Sortie du 20 octobre 2024 par gegers Grand Tour du Plateau d’Emparis, par le Chazelet

Dans les interminables vallons du Plateau d’Emparis, le vent crie ton nom : "liberté !". Partout, face à nous, La Meije et son austérité blanche nous assomment. Dans chaque anfractuosité de la roche, un danger. Dans les nuages de coton qui enserrent son sommet, la montagne épique, inaccessible, inhospitalière. Nous sommes en face, et nous déambulons dans un rêve.

Il n’y a ici plus personne, ou presque. Quelques moutons, quelques vaches, et quelques marcheurs ébahis. A randonner dans ces hautes herbes roussies, célébrant l’automne dans leurs teintes mordorées, on s’imaginerait perdu dans les vastes plaines américaines. A contourner ou gravir ces quelques bosses, perchées là-haut à 2300 mètres, nous voici highlanders, traversant les hautes terres de la belle Ecosse. A marcher sans but, l’horizon pour seule limite, nous nous prenons pour des nomades, arpentant les steppes de Mongolie.

Une journée sur ce haut plateau enchanteur en vaut mille. Retirez un an ou dix de ma vie, qu’il en soit ainsi. Si j’ai eu le temps d’arpenter les beautés d’Emparis, je n’aurais alors aucun regret. Tandis que nous marchons, nous traversons des plaines, remontons le cours des ruisseaux, sautons au-dessus des torrents, et gardons en point de mire le Pic du Mas de la Grave, phare au milieu de notre océan de beauté, à peine tacheté de quelques restes de neige.

Emparis. Si l’endroit est, en toute saison, un des plus beaux lieux en France, l’automne lui ajoute en plus, dans sa solitude et sa poésie, un caractère sauvage, un côté intrépide, une identité nouvelle. Fourmis dans l’immensité, on aimerait se perdre dans terres indomptées, se lover dans les herbes folles comme on s’enroule dans une couverture, et s’allonger là, jusqu’à la fin des temps, avec la voute céleste pour seul témoin de notre bonheur paroxystique.