Sortie du 30 septembre 2024 par CourtePatte Tour du Pic de Nérassol
Une tour mystérieuse, une île déserte, des décors majestueux, des vues, et encore et toujours des lacs. Le tout sur des sentiers franchement confortables pour le pays : une balade idéale pour finir (ou commencer) un séjour en Ariège !
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Grand beau, presque chaud au soleil
Récit de la sortie
Pour ce dernier jour de mes vacances, envie d’une balade pas trop longue, pas trop compliquée, mais qui me permette quand même de prendre un dernier air des paysages ariégeois. J’ai repéré sur la carte ce "Tour du Pic de Nérassol" qui a l’air de répondre parfaitement au cahier des charges.
Oui mais ! pour une fois j’aimerais bien pouvoir le caser entre le premier et le dernier train de Foix. Combien de temps dit le topo ? "deux jours", ça ne m’aide pas. Regardons le Net. Je ne suis pas tellement plus avancée : on trouve Mollet-d’Acier qui dit avoir avalé ça en 4h30, et Tranquillou (non ce ne sont pas les pseudos des vrais auteurs...) qui a mis plus de 8h. Aucun des deux n’est monté au Pic. Avec ça ! Bon, je juge que ça doit tout de même tenir dans les huit heures entre mes trains, et en route.
Une fois avalée la montée au long de la conduite forcée, la balade emprunte de délicieux sentiers en bordure des torrents. Pour une fois je peux me permettre de marcher le nez en l’air, et ça tombe bien parce que le paysage devient assez majestueux. J’ai choisi de monter en direction de l’Etang du Siscar, parce que si jamais je ne peux pas faire la balade entière je ne voudrais pas rater un lac avec une île ; et puis il est question d’une cabane aux pieds dans l’eau, il faut que je voie ça.
N’empêche que j’ai d’abord une petite déconvenue. Apercevant le mur d’un petit barrage, je me dis "Chouette, déjà le Siscar ! J’ai mis le turbo dis donc." Sauf que je ne tarderai pas à comprendre...que ce n’est pas le Siscar du tout, mais un petit lac de barrage sans nom, dont la position sur la carte me donne à penser qu’en fait de turbo je n’ai presque rien fait depuis le départ. Allongeons le pas !
Enfin, je ne vais pas prendre le trot enlevé, hein. Parce qu’à partir d’ici le sentier s’enfonce dans un vaste replat que barrent, au loin, les cimes du Pic d’Escobes et le mur des sommets qui enserrent le cirque de Siscar, et c’est assez grandiose. Le plat du vallon est occupé par une sorte de marais où le ruisseau trace de longs méandres parmi les roselières. Ajoutez une cabane pastorale, des vaches placides dans les herbages, le ciel bleu immense au-dessus du pays blond : tout cela compose une impression de paix et de lenteur qui vous fait le jarret langoureux et l’esprit contemplatif.
Mais j’avance toujours vers le fond du cirque, guettant ce fameux Etang du Siscar, et ce que je commence à apercevoir à l’entrée de la cuvette c’est...une manière de petit château très insolite. Bon, peut-être pas tout à fait un château, mais il y a une tour. Il faudra que je m’approche tout au bord de l’édifice pour comprendre que c’est la fameuse cabane aux pieds dans l’eau : en réalité, il s’agit d’un ouvrage réemployé depuis une époque où l’Etang du Siscar comportait, sinon un véritable barrage, tout au moins un déversoir. La "cabane" à proprement parler n’est que la partie haute de l’édifice (plus d’informations ici).
L’étang est superbe. Une nappe de soie bleue-verte sertie dans la blondeur des rives, contre les pentes du Pic d’Escobes. Il manque, à la petite île, quelque pin rabougri pour lui donner un visage japonais ; mais c’est très beau et je m’offre une longue pause au bord de l’eau où les risées dispersent des éclats de ciel.
