Sortie du 3 septembre 2016 par Alexandre Traversée Mont Charvet (2809m) - Dents Rouges (2925m)
Traversée intégrale de la Petite Arête des Dents Rouges avec une vue constante sur le massif du Mont-Blanc. Magnifique randonnée, assurément sauvage et corsée. Sur le retour, courte virée en Italie vers les laghi del Tachuy (les 2 plus hauts lacs) puis une descente via le Petit Lac du Petit.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Ciel assez voilé avec une belle période ensoleillée entre 10h00 et 15h00. Température de 12°C au sommet des Dents Rouges à 12h15.
Récit de la sortie
- Distance : 14,6km
- D+ : 1276m
Avec ce topo en tête depuis près de 4 ans, il était temps de faire cette traversée. Parcours rugueux et Mont Blanc omniprésent, de quoi passer une bonne journée.
Toutefois, la randonnée ne commence pas de la meilleure façon. Du sentier venant de la Vacherie d’en bas, je trouve facilement la sente d’accès au vallon du Charvet. Le problème, c’est que je la perds très rapidement sans même m’en rendre compte. Pourtant, je l’avais bien identifiée sur les photos aériennes.
Je navigue à niveau, espérant croiser la sente qui monterait sur ma gauche. Ce serait tellement plus confortable qu’un hors sentier improvisé sur ce versant bien pentu.
Finalement, c’est en venant buter sur une ravine encaissée que je comprends que la sente se trouve plus en amont. Du coup, je monte droit dans la pente pour la récupérer juste avant l’entrée dans le vallon.
Après ce petit cafouillage de départ, me voilà dans le vallon du Charvet. Tout est en ordre. Sauf le ciel, déjà entièrement couvert. Heureusement, ce ne sont que des nuages d’altitude, aucun risque qu’ils n’accrochent les sommets.
J’espère qu’il en sera de même côté Italie, je tiens à voir le Mont Blanc et plus encore.
Vraiment chouette ce vallon suspendu du Charvet. La sente s’efface dès le début, laissant place à un hors sentier qui renforce l’aspect sauvage de ce parcours. La montée est assez longue, avec un beau passage sous les abruptes Aiguilles du Charvet.
Dans une ambiance très minérale en amont du vallon, l’accès au col frontière se fait par un couloir assez raide mais sans excès. Arrivé au col, la vue est bien dégagée sur la valle d’Aosta, même vers la Svizzera. Le ciel est encore bien voilé mais la luminosité est intéressante.
Avant de me diriger vers la Petite Arête des Dents Rouges et le Mont Charvet, je fais un crochet par la toute proche Tête du Charvet (2767m). Courte et facile grimpette pour accéder à ce sommet aérien en rocher très sombre.
Quant au Mont Charvet, il est vertigineux mais se gravit sans aucune difficulté. Revenu au pied du sommet, je contourne une première petite pointe par la gauche (côté Italie) en passant par la brèche située entre un pilier facilement identifiable et la pointe.
De retour sur l’arête après la brèche, la traversée commence. N’ayant pas envie de me farcir les éboulis croulants du versant sud, je décide de rester sur le fil autant que possible.
Le début de l’arête est relativement simple mais la progression est lente, il faut constamment anticiper le cheminement. Puis l’arête s’effile pour devenir très aérienne. La bonne nouvelle, c’est que toute la traversée de l’arête s’effectue sur un gneiss homogène et adhérant.
Vient ensuite la principale difficulté : la pointe (ou antécime) située avant le sommet des Dents Rouges. J’observe longuement sa raide face ouest pour déterminer un possible itinéraire.
Je me lance en commençant par une courte descente en versant sud, afin d’accéder à la base d’une immense dalle fortement inclinée que je remonte au mieux en suivant de larges fissures.
L’objectif est de rejoindre les gros blocs en amont de la dalle, mais celle-ci s’incline davantage. Même si le gneiss adhère bien, il y a une limite à ne pas franchir !
