Sortie du 24 juin 2024 par Dyn’s Grand Ferrand (2758m) par la voie normale

2h20 du matin, alors que le commun des mortels dort à poings fermés après avoir compté les moutons pour s’endormir, je suis quelque part dans la raide montée au Lauzon, en train de compter les salamandres tachetées que je manque d’écraser sur le sentier... et de sept ! J’en ai jamais vu autant en si peu de temps !
Je suis parti il y a une quarantaine de minutes du fond du vallon de la Jarjatte, armé de ma frontale. Qu’est-ce que je fais là, à cette heure-là, au beau milieu de la nuit ? Une question qui m’est revenu une ou deux fois à l’esprit... Je monte au Grand Ferrand pour le lever de soleil et aussi - surtout - parce qu’une immense mer de nuages recouvre les vallées...

D’ailleurs, je ne tarde pas à rentrer dans le stratus, par le dessous. Le faisceau de ma loupiote dans le brouillard m’éblouit comme des pleins phares de voiture. J’avance à tâtons dans la portion rocheuse avant de rejoindre la dépression contenant le petit lac. De même après l’avoir dépassé, dans ce labyrinthe de bosses et de creux en tentant de recouper le GR en direction du col de Charnier.
Une fois retrouvé, j’enquille rapidement pour le franchir et prends une première pause. Je suis largement en avance, j’ai le temps ! Il est à peine 3h du matin...
J’enfile mon maillot de rechange tellement le premier est trempé ! Même pas 1h30 pour rejoindre le col !
Je sors le thermos de café, sirote quelques lampées au-dessus d’une mer de nuages recouvrant le vallon de la Jarjatte. La crête des Aiguilles émerge dans une lumière blafarde sous la lune, calfeutrée derrière une nappe nuageuse. Ambiance nocturne à nulle autre pareille...

Maintenant, il me faut viser à ne pas trop transpirer si je ne veux pas me geler les miches au sommet... C’est d’un pas tranquille que je rejoins la “terrasse des réflexions”. Encore une halte, pas pour réfléchir mais pour se requinquer avant le final.
À l’est dans le ciel, les étoiles s’effacent, prémices des toutes premières lueurs de l’aube... Mais il fait encore bien sombre lorsque je me lance dans le pierrier précédant la cheminée. Je grimpe calmement car le rocher est parfois humide.
Un nouveau balisage est franchement mal placé, le long de raides gradins terreux hypers exposés... Quel bande de guignols avec leur bombe de peinture ! Je choisis un passage rocheux plus grimpant au-dessus du névé persistant à la sortie de la cheminée.
S’ensuit la partie raide jusqu’à l’arête. L’aube se lève, je n’ai plus besoin de l’aide de ma frontale. Puis, les ultimes gradins, et enfin, le sommet... C’est mon douzième Grand Ferrand ! On ne refait jamais à l’identique la même chose... Cette fois-ci, je m’offre un merveilleux spectacle pour le lever du soleil... La suite en image, les clichés parleront bien mieux lorsque les mots manquent et que l’on reste bouche bée devant tant de beauté...