Sortie du 8 octobre 2023 par CourtePatte L’Escalinade (3087m) et Turge de la Suffie (3024m) par le lac des Cordes
Découverte d'un sommet blotti tout contre Rochebrune, mais aussi d'une vallée magnifique déjà habillée par l'automne
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
L’éternel été.
Horizons très poussiéreux.
Récit de la sortie
Aujourd’hui, petit débat avec ma conscience. "Comment ? s’écrie-t-elle, tu es à Briançon et tu ne prévois pas d’aller au Chenaillet ? cette Mecque des géologues ?" Mais je lui rétorque que j’ai regardé la carte et qu’il ne me fait pas tellement envie ce Chenaillet, avec toutes ces zébrures de remontées mécaniques ; et puis j’ai déjà vu des pillow-lavas cette année, alors hein.
Je craignais tout de même d’avoir quelques regrets, mais dès que j’ai vu la vallée de Cervières je n’y ai plus pensé. Il y a les premiers souffles de l’automne sur les mélèzes, les grands alpages blonds, et l’ambiance mystérieuse du marais du Bourget par où je me promets de redescendre. Et d’abord, montons aux sommets promis par le topo !
La palette de la journée sera le bleu et l’or. Si le ciel et les alpages n’y suffisaient pas, cela me saute au visage en arrivant au lac des Cordes, parfaitement immobile dans la lumière du matin, et qui renvoie l’image de tous les sommets voisins ; cela se poursuit avec la poche bleue du lac de l’Etoile au creux des pelouses. Et déjà la silhouette de Rochebrune - que je n’ai pas reconnu tout de suite, car je le connais peu sous cet angle - commence à habiter l’espace.
La progression vers le col de Chaude Maison est bien plus aimable que ne laissait supposer la carte. J’appréhendais quelque pierrier inconfortable sous le soleil, et il se trouve là un véritable sentier ; me voici déjà au col, où les Ecrins surgissent à l’horizon.
Seule la montée sous la Turge de la Suffie est encore un peu croulante. Mais où diable est ce sommet ? Un bout de sentier me conduit au pied d’un petit amoncellement de roches, je grimpe pour y voir plus clair et je n’ose supposer, face à un énorme cairn, que c’est le sommet en question. Un pas de désescalade pour descendre de l’autre côté, je me retourne et...ah ben si, ça devait être ça.
Je vois maintenant l’Escalinade, qui fait un peu plus "sommet" ; mais surtout, je vois le hiératique donjon de Rochebrune et la dentelle de la crête des Oules.
Ce Pic de Rochebrune va rester un grand regret pour moi. Pendant des années j’ai tergiversé "Es-tu bien sûre d’avoir le niveau ?" "Si tu y vas, tu ne pourras pas couper au port du casque !" Et maintenant il est trop tard.
Du haut de l’Escalinade, il est proche à le toucher. Je le considère, en songeant que peut-être l’administration s’est montrée un peu frileuse au sujet de cette interdiction. N’est-ce pas encore une ouverture du Grand Parapluie ? Mais tandis que je rumine ces songeries, j’entends une sorte de ruissellement que je reconnais, et qui s’enfle à devenir un grondement bas : aucun doute, c’est un éboulement. En l’espace d’une demi-heure j’entendrai pas moins de trois épisodes de chutes de pierres, et même pas en provenance du même secteur.
Je me console avec les vues. Même si les horizons sont estompés par la farine de la sécheresse, le regard porte tout de même du Viso aux Ecrins.
Pour la redescente, je choisis de mettre le cap sur le Marais du Bourget à partir du lac de l’Etoile ; et là il y a un gag. Sur ma carte IGN (quand diable avais-je acheté cette carte ??) le sentier du Col de Prafauchier ne figure pas, et j’ai dû le traverser sans le voir ; en sorte que je suis descendue au cap à travers le mélézin, dans un terrain parfois malcommode...à probablement quelques dizaines de mètres d’un bon sentier. Que je n’ai retrouvé qu’en toute fin de descente.
Aucune importance. Dès les premiers mètres le long du Marais du Bourget c’est l’enchantement. L’eau dessine des tresses au travers d’une fourrure de mélèzes et de feuillus dorés par l’automne. On voit s’ouvrir des miroirs au creux des herbages ; tout cela n’est pas sans rappeler le Plan de Parouart.
Je cheminerai ainsi jusqu’à Cervières dans la lumière déclinante, en contemplant de nouveaux spectacles tout au long de la route. Je suis bien loin de penser au Chenaillet ! Une autre fois, peut-être...
Photos
Auteur : CourtePatte
Avis et commentaires
Construit pour durer !
Le cairn était déjà là en 2013
altituderando.com/IMG/jpg...
Merci à vous !
Pour le cairn, il était tellement fignolé que je me suis demandé si c’était une œuvre de "land art" ; mais j’en ai fait le tour - par la gauche, des fois qu’une divinité me surveillerait... - et je n’ai pas vu d’inscription.
@Michel, merci pour l’encouragement pour Rochebrune ! Hélas, tant que ce dernier continuera à vomir de la caillasse avec le zèle que je lui ai vu, j’ai bien peur qu’il me reste inapprochable...
Comme toujours, récit et photos de grande qualité ! Merci pour la balade.
Bonjour CourtePatte,
Moi aussi j’admire ce cairn qui me fait envie de savoir en faire d’aussi beau... ! Mais combien d’heures faut-il y passer pour un tel résultat ? D’autant que les pierres ne semblent pas être tout à côté non plus...
Quant au texte, je me régale à déambuler "au travers d’une fourrure de mélèzes", au long "des tresses d’eau"...
Rien que des beaux mots !
Pour le projet d’ascension de Rochebrune, il est largement à la portée de tes "courtepatte". 🙂
L’ascension n’est pas plus physique que celle de l’Aiguille de Morges. Tu as un passage un peu technique, mais assez facile avec la corde fixe et les pentes de Rochebrune, bien que plus délitées, sont moins raides et moins aériennes que le final de l’Aiguille de Morges.
Je suis fan de la photo avec le cairn by Steppe !
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