Sortie du 6 octobre 2023 par François Lannes Cabane de Combe Jargeatte (1870m) par le "Balcon 1900"
Tentative de réanimation d'un sentier oublié
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Parfaites !
Récit de la sortie
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Ce « Balcon 1900 » avait été si beau, si marquant, que l’envie d’y retourner était forte.
Il y avait d’abord le besoin de compléter un peu les repères de terrain de ce vieux sentier, afin de le rendre plus immédiat d’accès, moins difficile à débusquer ; il y avait aussi la curiosité de vérifier si l’eau qui coulait début septembre dans la combe de la Pisse y était toujours début octobre malgré la prolongation d’une période sans pluie cette année ; il y avait enfin la simple et pure envie de me retrouver dans une ambiance magique de montagne, où la caillasse est là bien sûr, mais sans qu’elle soit ni omniprésente ni casse-pattes, et où la forêt lance ses dernières ramifications de verdeur, mais sans qu’elle soit un espace clos empêchant toute perspective lointaine…
Bref, je voulais profiter de ce versant du Taillefer, à l’ambiance ouverte, finalement facile, rassurante, et régénérante !
Sur la route D 526 qui monte du Bourg d’Oisans vers Ornon, les travaux de génie civil en cours bloquent complètement la circulation ces semaines-ci. Cela oblige à faire le détour par le sud : la Mure et la vallée de la Malsanne. Heureusement que j’ai consulté ce matin le site de la mairie d’Ornon avant de partir de Seyssinet, sinon j’en aurais été pour un changement de programme… !
En arrivant au stationnement sous le col d’Ornon, à côté du gué sur le Merdaret, un violent bruit de moteur me surprend, venant des airs.
Diable, il s’agit d’un hélicoptère !
Après avoir garé la voiture, et allant voir sur place, auprès des personnes qui travaillent là, de quoi il retourne, j’apprends qu’il s’agit des gens de la RTM – la Restauration des Terrains en Montagne – un service dépendant de l’ONF. L’un des objets principaux de la RTM est de construire et d’entretenir des barrages dans les ravins à flancs de montagne afin de réduire la force des eaux, lors des pluies, et d’éviter les dégâts potentiels dans les villages et habitations qui se trouvent en bas, aux pieds de ces ruisseaux.
Et donc aujourd’hui, la RTM a un chantier au-dessus du hameau des Siauds, dans l’une des branches supérieures du ruisseau de la Pra. L’un des employés de la RTM m’explique le travail qui est en cours, mais je ne situe pas le lieu où se fait le chantier proprement dit du barrage : c’est trop haut et caché par un repli du terrain.
L’hélicoptère est là pour hisser d’abord les blocs de béton creux constituant l’ossature de l’un des barrages là-haut. Puis il hisse ensuite les bennes de béton frais qui sera coulé dans les blocs creux.
J’assiste à ce ballet de haute voltige, captivé, et décoiffé lorsque l’hélicoptère est là, quinze mètres au-dessus de nous, sur l’aire de stockage.
Il est environ dix heures du matin. Leur travail devrait durer jusqu’à un peu après douze heures. Je vais donc « bénéficier » de la présence de cet hélicoptère – même lointaine – tout au long de la montée vers Plancol et le balcon 1900. Mais cela ne me dérange pas, en fait, car ainsi, voyant du versant opposé jusqu’où monte l’engin, je finis par comprendre où sont faits exactement les travaux du barrage en question.
Les lieux de ces travaux sont impressionnants !
Vue d’où je me trouve, la zone paraît extrêmement raide, et il semble hallucinant que de telles restaurations soient engagées dans cette partie de la montagne… C’est très raide !
Ces gens sont incroyablement courageux, et doués !
Je suis fasciné par le spectacle à distance qui se déroule ainsi et que j’observe attentivement à la jumelle.
L’appareil photo « chauffe » des très nombreux clichés faits.
(NB : une fois rentré à la maison, j’ai retrouvé le CR de valveco, décrivant les zones en question de ces barrages – sous le sommet du Petit Renaud, avec le gros caillou-repère à côté duquel est installée en ce moment une baraque de chantier ; ces photos permettent de comprendre la raideur réelle des lieux, raideur qui est – fort heureusement – moins terrible que je ne l’imaginais vu d’en face).
Vers treize heures, les rotations étant finies, l’hélicoptère quitta la vallée et le bruit de sa turbine s’éteignit, décrescendo, laissant le col d’Ornon à son silence habituel, dans une tranquillité – elle aussi – enfin restaurée !
C’est avec un grand plaisir que je retrouve le Balcon 1900 !
Les souvenirs sont toujours présents, et précis. La différence tient à la facilité que j’éprouve aujourd’hui, du fait que l’inconnu n’existe plus : du coup, tout est plus simple. Finalement, ce sentier que j’avais considéré dans un premier temps comme « difficile », ne l’est plus autant lors de ce second passage. On ne peut pas dire qu’il soit « facile », mais…
Je m’attache à faire des repères afin de rendre la progression plus évidente. Ce sont des cairns (la matière première est sur place, nombreuse !). Il n’y en aura que quelques-uns, afin de ne pas éliminer la recherche d’itinéraire, mais suffisamment – j’espère – afin d’éviter de se perdre.