Les blocs sont encore loin, la dalle devient trop pentue. Je cherche une échappatoire et j’en trouve une qui part sur le versant italien. Je m’y aventure, ne sachant pas ce qui m’attend derrière.
De gros blocs, de très gros blocs ! Après une tentative de contournement de la pointe, je dois légèrement rebrousser chemin en raison d’un ressaut infranchissable.
Au final, toujours sur le versant italien, j’essaye de gravir ces blocs en direction de la pointe et ça passe. Il faut se hisser et se contorsionner mais cet enchevêtrement de blocs de plusieurs tonnes chacun est parfaitement stable.
Traversée de la pointe, encore très aérienne, puis j’arrive au pied du sommet des Dents Rouges. Cette dernière montée me semble plus simple que l’antécime, avec un cheminement assez évident au début et un peu moins raide sur le final.
Depuis le Mont Charvet, il s’est écoulé pas mal de temps et le ciel bleu s’est peu à peu imposé. Parfait pour apprécier le massif du Mont-Blanc qui s’étale sous mes yeux.
Si la traversée d’arête prend fin au sommet des Dents Rouges, la partie rugueuse de la randonnée n’est pas terminée. Il y a encore la fastidieuse descente jusqu’au Col du Tachuy, avec ses éboulis et pierriers instables.
Fin content d’être venu à bout de cette traversée en arrivant au col, je m’offre une petite virée italienne aux laghi del Tachuy. Mais ça, c’était prévu. Juste les 2 premiers lacs, la descente n’est pas bien longue. Car une fois au bord des lacs face au Mont Blanc, c’est le plein d’énergie assuré.
Pour le retour, j’ai encore prévu un petit détour. À 200 mètres au sud-est du lac du Petit, il y a le Petit Lac du Petit que je n’ai encore jamais visité. Ce lac est un peu moins grand que le lac du Petit, mais inutile de chercher le Grand Lac du Petit, il n’existe pas.
En faisant un (petit) tour du lac, je découvre une trace qui continue au-delà du déversoir. Sachant où celle-ci va me mener, je l’emprunte sur la rive gauche du ruisseau jusqu’au replat humide de l’altitude 2350m.
Je trouve alors la bonne sente qui franchit le ruisseau du Grand (issu du glacier du Grand) et longe sa rive gauche jusqu’à sa confluence avec le ruisseau du Petit (issu du lac du Petit).
Plus simple que l’histoire des Assalys, avec le Grand Assaly qui est aussi la Pointe du Petit, la Pointe du Grand étant également le Petit Assaly !
Des eaux mélangées des ruisseaux du Grand et du Petit, ne reste que le ruisseau du Petit. On peut en déduire que le Grand se jette dans le Petit, puisque les petits ruisseaux se jettent dans les grands.
Du moins, jusqu’au refuge du Ruitor. Car après, plus de Grand ni de Petit, c’est le ruisseau de la Sassière. Évidemment, à ne pas confondre avec l’autre ruisseau de la Sassière qui s’écoule quelques vallons plus au sud.
Du refuge, j’aime bien emprunter la discrète sente qui part sur la droite en direction de la Vacherie d’en haut et poursuit vers la Vacherie d’’en bas. Plus sympa que la piste carrossable passant par les Mollettes.
Voilà, rando extra !
Photos
Auteur : Alexandre
Avis et commentaires
Christophe, merci à toi d’avoir proposé cette superbe idée de randonnée !
Cela fait plaisir de voir une répétition de cet itinéraire, et qui plus est avec quelques suppléments... La journée a dû être bien remplie !
Merci Alain, j’ai effectivement bien ri pendant la rando avec cette anecdotique histoire de toponymes. Et je n’ai retranscrit qu’une infime partie de tout ce qui m’a traversé l’esprit, c’est allé beaucoup plus loin !
Bravo pour l’ascension, bien sûr, mais aussi pour l’amusant imbroglio entre le Grand et le Petit.
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