiblesses que les longues falaises nous offrent. Il y a en ces lieux un aspect intimiste où les considérations esthétiques mentionnées plus haut n’ont plus vraiment raison d’être.
J’ai maintenant emprunté les cinq fameux passages de ce versant, nommés du plus facile aux plus difficiles : le pas de la Clé (sentier balisé), le pas du Mortier, le pas Brochier, les drayes de Seblou et des Communaux.
Approche de la draye des Communaux
Du parking de Carron, ne pas prendre la nouvelle piste à gauche mais celle qui monte en face, direction sud.
Quand on recoupe la nouvelle piste, traverser et continuer en face. Notre piste va s’orienter sud-est en direction de la draye de Seblou, parfois visible, puis finir par tourner à droite pour rejoindre un pylône.
Suivre la large piste plane seulement 50m puis en repérer une bien herbeuse à prendre à gauche, dont la rampe de départ n’est pas forcément très évidente (une souche d’arbre sert de repère).
Dans le premier lacet de cette piste abandonnée, suivre les cairns et les points jaunes dans le bois qui vont nous diriger vers le pied des hautes falaises que l’on rejoint proche de l’entrée de la draye de Seblou (qui se situe sur notre gauche), à environ 1150m d’altitude.
On trouve ici une sente transversale qu’il faut suivre à droite. Globalement ascendante (même raide au début), cette sente nous mène, après environ 20min de marche, au bas de la draye des Communaux.
Draye des Communaux
Très raide, remonter au mieux en évitant les pierriers fins les plus pénibles. Une légère sente peut être suivie, tout du long. On contourne les gros rochers centraux pour trouver au-dessus des pentes herbeuses plus agréables mais toujours aussi soutenues. Au fond de la draye, en haut, on vient buter sous le mur équipé d’une corde fixe.
Ce mur fait environ 15m de haut et présente des passages d’escalade en cotation 4 (à partir du milieu), voir presque 5 (à la fin). La corde fixe est pourvue de nombreux nœuds pour pouvoir se vacher avec son baudrier et des longes. Si l’on ne fait pas confiance à celle-ci, il est conseillé de venir avec son matériel (dégaines, corde) pour pouvoir escalader de manière classique (des spits sont en place et on trouvera un premier relai en haut du mur et un second en haut des raides gradins qui suivent, à environ 30m du pied).
Après le mur de 15m, la corde fixe nous accompagne jusqu’à la sortie, d’abord donc dans de raides gradins rapides puis par une courte vire aérienne, de gauche à droite.
La traversée jusqu’au pas du Mortier, en passant par le sommet de la Sure
À la sortie de la draye (1460m), suivre la sente qui part au sud. On la perd parfois un peu de vue mais les cairns sont omniprésents pour nous guider. L’itinéraire est dans l’ensemble assez linéaire pour gagner le GR9, après 1km.
Option : à mi-parcours environ de cette sente qui nous permet de trouver le GR9, il faut être attentif pour repérer à droite un énorme cairn qui marque le départ du sentier vers le gouffre Berger, profond de près de 1300m en dénivelé, qui se développe sur 37km et possède 11 entrées. Comptez 1/2 heure pour faire l’aller-retour. Si tout le monde ne peut s’aventurer dans ses entrailles, le simple fait d’en rejoindre le dessus de l’entrée principale en imaginant ce qui se trouve en dessous, vaut le détour.
Sur le GR9, un panneau indique à droite le sommet de la Sure (3,3km/1h). Au poteau Malatra, suivre à droite, on longe ensuite le haut des pistes de ski, on passe au sommet du ’télésiège Quoi’ avec de nombreuses tables de pique-nique puis on atteint le sommet par un sentier plus étroit qui borde une superbe prairie avec vue dégagée sur les Alpes. Sommet de la Sure (1643m).
Descendre à l’ouest, en direction de la Buffe, indiquée à 30min de marche, avec vue sur le pas du Mortier à venir. Un peu plus bas, le GR9 tourne à droite et devient un peu chaotique parfois en traversant plusieurs lapiaz, jusqu’au poteau indicatif ’prés du Mortier’.
