Sortie du 25 décembre 2023 par Peyuko Montagne Durbonas (2086m) par les Marmites du Diable et le Pré la Selle, retour par les crêtes du Moure de l’Aigle et de l’Aup

Les gorges du torrent de Durbonas sont encore à l’ombre lorsque j’entame la randonnée mais la belle série de vasques et de petites cascades égaye les lieux rendus austères par l’hiver.

Sur la piste de Pigne Longue, le soleil commence à percer à travers la forêt et arrivé sur la crête des Prés, il éclaire la masse solide du Plateau de Bure. Un peu plus haut, en regardant vers l’est, les reliefs se perdent à l’infini dans la lumière bleue de l’automne.

Au Pré la Selle, alors que je cherche quel pourrait être le meilleur départ pour attaquer la rude montée hors sentier, j’aperçois un groupe de quatre chamois. Ils ont dû m’entendre ou me sentir car ils ne me voient pas mais sont en alerte. Et puis, d’un coup, l’un d’eux détale et les autres lui emboitent le sabot.

Je ferai plusieurs furtives rencontres de ce type au long de la journée, en étant presque chaque fois vu avant de voir. Ils doivent fuir de peur que le Père Noël ne les réquisitionne pour tirer son traineau !

Lorsque la pente redevient herbeuse, je choisis de finir l’ascension par une brèche rocheuse et atteins ainsi la crête sommitale où la neige se fait de plus en plus présente.

De violentes bourrasques soufflent ici. On dirait qu’elles s’amusent à changer régulièrement de direction car quel que soit le côté où je marche, il est vain d’y échapper. Heureusement, la forêt clairsemée qui se hérisse au sommet atténue la force de ce vent inattendu.

La pause au sommet sera donc courte, juste le temps de quelques photos, et je m’empresse de chercher refuge dans les raides pentes herbeuses au sud de la Crête de Durbonas.

La sente qui ramène au Pré la Selle n’est pas évidente à suivre car souvent couverte de neige. Et il n’aurait pas fallu qu’il y en ait plus. À plusieurs reprises, des combes à traverser ont un fort potentiel de couloirs d’avalanche.

Après un retour en terres connues, le Moure de l’Aigle s’atteint rapidement puis, l’Aup se dresse sur le chemin. Plutôt que d’emprunter le contournement, je le gravis par une faiblesse dans la petite barre rocheuse sommitale (II-).

Là aussi le vent s’en donne à cœur joie et je passe vite dans le versant sud pour m’abriter.

Pour la suite, j’ai ma petite idée. Les 6 km de piste sont exclus. Quant à la "dense pinède fourrée de genêts" décrite par Arnaud, elle n’est plus puisque la forêt a été en partie brûlée. Je pourrais donc descendre à vue dré dans le pentu pour gagner rapidement les Clots. Mais sur la carte, j’avais repéré une troisième option : revenir dans les gorges du torrent de Durbonas par un long pierrier sous les contreforts de l’Aup. À l’aller, j’avais pu confirmer que cela semblait effectivement faisable... y’a plus qu’à !

Passage sous des dents rocheuses, traversée d’une vire, descente d’un premier pierrier de 150m de long, courte traversée en forêt pour rejoindre un autre pierrier de 250m et voilà, je suis au bord du torrent. Malgré la longueur et le dénivelé, les pierriers sont assez simples - voire agréables - à descendre en ramasse, ce qui fut une excellente surprise.

En longeant le torrent en rive droite, je rejoins rapidement le sentier des Marmites du Diable et peux profiter du décor parcouru à l’aller sous une meilleure lumière.

Mauvaises conditions météo, autres projets, trop de neige... à de nombreuses reprises, j’avais reporté ce rendez-vous. Ce n’est pas l’un des sommets les plus grandioses du Dévoluy, néanmoins, l’attente aura été proportionnelle à la satisfaction d’avoir réalisé cette boucle.