Glacier du Tour : Croupe du Passon (2800m)
- Randonnée
- Mont Blanc / Haute-Savoie / Chamonix-Mont-Blanc
- Accès en Bus/Train - Glacier
- Difficulté :
- Difficile
- Dénivelé :
- 1450m
- Durée :
- 8h
Quoi qu'en dise le tracé sur la carte IGN, ce parcours peut se faire entièrement à pied sec... En effet, cette croupe de rochers moutonnés coupant le sud du glacier du Tour a juste commencé à émerger vers 2010, et depuis récemment entaille profondément le front du glacier à proximité d'un petit lac glaciaire tout beau tout nouveau... Voici donc un parcours qui opportunise un peu les conséquences du réchauffement climatique pour offrir au randonneur une spectaculaire incursion entre les champs de glace crevassés, qu'on pourra contempler pour peut-être quelques décennies encore avant de les voir disparaître... – Auteur : Pascal
Accès
Chamonix - Le Tour, grand parking au bout de la route au pied des remontées mécaniques (se garer plutôt en bas).
Précisions sur la difficulté
Au dessus du Péclerey, le cheminement se déroule sur des sentes peu marquées et non balisées, puis ensuite à vue sur un terrain par endroits un peu raide mais ne présentant pas de difficultés techniques, si ce n’est quelques caillasses croulantes à franchir . Un peu de sens de l’itinéraire est souhaitable sur le haut pour se faufiler au mieux entre les ressauts de roches dalleuses pour atteindre le front du glacier et le début de la croupe, qui elle-même se remonte sans difficultés particulières.
Si on n’est pas en mode "alpi" (encordement et horaire), les optionnelles incursions sur le glacier ne se feront que tard en saison si celui-ci est totalement déneigé sur le parcours pour assurer la visibilité des crevasses. Des crampons sont alors souhaitables pour se rendre au Bec Rouge supérieur (glacier en pente faible, quelques crevasses espacées), et obligatoires pour traverser vers le refuge Albert 1er (glacier peu pentu mais tourmenté de nombreuses petites crevasses). Une bonne visibilité est essentielle pour naviguer sur le glacier.
Photos
Les infos essentielles
- Altitude départ : 1450m.
- Altitude sommet : 2800m environ.
- Durée : 7h.
- Carte : IGN TOP25 3630OT - Chamonix - Massif du Mont Blanc.
Période
Praticable en conditions estivales, lorsque l’essentiel de l’itinéraire est déneigé, même si quelques névés ne dérangent pas trop pour peu qu’on aie l’équipement adéquat pour les franchir. En général, à partir de fin juin.
Les optionnelles incursions sur le glacier nécessitent que celui-ci soit déneigé pour assurer la visibilité des éventuelles crevasses. On choisira alors plutôt la fin de l’été (septembre, avant les premières neiges). Une bonne visibilité est alors essentielle.
Chargement de la carte en cours
Itinéraire
Ascension
Depuis le bas du parking du Tour, prendre à droite la ruelle traversant le vieux village et la suivre jusqu’au bout. Poursuivre sur le sentier légèrement descendant qui franchit le torrent pour poursuivre en forêt en légère montée vers le sud-ouest sur le petit Balcon Nord.
Au bout de quelques centaines de mètres, bifurquer à gauche sur un sentier qui, par quelques grandes traversées ascendantes, monte pour rejoindre les alpages de la montagne de Péclerey, et finalement aboutir sur un replat à la Tête du Grand Chantet, où se trouve un bel abri de pierres sèches.
Repérer à gauche une sente faiblement marquée repartant vers l’est pour une longue traversée à peine ascendante sous la combe dominant le Grand Chantet, puis sous les pentes du Bec de la Cluy, où il faudra traverser quelques dévers assez raides. On débouche dans la large combe du Tour où la traversée se poursuit horizontalement. La sente se perd un peu au niveau de la traversée du ruisseau du Plagnard. La poursuivre jusqu’à atteindre le crête d’une ancienne moraine où on délaisse la sente pour une trace remontant le fil de cette moraine. Au moment où la trace disparaît, rejoindre la moraine principale et poursuivre l’ascension jusqu’à 2300m environ.