Les heures passent vite, et il faut écourter le programme, une fois encore. Je souhaite toutefois aller vérifier si l’eau coule dans la combe de la Pisse. Cette information me semble importante, car elle pourrait être utile à un bivouaqueur éventuel… ??
Et effectivement, l’eau coule.
J’en suis vraiment surpris car depuis le 08 septembre dernier très peu de pluies sont tombées. Mais le filet d’eau est le même aujourd’hui que dans le souvenir que j’en ai gardé de mon premier passage. Voulant aussi vérifier si l’estimation de temps pour remplir un litre était valide (2 à 3 minutes avais-je écrit), je me mis en devoir de faire l’exercice pour de vrai. Sauf que, pour remplir une gourde, il faut au moins une petite cascade et aussi la place pour positionner le contenant sous la cascade.
Et là, il n’y a pas de cascade !
Ici, l’eau glisse sur des dalles. Aucune vasque ne constitue un réservoir suffisant pour tremper une gourde. Bref, c’est l’impasse…
Ne pouvant en rester dans cette posture inconfortable après ce que j’avais écrit, je cherchais une solution.
Utilisant un bout de bois mort, d’environ 25 centimètres de long, je le positionnais à 45° d’angle, en plaçais l’une des extrémités dans le flux de l’eau, laissais l’autre extrémité en l’air, tâchant que l’eau glisse le long du bois et non plus le long de la dalle rocheuse.
Ce petit montage fut assez efficace, et la gourde fut remplie dans le temps imparti.
Ouf !
Mais il vaudrait mieux, si quelqu’un était tenté par l’eau de ce ruisseau, prendre dans le sac un bout de tube afin de faciliter cette démarche de remplissage.
Dernière remarque, que je me sens obligé de fournir, pour être complètement limpide sur le sujet : cette combe est nommée « combe de la Pisse » par IGN. Le ruisseau – normalement – porte un nom analogue… Mais je vous assure n’avoir vu aucune vache, ni aucun mouton dans les travers, raides, se trouvant en amont de l’endroit où s’est faite la ponction d’eau. J’en ai d’ailleurs moi-même bu deux fois trois gorgées en septembre, et n’en ai pas été malade.
Bon : sauf le COVID, le 12 septembre.
Mais ça, je crois, cela n’a rien à voir avec l’eau de montagne…
Voilà, la mise en place de ces quelques repères a été faite.
Ils seront bien suffisants pour permettre que ce sentier retrouve un peu de fréquentation, éventuellement, et ressorte de l’oubli dans lequel il glisse immanquablement, irrésistiblement…
D’ailleurs, à l’endroit des piquets de clôture, à côté du gros cailloux carré et plat, démarre un autre sentier, qui descend. Le départ en est très bien marqué. Je l’ai suivi sur trente mètres de dénivelé, pour voir. Il continue. Et donc, il me faudra revenir, une fois encore, ici, pour comprendre où va cette trace et pour lui redonner un coup de lustre si besoin…
Ce sera avec un plaisir infini, délicat, que je m’attellerai à cette tâche douce, quand le climat et le temps qui passe m’en laisseront la possibilité.
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Photos
Auteur : François Lannes
Avis et commentaires
Oui en effet, François, je suppose que tu ne t’attendais pas à voir ça en balade, et du coup merci de nous en avoir fait profiter....
Tous ces témoignages des anciens savoirs-faire sont très intéressants....
Bonjour à toutes deux,
...et merci de vos aimables interventions !
@vermatoiz : j’essaye de faire des CR qui soient agréables à lire. Cela me fait donc plaisir de savoir que tu les apprécies. Et pour la surprise : tu veux parler de cette rencontre avec la RTM ??
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@ CourtePatte :
Tu as raison. Ce livre doit être vraiment intéressant. Je vais probablement l’acheter (du coup, tu auras ta commission pécuniaire !) LOL (je ne sais pas intégrer les émoticônes dans le texte, alors je fais le sourire à l’ancienne : LOL).
Mais plus sérieusement, aujourd’hui les gars de la RTM font avec un hélicoptère. Parfait : rapide, efficace, et tout.
Mais quand on voit comment ils faisaient en 1894 :
irma-grenoble.com/photos/...
...alors je suis vraiment bluffé ! C’était tout à la main, parce qu’à cette époque on ne connaissait pas les hélicoptères.
Ils taillaient les cailloux pile-poil pour qu’ils soient ajustés entre eux. Çà c’est du bel ouvrage !
Oui, il y a toujours du suspense 🙂
Si tu veux en savoir plus long sur les missions du RTM depuis leur création au XIXe je me permets de recommander encore l’ouvrage d’Hervé Gasdon "Les sentiers de montagne des forestiers" qui évoque notamment les opérations de correction torrentielle (non non je ne touche rien sur les ventes de ce bouquin 😉 )
Bonsoir François,
Tes récits sont captivants, originaux et pleins de surprises !
Merci pour le reportage sur le chantier, je connais le coin et ça m’a beaucoup intéressée.
@+
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