Sortie du 28 janvier 2024 par Peyuko Tête du Lauzon (2278m) et Tête de Vallon Pierra (2516m) par le vallon de Charnier

Je m’autorise quelques variantes par rapport au topo. La première, c’est de passer par le Serre du Cheval. La neige fait son apparition seulement vers 1600m. Je chausse les raquettes pour mieux adhérer aux plaques de neige béton qui forment un damier avec le lapiaz gris.

Je récupère les traces des skieurs à proximité du Chourum Clot et au moment de basculer dans le Vallon de Charnier, surprise et déconvenue : la neige y est réduite à peau de chagrin ! Avec les faibles précipitations et les températures bien trop douces pour la saison, je m’attendais à un faible enneigement mais là, on ne parle même plus de neige. Le versant sud est redevenu pierrier et le versant nord que je dois traverser n’est plus qu’une triste patinoire.

La descente dans le fond du vallon sera par conséquent longue et prudente. Je pense d’abord éviter le sentier, couvert d’une épaisse couche de glace, mais progresser en dévers sur les pentes herbeuses s’avère plus délicat encore. La glace est en réalité partout et les touffes jaunies ne sont qu’illusions. Sans la grâce ni la tenue de gala d’un patineur artistique, je finis tout de même par venir à bout de ce passage.

La suite est plus débonnaire et je quitte le frigo du fond du vallon peu après la cabane. Le poteau qui indique le col de Charnier est étonnamment enseveli, on dirait qu’il a attiré à lui tout la neige, tel un aimant. La vue sur le lac du Lauzon et sa délicate teinte bleu pâle est une petite merveille.

Plutôt que de poursuivre en passant par la Tête du Lauzon et le Vallon Pierra, je monte plein sud vers l’objectif. La pente est raide, très raide, les cuisseaux chauffent mais la neige porte plutôt bien. Enfin, vers le haut, ça s’adoucit et alors que je suis monté dos au soleil seulement vêtu d’une fine polaire, il me faut rapidement m’habiller car un vent violent s’acharne sur la Tête de Vallon Pierra.

Le Grand Ferrand est fidèle à lui-même, sublime. En revanche, le Trièves et le Vercors font de la peine avec si peu de blanc. J’ai peine à croire qu’il y a quinze jours au Rognon, je bataillais dans une épaisse couche de poudreuse.

Du fait du vent, la pause au sommet est courte et j’amorce la descente en restant sur la crête vers le nord avant de glisser dans le vallon Froid, lequel ne fait heureusement pas du tout honneur à son nom. Je m’y octroie d’ailleurs une pause... dans l’herbe... en janvier... à 2400m.

Dans la partie basse du vallon, la pente s’accentue et la neige a chauffé. Descendre en raquettes devient trop risqué alors j’opte pour la luge sur fesses. J’arrive ainsi rapidement face à l’imposante sculpture de Roche Courbe sous laquelle broutent chamois circonspects.

Puis, retour à la patinoire, où remonter s’avère moins scabreux et fastidieux que descendre.

Après le Chourum Clot, je laisse le sentier pour suivre la neige qui subsiste et je rejoins ainsi la piste en restant en rive gauche de la Combe des Buissons. Cela me permet de découvrir qu’il existe un chourum baptisé "Trou d’Uc". Entre ça et Pré Galoche, Cul Froid, Croix de Pinecourte... ils sont décidément coquins ces Dévoluards !