Sortie du 8 juillet 2024 par Mika et Sylvain Mont Pelvoux (3946m) - Voie normale par le couloir Coolidge

Belle, longue, relativement accessible techniquement, mais qui fait quand même bien mal aux jambes, l'ascension du Pelvoux est une course marquante. Le couloir Coolidge est une belle aventure, et le panorama du sommet est étourdissant de beauté ! Qui a la chance de gravir ce géant des Écrins s'en souviendra toute sa vie !

Itinéraire, carte // Fiche topo

Topo de référence

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Conditions météo

  • Ciel légèrement couvert pour la montée au refuge, les nuages accrochent quelques sommets.
  • L’accès au col de Sialouze est encore en neige.
  • Nuit claire avec un excellent regel, vent glacial dans le couloir Coolidge, grand beau, conditions parfaites !

Récit de la sortie

Le Mont Pelvoux, il y a bien longtemps qu’il me faisait rêver ! Plusieurs fois envisagé, maintes fois reporté... Après une tentative avortée en mai pour cause de mauvaises conditions, Mika se joint de nouveau à moi en ce début de mois de juillet pour tenter de gravir ce géant !

La montée au refuge est un peu pénible avec la chaleur, tous deux n’avons pas l’habitude de monter l’après-midi, mais les nombreux lacets du sentier permettent finalement d’avaler rapidement le dénivelé.

À peine avons nous le temps de faire un repérage au-dessus du refuge jusqu’au passage permettant de franchir le ravin du Clot de l’Homme, où nous constatons avec joie que la neige est encore présente en abondance, qu’il est l’heure de passer à table. Dix huit heures trente, pas l’habitude de manger si tôt...

Vingt heures quarante cinq, dodo. Enfin au lit, car pour le dodo on pourra repasser... Deux heures cinquante, le réveil sonne, ouf, la délivrance... Mont Pelvoux nous voila !!

Aujourd’hui, sept cordées s’apprêtent à partir pour le Coolidge, mais les écarts se creusent rapidement. Nous chaussons les crampons dès le ravin du Clot de l’Homme. Le ciel est clair et étoilé, la neige est béton, le rêve !

Dans de telles conditions, la raide ascension jusqu’au col de Sialouze est une formalité. Derrière nous la danse des frontales, semblable à un ballet de lucioles égaye la nuit,

L’arrivée sur le glacier de Sialouze, avec la vue sur l’aiguille homonyme et le Pic Sans Nom, et au loin l’aube naissante est magique ! Mais comme annoncé par la météo, nous sommes accueillis par un fort vent d’Ouest, ça commence à piquer...

Le Coolidge semble proche, mais le cône de déjection est interminable. J’ai un coup de mou et commence à avoir froid, petite pause barres énergétiques à la rimaye avant d’attaquer le couloir proprement dit.

Il est temps de troquer les bâtons contre les piolets, cette perspective me requinque en un rien de temps !

Notre première impression sur ce couloir est qu’il semble plus raide qu’annoncé sur le topo (de tous les topos que j’ai lu, seul C2C est juste en annonçant du 45°), tant mieux, quel plaisir de pouvoir gravir une telle pente de neige en juillet !

La fatigue est maintenant envolée, ça grimpe sans être trop raide, derrière nous les montagnes rougeoient et s’embrasent ! Que demander de plus ? Rien, à ce moment précis nous sommes comblés ! Mika ouvre la marche, et dire qu’après plusieurs mois sans aller en montagne il craignait de ne pas être en forme... Tu parles, depuis quelques temps il s’amuse à faire deux cents kilomètres de vélo par jour, alors pour la forme, finalement pas de soucis...

Vers le milieu le couloir se sépare en deux, nous prenons la branche de droite. Sur la fin la pente se couche, avant de sortir au soleil sur la calotte glaciaire sommitale. Wahou, la claque ! Cette étendue immaculée de neige et de glace, suspendue à plus de 3800m d’altitude est une pure merveille ! Au loin le Viso pointe son nez, la vue est immense !

Le sommet est tout proche, ne manque plus que cent cinquante mètres de dénivelés à peine. La pente est douce, nous ressortons les bâtons. Le souffle est maintenant court, quelques pas, on respire bien, et ainsi de suite...

Et enfin, 3943m, ce sommet tant espéré et maintes fois repoussé, nous y sommes !! Que dire de plus ? Rien, suffit de contempler... Le paysage parle pour nous. L’angle de vue sur l’Ailefroide est saisissant, la Barre monopolise le regard et au loin le Mont Blanc nous rappelle qu’il est le plus haut de tous ! Juste en face le couloir Sud de la grande Sagne nous replonge dans les souvenirs d’une course dantesque, j’ai mal aux jambes rien que d’y repenser... À moins que ce ne soit tout simplement les effets secondaires du Coolidge.

On pourrait rester des heures au sommet, mais il est déjà huit heures et demie, la raison nous incite à redescendre rapidement. Retour au Coolidge, la neige n’a pas encore décaillé, les crampons mordent à la perfection. Malgré l’heure encore précoce, les pierres commencent à voler, aller on se dépêche !

Nous rattrapons plusieurs cordées qui descendent l’intégralité du couloir en marche arrière. Quel courage, mais surtout quelle horreur...

De retour à la rimaye la pente s’atténue nettement, les difficultés sont maintenant terminées. Avec la neige le retour au refuge est assez rapide. Une bonne assiette de spaghettis bolognaise pour nous requinquer, et c’est reparti pour la longue descente jusqu’à Ailefroide.

