Sortie du 24 septembre 2023 Tête des Ombres - Face Nord

• Trace GPX.

Récit de Mickaël

Aujourd’hui, je me laisse guider pour visiter des quartiers du Dévoluy qui me sont inconnus. La veille en milieu d’après-midi, Rabah me dit que le plan A est foireux, qu’il y a un plan B et un C d’ailleurs. Le B de la brume...

Faisons confiance au plus expérimenté, allons-y pour les Charances de la Tête des Ombres. Au parking, Rabah et moi retrouvons Arnaud et Sylvain qui ont passé la nuit au frais. Nous ne voyons pas le sommet prisonnier des vapeurs matinales, ça sera donc un effet de surprise pour plus tard...

Les pentes herbeuses sont très raides mais les pieds adhèrent bien, rendant l’utilisation du piolet inutile malgré l’humidité du jour. À mi-pente des Charances, la brume s’évapore devant nous, quel spectacle ! La grande muraille s’illumine et l’itinéraire apparaît. Dans le rétro, il y a une mer de nuages. Quel beau moment de montagne assez typique du Dévoluy.

Nous arrivons à la fameuse vire, elle ne fait pas envie mais il y a pire. Il y a de quoi poser les pieds mais sur les prises mains c’est totalement aléatoire et la configuration de la traversée fait que l’on est légèrement "poussé" vers les abîmes. Pas vraiment à l’aise sur les deux mètres les plus péteux, une main tendue me vient en aide : Rabah m’extirpe de là. C’est le genre de traversée que l’on ne veut surtout pas avoir à refaire en cas de retraite, alors il faut sortir de cette grande face par le haut.

La suite se passera comme sur des roulettes. Je remonte le grand couloir en serrant à gauche comme Sylvain. Arnaud et Rabah iront plus à droite. La pente est très raide par endroit mais les gradins se remontent bien. Le final nous offre un décor avec des tours, des pointes, des forment colossales et originales. Ce massif est vraiment particulier, unique en son genre.

De la voiture à la sortie, c’est environ 2,5 km pour plus de 1000 D+. J’en suis sûr, aujourd’hui j’ai grimpé la pente continue la plus raide de toutes mes randonnées.

Encore une fois, je ne regrette pas de m’être laissé embarquer vers l’inconnu avec mes compagnons d’aventures. Au top l’équipe ! Et merci Michel pour ce topo dont j’ignorais l’existence.

Récit de Dyn’s

Nous voilà parti pour l’Obiou, enfin presque...
La veille, lorsque j’arrive à Pellafol, du saupoudrage se laisse apercevoir sous le col de l’Obiou alors que le sommet est bâché. Inutile de prendre des risques... J’appelle Rabah, que faire ? Plan B de dernière minute activé, l’ancien conseille la face nord des Ombres ! C’est parti !
Sylvain me rejoint le soir. Rabah et Mick nous rejoindrons le lendemain matin.

Le départ est sonné aux alentours de 8h30 après le café-croissants habituel. Pas de mise en jambe, c’est droit dans la pente dès l’approche !
On trouve facilement l’attaque des pentes herbeuses des Charances et le stratus se laisse vite percer. On émerge au-dessus des brumes, et dans cette ambiance exceptionnelle, la magie ne peut qu’opérer...

Le terrain se minéralise de plus ne plus au fur et à mesure de la grimpée. L’entre-deux est marqué par le passage clé : la VIRE ! À tâtons, nous passons tous.
S’ensuit le couloir terminal se révélant le clou du spectacle... C’est très soutenu, quelques ressauts plus raides pimentent le parcours. Le tout dans une atmosphère autant intimidante que fabuleuse... Que dire des formations rocheuses typiques du calcaire dévoluard à l’instar de cette gigantesque proue, caractéristique de cette course hors-norme... Elles nous laissent sans voix...