Il faut repartir. Cap sur la Porteilla du Sisca où le sentier me hisse avec un tas de ménagements ; et la récompense, une fois là-haut, c’est la vue sur le vallon suivant et l’oeil bleu marine de l’Etang de Pedorrès. Mais là, débat intérieur. J’ai une certaine marge sur l’horaire, et une grosse envie de monter jusqu’au Pic de Nérassol. La randonneuse prudente fait valoir que c’est la recette à rater le dernier train. Peut-être pas, lui rétorque la voix de la tentation. Et quand cela serait ? Tu feras du stop, une fois de plus. Pense à la vue qu’on aura probablement de là-haut !
Il y a pourtant un petit moment pendant lequel je ne l’ai pas remerciée, la voix de la tentation ; parce que ce "Pic" de Nérassol c’est en réalité une vaste croupe herbeuse, et le sommet que je croyais proche se trouve, bien entendu, à l’autre extrémité de cette échine. Mais lorsque je suis parvenue là-haut, il n’a plus été question de tentation.
Parce que bien sûr, il y a des vues. Tous les sommets de la Haute-Ariège se bousculent devant moi, et même des morceaux du Carlit ; et le col de Puymorens, et des cimes espagnoles dont j’ignore tout ; il y a même, tout au fond, le renflement du Puigmal d’Err.
Après le pique-nique au milieu des vues, redescente vers l’Etang de Pedorrés. Dont le niveau est curieusement bas, au regard des autres lacs croisés cet automne, mais il est vrai que c’est un étang partiellement artificiel : la jolie cascade qui drape sa pente nord provient d’une conduite alimentée par les eaux de l’Etang de Couart, plus haut.
Je redescends parmi le moutonnement du gispet et des rhododendrons. Des isards surpris démarrent nerveusement vers les pierriers ; il est vrai que depuis le début de la balade je n’ai croisé en tout que deux pêcheurs. Au loin, un nouveau petit lac de barrage fait dans la pente une tache d’un bleu si dur que pendant un moment j’ai cru à quelque tôle de couleur. Lorsque j’arrive à sa hauteur, je regarde l’horaire. Si je ne traîne pas trop à la descente j’ai toutes les chances d’attraper le dernier train.
Je descends d’un bon pas, et voici déjà les toits de l’Hospitalet-près-l’Andorre, d’abord tout petits, si bas, qui se rapprochent. Revoici la conduite forcée, désormais je suis à peu près sûre d’arriver dans les temps à la gare ; voici la ligne EDF, à partir d’ici c’est gagné.
Sauf qu’il n’y a pas de dernier train.
C’est peut-être un dégât collatéral de la grève SNCF prévue pour le lendemain, allez savoir, mais le fait est là : "Supprimé", dit l’affichage en gare. Alors ce sera un nouveau retour en stop jusqu’à Foix. Je ronchonne bien un peu que si j’avais su je me serais peut-être offert un ou deux détours complémentaires, mais au moins je me serai épargné le stop à la nuit noire, quand il ne passe plus que trois véhicules à l’heure. Et puis ce n’est pas comme si je n’en avais pas profité, de ce Tour du Pic de Nérassol !
Photos
Auteur : CourtePatte
Avis et commentaires
De la montagne, oui, mais avec des variants selon les massifs. Il y en a même pour lesquels je crois que j’ai plus ou moins développé des anticorps (je me garderai bien de dire lesquels pour respecter le secret médical 😀)
Le virus de la montagne, quoi. C’est un tenace, je l’ai chopé il y a presque 40 ans et je n’arrive pas à m’en débarrasser.
Ha ha, même pas peur. Il n’aura qu’à se battre avec le virus des Cerces, de l’Ubaye, de Belledonne et j’en passe...tous plus virulents les uns que les autres.
Sans parler des récentes (ré)infections à d’autres secteurs pyrénéens dont je tiens tes topos pour partiellement responsables 😀
Fais attention CourtePatte, tu vas attraper le virus ariégeois... Haha.
Très belle sortie !
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