Ici, il est possible de descendre à gauche en direction du tunnel du Mortier, indiqué à 1km. Ce tunnel, abandonné à la circulation mais ouvert, traverse sous la montagne pour gagner le versant nord sans difficultés, en évitant le délicat pas du Mortier.
Sinon, à ’près du Mortier’, rejoindre le pas du Mortier, seulement 100m en distance plus loin, en direction de la Buffe. Il est indiqué par une pancarte sur un poteau.
Descente du pas du Mortier
Ce pas du Mortier va nous permettre de descendre depuis la crête, en serpentant astucieusement entre les parois rocheuses du versant nord de la montagne, pour rejoindre la vieille route en dessous, presque au même endroit que le tunnel.
Le départ de la sente s’effectue de manière instinctive entre les petits rochers, à droite. On commence par la traversée descendante d’une vire étroite, orientée à l’est.
On atteint des pentes herbeuses à découvert que la sente serpente jusqu’à une petite grotte, sous les parois de droite.
Dessous, le virage à gauche demande un peu plus de vigilance pour gagner une très courte "cheminée" à descendre (facile).
Le sente remonte alors un peu, dans une nouvelle traversée, cette fois-ci vers l’ouest, entre deux barres rocheuses. Cette portion confortable n’est quasiment jamais proche du bord.
Une courte pente raide, derrière un arbre, nous permet de gagner notre couloir de descente où la sente zigzague encore, dans la hêtraie, jusqu’à la vieille route que l’on atteint par son petit muret.
Retour par un enchainement logique de beaux chemins forestiers
Suivre la vieille route à gauche, sur 500m. Dans le premier virage à gauche, prendre le petit sentier de l’Echalance, en face. Il faut le suivre seulement 100m (en restant à droite) puis prendre à droite le chemin des Boeufs (traces bleues).
Ce sentier féerique se dirige à l’est. Après la traversée d’un second ravin, assez raide sous les pieds, il remonte nettement sur une courte portion. Juste après celle-ci, il faut abandonner le chemin des Boeufs qui continue en face pour suivre à gauche, le chemin de Fontrasset (bien visible).
Après quelques dizaines de mètres, on retrouve nos fameuses traces bleues. Ce sentier va descendre franchement en serpentant dans la forêt pour atteindre la belle cascade supérieure du pas de l’Eyrard (qui se trouve en dessous).
Le chemin de Fontrasset continue à niveau, en face, direction est, sur 1km pour atteindre le grand lacet de la nouvelle piste (large).
Trouver de suite à gauche, un sentier qui mène rapidement à un pylône. Prendre à droite (et pas en face) le sentier qui va rejoindre en traversée, le parking de Carron.
À noter que depuis le bas du pas du Mortier, il est possible d’utiliser le système des larges pistes qui zèbrent le versant, pour rentrer au parking. Mais c’est moins beau et moins intéressant que par les chemins des Boeufs et de Fontrasset.
Auteur : bibox
Avis et commentaires
Bonjour. Parcours fait aujourd’hui ; c’était superbe et conforme à nos attentes : féerique astucieux et du vertige !. Une seule modification à faire : le banc a disparu.
Merci pour l’idée
Haha j’avais pas fait attention. Du coup je viens de relire ton topo... J’espère pouvoir faire cet itinéraire cet année.
@Sylvain avec la photo de couverture, j’ai fait un clin d’œil à celui de l’Obiou. Dédicace. Merci à toi.
Ah oui j’avais vu rapidement tes topos au Cornillon. Ces tracés sont aux itinéraires de montagne, ce que le style gonzo est à la littérature 🙂 ! Au Taillefer, ya quoi faire !
Sinon, au pilone, j’ai indiqué sur le topo de prendre à droite pour rentrer au parking mais sur mes dernières photos, je montre que je me suis trompé en prenant justement celui d’en face ! Très joli en effet !
Bonjour à tous !
Salut Bibox, je constate que tu as fini d’hiberner, pour notre plus grand plaisir !
Je ne connais pas du tout ce coin du Vercors, je vais en général dans le Sud Vercors plus proche de Montpellier... Je rejoins Rab, dommage que ce soit si loin car ton topo avec ses belles photos donne envie !