Une autre option plus intéressante et à peine plus longue (environ 30min et 100m de dénivelé en plus) consiste à monter au Bec de la Cluy par la combe dominant le Grand Chantet, puis par une sente franchissant le raide dévers pour atteindre son arête sud-ouest. Magnifique point de vue depuis ce promontoire. On descend ensuite face est par une raide sente vers une cuvette qu’on traverse. On poursuit ensuite en traversée à travers la large combe pour atteindre la moraine vers 2300m.
Quitter le fil de la moraine au moment le plus opportun pour descendre à gauche vers le fond de la combe. Ne pas partir vers les dalles (risque de chutes de séracs), mais rester proche du rebord droit pour remonter au mieux les pentes de caillasses, parfois assez raides. Ce n’est que vers le haut, lorsque les dalles semblent se coucher et former de grandes vires sous un large replat, qu’on traversera le torrent issu d’une branche du glacier rejoindre ces dalles et naviguer au plus facile à travers les vires vers le replat. Bien repérer les lieux en prévision de la descente.
Le replat atteint, on découvre le front de la branche sud du glacier, sous lequel se trouve un superbe petit lac glaciaire. La carte IGN, datant de l’ère glaciaire, n’est plus d’aucune utilité à partir d’ici. Juste au nord du lac se trouve la base de la large croupe de dalles et de bosses moutonnées coupant le glacier, qu’on va remonter. Naviguer au mieux pour monter longuement cette large croupe, plutôt à droite pour la facilité, ou plutôt à gauche pour la vue sur le glacier du Tour. Au fur et à mesure de la montée, la croupe se fait de plus en plus tourmentée, on préférera le côté droit.
La montée se terminera vers 2800m, sous les dernières bosses de la croupe cernées par le glacier, assez délicates à remonter. D’ici quelques années, il sera certainement possible de poursuivre plus haut...
Poursuite vers le Bec Rouge supérieur
Le Bec Rouge supérieur se trouve sur le fil de la crête entre le bassin du Tour et celui d’Argentière, juste en aval du col du Passon, à environ 45min de marche. Le rejoindre ne peut se faire qu’en traversant un plateau glaciaire. Celui-ci est relativement plat et peu crevassé, mais certaines vieilles crevasses sont bel et bien présentes. De ce fait, le parcours en mode "rando" ne peut se faire que si la neige ne recouvre pas la glace, pouvant masquer les crevasses. Cela ne se produit qu’en fin d’été, et à cette altitude pas forcément chaque année.
Prendre pied sur la glace et monter au moins raide, visant tout d’abord la base de l’Aiguille du Passon, puis en direction du collet juste à droite du Bec Rouge supérieur. La pente est toujours faible et, avec des chaussures adéquates, les crampons ne sont pas absolument nécessaires si on se tient éloigné des crevasses, mais néanmoins confortables si on souhaite marcher rapidement d’un pas sûr.
Sortir du glacier au niveau du collet et monter au sommet du Bec Rouge supérieur par le fil de l’arête, sur un chaos rocheux parfois un peu pénible mais jamais difficile. La vue s’ouvre magistralement sur la bassin et le glacier d’Argentière.
La descente se fait par le même itinéraire. Avec des crampons, on pourra choisir, plutôt que les rochers de la croupe, de redescendre vers le lac par les pentes glaciaires du côté gauche (sud), très peu crevassées et beaucoup plus agréables. Il faudra tout de même faire attention aux éventuels "trous" pouvant être présents là où la glace se détache des rochers.
