Bric de Rubren (3340m), face nord-ouest - Traversée des Rochers de Rubren (3199m) au pas de Mongioia, en course de printemps

Approche à la cabane de Rubren

Du parking, traverser le hameau de Maljasset, passer la chapelle Saint-Antoine-du-Désert et poursuivre jusqu’à Combe Brémond.

Longer en rive droite de l’Ubaye jusqu’au plan de Parouart que l’on contournera par le nord.

Gagner la passerelle du Ga. En début de saison, la traversée du ravin de la Salcette peut s’avérer périlleuse. Des éboulements emportent régulièrement le sentier qui le franchit. Il est préférable alors de passer par l’itinéraire d’hiver (en orange sur la carte) qui remonte au-dessus de la cabane d’alpage, et d’emprunter le sentier qui domine le raide ravin.

Déboucher sur l’alpage de la Blave et sa cabane. Après cette dernière, deux passerelles, dont une en mauvais état, permettent de traverser des torrents dans un champ de caillasses.

À l’intersection suivante, ne pas franchir la passerelle de la Blave et suivre en direction du Rubren. Le sentier remonte en rive gauche de l’Ubaye, puis effectue un grand lacet en s’infléchissant plein sud, contourne un éperon rocheux, remonte parmi des blocs taillés, vestiges d’une ancienne carrière de marbre vert de Maurin, et gagne la cabane du Rubren.

• Ce marbre vert de Maurin est en fait, géologiquement parlant, de la roche verte, c’est à dire une roche issue de l’épanchement de magmas lors de l’ouverture d’anciens fonds océaniques. Le marbre, dans la science du géologue, est du calcaire métamorphisé (transformé en profondeur sous l’effet de la chaleur et de la pression).

La belle cabane en pierre est nichée sur un promontoire de premier choix face au colossal Péouvou, parfaite pour couper cette longue ascension en deux jours, et infuser la grandeur des lieux...

Traversée du Bric de Rubren

De la cabane de Rubren, suivre en partie le sentier descendant vers le Béal de Rubren. Ne pas chercher à le franchir à gué, mais remonter directement main gauche le vallon annexe à celui de l’itinéraire classique.

Déboucher plus haut dans le grand vallon de Rubren. Se diriger à vue vers la base des Rochers de Rubren. Les pentes d’accès à la crête atteignent les 35°.

Du sommet des Rochers de Rubren, s’impose désormais la face nord-ouest du Bric de Rubren. La ligne à suivre est plutôt évidente, cette face n’est pas large.

L’attaque commence par un raidillon avoisinant les 40°. On peut se tenir assez proche de l’arête nord-ouest. La pente médiane varie entre 30 et 35°. S’écarter de l’arête et contourner les rochers apparents. Lorsque l’inclinaison s’adoucie, tirer à gauche à la base d’un ressaut rocheux et arriver sous le sommet à main droite. Rejoindre le tumulus par la courte arête sommitale.

Quel plaisir de fou à remonter cette raide face en neige de printemps, regel nickel, conditions parfaites... À quelques encablures du sommet, le cœur palpite, s’emballe au point de me briser la cage thoracique... J’en rêvais depuis un bout de temps de cette ligne... Me voilà désormais à deux pas du tumulus... L’émotion est à son comble... C’est mon quatrième Rubren, le plus épique, c’est sûr !
Instant de grâce au sommet, un gypaète barbu vient à ma rencontre, me survole de très près, exécute une ronde, puis s’en retourne dans les airs...

Descendre par la voie normale en face sud-est (nombreux cairns). Des raides pentes de neige peuvent subsister sur les ressauts de l’itinéraire. On évolue peu ou prou en contrebas de l’arête qui s’infléchit plein sud.

Passer le lac de Mongioia à main gauche pour plonger plein ouest par le pas de Mongioia.

Tout juste sorties des torpeurs de l’hiver, les eaux turquoises du lac de Mongioia en dégel témoigne d’une indicible beauté sauvage...

Garder plus ou moins cette orientation à l’ouest pour traverser le vallon de Rubren afin de rejoindre le vallon annexe et l’itinéraire entrepris à la montée.

Mon raid en Haute Ubaye

Le portfolio suivant retrace la dernière journée d’un raid solo de trois jours. J’ai débarqué à la cabane de Rubren en revenant de l’ascension de la Cime du Loup. Comme j’avais brassé toute la journée jusqu’au sommet, dû à un mauvais regel nocturne, je pensais déjà me rabattre sur la Pointe de Cornascle dont la face d’ascension était dégagée de neige.

Un orage a claqué dès la fin de l’après-midi, la pluie est tombée toute la soirée. Cela promettait de se dégager dans la nuit. En effet, réveillé à 3h du matin, un magnifique ciel étoilé s’offrait à moi. À l’aube, les premiers névés se sont présentés bétons. Je n’ai pas hésité une seule seconde quant à la manœuvre à exécuter ! L’une de mes plus belles et des plus intenses en Haute Ubaye, assurément...