A+
bibox,
Effectivement, le chemin des Bœufs continue au sud du point 1167, dans tout ce grand cirque sous les falaises de la Sure. Il ne m’avait pas semblé très fréquenté. Vers 950 m aussi, il est beau, au milieu de grands arbres (et de rochers, il me semble...??), mais là c’est une vraie piste forestière.
Un autre petit sentier, tout étroit, est très joli : c’est entre les points 877 et 672, en allant tout droit au pilone, au lieu de tourner à droite comme tu l’as fait. Il faut aller le prendre, lui aussi.
Je n’avais pas bien aimé le chemin Fontrasset..., en particulier la partie au-dessus de la cascade de l’Eyrard. Le sol était un peu humide, et j’ai pataugé dans cette montée très raide et terreuse... Baahhh !
Je ne connais pas le côté au nord, vers l’Echalance. A voir...
On m’avait indiqué que la traversée en forêt entre Vif de la Clé et la Palette a de la gueule, aussi. Là non plus je ne connais pas.
Ce qui est sûr, c’est que ces versants raides et vastes en forêt, sont enchanteurs. Parfois on serre un peu les fesses en se disant qu’il ne faudrait pas que la trace disparaisse, et que l’on se perde, parce que tout se ressemble là-dedans. Et comme c’est raide, on en a des frissons dans le dos....
C’est d’ailleurs ce "frisson" que je vais chercher dans le Gros Cornillon...
Merci François,
Une belle montée depuis Noyarey ! Le chemin des Bœufs m’est donc apparu un peu plus beau grâce à ton attention ! 🙂 La prochaine fois que je viens par là-bas, j’essaierai de découvrir les sentiers ou portions de sentiers que je ne connais pas. Les Bœufs doivent pouvoir aller jusqu’au sentier de fin qui rejoint le parking de Carron (en recoupant trois fois la piste). Aussi, aller flâner côté Ézy, sentier Echalance, à voir...
Coup de cœur de ce secteur.
Bonjour bibox,
Très très belle série de photos qui permettent bien de comprendre où il faut passer, et si c’est délicat ou non. Merci de ton application,
....application qui de fait réduit le charme (et l’angoise) de la découverte.... Mais bon c’est ça un topo.
Au début mars 2021, j’étais parti de Noyarey et monté dans ce grand versant, jusqu’à l’ancienne route du tunnel Mortier, à l’épingle 1328 m. J’avais emprunté ce chemin des Boeufs, et l’avais découvert avec un immense plaisir, comme toi. Ton adjectif de "féérique" lui va vraiment bien, en particulier sur la portion qui va de la route goudronnée jusqu’à la bifurcation du chemin Fontrasset.
Un certain nombre de branches l’entravait, et je m’étais appliqué à le dégager de ces obstacles, son empreinte au sol m’étant parue un peu ténue, ce jour-là.
Au delà de cette bifurcation, vers le bas, le chemin des Boeufs continue sa traversée du grand versant. Cette forêt est impressionnante, avec ses hêtres et sapins immenses. De gros blocs rocheux, tout moussus, donnaient le sentiment d’être tout petit. Et je n’en menais pas large, espérant ne pas m’être trompé de chemin, et de pouvoir arriver en bas normalement.
Salut à vous,
Je viens de regarder et effectivement, le tunnel peut fermer sur de courtes périodes, récemment en juin 2021 et un mois en octobre 2020. Car si fermé, il faut aller chercher le pas de la Clé, avec plus de longueur d’itinéraire. Je dirais quand même, qu’il faut être prudent à la descente du pas du Mortier mais que celui-ci ne devrait pas poser de problèmes aux marcheurs qui viennent sur cette boucle.
Je vais rajouter l’info dans le topo, pour dire au moins de se renseigner sur le Net avant de venir.
Merci pour vos retours ! Hâte de suivre vos prochaines publications aussi ! ++
Salut Rémi
Toujours fourré dans des trucs... faut avoir envie, ça tient bien les cailloux dans le secteur ? J’avoue que je me suis contenté de l’admirer d’en haut cette draille.
L’an passé le tunnel était fermé côté sud, il a été rouvert ?
Hello Remi.
J’apprécie ce genre de course, dommage que ce soit si loin de chez moi.
J’aime bien également la précision de tes détails, on ne risque pas de s’égarer !
La vue du sommet est superbe !
Et bravo pour cette rando-alpi !
A+
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