Descente
Le retour le plus simple se fait par l’itinéraire de montée, la partie la plus délicate étant certainement sous le replat du lac la navigation entre les vires et les ressauts de dalles pour rejoindre la caillasse de la rive gauche de la combe, où il faudra se souvenir des passages pris à la montée. Plus bas, le fil de la moraine rejointe, il le faudra pas rater la sente partant en traversée à gauche pour rejoindre la Tête du Grand Chantet. Alternativement, si la forme et le temps le permettent, le retour par le Bec du Cluy vaut bien le détour.
Retour par le refuge Albert 1er
Une magnifique option pour effectuer une boucle consiste à traverser le bas du glacier du Tour pour rejoindre le refuge Albert 1er, puis descendre depuis là par le sentier. Là aussi, cette traversée ne pourra se faire en mode "rando" que si le glacier est déneigé, en fin d’été. Cette traversée est plus difficile que celle de la traversée vers le Bec Rouge supérieur, et nécessite obligatoirement des crampons.
Prendre pied sur le glacier là où les crevasses sont les moins gênantes, plutôt vers le bas de la croupe. Bien que la pente soit faible, la surface de la glace se fait assez tourmentée.
Traverser le glacier de manière légèrement ascendante, visant le grand replat d’une large cuvette en amont de l’aplomb du refuge. On sera rapidement embêté par la présence d’une multitude de longues crevasses longitudinales, qu’on découvre généralement seulement lorsqu’on bute dessus. Il faudra patiemment faire les détours pour les contourner une par une, le plus souvent par l’amont. L’exercice est sans difficultés, mais assez pénible à la longue. Ce n’est qu’à l’approche du replat que le terrain se fait plus facile.
Sortir du glacier au plus facile en amont du refuge, en se méfiant des premières caillasses instables longeant le rebord empierré du glacier. Remonter la caillasse des moraines pour contourner par le haut les raides dalles dominant le glacier, puis traverser vers le refuge par des sentes cairnées.
Descendre par le sentier, au début assez raide, prenant rapidement pied sur la crête de la moraine rive droite du glacier. Vers 2500m, on arrive à une bifurcation. La descente la plus directe s’effectue par le sentier poursuivant sur le fil de la moraine, de plus en plus raide jusqu’au niveau d’une prise d’eau sur le torrent du glacier, où ensuite il traverse à droite pour poursuivre la descente par des ressauts très raides vers la vallée.
La manière plus tranquille d’effectuer le retour, plus longue mais aussi plus esthétique, consiste à prendre à droite un beau sentier balcon panoramique plus ou moins horizontal, traversant des pentes assez raides pour ensuite basculer vers les alpages de Charamillon. On poursuit ensuite la descente à travers de tranquilles alpages vers la gare supérieure du télécabine, puis vers la vallée en suivant la piste.
Détail de la sortie du 23 août 2022
Voilà l’idée d’un itinéraire qui a progressivement germé au cours des multiples balades dans les Aiguilles Rouges, au premières loges pour voir les glaciers du Mont Blanc souffrir d’année en année des effets du réchauffement climatique... Au même temps, un magistral but pris au Bec Rouge l’année passée pour cause d’indigestion de caillasses méritait réparation. Donc, de voir cette croupe couper de plus en plus la partie sud du glacier du Tour mériterait qu’on aille voir la chose de près...
10h au Tour, c’est parti pour la montée du Péclerey vers le Grand Cantet. Après une halte obligatoire dans ce magnifique spot à myrtilles, on continue par cette longue trace en traversée permettant de revenir vers la combe du Tour. La carte n’aide pas trop sur ce genre de terrain, mais l’observation de quelques photos prises des Aiguilles Rouges ont permis de bien anticiper les meilleurs points de passage. On aura donc juste un petit labyrinthe facile à parcourir entre des ressauts de roches moutonnées pour atteindre le front de la partie sud du glacier, où on découvre un magnifique petit lac glaciaire. Inutile de chercher son nom sur la carte IGN, qui visiblement date de l’ère glaciaire. Appelons-le le lac du Tour.
