Sortie du 5 juin 2024 par Dyn’s Tête de Giarons (2027m), Tête de Pérail (2016m), Les Cluots (2106m) par les corniches du Cians

De cette escapade, le sommet est pour le moins qu’on puisse dire : anecdotique. C’est le chemin du retour qui révèlera ses plus belles merveilles... À l’étage du dessous, les versants incandescents des roches permiennes attirent l’œil telle la limaille par un aimant. On est tenu en haleine, mis en pleine effervescence. Plus qu’une seule chose ne compte, fouler ce tapis de velours incarnat, arpenter le chemin de ces traverses carminés...

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Cumulus bourgeonnant dès la fin de matinée.

Récit de la sortie

Cet incontournable du secteur est bien sûr dans mes tablettes, ces corniches - localement les traverses - en balcon sur les gorges du Cians m’attiraient tout particulièrement. Mercredi et jeudi sont les journées annoncées sans orages de la semaine, elles seront dédiées à de long parcours en ces terres rouges.
À peine revenu du Mont Saint-Honorat, je redescends en vallée, marque une halte rafraîchissante à Entrevaux, puis prends la route des gorges du Cians. En jetant un coup d’œil sur la carte, la partie inférieure semble moins impressionnante... Il n’en est rien, bien au contraire. Ce sont des parois calcaires finement stratifiées à la verticalité confondante, d’une hauteur qui file incontestablement le vertige, marquée d’énormes surplombs. Le décor est déjà tout bonnement à couper le souffle...

Puis, s’ensuit la partie supérieure des gorges, celle arborant la couleur rouge de ces roches caractéristiques de cette contrée, les fameuses pélites du Permien, une période très ancienne datant de l’ère primaire - ou Paléozoïque, une période où les continents actuels n’existaient pas encore mais n’en formaient qu’un seul et unique : la Pangée. Encore un bel exemple pour montrer aux petits humains que nous sommes, que l’échelle de la vie sur Terre nous est totalement imperceptible, que ceux qui se croient les maîtres du monde, et ceux qui se prennent au sérieux sont ô combien insignifiants, qu’à tous les étages ces guerres de pouvoir sont dérisoires.
Quand sommes-nous écartés de notre cœur ? La réponse n’est pas d’importance capitale. Ce qui l’est, c’est de nous en rapprocher, de notre cœur, d’y revenir. Peut-être que ces fragments de pélites rouges de la même couleur sont là pour nous montrer la voie, pour nous rappeler ce qu’est l’humilité.

L’aire de stationnement en amont des gorges donne le ton de la future escapade, ou plutôt la couleur ! Pas du tout cyan comme la dénomination des lieux, mais plutôt magenta !
Le lendemain matin, le départ est sonné aux aurores vers 6h. La montée se déroule par le sentier de la Barre de l’Ablé. Quelques trouées offrent en face une Tête de Rigaud resplendissante avec les premières lumières de la journée. Après une première portion sous couvert forestier, la sortie sur les prairies se fait peu avant d’atteindre Giarons. Ruines et anciennes cultures en terrasses témoignent d’une vie dorénavant révolue.
Une tirée en diagonale mène sur un plateau bosselé. Je trace ma route directement vers le sommet des Cluots, point culminant de ce vaste alpage. De là, on domine - dans le sens de la hauteur et non de la victoire ! - des paysages d’une beauté absolue. On pourrait employer autant de superlatifs qu’il existe de nuances de rouge. Une infinitude.

De cette escapade, le sommet est pour le moins qu’on puisse dire : anecdotique. C’est le chemin du retour qui révélera ses plus belles merveilles... Cela, on semble le savoir, on l’imagine, mais on ne l’a pas encore vécu... L’excitation jubilatoire est maintenant à son paroxysme, il est temps d’aller voir !
Je reste sur la crête laissant le sentier en contrebas, puis rejoins le départ de la première traversée. On repasse sous les Cluots dont les contreforts dolimitiques ne laissent pas en reste. Avec les premiers affleurements de pélites, le contraste bigarré est des plus saisissants. À l’étage du dessous, les versants incandescents des roches permiennes attirent l’œil telle la limaille par un aimant. On est tenu en haleine, mis en pleine effervescence. Plus qu’une seule chose ne compte, fouler ce tapis de velours incarnat, arpenter le chemin de ces traverses carminés.

Après une brève descente sur le fil de la croupe du Serre, j’attaque la deuxième traversée en sens inverse. Un bon demi kilomètre est à parcourir avant de faire les premiers pas dans les pélites. Ça y est, je suis dans le rouge !
Le temps s’arrête l’espace d’un instant. Le merveilleux surgit à chaque recoin où le regard se porte. Même l’appareil photo est en émoi ! Il y a une citation dont je n’ai plus l’auteur en tête et que j’adore : « Il y a cette tournure de phrase que je n’aime pas. “Faire de la photo”. Je ne fais pas de la respiration. Je respire. »
Photographier, c’est immortaliser le détail sur lequel l’œil s’accroche. C’est une tentative de capturer la beauté en image.

Comme à mon habitude avant de partir, je n’avais pas consulté les topos, je pensais qu’en arrivant au Challas, il en serait terminé des flancs écarlates. C’était, aussi comme d’habitude, se foutre un doigt dans l’œil ! C’est loin d’être terminé !
Avant d’enchaîner, je compte bien jouir de ces lieux magiques, je m’en vais alors me poser au belvédère des Colles Planes. Rien que pour avoir un peu de recul sur ce parcours hors norme.
Que dire du final en balcon sur les gorges du Cians... lorsque l’on en reste bouche bée...
La même avec les mélèzes !
De retour à la voiture, je prends la route de Rubi. Demain, je m’offre la Tête de Rigaud et le Dôme de Barrot avec une boucle qui se révèlera carrément dantesque...

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Randonnée réalisée le 5 juin

Dernière modification : 17 juin 2024

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Avis et commentaires

Epoustouflant ... Quel pays !

Elles sont bien inspirantes ces terres rouges et on sent sur tes clichés l’émoi de l’appareil ;)

Quel teasing pour le Valgo !

La liberté, il se peut que j’en parle dans le dernier opus de ces aventures en terres rouges...
Bien hâte de voir les photos de ta reco !
En attendant, je serai dans le Valgau demain, j’espère sortir un nouvel inédit des plus sauvages...

Les gorges de Cians, quelle merveille ! Et tous les sommets de moyenne montagne aux alentours, qu’il faut visiter très tôt dans la saison.
Tête de Rigaud superbe !
"Le sens de la hauteur" et je rajouterai à ton texte, le goût pour la liberté, car il faut s’y accrocher comme l’arapède à son récif, c’est l’époque qui l’exige.
Je reviens d’un autre endroit sublime, parti pour quelques prospections qui te seront bien utiles !

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