Une bonne pause est bien méritée à la sortie du couloir. Faut dire qu’il était difficile de se mettre à son aise dans le raide ! On coupera court à la Tête de Lapras que nous avons tous déjà fait, pour certains à plusieurs reprises.
Descente par la belle crête de Samaroux avant de rejoindre le sentier du Pré Rond ramenant à la combe du Loup, départ de courses parmi les plus mythiques du massif... Nous reviendrons...
Merci à Michel pour le topo et au guide du jour, et à l’équipe pour cette journée de ouf !

Récit de Rabah

Départ 5h15 du matin. À 6h, je suis à Tallard où Mick m’attend. Café-croissants chez mon ami Rodolphe qui tient la boulangerie (une des meilleurs de la région PACA). Nous partons ensuite pour la combe du Loup où nous attendent Arnaud et Sylvain. À notre arrivée, le café est déjà chaud.

Le ciel est bâché et nous croisons les doigts pour que le plafond soit assez bas afin de profiter d’une belle mer de nuages. Je connais bien le secteur, je suis venu deux fois pour la Tête des Ombres et le Couravou, et c’est toujours un enchantement d’être là, et j’étais persuadé que mes potes allaient être également émerveillés par cette course ! Et c’est parti pour la Tête des Ombres.

Les pentes herbeuses sont vraiment raides et humidifiées par la rosée où chaque pas est contrôlé pour éviter la glissade, et ce, jusqu’au passage clé.
Petite hésitation et finalement tout le monde est passé sans encombre.

L’arrivée au pied de la combe est dantesque avec cette vue sur la corne et les innombrables formations rocheuses de toute beauté, c’est un privilège d’être là !
Une fois sortie de la combe, on a l’impression d’avoir accompli quelque chose d’énorme, c’est ça le Dévoluy !

Quel plaisir de partager une telle course avec cette formidable équipe, merci les gars !
Vivement la prochaine !

Récit de Sylvain

Alors que j’arrive dans le Dévoluy pour passer la soirée avec Arnaud, je reçois un coup de téléphone de ce dernier :

• Mauvaise nouvelle, il a neigé en altitude et mieux vaut ne pas s’engager dans le versant nord de l’Obiou. Mais t’inquiète, on a un plan B !
• Mince, et c’est quoi le plan B ?
• Le versant nord de la Tête des Ombres !
• Bon ça va, il y a pire comme plan B !

D’autant plus que cette course, je désire la faire depuis que j’ai lu le superbe topo de Pentes Raides en Dauphiné de Thierry Clavel il y a déjà quelques années, et les quelques sorties sur Skitour. Mais je dois bien l’avouer, je n’ai pas encore eu le cran de m’y frotter en hivernale.

Après un bivouac un peu glacial, nous sommes rejoins au matin par Rabah "the boss" et Mick !

Comme souvent dans ce secteur, nous démarrons le parcours sous un ciel bâché, jusqu’à ce que nous passions au-dessus des brumes pour enfin jouir d’une immense mer de nuages.

Les raides Charances du départ ne se remontent finalement pas trop mal jusqu’au passage clé de la petite vire. Cette dernière est courte et au final pas si étroite, mais comme le dit Mick : « on se sent poussé vers les abîmes ». Probablement est-ce du au fait que celle-ci est légèrement déclive, et c’est un soulagement d’arriver au bout.

Le grand couloir final fait maintenant son apparition, que c’est beau !

Ce large corridor est constitué d’une alternance de pierriers, de ressauts dont certains nécessitent d’être négocier avec prudence, et de formidables escaliers dévoluards.

Ces escaliers nous conduisent aux pieds d’impressionnantes aiguilles dont la beauté ne peut laisser indifférent, un décor de cinéma comme seul le Dévoluy peut en offrir !

Un dernier coup de rein et nous sortons au soleil sur la crête, fini le petit vent glacial du versant nord.

Nous profitons de la superbe vue que nous connaissons tous par cœur mais qui continue malgré tout à nous émerveiller, avant d’attaquer la descente par la crête de Samaroux.

Une fois de plus, j’ai passé une superbe journée en compagnie de cette formidable dream team !