On range donc la carte maintenant totalement inutile, d’autant plus que la croupe rocheuse est juste là, démarrant à proximité du lac. Après avoir décidé de la nommer "croupe du Passon", c’est parti pour une amusante grimpette sur les rochers moutonnés, où on ne privera pas de chercher les points hauts pour admirer les étendues glaciaires du Tour, cette année toutes en glace et ornées de belles broderies de crevasses...
Plus on monte, plus la croupe se fait tourmentée. On pourrait se laisser à la facilité et chausser les crampons pour monter sur l’excellente glace du côté sud, mais on est là pour un topo "rando", alors continuons sur les rochers, tout de même assez ludiques...
2800m environ, on est en haut des rochers. On pourrait grimper plus haut, mais c’est difficile, si on veut continuer plus haut à pied sec ce serait mieux d’attendre encore quelques années. On chausse donc les crampons pour continuer sur la glace.
Malgré l’altitude, en cette année caniculaire le glacier est déneigé, peut-être jusqu’à 3300m environ selon les versants. Pas de problèmes donc pour poursuivre en direction du Bec Rouge supérieur, juste un peu plus haut au sud. Autant débonnaire que soit ce parcours sur un glacier presque plat, on ne pourrait cependant le conseiller en "rando" si le glacier est enneigé, car quelques rares et vieilles crevasses sont bel et bien présentes. Mais si ça continue ainsi, peut-être que dans quelques années...
On déchausse les crampons pour aborder le petite crête de caillasses, sans commune mesure avec l’abominable chaos à franchir pour monter au Bec Rouge inférieur depuis le Bec de Lachat... Cette fois, on aura le sommet, avec son imprenable vue sur le bassin et le glacier d’Argentière...
16h, il est temps de penser au retour. Cette fois, tant qu’à avoir les crampons chaussés, poursuivons la descente dans la glace, d’autant plus qu’on s’est fixé pour prochain objectif le refuge Albert 1er, ce qui implique la traversée de la branche principale du glacier...
On cherche d’abord le meilleur lieu où prendre pied sur le glacier, histoire d’éviter au mieux les grosses crevasses de bordure. Ensuite, ça a l’air plus simple... Vue de loin...
La glace se fait ici un peu plus tourmentée, puis rapidement on bute sur une crevasse orientée dans la longueur du glacier. On contourne. Mais une autre crevasse se montre, et cela seulement lorsqu’on arrive à proximité. Puis une autre, et une autre...
Bon, c’est clair, avec tous ces contournements, la traversée va prendre plus de temps que prévu. Mais on se rappelle de la ligne de l’itinéraire qu’on s’est défini, en traversée montante pour viser le replat de la grande cuvette en amont du refuge, à priori moins crevassé... Effectivement, c’est la solution, par là les crevasses se font de moins en moins embêtantes...
Enfin, après être passé à côté d’un gros bloc erratique, voilà le rebord du glacier, il n’y a plus qu’à déchausser les crampons et monter dans la caillasse pour rejoindre le rebord rocheux où se trouve le refuge...
19h, après une belle pause contemplative au dessus du glacier, on poursuit la descente par le sentier du refuge. On délaisse la descente directe par la moraine pour poursuivre en direction de Charamillon, offrant cette magnifique traversée en balcon au dessus de la combe à la lumière du soleil vespéral...
Puis, après une tranquille traversée des alpages dans l’air tranquille et brumeux du soir, on poursuit la descente... Mais voilà, le télécabine de Charamillon est en travaux et les sentiers habituels sont fermés. On poursuit donc sur la discrète sente sur le fil de la crête du plan du Calset, puis, lorsque celle-ci semble disparaître, une descente "sanglier" dans la végétation pour rattraper une ancienne trace descendant vers la prairie où se trouve les téléskis... Fin de la balade à la nuit tombante, vers 21h30.
Auteur : Pascal
Avis et commentaires
Dernières sorties
Retrouvez les récits et photos de randonneurs ayant déjà parcouru cet itinéraire.
Aucune sortie pour le moment. Soyez le premier à en épingler une !