Quelle joie d’avoir foulé la cime de ce géant des Écrins, la beauté de la course et le panorama du sommet a dépassé nos espérances. Ce fut comme si le temps s’était arrêté durant ces quelques heures d’efforts et les instants si précieux passés tout la haut. Et malgré le souffle court, ce fut également une véritable bouffée d’oxygène dans nos vies de citadins !

Foncez au Pelvoux, rien de tel pour se sentir vivant !

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Randonnée réalisée le 8 juillet

Dernière modification : 16 juillet 2024

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Avis et commentaires

Merci Hugues !

Magnifique ! comme souvent.

Alain, si le sommet était quasiment plat, ça en dit beaucoup sur le recul glaciaire, m’étonne pas dans ce cas que le glacier du Clot de l’homme ait autant reculé... Merci pour ce partage de si lointains souvenirs ! La montagne telle que vous l’avez connue n’existe plus, et encore pour nous il reste encore de la glace....

Mick, je n’arrive pas à ouvrir quoi que ce soit avec le lien... Mais c’est sur qu’aujourd’hui monté par le ravin et le glacier du Clot de l’Homme paraît improbable...

Merci Pierre ! Oui effectivement, ce fut une belle surprise ce couloir bien grimpant 😀

Superbes photos, comme toujours Sylvain !
Et cool que tu aies pu y aller avec Mika.
La saison des couloirs n’est pas finie ! 😊

Tout à bien changé. En lisant l’ascension de Jean Coste il y a 100 ans, je n’ai pas vraiment compris où il est passé. J’ai cru comprendre qu’il avait remonté le glacier du Clos de l’Homme, du moins en parti.
Si ca vous intéresse, lecture facile et rapide. Page 98 —>
gallica.bnf.fr/ark:/12148...

Hello Sylvain
Traversée du Pelvoux le 15 août 1983.
Quand les années sont très neigeuses, le bas du couloir accumule toute les coulées, s’épaissit et s’aplatit. En 83, c’était un couloir mais l’étranglement de la photo 22 était 2 à 3 fois plus large.
En montant au refuge, nous avons croisé un ancien du CAF de Saint-Etienne, le guide Alain Tallaron qui en revenait et qui nous a dit de ne pas traîner dans le couloir car il avait vu la chute d’un rocher "gros comme un piano" (sic).
Le sommet a aussi bien changé. Si la vue était magnifique avec une mer de nuages à 3500 m, il était un peu décevant car c’était le sommet du plateau neigeux, sans rochers, avec une faible pente.
En revanche la descente du glacier du Pelvoux, puis des Violettes, puis du névé Pélissier puis des vires aboutissant à Ailefroide était sublime (à l’époque, une 40 m suffisait pour les 2 rappels). Une bien plus belle course que la VN de la Barre des Ecrins (qui est magnifique).
La montagne était plus facile alors. Nous ne faisions pas de formation Sauvetage en Crevasse. Un seul piolet classique suffisait, etc. etc.

Bonjour à tous les quatre, merci pour vos retours !
@Alain, tu penses que ce couloir devient raide en raison du déficit en neige, est-ce qu’à l’époque tous les gros blocs et barres rocheuses étaient déjà présents, ou est-ce que le Coolidge était une pente de neige régulière et uniforme ?
Cela parait tellement incroyable de se dire que le glacier du Clot de l’Homme barrait le passage, aujourd’hui on le devine à peine tellement il est loin du passage ! En quelle année es tu monté au Pelvoux ?
Déjà l’année dernière lors de ma sortie au Vignemale, tu m’avais dit qu’à l’époque le ressaut rocheux final faisait 50m, alors qu’aujourd’hui il en fait 150... La montagne change, la montagne telle que vous l’avez connu à l’époque devait être fabuleuse, et vos souvenirs également !
@Mick, j’avais initialement envisagé d’y monter en solo, car finalement peu de risques objectifs à part les chutes de pierres dans le couloir... j’en ai pris une dans la nuque et Mika une sur le casque... Mais finalement Mika s’est motivé, tant mieux, c’est toujours plus sympa à deux ! J’avais quand même pris un brin de 30m en 8,5mm, au cas ou, tout en sachant qu’il resterait dans le sac.
@Jean-Marc, haha, pas besoin d’y foncer, vu que tu y es déjà aller ! Comme Alain, la course a du bien changer depuis 78... Depuis longtemps j’envisageais aussi la traversée, mais pas sur d’être suffisamment en forme, et l’idée de s’alourdir avec des cordes de rappels m’en a finalement dissuader... Et avec plaisir pour les photos !
A+

"Foncez au Pelvoux" .... la bonne ’blague’ ! Je ne ’foncerai’ plus au Pelvoux mais j’en garde un souvenir à jamais (fait en septembre 1978 (le 16
.. un jour d’éclipse de lune) en traversée)).
Merci pour le beau reportage photos qui fait remonter des souvenirs à la surface.

Bravo ! je sais que tu le voulais depuis un bout de temps celui là. Une montagne fascinante... Je pensais à toi en grimpant l’autre Cooligde en Ubaye, et je croyais que tu étais en solo. Tant mieux que Mika est pu t’accompagner.

Salut Sylvain
"Notre première impression sur ce couloir est qu’il semble plus raide qu’annoncé sur le topo"
Rien de surprenant. Quand j’ai fait l’ascension ce couloir ne dépassait pas 35°, ou de très peu.
En revanche, le glacier du Clot de l’Homme coupait le sentier et il fallait sortir la quincaillerie dans le froid et attaquer la glace vive sans être tout à fait réveillé.

Bravo les gars ! C’est magnifique !

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